Comment fonctionne un exosquelette ? A quoi ça sert ? Où en est leur développement et pourrons-nous un jour y avoir tous accès ? Rencontre avec un professionnel du secteur.
Monde Numérique :
[0:10] Bonjour Louis Darfeuil. Bonjour. Vous êtes responsable commercial France d'une société qui s'appelle German Bionic.
Je viens d'essayer votre exosquelette. Est-ce que vous pouvez nous rappeler un peu finalement qu'est-ce que c'est qu'un exosquelette exactement ?
Louis Darfeuille :
[0:23] Tout à fait. Donc un exosquelette, ce n'est pas compliqué, c'est un dispositif qui vient se greffer sur le corps humain. Donc il y a autant d'exosquelettes que de parties du corps humain.
Mais pour faire simple, c'est un dispositif qu'on va se mettre sur le corps qui va permettre de nous aider, de nous soulager dans nos tâches quotidiennes ou professionnelles.
Monde Numérique :
[0:41] Donc c'est souvent pour les professionnels qui doivent porter des charges lourdes, etc.
Louis Darfeuille :
[0:46] Comme beaucoup de produits, ça commence dans le professionnel.
Et l'objectif, c'est de démocratiser à tous les utilisateurs.
On entend notamment et on voit de plus en plus des personnes qui vont skier avec des exosquelettes, des personnes qui marchent avec des exosquelettes des personnes qui font de la rééducation avec des exosquelettes donc ça se démocratise de plus en plus on passe de la fiction à la réalité Mais.
Monde Numérique :
[1:05] Il y a plusieurs types d'exosquelettes.
Louis Darfeuille :
[1:06] Oui, il y a plusieurs technologies d'exosquelettes pour faire très simple, on a deux grandes familles qui existent actuellement sur le marché il y a ce qu'on appelle les exosquelettes passifs qui sont des gaines, des harnais des sangles, qui permettent d'aider à faire les bons gestes les bonnes postures, qui permettent de soulager localement un genou, le bas du dos, ça c'est une typologie d'exosquelettes et après il y a ce qu'on appelle les exosquelettes actifs, donc nous on représente cette famille-là, ou dit robotisées, parce que tout simplement on vient ajouter sur cette armature, ces sangles, ce textile, des moteurs.
Et c'est ces moteurs qui vont permettre d'aider, de soulager, de compenser une partie de ce que les personnes doivent réaliser.
Donc dans le cas de notre produit, on va venir compenser le poids de ce que les personnes doivent manipuler quotidiennement.
Monde Numérique :
[1:48] Alors le vôtre que je viens donc d'essayer, il est beaucoup plus sophistiqué.
Vous pouvez nous le décrire.
Louis Darfeuille :
[1:53] Donc c'est un exosquelette qui ressemble un petit peu à une dorsale un sac à dos de randonnée qui vient maintenir le dos droit de la personne quel que soit le mouvement qu'elle va réaliser en entreprise et nos moteurs qui sont de part et d'autre du bassin viennent aider les personnes quand elles se baissent quand elles se redressent et ça va ils vont compenser entre 30 à 80 % du poids de ce qu'on est en train de manipuler dans les mouvements entre le sol et la poitrine voilà.
Monde Numérique :
[2:18] Et avec ce petit bruit presque quasi traditionnel ce petit bruit de moteur.
Louis Darfeuille :
[2:23] Qui nous.
Monde Numérique :
[2:23] Accompagne à ce moment-là.
Louis Darfeuille :
[2:29] Il faut le comparer un peu à un vélo électrique. On compare un vélo à un vélo électrique.
Monde Numérique :
[2:33] D'accord.
Louis Darfeuille :
[2:34] On a des moteurs qui sont là pour aider, soulager, augmenter ce qu'on est en train de réaliser.
Monde Numérique :
[2:39] Mais alors, sur l'essai que j'ai fait, effectivement, ça soulage énormément.
On sent, par exemple, en soulevant une grosse charge, j'ai soulevé un fauteuil avec des tas de choses dessus.
J'ai senti que mon dos restait bien ferme. Donc là, ça devrait prévenir les courbatures de fin de journée quand on fait ce genre d'exercice.
Mais en même temps, je ne me suis pas senti superman.
Louis Darfeuille :
[3:00] Non, le but, aujourd'hui, on va plutôt essayer de soulager des personnes qui ont des travails qui vont être pénibles ou qui ont des choses à faire qui vont être pénibles, plutôt que de les augmenter.
Donc on préfère dire qu'on va compenser la moitié de ce qu'on est en train de porter, plutôt que de se dire, tiens, on va pouvoir porter deux fois plus que ce qu'on doit faire quotidiennement.
Monde Numérique :
[3:17] Il y a une sensation qui est assez agréable, je trouve, c'est que si on se penche en avant, on a l'impression d'être retenu par un harnais. on n'est pas obligé de contracter son dos pour et on peut reposer on pourrait faire la sieste comme ça debout en fait.
Louis Darfeuille :
[3:31] Exactement c'est ce qu'on appelle chez nous la contre force c'est l'aide à l'assistance quand on va se baisser ou quand on doit faire du maintien prolongé dans une position en avant donc en fait le les moteurs vont vraiment aller à l'inversé de votre mouvement et la structure au niveau du dos va vous maintenir et ce qui est décrit par les personnes qui l'utilisent tous les jours, c'est comme si vous aviez quelqu'un qui était derrière vous, qui vous aidait à vous baisser et qui vous maintenait à une certaine position pour éviter que ce soit vous qui doit vous baisser, et quelqu'un qui vous aide à vous tirer, à vous relever quand vous avez une
Louis Darfeuille :
[4:02] charge lourde. C'est vraiment une assistance.
Monde Numérique :
[4:04] Mais c'est purement mécanique ou il y a de l'intelligence ?
Louis Darfeuille :
[4:07] Alors, on va du coup basculer aussi sur la partie logicielle.
Chaque utilisateur a un code PIN qui lui est propre, un peu comme un téléphone portable, qui va garder en mémoire ses programmes d'utilisation de légo-squelettes, donc son pourcentage de puissance, de force et de contre-force.
Et on a une intelligence artificielle qui au fur et à mesure des sessions d'utilisation de l'exosquelette va apprendre va comprendre comment la personne évolue pour lui donner le meilleur support le meilleur confort des mouvements et des moteurs de l'exosquelette.
Monde Numérique :
[4:36] Donc il y a une personnalisation en fait du mouvement.
Louis Darfeuille :
[4:39] De l'assistance Exactement, donc c'est un exosquelette qui peut être utilisé par tout le monde c'est pas un exosquelette par personne c'est un exosquelette par fonction, par poste chacun a sa veste qu'il va venir mettre sur l'exosquelette mais grâce.
Monde Numérique :
[4:51] Au code pin on peut.
Louis Darfeuille :
[4:52] S'adapter c'est individuel d'accord.
Monde Numérique :
[4:54] Et puis alors il y a un aspect d'attaque qui est très important aussi.
Louis Darfeuille :
[4:57] Tout à fait on est connecté on est sur un exosquelette robotisé et connecté avec l'intelligence artificielle donc on a des capteurs dans notre exosquelette notamment au niveau des moteurs et dans le dos qui vont être connectés en temps réel via la wifi ou via un réseau cellulaire parce qu'on a une carte SIM et une antenne dans notre exosquelette qui vont permettre à la fin de chaque session d'utilisation de l'exosquelette de monitorer, plusieurs aspects On va pouvoir monitorer le poids qui est compensé par les moteurs, donc de combien les moteurs viennent aider, soulager, compenser la personne dans son travail.
Ça permet de donner une idée de ce que l'exoskeleton apporte à l'utilisateur.
Et on a aussi accès au nombre de pas et au nombre de fois où on se baisse ou on se redresse.
Monde Numérique :
[5:37] Mais ça, ça peut servir à quoi ? À vous pour améliorer le produit ?
Louis Darfeuille :
[5:41] Alors déjà, nous pour améliorer l'utilisation du produit et notamment les personnes aujourd'hui qui sont les plus grands consommateurs, qui sont les logisticiens, les entrepôts.
Ça leur permet d'améliorer leur process et leur façon de travailler on travaille beaucoup avec des grands groupes et quand il y a des exoskelettes sur différents entrepôts qui ont des activités très similaires, de temps en temps ils peuvent comparer bah tiens, chez toi les personnes elles marchent deux fois plus, chez toi elles se baissent deux fois plus, qu'est-ce qu'il se passe ?
Le but c'est d'améliorer les process pour que ce soit de moins en moins pénible pour les opérateurs, donc on a accès au nombre de pas, au nombre de mouvements et on a aussi accès à l'ergonomie des mouvements comme on a une prise au niveau des jambes comme on a les capteurs au niveau du bassin et pareil dans le dos, on sait exactement quel type de mouvement est réalisé par les personnes qui l'utilisent, et donc on peut donner des recommandations sur l'ergonomie des postes pour encore une fois améliorer les conditions de travail de ces utilisateurs.
En fait, l'exosquelette aujourd'hui c'est l'intermédiaire entre le robot et l'humain.
C'est pour ça qu'on parle souvent d'hommes augmentés, donc de la machine au service de l'humain avant de passer sur le robot seul. le robot seul.
Louis Darfeuille :
[6:45] Donc aujourd'hui en effet il y a plein d'exosquelettes, il y a plein de technologies.
Louis Darfeuille :
[6:49] Produit chaque technologie à son cœur d'application nous on va vraiment être adapté sur les personnes qui vont manipuler des charges lourdes entre le sol et la poitrine en entreprise donc principalement logistique entrepôts mais après on a plein d'autres applications, différentes j'ai eu l'occasion il ya quelques mois de d'équiper des apiculteurs je ne savais pas qu'un apiculteur faisait de la transhumance avec ses ruches comme on fait avec du bétail donc une ruche ça pèse lourd il faut se baisser il faut la soulever la mettre sur son pick up ou dans sa camionnette la déplacer, la réinstaller dans un autre champ, dans un autre bosquet et après pareil, il faut soulever les rayons qu'une fois gorgés de miel, ils pèsent aussi leur poids, donc dès qu'on a des applications, il faut manipuler des charges lourdes, notre produit peut être adapté, on va aussi beaucoup se diversifier maintenant ça c'est très récent, sur le marché des aides-soignantes, donc on va, équiper des hôpitaux, des EHPAD des cliniques, avec nos exosquelettes pour aider les aides-soignantes à manipuler des patients, donc pour les aider à les soulever de leur chaise, de leur fauteuil roulant, pour les manipuler, apporter des soins dans leur lit.
De temps en temps, quand il y a un patient malheureusement qui tombe dans sa chambre, qui tombe dans sa salle de bain, une aide-soignante...
Monde Numérique :
[8:01] Oui, même une jeune fille un peu frêle peut le relever en fait.
Louis Darfeuille :
[8:05] Voilà, notre objectif vraiment, c'est d'équiper le plus grand nombre de personnes possible.
Grand, petit, mince plus lourd homme, femme, on vient vraiment améliorer la diversité en entreprise des postes qui étaient réservés même si ça se dit plutôt aux hommes dans certaines entreprises avec notre exosquelette certaines femmes peuvent, aussi réaliser ces tâches l'exosquelette.
Monde Numérique :
[8:31] C'est bien pour la parité.
Louis Darfeuille :
[8:32] Oui, on le vend beaucoup pour la parité pour ce qu'on appelle l'inclusion pour le maintien à l'emploi aussi il y a des personnes qui passent un certain âge ou même malheureusement de plus en plus jeunes ont mal au dos, Donc, ils ne peuvent plus forcément faire leur travail. On va les mettre sur d'autres tâches où après, ils vont quitter l'entreprise avec notre exosquelette.
Et à un avis forcément médical, ces personnes-là vont pouvoir retrouver la pleine compétence de leur travail d'antan parce qu'ils vont être protégés.
Les moteurs vont venir les aider à pouvoir de nouveau porter des charges, se baisser, se relever.
Monde Numérique :
[9:02] On se dit que tous les métiers, toutes les entreprises où il y a de la pénibilité de ce genre, ça devrait presque être un prérequis. Sauf que ce n'est pas donné
Monde Numérique :
[9:12] un exosquelette. Combien ça coûte ?
Louis Darfeuille :
[9:13] Comme toute nouvelle technologie, il y a un prix déjà de développement et de fabrication.
Nous, aujourd'hui, nos exosquelettes, en fonction des volumes d'achat, on va être entre 10 et 18 000 euros.
Et je rappelle que ce n'est pas par personne. On va équiper un certain nombre d'unités en entreprise et ces unités peuvent être utilisées par plusieurs utilisateurs car la veste est individuelle.
Monde Numérique :
[9:33] Donc, German Bionic est une société allemande.
Louis Darfeuille :
[9:36] Tout à fait.
Monde Numérique :
[9:36] C'est plus développé en Allemagne qu'en France ?
Louis Darfeuille :
[9:39] Oui, du fait que ce soit la maison mère, que des clients soient là presque depuis la première année, on est plus reconnus, l'équipe est plus nombreuse en Allemagne.
Donc aujourd'hui, ils sont en avance. Les Allemands, aujourd'hui, sont en avance.
Monde Numérique :
[9:51] Les Allemands sont en avance en matière d'usage d'exosquelettes, que toutes marques confondues ?
Louis Darfeuille :
[9:55] Oui, voilà, tout à fait.
Monde Numérique :
[9:56] D'accord. Et de robots aussi ?
Louis Darfeuille :
[10:00] Oui, industriellement, les Allemands sont reconnus pour leurs avancées dans tout ce qui est machines, automatisme, robotique.
Et sur ce produit là aujourd'hui on peut dire qu'on est aussi très avancé mais.
Monde Numérique :
[10:13] En france comment se situe le la désiffle le marché alors.
Louis Darfeuille :
[10:18] Le marché en france est l'un des plus matures dans le monde, Beaucoup de personnes déjà sont concernés les c'est un sujet alors après la maille en termes de volume de vente parce qu'on va voir qu'on n'a pas les mêmes façons de réfléchir les allemands vont l'installer plutôt en prévention parce qu'ils comprennent à quoi va servir le dispositif en france tant on va attendre un le premier arrêt maladie, les premières blessures, avant de se dire, tiens, il faut que je trouve une solution.
Donc, ce n'est pas les mêmes mentalités. On sait qu'on n'a pas la même façon de fonctionner en France et en Allemagne.
Donc, le marché français est très offré, déjà très médiatisé sur les exosquelettes.
On a beaucoup d'acteurs, on a beaucoup de startups, de PME, même maintenant d'entreprises qui développent des exosquelettes en France.
Et c'est un écosystème qui est assez riche. On se connaît plus ou moins tous.
On fait partie de la norme française sur le déploiement et l'aide au déploiement des exosquelettes, qui est menée par l'AFNOR.
Et comme on disait tout à l'heure il y a autant d'entreprises que de types d'exosquelettes et chaque exosquelette a ses fonctionnalités ses process pour lesquels ils vont être plus ou moins adaptés donc on parle pas forcément de concurrence, on parle plus de complémentarité, dans une entreprise il peut y avoir 1, 2, 3, 4 types d'exosquelettes il peut y avoir du passif pour les gestes et postures, il peut y avoir du, passif ou semi-robotisé pour le maintien à l'emploi il y a des dispositifs médicaux qui existent pour soulager des personnes qui sont déjà malades, qui ont déjà des problèmes au niveau du bas du dos et il va y avoir après notre dispositif pour tout ce qui va être manipulation de port de charges lourdes et répétitifs.
Monde Numérique :
[11:43] Est-ce qu'on peut imaginer un jour que ça se démocratise au point qu'on ait tous ça chez nous pour chaque fois qu'on fait un peu de rangement, de déménagement à la maison sans être des professionnels du déménagement ?
Louis Darfeuille :
[11:56] Je ne sais pas si on peut dire l'objectif, mais c'est un souhait de pouvoir équiper chaque personne qui aurait besoin d'être protégée, d'être soulagé ou qui pourrait faire des choses qu'elle ne peut pas faire aujourd'hui je pense notamment, mes clients me parlent souvent d'un exoskeleton qui a priori fonctionne très bien pour le ski qui permet à des personnes qui ont des problèmes de genoux de fragilité au niveau des jambes de reskier comme des jeunes hommes en pleine santé l'objectif c'est de démocratiser la technologie donc plus les industriels plus les entreprises vont s'équiper, plus on va pouvoir faire des économies d'échelle plus on va avancer rapidement sur la R&D sur le coût des matières et plus ça sera accessible pour tout le monde Question bête.
Monde Numérique :
[12:32] Il n'y a pas de location d'exosquelettes ? Pour des particuliers, je veux dire.
Louis Darfeuille :
[12:37] Aujourd'hui, on fonctionne soit à l'achat, soit en leasing, un peu comme pour une voiture.
On est assez frileux pour l'instant pour la location parce que le produit est méconnu.
Monde Numérique :
[12:46] Il faut un apprentissage.
Louis Darfeuille :
[12:48] Il faut savoir à quoi ça sert déjà. On se dit, je vais mettre un exosquelette et je vais être comme Iron Man ou Robocop. Je vais pouvoir tout faire, je vais être très fort, je vais pouvoir tout soulever, je ne vais rien sentir.
Il y a un manque de connaissances et d'éducation du marché aujourd'hui sur ces technologies. Donc, on se doit d'accompagner nos clients, de leur présenter le produit, de leur faire la démonstration, de les accompagner pour qu'ils comprennent à quoi sert le produit et comprennent comment on s'en serve.
Donc, aujourd'hui, on a certaines personnes qui essayent de commencer à faire la location dans des milieux très particuliers, notamment dans le BTP, certaines activités logistiques.
On y va très doucement là-dessus parce qu'on accompagne, on éduque nos clients aux produits avant de pouvoir leur proposer.
Monde Numérique :
[13:25] Merci beaucoup, Louis Darfeuil, responsable France de la société German Bionic.