Jadis conseiller pour le numérique auprès du Premier ministre, Jean-Noël Tronc revient au micro de Monde Numérique sur vingt cinq ans de révolution numérique, vue du côté des pouvoirs publics.
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En 1997, Lionel Jospin, alors Premier ministre, prononce à Hourtin (Gironde) un discours qui deviendra célèbre sur "l'entrée de la France dans la société de l'information". Ce discours, écrit par Jean-Noël Tronc, marque l'abandon du Minitel au profit d'Internet. A l’époque, la France est en retard en matière de numérique.
Vingt cinq and plus tard, Jean-Noël Tronc (aujourd'hui directeur général du CNED), se souvient de cette époque et des étapes qui ont jaloné la mutation française vers les usages numériques. Avec lui, on balaie un grand nombre de sujets, de la création d’Internet à la singularité de l’intelligence artificielle, en passant par le Minitel et les premières lois sur le numérique en France.
Une interview réalisée au salon Educatech à Paris en novembre 2023.
Mots-clés : intelligence artificielle, France, CNED, web, IA, Minitel, Jospin, politique, souveraineté numérique, transformation numérique
Transcription
Monde Numérique : Bonjour Jean-Noël Tronc.
Jean-Noël Tronc : Bonjour Jérôme Colombain.
Monde Numérique : Vous êtes directeur général du CNED, le Centre national d'enseignement à distance. Nous sommes au salon Educatech. Vous êtes un, je dirais, l'un des pionniers de l'Internet en France, en tout cas de la révolution numérique. Vu du côté des pouvoirs publics. On s'était connu lorsque vous étiez au cabinet de Lionel Jospin. C'était déjà une époque charnière. Vous étiez là au début de l'histoire en fait.
Jean-Noël Tronc : Oui. Alors le concept même du web avait été pensé dans les années 60. L'ip en tant que protocole Internet Protocol avait été normalisé en 74 par un groupe présidé par mon ami Vinton Cerf à qui d'ailleurs j'avais voulu rendre hommage en tant que conseiller de Lionel Jospin pour qu'on lui remette la Légion d'honneur française. Et quand, suite à une dissolution ratée à l'époque par le président Chirac, nous arrivons à Matignon et qu'en effet je crée cette fonction qui n'existait pas de conseiller pour la société de l'information que je crée, cette politique publique qui n'existait pas, qui est devenue à partir de 1998, le Programme d'action gouvernemental pour la société de l'information, qu'ensuite j'ai de fait piloté et dirigé pendant cinq ans. Il y avait eu, notamment en France, des gens visionnaires. Il y avait eu la fin des années 70, Louis Pouzin qui avait compris que les réseaux télécoms devaient aussi virer d'un modèle purement télécoms, c'est à dire l'intelligence et dans le réseau et le terminal est un DOM terminal vers un autre type de réseau. Et puis la France, et je voudrais là leur rendre hommage quand même. Dans les années 80-90, c'est le pays qui rate totalement le déploiement du plan câble mais qui réussit la vidéo interactive. C'est le pays qui a eu la chance d'avoir le rapport Nora-Minc qui est le seul rapport public. Moi, j'en ai écrit des rapports publics, je peux le dire, qui invente deux termes géniaux et pas un seul micro-informatique et télématique, c'est à dire mariage des télécoms et de l'informatique. Et ça, c'est quoi ? C'est Internet ? Donc quand effectivement, de manière accidentelle, nous, la gauche arrivons au pouvoir et que nous sommes dans une situation qui n'a jamais existé avant et qui n'existera plus jusqu'à aujourd'hui, après dans les institutions françaises qui est que, soyons clairs, la totalité des décisions étaient prises à Matignon et nulle part ailleurs, et certainement pas à l'Elysée.
Jean-Noël Tronc : Moi, j'ai présidé pendant cinq ans des centaines de réunions interministérielles. J'ai vu une fois mon homologue à l'Elysée, Valérie Pécresse, et donc je voudrais le dire ici avec un peu de solennité. Oui, c'est vrai. Pendant ces cinq ans, nous avons réussi à rattraper le retard français puisqu'en 1997, la France avait pris environ deux ans de retard, d'après l'OCDE au sein des pays de l'OCDE, à cause d'autres choses que je n'ai pas encore cité exprès, mais qui était un signe du génie français, qui était la télématique. Il y avait à l'époque un secteur économique de plusieurs dizaines de milliards de francs. On parlait en francs à l'époque, mais aujourd'hui ce serait des dizaines de milliards d'euros. La télématique, pour ceux qui nous écoutent et qui n'ont jamais vu un Minitel, même avec la poussière, chez leurs parents ou grands-parents. Pour les plus jeunes qui nous écoutent, c'était quoi ? C'était le mariage de l'informatique et de la téléphonie, c'était internet. Sauf que le modèle économique était fermé, qu'on payait les communications à la durée, comme tous les réseaux de télécommunications. Et donc la France, qui avait été le premier pays du monde à avoir en 1997, 8 millions de foyers qui utilisaient les services interactifs dans l'éducation pour réserver ses billets de chemin de fer, pour avoir les résultats du bac dont la presse s'était emparée avant tout le monde. La presse est le premier secteur des industries culturelles traditionnelles à avoir fait sa transition numérique. Bon, après, il y a les jeux vidéo.
Monde Numérique : C'était complètement rentré dans la vie des gens, c'était rentré.
Jean-Noël Tronc : Dans la vie des gens. C'était un modèle économique, c'était un modèle de service public. J'ai fait annoncer par le premier ministre, dans son fameux discours Durtain que j'écris durant l'été et qui est un choc à l'époque, quand Lionel Jospin à Hourtin, alors que les journalistes l'attendaient. Pour parler de quoi ? De la baisse de la publicité sur France deux, qui était la seule proposition de cette campagne éclair que nous avions monté, qui avait vaguement quelque chose à voir avec le sujet à Hourtin, qui était ce lieu où se rencontraient plutôt les gens d'ailleurs, du monde éducatif. Chaque fin d'été, Lionel Jospin va et prononce le discours que j'avais écrit qui est l'entrée de la France dans la société de l'information. Ce discours très gentiment, des journalistes, des historiens me l'ont rappelé il y a quelques années. Il y a même un livre qui a été écrit là dessus sur les politiques au niveau mondial de numérique pour transformer les pays où, très gentiment d'ailleurs, une historienne qui a publié quelque chose là dessus souligne que le rattrapage français est relativement exemplaire parce que nous avions pris le plus de retard. Mais en même temps, c'est pour ça que je rends hommage aux gens qui m'ont précédé. Nous avions créé des conditions écosystémiques, intellectuelles, scientifiques et même éducatives. Que sera Ce retard fut possible à la condition que l'État soit bien géré.
Jean-Noël Tronc : Alors le Premier ministre, à l'époque était très moderne, a accepté d'aller par exemple avec moi au milieu, qui était le salon des jeux vidéo à Monaco. Mais comme me disait. Mon collègue de l'époque qui s'occupait de la communication. Manuel Valls, s'il te plaît, Jean-Noël fait les médias. On ne peut pas demander à Lionel d'aller répondre au monde informatique ou à Jérôme Colombain sur France Info ou à Laurent Mauriac, à Libé ou je ne sais pas quoi. Et donc je me suis retrouvé avec cette possibilité, grâce à ceux qui m'ont précédé, de laisser à la France, c'est à dire à ceux qui m'ont succédé, à tous ceux qui après sont d'ailleurs devenus ensuite des secrétaires d'État au numérique ou aujourd'hui des ministres du numérique et des télécoms, ceux qui n'auraient pas trouvé dans leurs casquettes de ministres si on n'avait pas fait pendant ces cinq ans une transformation totale, avec une vision politique là aussi très moderne. Et donc c'est ce rattrapage numérique français que j'ai piloté intégralement, avec un correspondant dans chaque cabinet ministériel qui me rapportait directement. C'est l'exact modèle que la première ministre Elisabeth Borne a mis en place sur la transition écologique, une vraie organisation interministérielle avec le GPE.
Monde Numérique : Alors Jean-Noël Tronc de. Pourtant, à la transition écologique et en passant par l'intelligence artificielle, c'est surtout sur l'intelligence artificielle que je voudrais vous entendre. Ce salon educatec, il est clairement placé cette année sous le signe de l'IA. Ça fait un an que Jupiter est dans nos vies. Comment est ce que vous qui êtes plus que d'autres peut être puisque vous c'est l'enseignement à distance ? Comment est ce que vous appréhendez cette révolution à la fois pour vos apprenants et puis pour vos enseignants ? Est ce que c'est un truc que vous vous êtes pris de plein fouet ou est ce que vous voyez déjà comment vous allez pouvoir vous approprier l'IA dans l'enseignement ?
Jean-Noël Tronc : Alors deux choses. D'abord, il suffit d'aller sur le stand du CNED pour voir que nous sommes à la pointe de l'innovation. En fait, CNED et innovation c'est un synonyme. Le CNED, depuis qu'il existe, a toujours été à la pointe de l'innovation dans les années 50-60, 70, 80 et 90 et aujourd'hui bien sûr dans les années qui nous emmènent vers 2030. Moi même qui vous l'avez très gentiment rappelé et pardon si j'ai fait un peu d'ancien combattant, mais je pense que l'avenir appartient à ceux qui ont la plus longue mémoire. Moi même, qui est en effet contribué à la modélisation numérique de ce pays, j'ai été extrêmement impressionné. Quand j'ai pris la tête du CNED. J'ai été nommé par le gouvernement directeur général du CNED en mars 2022. J'ai été sidéré par la capacité d'innovation de mes équipes. Les principales EdTech françaises travaillent avec nous. D'ailleurs, l'une des patronnes d'une grande EdTech française que je ne citerai pas, a eu la gentillesse de me dire, mais qu'en fait je dirigeais la première attaque française. Et je pense que la formule est bien trouvée Comment on appréhende l'IA ? J'aime bien le mot que vous employez l'appréhender parce qu'il est, il a, il a deux sens pour ne pas employer de termes savants. Est ce qu'on l'appréhende au sens de la peur ou est ce qu'on l'appréhende au sens où on anticipe ? Je dirais trois choses là dessus.
Jean-Noël Tronc : D'abord, on est rentré dans cette fameuse société de l'information dont nous parlions en 1997, La vision que nous avons à l'époque, en 97, c'est un jour. Toutes les activités humaines seront entièrement imbibées dans la technologie et notamment dans le web. Alors inutile de vous dire qu'à l'époque ça faisait rigoler quasiment tout le monde. Et d'ailleurs je rends hommage à certains d'entre eux nous ont quitté aux parlementaires qui m'ont fait confiance. Quand on a construit le Pacci et que Lionel Jospin a fait son discours, les principaux témoignages de parlementaires dans la presse enthousiaste sur le discours de Hourtin, c'étaient des sénateurs de droite ou des élus de droite. C'était mon ami le sénateur Laffitte, qui est quand même l'homme qui a créé Sophia Antipolis, qui n'est plus parmi nous. Je me souviens très bien qu'à l'époque René Monory, qui nous a quittés aussi, qui d'ailleurs a créé le Futuroscope où se trouve à peu près la moitié de mes équipes, René Monory m'avait fait passer le message qu'il était admiratif que Jospin porte ce tournant numérique. C'était André Santini, c'était René Trégouët, c'était comme ça beaucoup de parlementaires. Donc on a fait ça aussi dans une logique d'intérêt national. On n'en a pas fait un enjeu gauche droite.
Jean-Noël Tronc : Il y avait bien sûr des parlementaires de gauche tout nouvellement élus, comme Patrick Bloche ou Christian Paul. Mais pour revenir à l'IA, ce que la vision que nous avions tous, et c'est pour ça que les politiques, depuis deux ans, avant la dilution, la dissolution ratée de Chirac, tirait la sonnette d'alarme. La France était en train de prendre un retard tragique. Il y avait une peur face à la technologie. Il y avait par ailleurs une sorte d'analphabétisme technologique en France que j'ai bien connu puisque c'est moi qui ai fait créer ce qui s'appelle aujourd'hui Pix, en convainquant le Premier ministre à l'époque qu'on crée le brevet informatique et internet avec une idée qui était il faut former les demandeurs d'emploi et il faut absolument. Et les emplois jeunes nous ont servi à ça. Au passage, que l'on permette à toutes les générations de s'approprier le numérique. Bon, l'Education Nationale, à l'époque, a mis dix ans à ce que cette vision. Le brevet informatique et Internet, décisions politiques du Premier ministre, malgré Claude Allègre, ça n'intéressait pas beaucoup en réalité se fasse. Je crois que c'est qu'en 2006 ou 2007 qu'on a fait passer enfin le bédeuzi aux élèves en fin de collège. Et puis il a fallu encore dix ans pour que ça devienne une plateforme numérique en 2017.
Monde Numérique : Aujourd'hui, on est au delà du Bédeuzi. Ils sont sur PC, ils rendent des. Les devoirs fait avec. Et pareil pour les profs.
Jean-Noël Tronc : Oui, mais ce n'est pas mon propos parce qu'aujourd'hui tout le monde est dans chaque JPT dans l'IA. Ce que je veux dire par là, c'est qu'il a fallu 20 ans pour qu'à travers Pix on fasse ce qu'était ma vision de l'époque qui était. Il faut d'abord former la première ligne. Ceux qui en ont besoin, c'est les gens qui sont dans le monde du travail et c'est les demandeurs d'emploi. Former des enfants, c'est indispensable. Mais eux, ils sont sur le marché du travail dix ans après. Donc, je reviens à ce qui s'est passé autour de l'IA, l'intelligence artificielle, on en parlait déjà avec mes amis, les vrais ancêtres de l'Internet français quand on se réunissait à Autrans dans une station de ski de fond pour parler de l'Internet en 1996 ou 95, la moitié d'entre nous étions des passionnés de science fiction. Et l'IA ? Elle est écrite dans la science fiction depuis les années 50. Donc non, pardon, non, mais ça n'a absolument rien de nouveau, Ce qui est complètement nouveau.
Monde Numérique : Enfin quand même, ce qui est nouveau, c'est la démocratisation. Et puis des outils qui ne sont plus de la science fiction.
Jean-Noël Tronc : Alors exactement, c'est à ça que je veux en venir. Ce qui est radicalement nouveau, c'est qu'on est en train d'avoir un débat maintenant pour savoir si on se rapproche ou si on n'aurait pas déjà atteint le fameux point.
Monde Numérique : De singularité.
Jean-Noël Tronc : Singularité bon pour les non lecteurs de SF, le point de singularité, c'est comme dans les uchronies, c'est le moment où ça bascule.
Monde Numérique : Où la machine devient plus intelligente que l'homme.
Jean-Noël Tronc : Et qu'elle prend le contrôle sur l'homme. Il suffit d'aller voir Terminator. C'est ça l'idée. Écoutez le débat en ce moment sur la rencontre entre Kim Jinping et le président américain. J'espère qu'ils vont se mettre d'accord pour qu'on ne mette pas en marche des armes létales autonomes. Parce que ça, c'est Terminator, c'est pas de la science fiction, c'est la négociation entre les Américains et les Chinois dans quelques semaines ou quelques jours pour savoir s'ils se mettent au moins d'accord pour limiter l'escalade. Comme d'un point de vue technologique, les Russes au plan numérique sont totalement largués, ce qui n'est pas le cas des Chinois, surtout en matière d'IA. Là, c'est des choses très très sérieuses qui sont en train de se jouer et donc j'en reviens à votre question qui est au fond, est ce qu'il faut appréhender au sens d'avoir peur ? De toute façon, la technologie continuera d'avancer de manière inéluctable. J'ai été le patron d'Orange, l'opérateur mobile. Je me souviens très bien des gens nous expliquant que la visio, ça marcherait jamais. Bon, de toute façon, il y a en matière de technologie, de règles très simples. Tout ce qui est possible va arriver, à peu près rien de ce qui va arriver n'est exactement ce qui avait été prévu par les gens qui savaient que c'était possible. Alors j'en reviens pour terminer à votre question très très brûlante sur l'IA a t on réglé les grands défis de l'UA et de l'IA, etc. Non, en aucun point. Est on déjà passé au fameux point ? Moi j'ai juste un souvenir qui m'a encore frappé Comme j'étais l'un des patrons des industries culturelles pendant dix ans quand j'étais patron de la SACEM, Google m'avait invité avec quelques autres patrons français, Outside Guest, qui était son grand événement de lobbying à Londres.
Jean-Noël Tronc : Une fois par an. Et je m'en souviens parce que nous étions un mois avant le Brexit, il y avait on stage, Eric Schmidt, le patron monde de Google, qui avait invité l'équipe D'alphago, qui est l'équipe qui avait utilisé l'IA de DeepMind et DeepMind, nous disait Eric avait beaucoup de fierté, est devenu invincible au jeu de Go en 40 jours seulement le 21 octobre 2017. Et donc c'est AlphaGo qui avait terrassé le joueur professionnel qui devait s'appeler Sedol Sedol qui était l'idole qui était un coréen en 2016 dans la salle, un moment où les gens se sont tus parce que sur scène, les meilleurs scientifiques mondiaux nous disaient C'est pas qu'on a perdu le contrôle de l'IA, mais les mêmes experts nous disaient que cinq ans plus tôt, eux mêmes pensaient que battre le champion du monde d'échecs, ça arriverait, mais qu'au Go, ce n'était pas possible. Ce que je vous raconte, c'est qu'en 2018, un an après, cet épisode, Outside existe. Et il y a parmi les grands patrons français, y compris dans la presse, des gens qui pourront témoigner de ce que je vous dis. Ils étaient avec moi dans la salle, il y a eu un moment de sidération. C'était en 2018. Il y avait.
Monde Numérique : Les larmes de Lee Sedol.
Jean-Noël Tronc : Absolument alors qui était filmé et on voyait le choc. Et ça a été en Corée, comme vous le savez, une espèce de de traumatisme national, de traumatisme national et c'était il y a presque dix ans. Ma crainte est la suivante je vais être très direct. Les gens savent en principe ce que veut dire JIT comme Generator Pay, comme Pretrans et T comme transformée. Et je le dis souvent à mes équipes transformées, Oui, c'est déjà en train de tout transformer. La question, la question, c'est de Generator. Pour l'instant, on continue à s'appuyer sur des contenus fabriqués par des humains, sur des scénarios de films conçus par des humains. Sur le moment où l'IA va pouvoir se passer totalement de l'humain, il est en fait déjà arrivé. Donc comme il ne faut pas appréhender l'inéluctable qui est que la technologie va continuer sans cesse de se développer. Nous le CNED comme l'ensemble des opérateurs français responsables. Nous avons le devoir de bâtir ce qui est la vision que nous sommes en train d'ailleurs en ce moment même, de partager avec le ministre de l'Education nationale et la ministre de L'enseignement supérieur et de la recherche, cette vision, je l'ai partagée avec eux. Il faut impérativement que nous puissions combiner confiance et service public, la technologie pour de bonnes raisons et ce qui fait peur. La question de la maîtrise de la technologie, la question de la régulation de la technologie, je m'en suis entretenu il y a quelques semaines avec Jean-Noël Barrot est totalement vitale.
Jean-Noël Tronc : On ne peut pas continuer à avoir des grandes plateformes non régulées et je rends hommage là dessus à ce que fait le gouvernement. Mais en fait, la plus grande victoire des Européens sur les grandes plateformes américaines et sur le lobbying international pendant ces cinq ans, c'est l'adoption in extremis de la directive droit d'auteur. En avril 2019, c'est passé à cinq voix près. Moi, mon ambition, ce serait que, étant à la tête maintenant du CNET qui est le plus grand opérateur français au plan mondial d'enseignement et de formation à distance, avec quand même 130 zéro zéro zéro personnes en formation chaque année chez nous, dont 70 zéro zéro zéro scolaires, mais 54 000 adultes et pour une bonne partie d'entre eux, des adultes en reconversion professionnelle. Le CNED est bien loin de n'être qu'un opérateur scolaire opérateur qui cette année va porter, à la demande du ministre, une plateforme pour la rentrée 2024 à destination de tous les parents d'information et de formation sur le harcèlement scolaire et notamment le cyberharcèlement. Opérateurs Le CNED qui a été chargé par le ministre de déployer sa plateforme d'innovation programme court qui permet à tous nos collègues enseignants au collège 7000 collèges de France, s'ils sont absents un jour, par exemple pour se former ou pour raisons médicales, que leurs enfants puissent avoir des classes apprenantes. C'est aussi le CNED qui fera passer l'attestation de sécurité routière pour tous les élèves de cinquième et de troisième.
Jean-Noël Tronc : Dans quelques mois, il faut que le CNED puisse être l'opérateur de confiance à l'opérateur qui va permettre de piloter la transition numérique et pédagogique mais de manière responsable. Et pour terminer sur l'IA, nous, nous avons décidé que nous allons travailler avec des boîtes de tech françaises en utilisant des IA françaises. On ne peut pas mettre les données pédagogiques du CNED qui est de très loin la plus grosse cité scolaire française. Là, le CNED à la rentrée, c'est 3000 lycéens de plus qui se sont inscrits au CNED, ce qui représente à peu près l'équivalent de la création de 3 à 6 lycées supplémentaires en France. Donc à ce titre, je le dis, le CNED c'est aussi de très loin le plus gros lycée de France. On ne peut pas accepter que ces données pédagogiques de nos parents et nos élèves soient au motif de l'open source dont j'ai été, vous vous en souvenez, l'un des grands promoteurs. C'est moi qui ai imposé l'open source au sein de l'État et c'était une des raisons pour lesquelles j'ai voulu faire créer ce qui aujourd'hui s'appelle la d'inhumains. On ne peut pas accepter que ces données soient via GPG ou d'autres IA potentiellement accessibles à n'importe quel autre de boîte au niveau mondial, à des puissances étrangères. Donc, on a un enjeu de souveraineté numérique en même temps qu'on a un enjeu de souveraineté pédagogique.
Monde Numérique : Merci. Jean-noël Tronc, directeur général du CNED.