L'HEBDO : Comment règlementer l’IA sans tuer l'innovation ?
Monde Numérique20 mai 2023x
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L'HEBDO : Comment règlementer l’IA sans tuer l'innovation ?

Cette semaine, on s'intéresse à la règlementation de l'IA, au clonage de voix sur iPhone, au permis de conduire dématérialisé, au blocage accidentel de Telegram en France et à un étonnant projet de cryptomonnaie biométrique.

EDITO

Règlementer l'IA, ce « nucléaire cognitif »

Depuis l'arrivée de ChatGPT il y a six mois, le débat sur la réglementation de l'intelligence artificielle fait rage. Faut-il réglementer l'IA ? Comment ? Les spécialistes sont partagés. Certains redoutent que cela freine l'innovation, tandis que d'autres craignent les conséquences néfastes d'une technologie que l’on n’hésite pas à comparer à une sorte de « nucléaire cognitif ». Doit-on permettre la prolifération de désinformation générée par l'IA ? Autoriser les armes pilotées par des IA ? Accepter des IA « boîtes noires » dans nos entreprises et administrations ? En Europe, la régulation de l'IA est en marche avec l'AI Act, prévu pour la fin de l'année. Le principe est de dire oui aux IA bénéfiques mais de limiter celles qui peuvent nuire aux citoyens européens. Cependant, la mise en pratique est complexe. Faut-il s'attaquer aux technologies elles-mêmes ou simplement fixer un cadre d'utilisation ? La question de la réglementation de l'IA n’est pas seulement européenne et elle est également évoquée aux Etats-Unis, notamment dans l'industrie du numérique. Des experts, dont Sam Altman, cocréateur de ChatGPT, plaident en faveur d'un cadre réglementaire pour l'IA, en proposant la création d'une organisation internationale de sécurité de l'IA sur le modèle du CERN. En France, l’ancien secrétaire d’État au numérique, Cédric O estime, pour sa part, que l'Europe fait fausse route en voulant imposer des règles trop strictes et en cherchant à réguler seule. Il pense qu’elle devrait plutôt établir une corégulation avec les États-Unis au lieu d’imposer un cadre pénalisant aux entreprises européennes du secteur. La régulation de l’IA n’a pas le même sens de part et d’autre de l’Atlantique. (01:24

L'ACTU DE LA SEMAINE

Ménage de printemps chez Google

Google lance une grande opération de nettoyage pour éliminer les comptes inactifs et leurs contenus associés. D'ici décembre 2023, des centaines de millions de comptes seront touchés. Si vous avez abandonné votre boîte mail, il est temps de vous reconnecter pour sauvegarder vos précieux échanges, documents et photos, car tout sera supprimé. Google enverra plusieurs alertes pour vous prévenir. Pourquoi cette démarche ? Par souci de sécurité. Les pirates pourraient exploiter ces comptes délaissés pour voler des identités, dérober du contenu ou simplement envoyer du spam. Ces comptes sont vulnérables avec leurs anciens mots de passe et l'absence de double authentification. Il est encore temps de sauvegarder vos vieilles photos et documents divers ! (06:37)

Cloner sa voix avec son iPhone

Apple proposera bientôt une innovation étonnante : une fonction baptisée, Personal Voice, qui permettra aux utilisateurs d'iPhone atteints de maladies affectant la parole de cloner leur propre voix. Après un court entraînement de quinze minutes où l'utilisateur prononce des phrases aléatoires dans le micro de son téléphone, celui-ci sera capable de lire tout ce qu'il tape sur son clavier avec sa propre voix. De plus, il sera possible d'enregistrer des phrases fréquemment utilisées pour des réactions rapides. Bien que cette fonctionnalité soit actuellement disponible uniquement en anglais, elle devrait être étendue à d'autres langues à l'avenir. (08:18)

Telegram bloqué par erreur

Samedi dernier, la messagerie Telegram a été brièvement bloquée en raison d'une erreur commise par la police française lors de l'application de la loi. Dans le but de bloquer l'accès à du contenu pédopornographique, les fournisseurs d'accès Internet ont reçu l'ordre de bloquer les sites avec une URL en "t.me". Cependant, Telegram utilise ce type d'adresse pour référencer des comptes et des contenus spécifiques à l'intérieur de son réseau social, utilisé par des millions de personnes dans le monde. En voulant bloquer les sites incriminés, la procédure a été trop large, entraînant le blocage de toute la messagerie. Cette erreur de blocage intervient au moment où le gouvernement envisage de bloquer massivement des sites web, suscitant des interrogations sur la neutralité du Web et la protection de la vie privée en ligne. (10:12)

Permis de conduire dématérialisé

L'application France Identité, qui permet de créer une identité numérique, va accueillir en 2024 une version dématérialisée du permis de conduire. Les utilisateurs pourront importer leur permis dans l'application en amont grâce au Relevé d'information restreint (RIR), un document attestant du droit de conduire, qui peut être obtenu sur le site Télépoints ou directement depuis l'application via la base de données de la Délégation à la sécurité routière. Le permis de conduire sera ainsi accessible à tout moment, même hors ligne. Cependant, il sera nécessaire d'avoir une pièce d'identité en règle enregistrée sur France Identité. Les premières expérimentations auront lieu d'ici la fin de l'année dans le Rhône, les Hauts-de-Seine et l'Eure-et-Loir. A noter que, pour l’instant, l'application France Identité n'est disponible sur iPhone qu’en version bêta. (12:52)

L'INNOVATION DE LA SEMAINE

Une cryptomonnaie sécurisée par biométrie

L'innovation de la semaine est un étonnant projet qui associe trois mots-clés : cryptomonnaie, biométrie et blockchain. Pour pimenter le tout, le nom de Sam Altman, le patron d'OpenAI, éditeur de ChatGPT, est également associé. Baptisé Worldcoin, il s'agit d'une cryptomonnaie mondiale, reposant sur la technologie blockchain, avec une idée novatrice consistant à utiliser la biométrie, plus précisément la reconnaissance de l'iris, pour renforcer la sécurité. Worldcoin a lancé une application de portefeuille numérique appelée World App, ainsi qu'un accessoire, "The Orb", qui permet une vérification sécurisée de l'iris. Les scans d'iris sont stockés de manière sécurisée et décentralisée grâce à la blockchain. Altman va même plus loin. Il évoque la possibilité d’utiliser ce système pour verse un "salaire universel financé par l'intelligence artificielle", qui serait une forme de revenu régulier pour les utilisateurs. (14:39)

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