[EN PARTENARIAT AVEC EDF]
Julien Villeret, directeur de l'innovation d'EDF, présente trois innovations au bénéfice de l’énergie décarbonée.
De nombreuses startup planchent sur des solutions innovantes dans le domaine de l'énergie. Dans cet épisode, on s'intéresse à trois exemples marquants : une centrale solaire mobile sur remorque (Ecosun Innovations), un générateur d’électricité par énergie osmotique (Sweetch) et un concept de ferme solaire flottante (Oceans of Energy, Seavolt, SolarDuck).
Monde Numérique : Bonjour. Julien Villeret, directeur de l'innovation d'EDF, partenaire de Monde numérique. On se retrouve chaque mois pour parler des énergies du futur et des énergies décarbonées, notamment avec trois innovations aujourd'hui trois tendances en fait pour notamment produire et transporter d'électricité. Et on commence avec une espèce de petite centrale solaire portative transportable sur une remorque.
Julien Villeret : Oui, en fait, il y a pas mal de cas d'usage comme on dit, c'est à dire de façon d'utiliser l'électricité en mobilité, qui ne sont pas évidemment possibles avec des petites batteries que l'on transporterait à la main qu'on aurait chargé dans son garage. Et là je parle des pompages d'eau en agriculture, de l'éclairage public ou privé, des chantiers de construction des camps militaires. Enfin voilà des événements. Enfin, vous imaginez tout ce qu'il faut alimenter en électricité. Et parfois c'est compliqué de le faire parce qu'il n'y a pas de réseau à proximité et c'est compliqué de le faire de façon écologique parce que souvent on arrive avec de gros groupes électrogène, avec du pétrole dedans. Évidemment, ça pollue, ça fait du bruit, ça émet des particules, c'est très désagréable. Et donc on voit arriver des concepts de remorques solaires qui sont assez intéressantes puisque c'est des remorques qu'on peut transporter assez rapidement sur site. Et sur ces remorques, on trouve quoi? Des batteries? Des batteries qui stockent un onduleur qui permet donc de recharger la batterie et de la décharger, de faire arriver l'électricité en bidirectionnel et des modules solaires, c'est à dire des panneaux solaires qui sont au-dessus, qu'on peut déployer, qu'on peut orienter et donc évidemment dans le sens du soleil pour recharger les batteries. Donc ça, ça permet finalement à une seule personne toute seule en cinq ou dix minutes, de donner une puissance importante à la fois d'énergie solaire directe, mais aussi de stockage pour tout un tas d'applications. Donc ça c'est très intéressant parce qu'évidemment ce sont des choses qui se sont développées pour des usages quasiment infinies. Il y a plein de startup qui sont sur ce marché-là. Nous, chez EDF, on travaille avec Écozones Innovation qui est une startup dont on est partenaire et qui travaille sur ces sujets-là. Donc voilà. Et on trouve que c'est une alternative intéressante au groupe électrogène diesel, les fameux groupes qui polluent et qu'on peut ne voir dans pas mal d'événements, pas mal de théâtres de guerre ou dans la rue, y compris à Paris sur des travaux.
Monde Numérique : Et puis en plus ça fera moins de bruit que les groupes électrogènes. Autre innovation Julien pour produire de l'électricité, cette fois à plus grande échelle, c'est ce qu'on appelle l'énergie osmotique. Ça se passe sur l'eau. De quoi s'agit-il exactement?
Julien Villeret : C'est une forme d'énergie, en fait, qui est produite et qui est totalement renouvelable et qui est produit en fait par la différence entre la salinité, donc entre de l'eau douce et de l'eau de mer, c'est à dire globalement, c'est un sujet principalement d'estuaire, là où se rencontrent de l'eau douce et de l'eau salée, ce qui représente un potentiel vraiment très important. On imagine alors ce sont des chiffres qui sont à vérifier, mais on imagine que ça pourrait représenter en gros de quoi produire 10 % de la demande d'électricité mondiale. Il y a une startup française rennaise qui s'appelle Switch Energy qui est particulièrement en avance sur l'exploitation de cette technologie. Ça reste encore un développement technologique. On n'est pas sur des TRL comme on dit, c'est à dire des maturités technologiques extrêmement fortes. Mais néanmoins, elle a développé une nouvelle membrane qui permet de développer l'efficacité de ces technologies. Je dis bien développer l'efficacité parce qu'en fait, c'est une technologie connue depuis très longtemps. Ce n'est pas quelque chose de totalement nouveau. Par contre, cette startup a développé une nouvelle membrane qui la rend beaucoup plus performante et beaucoup plus, beaucoup plus pertinente. Donc, cette production d'électricité a évidemment plusieurs avantages. D'abord, sa disponibilité et sa constance. Comme je l'ai dit, dans tous les estuaires, on peut en produire, C'est par définition dans des cours d'eau, donc c'est constant, ce n'est pas intermittent. Et puis il y a un très faible impact environnemental puisque on prend juste l'eau pour l'utiliser, mais l'eau est restituée et donc il n'y a pas d'impact environnemental majeur de cette de cette technologie. Donc il y a un premier site pilote de centrales Osmotiques qui devrait être mis en place fin 2023 dans le delta du Rhône. Et nous EDF, on a investi dans cette société comme d'autres et on travaille avec Switch pour déployer plusieurs projets. Donc voilà, c'est vraiment pour le coup une réelle nouvelle façon de produire de l'électricité de façon viable et totalement renouvelable.
Monde Numérique : Pas mal du tout quand même. Alors, troisième type d'innovation Julien Villeret des panneaux solaires flottant sur la mer.
Julien Villeret : Oui. Alors on parle surtout de finalement un peu de bon sens, d'une application de bon sens. Évidemment, le bon sens, c'est facile à dire, ce n'est pas toujours facile à mettre en œuvre, c'est de se dire qu'il y a des surfaces de grande, grande, grande, grande surface qui aujourd'hui ne sont pas exploitées pour le solaire. Et ces surfaces, c'est les mers et les océans. C'est à dire qu'aujourd'hui, évidemment, on installe des panneaux solaires sur le sol, sur les toits, éventuellement parfois, et on a nous-mêmes des expérimentations en ce sens. On en a une par exemple, depuis le. Depuis juin 2023, on a inauguré notre première centrale solaire flottante qui est installée sur le lac le lac d'un. Barrage hydroélectrique à laser dans les Hautes Alpes, en l'occurrence les panneaux solaires. On sait aussi en mettre sur les lacs, mais si on en mettait sur la mer ou sur les océans Et donc finalement de faire de l'énergie solaire en mer flottante, donc produire de l'électricité sans occuper ces grandes surfaces terrestres qui sont pas faciles à trouver, il y a une vraie problématique de foncier. Et finalement on peut faire aussi autre chose sur ces surfaces. On sait déjà faire des éoliennes en mer, vous le savez. Des éoliennes flottantes aussi. Voilà, maintenant ce serait des panneaux solaires flottants en mer. Alors comment ça fonctionne? Globalement, on prend des panneaux solaires tels qu'on les connaît, bien retravaillés pour qu'ils résistent à des conditions maritimes extrêmes, ainsi que la structure métallique sur laquelle ils sont posés. Parce que bien, en mer, évidemment, il y a des vagues, il y a de la houle, il y a des courants, il y a énormément de corrosion et donc c'est évidemment une technologie qui reste encore à développer. Mais il y a des démonstrateurs qui sont, qui sont en cours de développement ou qui ont été développés pour certains déjà, un Ocean of Energy, par exemple, depuis 2020 au large des Pays-Bas, a été a été installé et dit on a résisté à des vagues de dix mètres et à des vents de 100 kilomètres h.
Julien Villeret : Donc voilà, c'est des. C'est des structures qui ont l'air assez solides pour fonctionner. Six volts au large des côtes des côtes belges. Depuis cet été, il y a un Solar Duc qui est prévu cette année au large des Pays-Bas à nouveau. Bref, il y a un certain nombre de de démonstrateurs qui sont en cours et nous on s'intéresse évidemment beaucoup au sujet des énergies marines en général. J'ai parlé de l'éolien flottant, mais il y a aussi l'énergie des vagues, le houlomoteur. Et ça nous intéresse aussi de regarder ces sujets parce que évidemment, installer des panneaux solaires sur la mer entre guillemets, ça ne dérange personne, ça ne pose pas de problème de visibilité de paysage puisque les panneaux solaires, c'est évidemment plutôt Arras et pas très très haut en terme en termes de structure. Maintenant, évidemment, il y a encore beaucoup, beaucoup de défis à résoudre, et notamment sur les aspects économiques. Parce que installer des choses en mer, ça veut dire des infrastructures, comme je l'ai dit, très lourdes et très spécifiques, mais aussi du raccordement. Il faut ramener l'électricité à terre et ça, ça coûte très cher. Donc voilà, on est sur de l'exploration, mais je trouve l'idée à la fois intéressante, intelligente et on n'est pas à l'abri d'une vraie rupture technologique à venir pour installer finalement des panneaux solaires largement en mer. Et on peut imaginer encore plus dans les océans ou les mers qui sont au sud. Évidemment, dans l'hémisphère sud, il y a probablement un gros potentiel.
Monde Numérique : Et oui, forcément, puisqu'il y a encore plus de soleil là-bas. Merci. Julien Villeret, directeur de l'innovation d'EDF.