Airbus prépare l'avion du futur qui ira se garer tout seul (Jonathan Rigaud, Airbus)
04 juin 202411:03

Airbus prépare l'avion du futur qui ira se garer tout seul (Jonathan Rigaud, Airbus)

J'ai essayé le "Flying Truck", un étonnant "camion-avion" destiné à tester les technologies de roulage autonome pour les avions.

Jonathan Rigaud, responsable du programme Optimate chez Airbus

Qu'est-ce que le Flying Truck, présenté récemment à Vivatech ? 

Le Flying Truck est un simulateur volant et roulant conçu pour tester les technologies de circulation autonome pour les phases de taxi (roulage) d’un avion. Le but est de rendre les avions encore plus autonomes afin de faire face au doublement du trafic aérien dans les 20 prochaines années sans que les aéroports ne s'agrandissent. Actuellement, le roulage au sol représente 15 à 20% du temps de travail des pilotes, avec une charge mentale très importante.

En quoi cet engin permet-il d’envisager le futur ?

Le Flying Truck est équipé d’un tableau de bord et de commandes d’avions et il est bardé de technologies comme des caméras, des lidars, des radars, et du GPS de précision qui servent à la perception et à l'automatisation des manoeuvres au sol. L'objectif est de tester les technologies émergentes d'autres domaines, comme l'automobile et le spatial, et de les adapter pour améliorer les opérations aériennes. 

Quand verrons-nous des avions entièrement automatisés, y compris pour les phases de vol ?

Airbus cherche avant tout à augmenter le niveau de sécurité des avions tout en gardant les pilotes au centre des opérations. L'automatisation complète des avions n'a pas encore de date précise, mais l'objectif est de doubler le trafic aérien tout en maintenant le nombre d'accidents au plus bas. Pour cela, nous explorons diverses voies, dont l'automatisation, afin de trouver les meilleures solutions pour l'avenir de l'aviation.

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Jonathan Rigaud:
[0:00] Tout le but, c'est de prendre toutes les technologies qui sont émergentes dans d'autres domaines, par exemple l'automobile, le spatial, tous les domaines de la mobilité et pas que, la robotique aussi.

Monde Numérique :
[0:14] Bonjour Jonathan Rigaud, vous êtes responsable du programme Optimate chez Airbus, et vous présentez à Vivatech un camion qui est en train de manœuvrer là juste derrière vous et qui en fait n'est pas un camion. On peut résumer ça comme ça, c'est un avion en réalité ce truc là.

Jonathan Rigaud:
[0:32] Alors effectivement on l'appelle le flying truck c'est un mix pour un contrôleur aérien ça sera un avion pour nous c'est un mix des deux donc qu'est-ce que c'est et pourquoi on le fait voilà.

Monde Numérique :
[0:45] Qu'est-ce que c'est.

Jonathan Rigaud:
[0:46] Alors c'est ce flying truck excusez-moi parce qu'il va avoir besoin de la place pour manoeuvrer c'est.

Monde Numérique :
[0:54] Sûr que c'est un camion qui bouge.

Jonathan Rigaud:
[0:57] Il ne décolle pas encore, mais c'est un simulateur volant, roulant, mais surtout au sol. C'est toute la partie qu'on appelle taxi. Et qu'est-ce que l'on cherche ? C'est le, dans les 20 ans qui viennent, tout le trafic aérien va doubler. Et donc, au niveau des aéroports, les aéroports ne vont pas doubler.

Jonathan Rigaud:
[1:21] Ils vont commencer à devenir saturés. Pour vous donner un chiffre, sur les top 100 aéroports...

Monde Numérique :
[1:26] Attention, vous ne vous faites pas écraser par l'avion ou par l'avion-camion.

Jonathan Rigaud:
[1:29] Il y a des systèmes de protection, justement. Normalement, il ne devrait pas m'écraser si on a bien fait notre travail. Donc, je vous disais qu'en fait, sur les top 100 aéroports, il y aura plus de 62 aéroports en 2038 qui seront congestionnés, voire saturés. Et donc le temps au sol et aussi le risque au sol va augmenter, donc si on ne fait rien donc Airbus, la question c'est qu'est-ce qu'on peut faire pour résoudre cette problématique, donc on cherche trois axes, le premier c'est celui d'automatiser cette phase de taxi, pour justement fluidifier le trafic, le deuxième c'est collaborer, aider la collaboration et l'assistance entre les pilotes les pilotes, entre les compagnies aériennes pour décider quand est-ce qu'elles partent mais aussi surtout avec le contrôleur aérien qui décide, quel avion part à quel moment donc ça c'est le deuxième axe, là on peut les aider avec de l'intelligence artificielle, plein de technologies que je pourrais vous décrire après et le dernier axe c'est, protéger, protéger justement contre des potentielles collisions et aussi il y a des règles sur un aéroport par exemple il ne faut pas rentrer sur une piste de décollage où un avion va atterrir Donc, c'est ces systèmes-là qu'on veut tester. Maintenant, vous allez me dire, mais pourquoi on a fait un camion ? En fait, si vous regardez là, il s'appelle OptiUnité. Vous pouvez même le trouver sur FlightRadar. Vous le verrez sur FlightRadar.

Monde Numérique :
[2:49] Sur l'application FlightRadar qui permet de suivre les avions, on trouve votre camion qui est représenté comme un avion.

Jonathan Rigaud:
[2:55] Exactement, parce que vous allez le voir sur des aéroports au milieu du trafic réel. OptiUnité, Opti1. Le but, justement, est d'aller se confronter à la réalité,

Jonathan Rigaud:
[3:06] au trafic réel. et de tester ces fonctionnalités-là. Donc, tout le but, c'est de prendre toutes les technologies qui sont émergentes dans d'autres domaines, par exemple l'automobile, le spatial, tous les domaines de la mobilité, et pas que, la robotique aussi. On a bardé ce Flying Truck, si vous regardez au-dessus, je pourrais vous montrer après à ce niveau-là, si vous voulez me suivre. On l'a bardé de dernières technologies pour donner la perception. Donc, par exemple, vous voyez en haut, vous avez des caméras, vous avez aussi des lidars donc c'est des capteurs basés sur des lasers pour voir l'environnement vous avez aussi des radars vous avez aussi du gps du gps du positionnement de précision et nous on aime beaucoup l'inertie aussi dans l'aéronautique donc tous les moyens pour savoir qu'est ce qu'il ya autour de l'avion et où est ce que notre avion se situe ça c'est pour les automatismes et aussi pour prendre, Mais ce Flying Truck n'a pas que ça. Il a aussi toute une partie, on l'appelle, c'est un véhicule hyper connecté, parce qu'il a de la 5G avec plusieurs providers, mais il est aussi relié au satellite par du SATCOM.

Monde Numérique :
[4:17] D'accord.

Jonathan Rigaud:
[4:18] Il peut switcher de l'un à l'autre pour justement être vérifié. Voilà, il est en train justement de se recharger, parce que c'est un véhicule électrique. Et ce que vous voyez là c'est la partie haute de l'iceberg ce véhicule est connecté comme je vous disais à une infrastructure, cloud qui est la même qu'on a sur nos avions aussi pour pouvoir justement avoir les informations de plein d'autres databases, d'être relié à la compagnie aérienne nous on joue le rôle de la compagnie aérienne

Jonathan Rigaud:
[4:48] on la teste, Airbus et aussi à l'ATC faire ces échanges là.

Monde Numérique :
[4:51] Et à l'intérieur qu'est-ce qu'il y a alors ?

Jonathan Rigaud:
[4:53] Alors ça c'est Ce n'est pas que ces technologies, effectivement, on appelle ça un flying truck. Excusez-moi, on va juste... Est-ce que vous pouvez ouvrir ? Montrez. Elia, là, vous trouvez notre pilote, entre autres. Alain, qui a d'ailleurs conçu et qui est le papa du flying truck. Et là, vous voyez, c'est le cockpit, les éléments du cockpit d'un A350. On a pris les éléments qui aident au guidage. Donc, vous avez... Là, vous voyez au milieu ce qu'on appelle un fly control unit. On peut régler les automatismes en vol, parce qu'un avion aujourd'hui est automatique. Cinq secondes après le décollage, on peut mettre le pilote automatique, et même jusqu'à l'atterrissage. Par contre, au sol, aujourd'hui, on n'a pas ces systèmes. Donc on est en train de regarder ce qu'on utilise. Par exemple, ce camion peut se piloter soit avec ces automatismes-là, peut se piloter avec la manette des gaz, le joystick que vous voyez peut-être un peu de ce côté-là.

Monde Numérique :
[5:48] Comme un avion.

Jonathan Rigaud:
[5:49] Comme un avion. Alors au sol, un avion, on le pilote avec ça, ça s'appelle le tiller, qui bouge la roulette de nœuds. La roulette avant. Ce que vous regardez, une des spécificités de ce camion, c'est que c'est un camion, alors pas à commande de vol électrique, mais à commande électrique. Il n'y a pas, tu peux montrer, Alain, il m'entend pas, il n'y a pas d'arbre mécanique. Donc typiquement, là, il y a un mode où il peut le conduire avec le volant, mais dès qu'on le met en mode avion, il conduit avec les manettes des gaz.

Monde Numérique :
[6:23] Ça devient un avion.

Jonathan Rigaud:
[6:24] Ça devient un avion, et même des fonctions qu'un avion n'a pas encore aujourd'hui.

Jonathan Rigaud:
[6:29] Donc, on peut tester plein de fonctions. Donc, ça, c'est la partie pilote. Et je vais vous montrer le backstage. Le backstage, c'est un véhicule pour pouvoir tester plein de fonctionnalités qui n'existent pas encore. Donc, on veut les régler. On va être capable de tester des fonctionnalités qui viennent de start-up, par exemple, qui n'ont pas un niveau de maturité très élevé forcément, ou des fonctionnalités qui ont déjà un niveau élevé avec des gros groupes et mixer ça là-dedans. Donc, pour ça, on a ce qu'on appelle, comme dans nos avions d'essai, une station d'ingénieur d'essai. Donc venez, si vous voulez monter.

Monde Numérique :
[7:01] Attendez, je vais prendre mon élan.

Jonathan Rigaud:
[7:03] Là, vous avez nos ingénieurs d'essai. Et là, ce que vous pouvez voir, c'est justement que lorsqu'on effectue un test, ceux qui vérifient que le test passe bien, vérifient, par exemple, changent les paramètres pour tester une nouvelle fonctionnalité, ce sont ces personnes-là.

Monde Numérique :
[7:21] D'accord.

Jonathan Rigaud:
[7:22] Donc là, vous avez Guillaume et Alexandre, par exemple, qui sont notre spécialiste du guidage. Alors pour toute la partie camion, il l'a réglé, mais il le fait aussi, c'est la même personne qui le fait aussi pour notre avion. Parce que les meilleures technologies qui sont les plus prometteurs ici aux fonctionnalités, d'ici la fin de l'année, on va les tester sur notre avion réel. Là, ce ne sera plus le Flying Truck, ce sera notre A350 d'essai en vol. Sur lequel on va tester ces fonctionnalités-là.

Monde Numérique :
[7:51] En vrai ? En vrai. Ce sera encore du test, mais ce sera sur un vrai avion.

Jonathan Rigaud:
[7:55] Sur un environnement où là, on pourra même décoller. Donc d'ici deux ans, on va utiliser toutes les briques qu'on a étudiées et regardées, explorées entre les programmes précédents. Donc il y a eu Atoll, Dragonfly et maintenant Optimate pour faire un vol complet de la préparation du vol, pour aider à savoir ce qui peut se faire jusqu'à le taxi, toute la phase taxi,

Jonathan Rigaud:
[8:19] mais aussi le décollage, la partie croisière et revenir à l'atterrissage.

Monde Numérique :
[8:25] Parce que la partie taxi, en fait, représente une charge mentale et une partie du travail du pilote qui n'est pas négligeable.

Jonathan Rigaud:
[8:34] En fait, jusqu'à présent, c'était un petit peu comme au début des voitures. Quand il n'y avait pas beaucoup de voitures, l'assistance, par exemple, pour se garer ou être à faible vitesse, était peu utile. Mais là, avec les congestions et l'augmentation du temps, par exemple à votre avis combien de temps passe un pilote à rouler et pas à voler alors.

Monde Numérique :
[8:52] J'ai déjà la réponse c'est 15%.

Jonathan Rigaud:
[8:53] Vous l'avez déjà entendu j'ai bossé le dossier, 15 à 20% ça paraît énorme par exemple sur des courriers on vient de Toulouse pour venir ici en passant par Charles de Gaulle sur un vol d'une heure j'ai mis 20 minutes de roulage c'est.

Monde Numérique :
[9:12] Vrai qu'on a l'impression quand on prend l'avion qu'on roule de plus en plus.

Jonathan Rigaud:
[9:15] Exactement. Donc, c'est pour ça qu'aujourd'hui et jusqu'à présent, c'était beaucoup focaliser nos constructeurs aéronautiques en vol pour optimiser cette phase-là. Là, on commence à voir que ça prend quand même une part significative. Et jusqu'à présent, quand on a atterrissé, le pilote n'avait plus d'automatisme. Donc, il faisait tout manuellement et aussi donc la charge mentale augmente. Donc, notre idée, c'est de donner les mêmes fonctionnalités à un pilote pilotes

Jonathan Rigaud:
[9:40] en vol et au sol et d'aider nos pilotes au global.

Monde Numérique :
[9:44] C'est ce qu'on appelle l'optimate.

Jonathan Rigaud:
[9:45] D'ailleurs.

Monde Numérique :
[9:46] Et alors, la partie en vol, c'est la grande question. L'avion entièrement automatisé, c'est pour quand ? Vous en êtes où ?

Jonathan Rigaud:
[9:56] Notre idée, c'est encore une fois d'avoir les pilotes au centre de nos opérations. Donc, lui donner des automatismes, tous les automatismes qu'il faut pour ça. Alors, vous donnez une date, je ne sais pas. Notre objectif, c'est surtout de monter le niveau de safety. Comme je vous ai dit, on va doubler le trafic aérien. Donc, nous, ce qu'on veut, c'est que le nombre d'accidents… On est aujourd'hui le moyen le plus sûr au monde de transport. On veut rester le moyen le plus sûr. Donc, on doit augmenter encore notre niveau de safety.

Monde Numérique :
[10:28] D'accord.

Jonathan Rigaud:
[10:29] Donc, tous les moyens, là, nous, ce qu'on explore, c'est tous les moyens qui peuvent aider. L'automatisation est une voie. Il y en a d'autres. Et nous, on est là pour explorer, savoir laquelle est la meilleure.

Monde Numérique :
[10:38] Bon, on va patienter encore quelques années et puis ensuite, on découvrira ça en vrai. Merci beaucoup, Jonathan Rigaud.

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