La Commission s’est intéressé à tous les aspects de l'IA : impact sur l’environnement, impacts sociaux et sociétaux, gouvernance, accès aux données, recherche, financement ou encore la question des compétences. Il s'agit de trouver un "équilibre entre innovation et réglementation", estime Mireille Clapot qui salue les efforts de l'Union européenne pour créer des cadres réglementaires reflétant les valeurs européennes, différents les approches adoptées par les États-Unis et la Chine.
INTERVIEW
Pourquoi est-il nécessaire de penser dès à présent à la régulation de l'intelligence artificielle ?
Mireille Clapot : L’IA est déjà une réalité avec de nombreuses conséquences : impact sur l’environnement, impacts sociaux et sociétaux, gouvernance, accès aux données, recherche, financement, compétences, etc. Il est nécessaire de préparer dès à présent sa régulation en trouvant le juste niveau entre protection des citoyens et préservation de l'innovation. C’est le sens de l’avis émis par la Commission Supérieure du Numérique et des Postes (CNSP) que je préside.
Que pensez-vous de l’AI Act en discussion au niveau européen ?
Je pense que cela va dans le bon sens car cela prend en compte les modèles d’AI en fonction des niveaux de risque. L'AI Act vise à interdire les usages à haut risque, à réguler les systèmes à risque élevé et modéré, et à permettre les systèmes qui présentent peu ou pas de risque. Cela reflète un équilibre qui respecte les valeurs européennes tout en permettant l'innovation et la croissance.
Quel conséquence craignez-vous le plus ?
Je pense que nous allons vers une nouvelle phase de délégation de certaines tâches cognitives de notre cerveau à la machine. Comme l’avènement de la calculatrice nous dispense aujourd’hui de faire du calcul mental, on voit que l’IA va nous faire perdre l’habitude d’effectuer certaines tâches nous-mêmes, comme par exemple, analyser un CV. Cela présente beaucoup d’avantages mais nous devons garder le contrôle et ne pas totalement déléguer ce qui fait l’essence de l’être humain.