Bruno :
[
0:06] Jérôme Colombin à Paris, bonjour.
Jérôme :
[
0:08] Salut Bruno Guilherminetti à Montréal.
Bruno :
[
0:11] Jérôme, encore une grosse semaine dans l'actualité technologique, numérique sur la planète. Notamment, je ne sais pas si tu as vu passer, c'était la remise de bulletins des grands géants des GAFAM. Et là, on a appris cette semaine, parce que les rapports trimestriels sont sortis, que somme toute, si on arrondit les sommes, Meta, Google et Microsoft, Dans les trois derniers mois, ils ont investi 80 milliards de dollars américains dans leur infrastructure d'IA.
Jérôme :
[
0:42] C'est dingue.
Bruno :
[
0:43] C'est énorme.
Jérôme :
[
0:44] C'est énorme. C'est énorme. C'est la continuité de ce qui avait déjà été entamé, malgré tout.
Bruno :
[
0:48] Oui, oui.
Jérôme :
[
0:49] C'est aussi la marque de cette compétition qui n'en finit pas. Et en fait, ils le dépensent dans quoi, cet argent? Principalement dans des data centers, c'est ça, hein?
Bruno :
[
1:00] Oui.
Jérôme :
[
1:01] C'est-à-dire dans du hardware, dans du lourd, dans des infrastructures. J'ai vu que c'est Google qui a décidé de remettre en route une centrale nucléaire pour alimenter en électricité propre, enfin en tout cas en électricité non carbonée. Oui, parce que le nucléaire est relativement propre, quoi qu'on puisse en penser. Et puis, il y a aussi quand même des gros salaires. Il y a eu un peu la course au gros salaire.
Bruno :
[
1:31] Ça, c'est du côté de méta, ça.
Jérôme :
[
1:32] Oui, ça, c'est surtout du côté de méta. Mais quand même, on sent qu'ils ajustent un petit peu la voilure, parce qu'ils ont resserré les effectifs, il y a eu des départs, etc. On a l'impression qu'ils se mettent en ordre de bataille. C'est à celui qui aura la plus grosse infrastructure, la plus grosse force de frappe, les plus gros data centers, et pour offrir le plus de services possible. Inutile de te dire que nous on regarde ça d'Europe mais avec des yeux écarquillés alors pour ceux que ça intéresse et pour ceux qui regardent ça on se dit mais qu'est-ce qui se passe de l'autre côté du monde, et ça nous renvoie à une autre image à nous qui en ce moment n'est pas florissante on est sur des sujets complètement plus terre à terre voire archaïques je n'ai pas peur de le dire,
Jérôme :
[
2:20] Voilà.
Bruno :
[
2:21] Aïe, aïe, aïe, un dur constat. Mais tu sais, juste pour revenir sur le cas de Google, ils ont vu déjà, au début de l'année, ils prévoyaient mettre énormément d'argent, mais récemment, j'ai vu qu'ils ont remis leur cadran de projection d'investissement dans l'IA pour 2025 et là, ils sont en train de viser le 100 milliards de dollars. Ça, c'est seulement Google, imagine.
Jérôme :
[
2:43] C'est seulement Google.
Bruno :
[
2:44] Oui. Puis de l'autre côté, ça me fait penser à un papier que j'ai publié cette semaine sur mon carnet, où je disais que maintenant, c'est le Financial Times qui est publié un papier là-dessus. Et à l'intérieur de Meta, maintenant, c'est vraiment presque au casino. Sur le dossier de l'IA, Mark Zuckerberg, parce qu'il est en train de voir les différents joueurs se positionner, maintenant, on joue une course contre la montre. On joue le tout pour le tout, les centaines de millions et les milliards sont là pour investir, pour être sûr, pour espérer être le premier dans la course, mais c'est faux. Moi, je n'en reviens pas. Je n'ai jamais vu autant d'argent. Dans l'industrie de la tech, on vient d'atteindre des summums cette année.
Jérôme :
[
3:31] Ce qui relance, c'est les inquiétudes autour d'un éclatement de la bulle. Est-ce qu'il y a une bulle? Et s'il y a une bulle, est-ce qu'elle va éclater? Et si elle va éclater, quand et dans quelles proportions?
Bruno :
[
3:42] Oui, à ce sujet-là, est-ce que tu as vu, il y a un article dans L'Express cette semaine, une longue entrevue avec notre ami Joshua Benjo, et qui lui dit, ben coudonc, peut-être que ça serait bien qu'il y ait une explosion de la bulle.
Jérôme :
[
3:54] Oui, j'ai vu ça. Effectivement, vu de son point de vue, ça pourrait être une espèce de coup d'arrêt auquel lui-même il appelle. Si la raison ne peut pas, enfin la raison, encore faut-il partager ces raisons-là.
Bruno :
[
4:06] Où est-elle la raison?
Jérôme :
[
4:07] Où est la raison dans cette histoire-là? Non, mais voilà, il fait partie de ceux qui disent, attention, il faut mettre le pied sur le frein, sur le développement de l'intelligence artificielle. Bon, peut-être qu'un éclatement de la bulle, ce sera une manière de freiner.
Bruno :
[
4:19] Oui, mais sinon, notre rendez-vous n'est pas financé par l'Express, mais je t'invite à aller mettre la main sur l'entrevue. Disponible en ligne ou sinon en papier, là. C'est vraiment intéressant.
Jérôme :
[
4:30] Bruno, un peu dans le même ordre d'idée, donc ça, c'est les investissements.
Jérôme :
[
4:34] Et parallèlement, il y a évidemment les solutions d'IA qui continuent de se développer, et puis même des positionnements, des accords. Il y a eu un accord important dans la musique, je crois.
Bruno :
[
4:43] Oui, c'est Universal Music qui poursuit toujours Suno et qui poursuivait Udio, qui sont les deux gros joueurs dans la fabrication par l'IA de musique. Et donc, il y a eu une entente. On ne parle pas de montant, c'est rien de public, mais sauf que ce qu'on sait, c'est que Universal Music et Udio vont proposer, probablement en 2026, une plateforme où les gens, ou peut-être qu'on va retrouver ça à l'intérieur de Udio, et ça va permettre aux gens de revisiter les œuvres du catalogue de Universal Music avec…, pour être capable de pouvoir le faire, la permission des ayants droit. Ça veut dire que chaque artiste, j'imagine que ça va être une question de opt-out. Alors, par défaut, le catalogue va être là. Et si un artiste ne veut pas qu'on bidouille ses chansons avec de l'IA, probablement qu'il devra dire, moi, ça ne m'intéresse pas. Mais s'il le fait, bien...
Jérôme :
[
5:39] Donc, ce serait de l'opt-out. Oui, probablement. Par défaut, ses chansons pourraient être utilisées. Mais s'il ne veut pas, il se déconnecte. Enfin, il le signalerait, quoi.
Bruno :
[
5:50] Exactement. Et l'idée là-dedans, c'est justement de permettre aux gens de pouvoir utiliser les chansons connues pour s'en inspirer, pour faire d'autres créations. Alors, c'est la première entente du genre vraiment importante, surtout avec un gros joueur comme Udio. Maintenant, j'ai hâte de voir s'il va y avoir pareille entente avec Suno ou sinon ils vont poursuivre. S'ils poursuivent la poursuite, ça pourrait coûter très cher, quitte même à fermer le service de Suno parce que la main est salée.
Jérôme :
[
6:17] La première plateforme permettant de générer de la musique par l'intelligence artificielle.
Bruno :
[
6:21] Et qui est ma plateforme préférée de production de musique. D'ailleurs, tout ce que vous entendez quand vous écoutez mon carnet, incluant le thème d'ouverture de fermeture et tous les ponts musicaux à travers, s'est créé chaque semaine en utilisant Suno.
Jérôme :
[
6:33] D'accord.
Bruno :
[
6:34] Vraiment, c'est génial comme outil.
Jérôme :
[
6:36] Super. Non, mon habillage a été fait par un vrai humain.
Bruno :
[
6:40] Oui, j'ai entendu ça.
Jérôme :
[
6:40] Alors, de vrais musiciens humains.
Bruno :
[
6:42] D'ailleurs, il y a une note qui m'achale de temps en temps. Hé, Jérôme, il y a tellement d'informations, on fait ça en rafale cette semaine. Ton président, on le disait en québécois, se lâche et lousse. Il a fait une sortie contre les réseaux sociaux cette semaine. C'est quoi cette histoire-là? Tu en parlais un peu dans les nouvelles, mais c'est quoi exactement?
Jérôme :
[
7:03] Oui, il a fait effectivement une sortie, c'est exactement le mot, à propos des réseaux sociaux qui deviennent un problème vraiment crucial, vraiment brûlant en France pour plusieurs raisons. L'addiction des plus jeunes, etc. Mais surtout la désinformation, la déstabilisation. Et en fait, si tu veux, en ligne de mire, c'est les prochaines élections, qu'il s'agisse des élections présidentielles en 2027, ou éventuelles législatives anticipées à nouveau, puisqu'on risque d'y retourner vers la fin novembre. Donc, face à ces enjeux qui arrivent, les réseaux sociaux sont des terrains, des champs de bataille aujourd'hui incroyables. Donc, il est monté au créneau, Emmanuel Macron. Il a fait un dégagement sur les réseaux sociaux, une analyse de la situation qui est, il faut le reconnaître, absolument limpide. Il y a tout.
Bruno :
[
7:52] C'est pile-poil.
Jérôme :
[
7:53] C'est pile-poil. Il a toute la vision du truc, c'est-à-dire qui est à la manœuvre, quels sont les problèmes que ça nous pose. Mais, à l'arrivée, c'est qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Alors, il dit, il faut lancer un travail de résistance. Il faut un, créer une plateforme d'action, il faut un projet d'action commun, etc. Enfin, ça, c'est une considération et c'est de la rhétorique politique. Mais en gros, Il y a 9 champs sur 10 pour que ça se traduise par serrer les boulons, en fait. Donc, plus de contrôle, plus de contrôle des réseaux sociaux. On est à deux doigts de dire qu'il faudra mettre sa carte d'identité pour aller sur X ou pour aller sur d'autres réseaux sociaux. Alors, c'est vrai qu'il a eu des images assez fortes parce qu'il dit, par exemple, vous mettez un enfant sur TikTok et qu'il tape, mettons, le mot « islam », au bout du troisième contenu, il va se retrouver avec des contenus salafistes, c'est-à-dire intégristes et dangereux pour la République.
Jérôme :
[
8:50] Vous prenez n'importe qui sur X, au bout de quelques minutes d'utilisation, on va se retrouver avec des contenus qui viennent d'extrême droite, de plein d'organisations, des contenus très radicaux, qui tendent à monter les gens les uns contre les autres. Et c'est ce qui fait monter cette espèce de mésentente générale. Donc, les réseaux sociaux sont vraiment un facteur de décohésion nationale aujourd'hui. Alors, qu'est-ce qu'on fait par rapport à ça ? Le problème, c'est qu'on a sans doute les outillages qu'il faut. On a le DSA, le Digital Services Act au niveau européen. C'est une arme de guerre, mais on ne peut pas l'utiliser parce que tout ça, ça s'inscrit dans un contexte beaucoup plus large géopolitique aujourd'hui. Et c'est un peu comme le nucléaire, si on appuie sur le bouton, on va se prendre immédiatement des mesures de rétorsion et on va se prendre des droits de douane depuis les Etats-Unis, on va se prendre du protectionnisme de par la Chine, etc. Donc, c'est vraiment pas simple, on sait pas trop où on va, on sait qu'on a un énorme problème ici en Europe par rapport aux réseaux sociaux et à leur effet délétère sur la population, notamment chez les plus jeunes, mais pas seulement, mais on n'a pas les solutions Et c'est pire que ça, on a quasiment les mains liées face à ces enjeux-là. Donc, voilà le problème.
Bruno :
[
10:08] Je veux juste te poser la question. On s'entend que ce virage des réseaux sociaux, il est là depuis la fin de la pandémie. Même pendant la pandémie, on l'avait. Le phénomène a augmenté, je suis d'accord.
Jérôme :
[
10:20] Oui, il y avait eu les Gilets jaunes, etc.
Bruno :
[
10:23] Mais pourquoi le président en parle maintenant? Est-ce que c'est parce qu'on essaie de changer un peu l'actualité?
Jérôme :
[
10:29] Oui, bien sûr, en politique, il y a toujours un petit jeu, c'est qu'effectivement, il vaut mieux toujours lancer un nouveau sujet sur la table quand tu es embêté par certains sujets, ça c'est classique, mais après, je te dis, il y a des échéances qui approchent, et donc, c'est qu'est-ce qu'on fait face à ces échéances, parce qu'en gros, il faut dire les choses telles qu'elles sont, qui est derrière, qui est à la manœuvre ? Et c'est là où je pense que Macron a une vision assez claire du truc. Il sait très bien qu'il est à la manœuvre derrière. D'un côté, t'as Poutine, d'autre côté, t'as les Chinois. Et qu'ils veulent, aujourd'hui, on est leur ennemi numéro un. La France est l'ennemi numéro un de Poutine. C'est ce qu'on appelle la guerre hybride. C'est-à-dire qu'on n'a pas les chars sur le territoire français, absolument.
Bruno :
[
11:06] Non, ça se passe en ligne.
Jérôme :
[
11:07] Mais tout se passe en ligne. Et c'est monstrueux. Tout est fait pour de la déstabilisation. Ça, c'est une réalité.
Bruno :
[
11:16] Ce serait intéressant de voir comment le président va jouer ses cartes. Puis après, ultimement, c'est de voir comment le gouvernement va... Après, le président, il ne fait pas tout.
Jérôme :
[
11:22] En plus, vu les conditions dans lesquelles on est aujourd'hui, on est retombé dans un régime parlementaire. En fait, le pouvoir est quand même pour beaucoup au Parlement. Et comme le Parlement n'arrive pas à s'entendre, et comme le Parlement emmène actuellement des combats d'arrière-garde, si tu veux revenir au XXe siècle, viens en France chez nous en ce moment. Toi, t'es au 21e ou 22e, nous, on est encore au 20e, voire au 19e.
Bruno :
[
11:46] Mais Jérôme, rassure-moi, vous avez encore un premier ministre cette semaine?
Jérôme :
[
11:49] Oui, oui, oui, notre premier ministre est toujours là, je crois. Oui, oui. Il n'a pas changé. Non, celui-là, bon, pour l'instant, il a l'air de tenir. Ce n'est pas très solide, mais enfin, il tient comme, tu sais, comme le funambule sur son fil.
Bruno :
[
11:59] Oui, mais profitons-en pour saluer les parlementaires qui nous écoutent, parce que je sais qu'il y en a.
Jérôme :
[
12:05] Mais ils font, pour certains, un vrai travail. Pour beaucoup je pense malheureusement après on ne va pas faire de ce podcast une émission politique ce n'est pas le sujet et puis voilà forcément on déplairait beaucoup à certains on ferait trop plaisir à d'autres etc non mais en essayant de rester, malgré tout assez neutre, voilà il y a quand même aussi des petits jeux politiques de bas étage de très bas étage qui vu la situation actuelle ne devrait pas avoir lieu et d'ailleurs les français n'en peuvent plus il y a une méfiance et une défiance vis-à-vis du monde politique actuellement qui est incroyable. Mais ce qui est fou, c'est que les politiques eux-mêmes le disent, mais ils continuent de plus belle, si tu veux. Voilà. Bon. Tournons la page de la politique, si tu le veux bien. Mais c'est fou parce que le numérique est politique aujourd'hui.
Bruno :
[
12:54] Plus que jamais.
Jérôme :
[
12:55] Plus que jamais.
Bruno :
[
12:55] Encore plus cette année.
Jérôme :
[
12:58] Absolument. Bruno, revenons à des choses bassement matérielles. Est-ce que tu as commandé ton robot humanoïde qui viendra enfin ramasser les chaussettes qui traînent dans ton salon?
Bruno :
[
13:07] Oui, et qui va prendre deux heures pour plier un chandail. Non, j'attends qu'il soit un peu plus efficace avant de commander. Mais quand même, la note est salée. D'abord, tu vas me permettre de te reposer la question. Est-ce que toi, tu as commandé le NEO?
Jérôme :
[
13:21] Non, je ne l'ai pas commandé. Et pourtant, d'abord, je n'ai pas les moyens. Bon, alors, on va dire les prix. Donc, Robo Neo, il est annoncé pour 20 000 $ l'année prochaine, ou bien 500 € par mois. Ce ne sont que des précommandes. On ne sait pas exactement quand est-ce qu'il va sortir.
Bruno :
[
13:37] Il faut quand même déposer 200 $ lorsqu'on fait la commande.
Jérôme :
[
13:40] Oui, en plus, c'est comme la Tesla.
Bruno :
[
13:42] Exactement. C'était 100 $.
Jérôme :
[
13:43] La Tesla, c'était 100 $. Donc, ce n'est pas... On va oublier la Tesla. Ce n'est pas très engageant. Mais surtout j'y crois pas trop à ce robot Néo je sais pas pourquoi je le sens pas trop, la vidéo qu'on voit la tournée sur les réseaux sociaux, bon elle est sympa mais on a appris qu'en fait le robot était carrément quasiment 100% télécommandé il est pas capable de réaliser de manière autonome ce qu'on nous montre, donc c'est encore du concept pour l'instant ça veut pas dire qu'il saura pas le faire, mais aujourd'hui c'est pas le cas aujourd'hui c'est pas le cas donc j'ai un peu des doutes je le sens moins que le robot figure 03 dont on parlait dans le grand débrief tous ensemble avec François il y a quelques temps et toi?
Bruno :
[
14:26] Moi j'ai bien aimé cette semaine il y avait le Wall Street Journal qui a fait un reportage là-dessus parce qu'il y a le reporter tech en tout cas une de le reporter tech qui a passé du temps avec le robot à la maison, et c'est affreux c'est affreux parce que je pense que ça lui prend une bonne minute avant d'essayer d'arriver d'être capable de prendre la porte du lave-vaisselle pour la fermer. C'est un bon deux minutes pour plier quelque chose. S'il y a une chaussette qui est par terre, bien là, bon courage. Il faut presque aller à côté pour l'encourager. Allez, on réessaie, on réessaie. C'est vraiment pas au point. Sauf que, comme tu le dis, je pense que quand on regarde, d'ailleurs, ils sont transparents, là, aujourd'hui, il est là pour apprendre. Alors, les gens qui vont investir, qui vont payer 20 000 $, ça va être des bêta-testeurs et slash des entraîneurs de robots.
Jérôme :
[
15:21] Exactement.
Bruno :
[
15:22] Parce que quand tu regardes des vidéos qui ont commencé à être publiées, tu vois qu'en mettant ton casque, et donc en permettant l'équivalent d'un Quest 3, tu mets ton casque et tu prends le contrôle du robot et tu vois qu'il fait les mêmes gestes que toi. Alors, question de plier, probablement qu'il sera... Si tu investis un bon mois à lui montrer comment plier les choses, probablement qu'à un moment donné, il va être capable de le faire.
Jérôme :
[
15:46] Oui, c'est ça. Parce que... C'est ça, donc ils sont besoin aujourd'hui. C'est de la data pour entraîner les modèles qui font fonctionner.
Bruno :
[
15:52] Oui, puis c'est le même principe de ce qu'on disait la semaine dernière avec François Sorel. Là, aujourd'hui, les livreurs de chez Amazon qui portent des lunettes branchées, ils accumulent de la data pour les robots de demain. Et c'est la même chose. Les premiers utilisateurs, les premiers propriétaires de robots NEO, ils vont essentiellement faire accumuler de la data à la compagnie norvégienne. Et puis après, bien là, les robots de deuxième génération, ils auront fait de l'acquisition de données, de mouvements, d'apprentissage. Et là, ils seront intéressants. Probablement, ils seront moins chers aussi. Mais c'est quand même, il fallait le faire. C'est quoi? Il y avait le robot d'Elon Musk qui disait que ça allait sortir à 30 000 $ par année. Ma mémoire est bonne. Alors là, on baisse à 20. Est-ce que Elon Musk va arriver avec son robot en disant que c'est 15 000 $? Je ne sais pas. On va voir.
Jérôme :
[
16:42] Oui. Ou alors, ce prix relativement attractif, c'est aussi parce que justement, dans un premier temps, comme c'est exactement ce que tu viens d'expliquer, c'est que les utilisateurs seront des entraîneurs de robots. Donc, on va les mettre à contribution. Ça voudrait dire que les modèles suivants, au contraire, seraient plus chers. Mais cela dit, ça a souvent été comme ça dans le numérique. Rappelle-toi les bracelets sportifs, les Fitbit et autres. Tout le monde était content d'avoir un Fitbit qui mesurait les performances sportives ou bien notre santé au quotidien, etc. Et en fait, qu'est-ce qu'on faisait ? On fabriquait de la data pour permettre à Fitbit de s'entraîner et d'améliorer ses algos. Bon, ce n'est pas choquant. Alors, de là à dire que peut-être que c'est le consommateur qui devrait être payé par les investisseurs de la startup au lieu d'eux-mêmes devoir payer pour acheter le matériel. Oui, peut-être. Ce serait peut-être un modèle à revoir, en fait. Est-ce que vous êtes prêt à être payé pour entraîner un robot ? Oui, il note.
Bruno :
[
17:39] Mais là, pour le moment, est-ce que vous êtes intéressé à payer pour entraîner un robot?
Jérôme :
[
17:43] Oui, c'est ça. Bon, en attendant, Bruno, nous qui travaillons énormément, qui n'avons pas forcément toujours le temps de partir en vacances, tu voulais me parler d'un truc. Il y a une bonne nouvelle maintenant. On peut partir en vacances sans partir en vacances, c'est ça? S'inventer de fausses vacances grâce à l'IA.
Bruno :
[
17:59] Qu'est-ce que c'est génial. Déjà qu'il y avait des gens qui utilisaient les réseaux sociaux pour s'inventer une vie. Là, maintenant, à l'intérieur de l'invention de sa vie, on peut s'inventer des vacances, des voyages. Et c'est assez intéressant. J'ai commencé à remarquer, il y a 3-4 gros joueurs dans le domaine qui, par exemple, je pense à Endless Summer, qui permet pour l'équivalent de 35 $ américains, tu leur fais le paiement. Et après, tu remplis un petit formulaire pour dire à quoi pourraient ressembler tes vacances, à quel endroit tu voudrais te retrouver. Tu leur joins, tu leur envoies un selfie de toi-même. et puis après, ils t'envoient 300 photos de toi, En vacances. C'est pas merveilleux, ça?
Jérôme :
[
18:39] Où tu veux, en fait.
Bruno :
[
18:40] Bien, où tu veux. Alors, que ce soit au Brésil, que ce soit, je ne sais pas, moi, en Afrique, en Asie, en Europe pour un Nord-Américain. L'inverse, un Français pourrait se retrouver à New York, à San Francisco. Mais donc, c'est ça, c'est 300 photos que tu reçois. Et puis après, tu fais ce que tu veux avec. C'est merveilleux, ça.
Jérôme :
[
18:59] Bien oui.
Bruno :
[
18:59] On est rendu là.
Jérôme :
[
19:01] Génial. Tu peux effectivement t'inventer une vie et tu montres ça à tes amis. Ce qui est idiot d'ailleurs parce que chacun sait que pour vivre heureux, mieux vaut vivre caché et ne pas montrer ses photos de vacances.
Bruno :
[
19:13] Ça me fait penser un peu à la vidéo dont je t'avais parlé, qui avait été faite par une IA et qui parlait du prochain iPhone et qui n'aurait pas de caméra parce que dans le fond, maintenant avec les outils d'IA, on pouvait générer soi-même ses propres souvenirs puis même des souvenirs qui n'existent pas. Et donc, se montrer en train d'être marié, le premier bébé, sans être marié, sans avoir d'enfant, c'est vraiment fascinant. Évidemment, d'autres diront que c'est apeurant de voir ce genre d'utilisation, mais tout de même, on est rendu là. Puis il y a des gens qui savent flairer la bonne occasion et développer des produits comme ça.
Jérôme :
[
19:53] Mais c'est aussi parce que l'IA le permet, et permet aujourd'hui de créer ces contenus totalement réalistes. D'ailleurs je vais te raconter une anecdote qui est un peu dans le même ordre d'idée ma fille m'a fait une espèce de poisson d'avril c'est Halloween mais elle me fait un poisson d'avril mais enfin c'est tellement un poisson d'avril qui m'a fait peur que ça pourrait être un poisson d'avril Halloween, j'étais pas à la maison et puis elle m'envoie une photo d'un type mais un SDF en train de manger son sandwich assis sur mon canapé dans le salon, tu vois et elle me dit oui il y a le monsieur qui est venu réparer l'évier voilà maintenant il me demande de l'argent qu'est-ce que je fais ? Je dis, quoi ?
Bruno :
[
20:30] Non, non, non.
Jérôme :
[
20:31] Je te jure. Et comme ça, quelques messages, etc. Je l'appelle en panique. Je dis, mais qu'est-ce que tu me racontes ? T'as fait rentrer ce type à la maison ? Mais c'est n'importe quoi. Mais tu es folle. Ah bon ? Parce que là, il va revenir. Il va me demander de l'argent. Je lui ai dit que je n'en avais pas. Et elle me montre un bobard pas possible. Et avec cette photo complètement flippante, le type que tu n'as pas du tout envie de voir dans ton salon alors que ta fille est seule à la maison, tu vois. Et cette andouille, c'était un truc que moi, je n'avais pas vu passer. mais, En fait, c'est une espèce de mème qui tourne sur TikTok et qui te fabrique une photo absolument ultra réaliste de ce personnage qui n'a pas l'air méchant, mais enfin bon, tu ne sais pas d'où il sort. Et en fait, c'est un truc complètement bidon, généré par IA, mais c'est vraiment bien fait. Le mix entre le réel et le virtuel est vraiment étonnant. Voilà, fin de la blague.
Bruno :
[
21:22] Depuis, tu rentres à la maison et tu as vu qu'il n'y avait personne dans ton salon.
Jérôme :
[
21:24] Oui, exactement. Et puis, je l'ai giflé, ma fille.
Bruno :
[
21:27] Ah non ! Ah, méchant papa.
Jérôme :
[
21:32] Bruno, de quoi parles-tu cette semaine dans ton carnet?
Bruno :
[
21:35] Écoute, je suis heureux que tu me poses la question parce que cette semaine à Montréal se tenait le MTL Connect. Et c'est une grande rencontre. Bientôt, peut-être qu'ils vont changer de nom, ça va devenir MTL Connect francophonie. Parce qu'il y avait des gens d'un peu partout. Évidemment, il y avait des Européens, mais il y avait aussi une grosse délégation africaine qui était de passage pour parler de numérique sur tous ses aspects, sur tous ses coutures. Et j'ai tiré quelques rencontres de ce qui a été présenté là. Sinon aussi, évidemment, on suit un peu l'actualité. Et aussi, il y a une journaliste, une ancienne journaliste de chez BFM Business qui lance sa chaîne d'actualité et finances en France. Mais aussi, moi, j'ai été voir, puis il y a des sujets qui sont transatlantiques. Et donc, c'est ça. Alors, je fais un bout de causette avec elle pour qu'elle me parle de ce mouvement de décider de quitter une chaîne d'information continue en économie pour se lancer uniquement sur les réseaux sociaux. Bienvenue au club. Ben oui, exactement.
Jérôme :
[
22:39] Bienvenue au club. Voilà, on est ravis de l'accueillir dans le club des médias personnels.
Bruno :
[
22:45] J'aime tellement cette appellation-là. Jérôme, cette semaine, tu parles de quoi?
Jérôme :
[
22:49] Alors, cette semaine, je parle de psychophancy. Est-ce que tu sais ce que c'est que la psychophancy?
Bruno :
[
22:55] Non.
Jérôme :
[
22:56] Et non, personne ne connaît ce phénomène qui, pourtant, on le connaît sans le connaître. En fait, c'est le...
Jérôme :
[
23:03] En français, on pourrait traduire ça par la flagornerie, la flatterie. Et en fait, c'est cette tendance des chatbots d'intelligence artificielle, ChatGPT, etc., à être toujours plus flatteurs, gentils, à nous brosser dans le sens du poil, à aller toujours dans notre sens. Et avec les conséquences que l'on connaît, puisqu'on en a déjà parlé ensemble, des gens qui ne vont pas très bien, qui vont se confier à ChatGPT pour trouver du réconfort, ça peut les entraîner parfois à commettre le pire. C'est arrivé. Et donc c'est un vrai problème derrière cette espèce de gentillesse en fait il y a un vrai vrai vrai problème, de société et aussi un problème technologique donc j'en parle avec Grégory Renard qui est un professionnel un mec génial il bosse dans l'IA depuis plus de 30 ans qui est installé à San Francisco et il nous explique, ce qu'est la psychophancy et ce qu'on peut faire pour essayer de limiter les dégâts aujourd'hui et dans le futur, par la technologie.
Bruno :
[
24:03] Est-ce que ça en fait un psychologue ?
Jérôme :
[
24:05] Ce n'est pas du tout un psychologue, absolument pas. Lui, c'est vraiment un gars de la tech, c'est vraiment un informaticien, et c'est ce qu'il dit, mais moi, il n'a aucune compétence en sciences sociales, mais il travaille avec des professionnels des sciences sociales, et il a surtout monté une ONG qui s'appelle Everyone.ai, et qui vise à essayer de trouver des solutions pour protéger notamment les enfants face à tous ces risques-là. Donc, il y a une vraie démarche derrière qui est une démarche non-profit qui est super intéressante.
Bruno :
[
24:37] Grégory Renard. C'est à écouter dans mon numérique.
Jérôme :
[
24:39] Absolument.
Bruno :
[
24:41] Salut.
Jérôme :
[
24:42] Ciao, ciao.