Les IA qui produisent de la musique sont dans le collimateurs des maisons de disques américaines.
25 ans après Napster, qui avait introduit le piratage musical à grande échelle via le peer-to-peer, le problème ressurgit avec une autre technologie : l’intelligence artificielle. Des plateformes d'IA comme Suno et Udio, qui permettent de créer facilement et à moindre coût de la musique, font l’objet d’une action en justice de la part de la puissante RIAA, l’association des maisons de disques américaines. L’IA est-elle une vilaine copieuse qui pille les artistes sans les rémunérer ? C’est la question passionnante que pose cette affaire. Sans doute faut-il se tourner vers le passé, et ce qui est arrivé à Napster, pour deviner ce qui arrivera bientôt à Suno et Udio.
Monde Numérique :
[0:00] Au début des années 2000, une plateforme du nom de Napster a semé une belle pagaille en inventant le piratage de musique à grande échelle grâce au peer-to-peer. Et bien 25 ans plus tard, l'histoire a l'air de se répéter avec une autre technologie, l'intelligence artificielle. Et oui, l'IA risque de semer à son tour une belle pagaille en matière de propriété intellectuelle des artistes musicaux et des ayants droit. Les Napster des temps modernes ont pour nom, sous nos, ou encore audio, des services en ligne, accessibles à tous, qui existent aujourd'hui et qui permettent de fabriquer de la musique et des chansons au kilomètre, en quelques clics, et le résultat est plutôt pas mal. Exemple.
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[0:58] Sous-titrage ST' 501 Ces plateformes assez incroyables, les internautes s'en servent pour créer des chansons histoire d'amuser leurs amis ou faire le buzz sur les réseaux sociaux. Ça, ça ne va pas très loin. En revanche, il y en a qui aiment beaucoup, ce sont les agences de communication ou les créateurs de contenu qui se régalent en trouvant là un moyen simple, efficace et bon marché de produire de la musique au kilomètre. Seulement voilà, il y a un petit problème, c'est que l'IA ne crée jamais à partir de rien. Et si Suno et Udyo sont si bons en musique, c'est parce que ces outils numériques ont puisé leur inspiration dans de la musique qui existe déjà. C'est en effet à partir des œuvres de musiciens et chanteurs professionnels que ces IA ont été entraînées.
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[1:38] Et voilà qui n'a pas échappé aux maisons de disques américaines. Celles-ci viennent donc par la voix de leur représentante, la puissance de RIAA, la Record Industry Association of America, d'intenter une action en justice contre Suno et Udyo. C'était le 25 juin dernier.
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[1:55] Cette affaire s'annonce comme exemplaire en matière d'intelligence artificielle face aux droits d'auteur. Deux logiques s'affrontent. D'un côté, vous avez la Eri 2A qui assure que ces intelligences artificielles ont utilisé des morceaux qui existent sans verser le moindre centime de droits d'auteur. Donc c'est un cas de violation à grande échelle et elle réclame 150 000 dollars par infraction. Mais en face, les plateformes réfutent ces accusations. Elles affirment que l'IA se sert seulement de morceaux pour comprendre les composantes basiques de l'expression musicale. Et du coup, ce n'est pas du piratage. Selon Udio, cela entrerait dans le cadre du fair use, c'est-à-dire l'usage loyal prévu par le code américain de la propriété intellectuelle.
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[2:38] Autant dire que ce bras de fer s'annonce assez chaud, car ce procès, si procès il y a, sera donc le premier procès pour contrefaçon par intelligence artificielle. Le problème, c'est que la musique produite par des plateformes comme Suno et Udio porte doublement préjudice aux artistes, parce que non seulement si la musique a été utilisée sans autorisation, c'est un problème, mais en plus, cela permet de créer de la musique bon marché qui va clairement leur faire concurrence. On devrait donc assister dans les mois qui viennent à un joli bras de fer, avec, cela dit, débat d'experts, probablement, pour savoir s'il y a bien une voleuse
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[3:15] ou juste une artiste comme les autres qui finalement ne fait que s'inspirer de ce qui existe déjà. Alors, pour savoir ce qui va se passer, eh bien on peut peut-être jeter un coup d'œil sur ce qui s'est passé il y a presque 25 ans. En 2001, après des mois de bras de fer, Napster avait été interdit par la justice américaine.
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[3:33] Mais en fait, c'était pour mieux ressurgir quelques temps plus tard, dans une version tout à fait légale, Napster avait accepté de rémunérer finalement les ayants droit. On peut donc parier qu'il va se passer la même chose avec l'intelligence artificielle. Les opérateurs d'IA générative, qu'il s'agisse de musique mais aussi de vidéos et de textes, ont peut-être encore un petit moment de liberté devant eux, avant de devoir probablement passer à la caisse comme leurs illustres prédécesseurs. Comme quoi, avec les années, les technologies évoluent, mais les problèmes restent les mêmes.