Entrepreneur historique d'Internet, Jean-François Pillou raconte comment il a créé le célèbre site "Comment ça marche". Il présente aussi sa nouvelle application "Around us", qui permet de géolocaliser les points d'intérêt. Un entretien passionnant qui nous fait plonger dans les arcanes de la programmation à l'heure de l'intelligence artificielle.
Lorsqu'il créé le site "Comment ça marche", en 1999, pour répondre aux questions des internautes à propos du fonctionnement des ordinateurs, Jean-François Pillou n'imagine pas que cela deviendra l'un des plus gros site français, racheté dix ans plus tard par le groupe Le Figaro (valorisé aujourd'hui à hauteur de plusieurs dizaines de millions d'euros).
Devenu depuis consultant pour l'entreprise qu'il a contribué à fonder, ce geek passionné de programmation informatique continue d'innover. Il vient de lancer "Around us", une application qui permet de géolocaliser les points d'intéret à proximité de l'endroit où l'on se trouve. Lancé sans ambition réelle de rentabilité, à partir de contenus en open source, cette appli a été conçue en partie grâce à l'intelligence artificielle ChatGPT.
A voir : Around us
Transcription
Jean-François Pillou : Quand on veut créer, il faut apprendre tout un langage et c'est compliqué avec Shuji Pitti et tous ces nouveaux modèles d'IA. Le texte, ça devient la nouvelle interface.
Monde Numérique : Bonjour Jean-François Pillou.
Jean-François Pillou : Bonjour Jérôme.
Monde Numérique : Vous êtes créateur, entrepreneur, geek avant tout et notamment créateur d'un site que tout le monde connaît aujourd'hui qui s'appelle Comment ça marche ? Comment ça marche ? C'est une plateforme historique du web français. Même si aujourd'hui vous n'êtes plus partie prenante dans comment ça marche ? Est ce qu'on peut rappeler un petit peu l'histoire de l'un de ces sites précurseurs du web français ?
Jean-François Pillou : On m'a dit une fois un truc, on m'a dit tiens, comment ça marche ? C'est un site qui a été fourni avec le web. J'ai bien flippé. Donc oui, effectivement, je l'ai créé en 99. C'était un site perso parce qu'on appelait ça comme ça à l'époque, site perso dans lequel j'explique comment fonctionnent les technologies. Donc je commençais les ordinateurs, les routeurs et cetera. Et puis finalement j'ai laissé la place aux autres, les autres utilisateurs qui pouvaient participer. Donc beaucoup de forums notamment. Oui, et effectivement il s'est. Il s'est installé assez rapidement comme le premier site high tech en France. Je crois qu'encore aujourd'hui, il fait entre cinq et 10 millions de visiteurs par mois.
Monde Numérique : Donc c'est un site vraiment de conseils pratiques.
Jean-François Pillou : C'est ça ? C'est vraiment un site de « how to », comme on dit. Donc ça, dès qu'on a une question, si on ne sait pas faire telle ou telle chose, soit le site explique comment, comment faire telle ou telle chose, soit ça il n'y est pas sur le site, auquel cas on pose la question. Et là c'est une communauté qui va vous répondre. Et l'avantage, c'est que la réponse de la communauté servira après à d'autres personnes.
Monde Numérique : Oui, ça créé le contenu qui ensuite va perdurer. Rester là plusieurs mois, voire plusieurs années, qu'on pourra retrouver si on en a besoin.
Jean-François Pillou : Exactement. Et puis c'est contenu fait par la communauté, ensuite la communauté les les fusionnent entre guillemets et fait des fiches qui expliquent comment faire telle ou telle chose. Donc on capitalise sur les problèmes des uns et des autres et les solutions qui ont été apportées.
Monde Numérique : Mais vous, vous-même, vous avez rédigé beaucoup de fiches, je crois, une époque.
Jean-François Pillou : Juste de 99 à 2004 quasiment. C'est moi qui ai tout, qui ait tout écrit. Ça a même fait une série d'une dizaine de bouquins chez Dunod. Donc c'était mon plaisir, c'était d'apprendre des choses et de les restituer sur le site. Je dirais comme un peu n'importe quel youtubeur aux tiktokeurs le ferait en vidéo. Moi je le faisais à l'écrit.
Monde Numérique : Oui.
Jean-François Pillou : Et donc effectivement, ça, ça a aidé et ça aide toujours pas mal de monde.
Monde Numérique : Mais c'était une passion. À côté de votre activité professionnelle, vous faisiez quoi à l'époque exactement ?
Jean-François Pillou : J'étais. Je l'ai créé quand j'étais en école d'ingénieur en mécanique, contre toute attente et. Et après ? J'ai bossé pendant six ans au ministère de l'Éducation nationale, rue de Grenelle. Et donc j'étais un chef de projet, puis même un chef de direction adjoint. Oui mais voilà.
Monde Numérique : On est loin du geek. Oui, voilà, devant son ordinateur, dans sa chambre.
Jean-François Pillou : Et donc je lançais des projets pour aider à développer l'usage d'Internet, des écoles jusqu'aux universités, parce qu'il y avait un peu le problème de l'oeuf et la poule. C'est à dire pour que les collectivités, les mairies et cetera, équipent les écoles, les collèges, les lycées, il fallait que les profs l'utilisent. Mais pour que les profs l'utilisent, il faut qu'il y ait les machines. Donc il fallait qu'on lance des projets pour les inciter.
Monde Numérique : On va revenir un peu sur comment ça marche. C'est à l'époque de comment ça marche qu'on s'est connu parce que je vous avais reçus sur France Info à l'époque pour que vous nous présentiez tout ce que vous faisiez sur sur le site. Comment ça marche ? C'est vrai que ce site web, je crois que toute une génération est passée par là pour savoir comment configurer son imprimante, son routeur, son savoir pourquoi l'ordinateur ne marchait pas, etc.
Jean-François Pillou : Absolument. Donc le but, c'était de faire en sorte que chacun trouve sa réponse. Et moi, l'indicateur que je suivais, c'était le taux de réponse dans les forums. Donc mon but c'était de faire en sorte que quelqu'un qui pose une question et le plus rapidement sa réponse. Donc le but étant de mettre sa question en face des gens qui potentiellement ont la réponse.
Monde Numérique : Alors il y a eu derrière, après une vraie histoire entrepreneuriale, parce que le site a connu un immense succès et petit à petit, c'est devenu une entreprise à part entière, très rentable et qui a suivi toute, toute une évolution et nous nous la racontait un peu.
Jean-François Pillou : Effectivement. Donc moi je l'ai créé en 99, c'est devenu une société à part entière en 2006 et ensuite on l'a déclinée, on a fait le site Droit et Finances sur la plateforme Comment ça marche ? La même chose, mais sur les aspects juridiques légaux et un site qui s'appelait santé, médecine. Donc comment ça marche ? Adapté à la santé ? Et également en douze langues. Donc il est devenu assez assez gros. On est monté jusqu'à une quinzaine de salariés dans l'entreprise jusqu'à ce qu'un jour, en 2010, on rachète Benchmark Group parce qu'effectivement on avait un beau chiffre d'affaires, une bonne rentabilité et donc on a racheté Benchmark Benchmark, qui était l'éditeur de site comme L'internaute Journal des femmes, Journal du Net, ou un plus connu finalement le plus connu je crois encore Copains d'avant le réseau social, copains d'avant.
Monde Numérique : Incroyable !
Jean-François Pillou : Bon, qui vous rachète cette boite avec 150 personnes alors qu'on était quinze ? Donc ça a créé Histoire.
Monde Numérique : C'est dire que ça marchait bien. Comment ça.
Jean-François Pillou : Marche ? Ça marchait.
Monde Numérique : Vous aviez trouvé comment ça marchait ? Comment faire marcher ? Comment ça.
Jean-François Pillou : Marche exactement ? Et donc l'idée, c'était d'appliquer ça à tous ces sites L'internaute journal des femmes pour arriver à les faire décoller un petit peu plus.
Monde Numérique : Et alors, ensuite, qu'est ce qui s'est passé ? Puisque, je le disais, vous n'en faites plus partie aujourd'hui ?
Jean-François Pillou : Oui. Alors effectivement, pour racheter Benchmark, on a dû lever des fonds. Et le truc, c'est que quand on lève des fonds, un jour, il faut faire sortir les gens qui sont rentrés. Donc on a dû faire un processus de vente en en 2014 2015 et donc le groupe Figaro s'est présenté. Alors on a eu plein d'offres de toute la toute la place en 2014. On les a tous rejetés finalement parce que ça ne nous convenait pas.
Monde Numérique : Tout le monde voulait vous racheter.
Jean-François Pillou : Ça serait un peu prétentieux de dire ça, mais en tout cas, toutes les grosses télés qu'on connaît sans citer de nom, tous les gros groupes.
Monde Numérique : Média, le groupe média, voilà.
Jean-François Pillou : En France et en Europe d'ailleurs, on en avait même deux aux Etats-Unis étaient preneurs, mais ils voulaient tous racheter 51 %. Oui, donc ça veut dire qu'on perd le contrôle de la société.
Monde Numérique : Mais.
Jean-François Pillou : On est toujours à l'intérieur. Donc ce n'était pas ce n'était pas vraiment le scénario qu'on avait imaginé. Et puis finalement, l'année d'après, le groupe Figaro est revenu à la charge en disant Nous, on vous rachète 100 %. Et ils m'ont proposé de rester dedans pendant pendant quatre, cinq ans, Ce que j'ai fait ? D'accord. Et je travaille encore en partie pour eux, pour eux, pour les accompagner.
Monde Numérique : Donc aujourd'hui, comment ça marche ? Appartient au groupe Figaro qui est ce que tout le monde ne sait pas ? Eh bien, ne comprend pas que le journal et que le site d'actualités Le Figaro fr, mais également toute une galaxie en fait de de sites web qui en plus qui apporte de l'audience, donc qui valorise le groupe auprès des annonceurs, etc et cetera. D'accord. Et comment ça marche ? Aujourd'hui a toujours autant de succès.
Jean-François Pillou : Il a toujours du succès. Après le comment dire, les usages se sont décalés. C'est à dire qu'en A et jusqu'en 2010, le gros de l'usage, c'était des questions matérielles, des problèmes avec sa carte mère, la carte son, la souris et la webcam, etc. Ça s'est décalé après au système d'exploitation, mais à l'époque où on avait des écrans bleus.
Monde Numérique : Sous Windows.
Jean-François Pillou : Sous Windows. Exactement. Et maintenant les questions sont plus sur les usages. Comment je fais pour couper une vidéo pour poster ceci ? C'est un réseau social, donc c'est assez marrant de voir l'évolution, c'est qu'on est monté d'un cran. Faut reconnaître que les systèmes aujourd'hui, c'est quand même assez rare qui nous qui nous plante entre les mains ou que le matériel ne marche pas.
Monde Numérique : Oui.
Jean-François Pillou : C'est vrai que c'est décalé sur le sur toutes ces questions là, mais finalement les questions, elles sont toujours là.
Monde Numérique : Oui, c'est vrai qu'on l'oublie hein, mais aujourd'hui, les ordinateurs, les smartphones, c'est un peu comme les voitures. Grosso modo, ça tombe plus en panne.
Jean-François Pillou : Assez peu. Et quand ça tombe en panne, on fait jouer le serveur, on nous en donne la note et ça repart.
Monde Numérique : On n'est plus obligé de mettre soi-même les mains dans le cambouis. Cela dit, vous, si vous avez fait tout ça, Jean-François Piriou, c'est parce que vous êtes un vrai geek. Enfin, ce n’est pas péjoratif. C'est vraiment. Je parle de geek à geek. Vous êtes un passionné de programmation, d'informatique, de web, etc.
Jean-François Pillou : Alors c'est vrai que c'est un truc qui ne m'a jamais quitté. Comment ça marche ? Je l'ai créé de mes mains. J'aime bien dire ça. Je coder dans le bloc note, dans le notepad pour faire le point, voir le code. Le HTML, je le faisais à la main comme ça. Aujourd'hui, il y a d'autres outils.
Monde Numérique : Oui, là vous n'étiez pas aidés, il n'y avait pas les couleurs et tout ça.
Jean-François Pillou : Non, Exactement. Je ne l'ai jamais lâché. C'est à dire que même encore récemment, quand j'étais dans dans CCM Benchmark, je coder avec les développeurs. J'étais le directeur général, on était CCM, c'est encore 250 personnes aujourd'hui, mais j'étais directeur général et développeur et du coup j'ai gardé cette compétence de développeur et j'en suis content parce que ça me sert encore.
Monde Numérique : Aujourd'hui et ça apporte de. Plus de légitimité quand on doit manager une équipe, d'être soi-même développeur.
Jean-François Pillou : C'est sûr, c'est plus simple de dire aux gens ce qu'ils doivent faire quand c'est exactement ce qu'il faut faire. Donc si quelqu'un me dit non, ce n’est pas possible, je sais qu'en fait c'est possible. D'ailleurs, c'est rare que les développeurs disent ce n'est pas possible, c'est la plupart du temps c'est.
Monde Numérique : Possible, mais ça va être long. Mais ça va être long longtemps, ça oui. Et oui, bien sûr.
Speaker3: Vous écoutez mon numérique.
Monde Numérique : Alors, c'est ça qui c'est cette passion pour pour pour le code et pour la création informatique sous toutes ses formes, qui vous a amené à un autre projet qui est plus d'actualité, dont on va parler maintenant. C'est un site et des applis que vous avez lancé qui s'appelle Around Us. Qu'est ce que c'est que Around us.
Jean-François Pillou : Around the US ? Le principe c'est c'est surtout des applis, mais effectivement, il y a une version web qui permette, où qu'on soit dans le monde, de trouver les dix choses à faire ou à avoir autour de soi. Donc il y a deux principes très forts, c'est que un je ne montre que dix choses et j'ai enlevé tout ce qui est superflu. C'est à dire que quand vous ouvrez une application comme Google Maps, il va vous dire à côté qu'il y a un salon de toilettage, un vétérinaire, Je ne sais pas quoi en penser.
Monde Numérique : Il ne sait pas forcément ce qu'on cherche sur le plan du tourisme.
Jean-François Pillou : Exactement. La plupart du temps, ça nous sert pas et quand on en a besoin, on va le chercher. Ce qui est important quand on va quelque part, ce n'est pas tant les les hôtels, ni même les restaurants, c'est en premier les choses à voir.
Monde Numérique : Alors bien sûr.
Jean-François Pillou : Je classe les choses à voir et je mets en avant ceux qui sont les plus intéressants, intéressants étant ceux qui intéressent le plus de monde.
Monde Numérique : Oui alors là je suis sur l'application lambda. Justement, on est à Montparnasse, c'est là où on enregistre. Et effectivement, il me propose comme premier point d'intérêt la tour Montparnasse. Forcément, c'est vrai que ça se visite. Il y a une fontaine Wallace aussi, je ne sais pas où elle est, Sans doute pas très loin d'ici. Le Théâtre de Poche, l'église Notre Dame de je ne sais pas quoi. Ce n'est pas Notre Dame de Paris, Notre Dame des Champs, bien sûr, c'est de l'autre côté de la rue. Enfin voilà. Et tout cela présenté avec une vue satellite. En fait. Je zoome, je dézoome pour voir les les différents points d'intérêt, c'est ça ?
Jean-François Pillou : En fait, si on dézoome, du coup on élargit le rayon d'action et il va nous montrer d'autres choses. C'est à dire, si on dézoome sur le 15ᵉ arrondissement, il va nous montrer les dix choses à voir dans le 15ᵉ. Si on dézoome encore et qu'on prend tout Paris, évidemment, on va voir la Tour Eiffel, le Sacré-Cœur, je ne sais pas, le Louvre, etc.
Monde Numérique : Et ce sera toujours limité à dix pour ne pas surcharger la.
Jean-François Pillou : Visibilité limitée à dix. Mais si on scrolle, on peut voir les dix suivants plus les suivants, puis les dix suivants jusqu'à 8 millions de points d'intérêt. Donc il élargit le champ d'action. Il y a 8000000 de choses à voir dans le monde dans l'appli.
Monde Numérique : Pourquoi est-ce que vous avez créé cette appli ? Parce que ce n'est pas du tout votre business. Enfin, vous n'êtes pas où vous n'êtes pas dans le tourisme ni dans je ne sais pas quoi, ni dans les applis particulièrement, etc.
Jean-François Pillou : Non. Alors déjà, je ne lance pas pour un business. Moi, j'aime bien lancer les choses parce que ça me plaît. D'ailleurs, il n'y a pas de pub dessus.
Monde Numérique : C'était juste pour rigoler au début.
Jean-François Pillou : Moi je commence toujours comme ça. Je commence pour faire les choses parce que c'est ça m'amuse en fait. C'est comme il y a des gens qui aiment bien faire des jeux vidéo et donc ils créent des villes, des parcs d'attractions, etc. Et ils attirent des visiteurs. Moi, je crée des sites et ça, ça sert aux gens. Mais en vrai, c'est encore un peu plus drôle.
Monde Numérique : D'autres qui font des vidéos YouTube, des spécialistes, des choses comme ça. Voilà.
Jean-François Pillou : C'est une passion avant tout. Et j'aime bien dire, je ne suis plus un artisan du web qu'est un entrepreneur. Après, c'est sûr que quand une appli a des millions de personnes qui finissent par l'utiliser, ça finit par coûter. Donc il faut la rentabiliser. Et quand on la rentabilise, généralement, ça marche très bien parce que s'il y a plein de monde et que ça a été optimisé pour marcher avec peu de, avec peu de moyens.
Monde Numérique : Le.
Jean-François Pillou : Jour où on met des moyens, ça permet de faire pas mal de choses.
Monde Numérique : Ça paraissait logique effectivement. Alors c'est pour ça qu'il faut expliquer un peu comment vous l'avez créé cette appli, et c'est ça que je trouve intéressant. Au départ, vous êtes parti de données qui sont qui sont en libre accès et qui sont ou qui sont gratuites.
Jean-François Pillou : En fait c'est ça. En fait, je je parcours où j'ai des serveurs qui contrôlent le web comme Google le fait et je sélectionne en en premier lieu les sources qui sont libres, ouvertes. Donc les deux principales sources d'information dans l'appli, c'est Wikipedia et OpenStreetMap dont on parle moins et qui répertorie finalement tous les objets avec des coordonnées qui sont quelque part sur cette terre.
Monde Numérique : Et c'est une espèce de Google Maps mais en open source et accessible à tout le monde.
Jean-François Pillou : Absolument. La seule chose, c'est qu'il y a tout dedans. C'est à dire que le. Au moindre réverbère, le passage piéton est noté dedans. C'est un truc de dingue. Les poubelles sont notées dedans. Mais si j'affichais tout quand on affiche tout comme Google Maps, on n'affiche rien, c'est à dire on ne trouve plus rien. G. Je ne prends là-dedans.
Monde Numérique : Que ce qui vous intéresse.
Jean-François Pillou : Que voilà. Ce qui m'intéresse et ce qui m'intéresse, c'est ce qui a un intérêt touristique. Donc un menhir, ça a un intérêt touristique. Un musée, oui, une pharmacie non. C'est un service, on en a besoin, mais on ne va pas dans une ville pour voir des pharmacies, sauf si la pharmacie a un caractère je ne sais pas quoi. Monument historique classé. Donc le choix est là-dessus. Et donc j'ai beaucoup bossé là-dessus pour me dire qu'est-ce que je prends ou je ne prends pas. J'ai eu des cas, des cas de conscience. Est-ce que je mets les stades ?
Monde Numérique : Oui.
Jean-François Pillou : Donc les stades, les stades connus, je les mets. Le petit stade de quartier, je le mettrais pas dedans. Bon voilà, pareil pour plein de choses.
Monde Numérique : Ce qui veut dire qu'il y a toute une partie automatique et il y a. Tout est automatique. Oui, mais il y a une intervention humaine. À un moment c'est vous qui décidez de sélectionner tel ou tel point d'intérêt.
Jean-François Pillou : C'est moi qui, comment dire, conditionne l'algorithme pour on va dire, et donc on touche à l'intelligence, à l'intelligence artificielle, c'est à dire qu'il faut entraîner une intelligence artificielle et lui dire ça c'est bien, ça c'est pas bien. Et elle finit par apprendre et aller choisir les bons, les bons points d'intérêt. Et elle apprend en continu, c'est à dire si un jour on lui dit eh ben tiens, finalement, les toilettes publiques, tu les mets. Eh bien, elle l'aimait.
Monde Numérique : Oui. Alors aujourd'hui, un lambda, c'est disponible en version web, c'est ça ? Et puis sous forme d'applis iOS et Android.
Jean-François Pillou : Absolument.
Monde Numérique : C'est gratuit.
Jean-François Pillou : C'est gratuit et ça restera toujours. Il n'y a pas de pub et il y en aura pas tel quel. Enfin, en tout cas, il n'y aura pas les grosses pubs qui vous prennent l'écran.
Monde Numérique : L'idée, c'est quoi votre business model ?
Jean-François Pillou : Il n'y a pas de business model. A chaque fois que je dis ça, j'en ai déjà la liste. Mais il n'y a pas de business model. Ça coûte, Ça ne me coûte pas grand chose à le faire fonctionner. Je pense que le business model, quand il y en aura un, c'est de mettre un business model qui soit bien pour les utilisateurs et pour moi et qui ne soit pas gênant. Donc par exemple, quand vous allez voir des musées, ce qu'on veut, une fois qu'on a repéré le musée, c'est acheter les billets. Et donc là, l'idée c'est de pouvoir acheter les billets par l'appli. Et comme à chaque fois qu'on achète quelque chose, si on apporte un client au musée, il y a une commission d’1 ou 2 € qui revient à la plateforme qui a apporté le service.
Monde Numérique : Donc ça, ça pourrait être un mode de rémunération.
Jean-François Pillou : Dedans, il y a plein de choses. Par exemple, les restaurants et les hôtels sont en fait, ils sont, mais ils sont masqués. Si vous cherchez restaurant, ça vous montre les restaurants et cetera. Et donc pareil, quelqu'un, une fois que vous avez trouvé un restaurant, vous voulez réserver une table. Et là, pareil, l'idée c'est que ça rapporte quelque chose à la à la plateforme et que ça permette de la faire fonctionner. L'idée, c'est quand même que ça reste accessible à tout le monde, n'importe que n'importe qui. Même quelqu'un qui n'a pas les moyens peut l'utiliser. Après, il n'est pas obligé de réserver par par l'appli, mais il faut que ça reste gratuit. Et il n'y a pas non plus de. J'ai regardé un petit peu toutes les applications qui existent. En fait, des applis de guides touristiques, il n'y en a pas.
Monde Numérique : Mais c'est la question que j'allais vous poser. Ça n'existe pas, ça, ça n'existait pas.
Jean-François Pillou : Il y a d'un côté tous les classiques, les Guide du routard, les petits futé qui sont super, mais c'est payant, c'est payant. En plus, c'est par ville. C'est à dire que si vous achetez le guide de Lisbonne demain, vous allez à Barcelone, ça ne marche pas. Donc ça c'est le premier truc. Et ensuite il y en a quelques uns sur le web qui font ça, mais toujours assez, assez limité. Et il y a quelques applis qui existent qui permettent de voir ce que les gens ont aimé dans votre dans vos réseaux sociaux. Mes amis ont aimé tel resto, donc je vais aimer. Le problème de ces appli, c'est que dès qu'on l'ouvre, ça nous demande de nous connecter avec Facebook ou Twitter. Bon, moi j'avoue que tant que je ne connais pas l'appli, je n'ai pas forcément envie de me connecter avec ça. On va avoir une première, un premier avis.
Monde Numérique : Tandis que Hollandais, on n'est pas obligé de créer un compte pour l'utiliser.
Jean-François Pillou : Ce sera toujours le cas. Je ne veux pas que Comment ça marche. Il n'y a jamais eu besoin de se connecter. Les gens peuvent même poser des questions sur le forum sans se créer un compte. Alors simplement, on leur demande de mettre un mail pour être au courant de la réponse. Mais il n'y a pas besoin de se créer un compte parce que c'est pénible de se créer un compte pour faire le moindre chose. Le but c'est qu'on l'utilise après le compte. Il sera utile le jour où vous devrez. Bientôt on pourra créer un itinéraire sur l'appli et qui vous disent tiens, pour voir tous les monuments que vous avez sélectionné, voilà dans quel ordre faut les faire et qu'on puisse le partager, rajouter ses photos, etc et contribuer à l'appli. Pour ça, il faudra un compte, mais juste pour. Consulter.
Monde Numérique : Pas besoin, D'accord. Et alors ? Ça couvre combien de villes ? Combien de pays aujourd'hui ? Tous ? Oui, Tous.
Jean-François Pillou : Tous! Vous allez au fin fond du désert.
Monde Numérique : Si je tape Groenland, je vais trouver des choses. Par exemple.
Jean-François Pillou : Il y a des choses, il y en a moins qu'ailleurs, mais il y a des choses.
Monde Numérique : Ah oui, oui, en effet. En tout cas, il a compris. Groenland, pays constitutif autonome du Danemark. En effet, il y a des points d'intérêt au Groenland. Ben oui, c'est impressionnant.
Jean-François Pillou : Et quoi qu'il arrive, il vous en montrera toujours dix, même s'ils sont à 30 kilomètres de là où vous vous regardez.
Monde Numérique : Dix Dix Dans dans l'écran qu'on regarde.
Jean-François Pillou : C'est ça qu'il faut voir, c'est ça.
Monde Numérique : Mais ça veut pas dire que si vous voulez.
Jean-François Pillou : Si vous vous localisez par défaut, c'est les dix les plus proches de.
Monde Numérique : Vous, d'accord ?
Jean-François Pillou : Donc si vous l'ouvrez autour de chez vous, vous allez voir tiens que moi ça m'est arrivé dans G. Il y a ma famille à une maison de campagne vers Chartres et je l'ai ouvert et j'ai vu qu'il y avait un menhir qui était à 800 m de la maison. Personne ne le savait. Donc voilà, on n'est pas encore allé le voir.
Monde Numérique : Mais vous, vous le saviez pas ? Je le savais avoir lancé la pluie. Je sais que tout ça c'était alimenté de manière automatique. En fait.
Jean-François Pillou : Exactement. Ça repère des choses, des points d'intérêt culturel, des fois un petit peu caché. Ce n'est pas forcément que des musées. La moindre grotte cascade je ne sais pas quoi fontaines. Un pont qui a un peu de l'allure est dedans en fait. Et donc ça donne des idées de choses à voir. Et j'utilise ensuite les outils d'IA, Sziget, Pythie et compagnie pour aller créer automatiquement les fiches de ces lieux. Mais je les crée pas en mode vas y, crée moi une fiche sur la tour Eiffel, je lui donne toutes les infos qu'il faut mettre dedans parce que je les connais et je lui demande à partir de ça tu me construis un guide, donc les informations qu'il y a dedans a priori sont bonnes. En tout cas c'est celles de Wikipedia.
Monde Numérique : Oui, elles viennent de Wikipédia. Vous faites une espèce de vos dire de copier coller.
Jean-François Pillou : De résumer un résumé Parce qu'en fait sur pas mal de monuments, les monuments connus, la fiche wikipedia, elle fait 30 pages de long et on a juste pas envie de savoir tous les détails de chaque boulon de la Tour Eiffel. Ce qu'on veut savoir c'est en gros je suis dans un pays. Tiens, il y a une tour, c'est quoi ? Bien sûr, quand elle a été construite, elle fait quelle hauteur ces infos ? Ils sont. Après, si on n'en veut plus, il y a le petit bouton qui permet d'aller lire la fiche wikipedia dans sa langue et on peut en savoir plus.
Monde Numérique : D'accord. Et donc ça, ça a été automatisé également.
Jean-François Pillou : Et ça marche sur moi quand je crée des trucs. Le but c'est en même temps, je suis un gros bosseur, j'aime bien lancer des trucs comme ça. En même temps, je suis un gros fainéant et j'aime bien que ça marche tout seul sans moi. Donc ça marche tout seul avec les algorithmes aujourd'hui et demain ça marchera tout seul avec les algorithmes plus les utilisateurs, c'est à dire à court terme. Ce que je veux, c'est que les gens puissent modifier, mettre un commentaire, mettre une anecdote sur un monument qu'on ne connaît pas parce que les gens du coin savent, oui, et ils savent mieux que n'importe quel guide touristique.
Monde Numérique : Mais là, après il faut vérifier. Enfin on peut mettre n'importe quoi, c'est tout. Le problème du collaboratif, c'est ça.
Jean-François Pillou : Donc le but c'est d'aller, comment dire, laisser faire des choses aux gens qui ont des choses un peu anodines, vous voyez, faire des like, un commentaire, etc. Et les gens qui sont là depuis des mois, qui ont mis des milliers de like, c'est des gens qui sont crédibles. En tout cas, ils sont à fond dans l'appli et ça devient leur outil, donc ils ne vont pas dégrader quelque chose.
Monde Numérique : C'est que comme moi, ils ont fait.
Jean-François Pillou : Comme Waze ou même comme les gens qui participent à une association, quelqu'un qui vient d'arriver dans une association, on le connaît pas. Quelqu'un qui est là depuis deux ans, on peut lui donner les clés de la du local, il va rien se passer dans la nuit parce que c'est son association, c'est son intérêt que ça perdure dans le temps.
Monde Numérique : Oui. Alors, c'est intéressant que vous parliez de ça, parce que finalement, j'aimerais bien avoir votre avis aussi. Jean-françois Piriou sur Au delà de cela, sur toutes ces années écoulées que vous avez vues, vous et moi, on est un peu des vieux de la vieille.
Jean-François Pillou : Dinosaure du.
Monde Numérique : Web. Ouais, voilà. Comment est-ce que vous. Quelles ont été les étapes les plus marquantes selon vous depuis les années 90 ?
Jean-François Pillou : Ah ouais ? C'est une bonne question. Surtout, C'est une bonne question, là, depuis quelques mois, parce qu'on est en train de vivre la révolution de l'intelligence artificielle, les modèles de langage qui arrivent. Et pour moi, cette révolution là, c'est la plus importante et je dirais la plus brutale de toutes. Moi j'ai commencé en 99, j'ai découvert internet vers 96 97. A un moment donné, je me suis dit il faut que j'en sois. Donc je vais créer un site.
Monde Numérique : Web au début où c'est arrivé en français, ça.
Jean-François Pillou : Voilà, moi j'ai découvert assez tôt et assez vite, j'ai fait un site et ensuite on a vu pas mal d'autres choses. Il y a eu le web deux, c'est un peu plus dynamique. Il y a les.
Monde Numérique : Blogs tout qui.
Jean-François Pillou : Ont des blogs, discutent. Le mobile, Oui, ça a été quand même.
Monde Numérique : Un structure.
Jean-François Pillou : Gros, un gros changement. Les réseaux sans fil, le wifi, etc. On pouvait regarder ailleurs que sur un ordinateur fixe, mais quand même, c'est quand même quelque chose les réseaux sociaux. Et pour le coup, j'avoue que cette vague là, je l'ai, je l'ai un peu laissée de côté les applis. D'ailleurs j'ai j'ai pas réussi parce qu'en fait, comment ça marche ? C'est un site où on vient quand on a des problèmes. Oui, une question on la pose, on revient, mais on va pas les partager à la terre entière. Et regardez, j'ai réussi à réparer mon ordi, ça se partage pas sur les réseaux sociaux, c'est sûr. Ni les applis, ni les réseaux sociaux, ça marche pour comment ça marche ?
Monde Numérique : Ouais, c'est pas très Instagram à table, hein ?
Jean-François Pillou : Ouais, voilà. Alors c'est que pour le coup, là, on a cette cette révolution de l'IA. Et je me suis dit tiens, sur quoi ça pourrait fonctionner ? Et c'est vrai que le tourisme, c'est. Alors ça marche pour tout le monde. Les petits, les grands, ça marche dans tous les pays du monde, ça marche sur les réseaux sociaux parce qu'on a envie de partager les les belles choses qu'on con, qu'on voit, qu'on découvre, et cetera. Et il y a besoin d'une appli pour le faire. Parce que faut être en nomade, il faut, il faut la localisation. Donc finalement, ça réunit un petit peu le meilleur de tous ces mondes-là.
Monde Numérique : Oui, mais vous parlez de l'intelligence artificielle. C'est une vraie rupture ça, d'après vous ?
Jean-François Pillou : Ah oui, en fait là, le truc que ça change, c'est que jusqu'à quand va dire mars 2023 ? L'arrivée de GPT ? Oui, avant il y avait GPT trois, c'était rigolo, mais c'était comme les assistants vocaux, ça fait marrer quelques minutes. Mais on ne va pas très loin avec GP4. Il y a un tel niveau d'entraînement de l'outil que l'outil est capable de faire des phrases qui ont du sens. Et surtout, moi je n'utilise pas de temps dans le côté. Je lui pose une question et il me répond de façon ouverte mais plutôt je lui donne plein d'informations.
Monde Numérique : Ça il ne faut pas parce qu'il le synthétise.
Jean-François Pillou : Oui, bien sûr, Et quand on le fait comme ça, on peut l'utiliser pour vraiment énormément de choses. Et pour moi, ce que ça change, c'est que jusqu'ici, on interagissez avec les outils numériques, avec des logiciels et les logiciels. Généralement, c'est avec des commandes, que ce soit par clic ou par formules, les formules Excel, les commandes MS-DOS, les commandes dans AutoCAD ou 3D Studio. Quand on veut créer, il faut apprendre tout un langage et c'est compliqué avec Shuji Pitti et je dirais tous ces nouveaux modèles d'IA. Le texte, ça devient la nouvelle interface. C'est à dire que demain, dans Excel, vous pourrez lui dire tiens, tu me sélectionnes toutes les lignes paires et tu m'en fais la somme dans la colonne, dans la dans la cellule B8. Et ça va quand même plus vite que d'aller mettre des formules égales.
Monde Numérique : Somme bien sûr, puis d'aller chercher quelle est la bonne formule, etc. Le marqueur, on va la chercher sur comment ça marche, éventuellement on a la bonne formule.
Jean-François Pillou : Alors c'est vrai que pour tous ces modèles là, je ne vais pas dire que c'est la fin de comment ça marche, parce que.
Monde Numérique : Mais voilà, c'est comment ça va impacter.
Jean-François Pillou : L'expérience, l'expert. En fait, ce qui manque aux outils d'IA, c'est l'expérience. Par contre, pour tout le reste, c'est quand même c'est quand même redoutable. L'appli iOS, je l'ai créée, je n'avais jamais fait d'appli iOS avec.
Monde Numérique : L'appli de Orlando.
Jean-François Pillou : De Around et c'est cette chat gipsy qui m'a aidé à le faire. C'est à dire je lui ai dit voilà comment je peux faire mon appli. Alors il est très limité en entrée, en sortie, on ne peut pas lui mettre une taille infinie. Donc je lui ai dit Tiens! C'est moi la structure de l'appli. On m'a dit tous les fichiers et maintenant je lui ai dit montre-moi ce fichier, ce fichier, ce fichier. Donc il me les a créés et après il y a des bugs. Mais j'interagis avec lui, je lui dis t'es gentil, mais là il y a un bug à tel endroit. Oui, je suis désolé. Voilà. Alors c'est marrant parce qu'il.
Monde Numérique : Est toujours étonnant, il est très poli et il est. Et du coup, oui, vous avez raison.
Jean-François Pillou : Et ça. Et des fois il me donne des idées, il me dit voilà, on pourrait le faire de telle façon et je lui dis mais j'ai une autre idée, on pourrait le faire comme ça. Et là il me dit c'est une excellente idée qui en va et du coup c'est super plaisant parce qu'on avance. Des fois, il me fait penser à des choses auxquelles je n'avais pas pensé. Des fois je leur met un petit peu dans le droit chemin, mais finalement à deux c'est comme. C'est comme dans les films de science fiction où il y a il y a un petit robot qui vous accompagne, le Z6P Oh là! Oui, alors là il le r le truc comme ci, comme ça. Le majordome Exactement, c'est le majordome, donc ça change tout. L'application iOS, je l'ai faite en trois ou quatre semaines, l'application Android, alors je n'ai même pas de téléphone Android. Je ne sais même pas. J'exagère, mais je ne sais pas à quoi ressemble l'interface d'Android, comment on l'a fait, et c'est un autre langage. Je l'ai faite en cinq jours parce que je lui ai donné le code de l'application iPhone et.
Monde Numérique : Qu'il a transformé. Je lui ai dit.
Jean-François Pillou : Maintenant tu me le fais pour Android.
Monde Numérique : Oui, mais en fait, quand vous dites ça parce qu'il ne faut pas donner non plus de fausse idée, c'est à dire que vous, vous saviez où vous allez. Voilà, vous faites de.
Jean-François Pillou : Manière j'ai l'idée si vous.
Monde Numérique : Êtes chargé. Pity n'a pas pondu le code in-extenso tout seul avec trois lignes de prompte quoi.
Jean-François Pillou : Non, ça se fait par itération. Voilà qui me fournit quelque chose. Au début, c'est n'importe quoi. Donc je lui dis c'est n'importe quoi. Il dit oui, vous avez raison. Non mais.
Monde Numérique : Vous avez raison, je vais.
Jean-François Pillou : Vous piéger. Qui me sort quelque chose ? Je lui dis c'est n'importe quoi ce que tu me dis là, il va me dire vous avez raison, il me ressort une deuxième version qui est la bonne. Des fois c'est à la troisième où je lui donne, je lui donne Mais comment ?
Monde Numérique : Vous savez que c'est la bonne ou la mauvaise ?
Jean-François Pillou : Le code Vous prenez le code, vous le mettez dans l'outil, vous compilez et donc vous le mettez sur l'appli.
Monde Numérique : Et ça marche.
Jean-François Pillou : Ça marche, ça ne marche pas. Quand ça ne marche pas. Généralement, il y a un message d'erreur. Le message d'erreur, je le donne, a changé. Petit J, j'ai ce message d'erreur. Il me dit ah bah oui, là faut corriger telle chose a telle ligne etc. Et en fait, par itération, je vais où je veux, c'est à dire dans l'appli iPhone. Quand vous allez sur un monument, il y a sur la petite bulle il y a un petit œil bleu. Si vous cliquez dessus, ça vous met une vue en 3D qui tourne autour du monument et avec les doigts, on peut accélérer, zoomer, incliner pour se rapprocher du monument. Ça, j'avais aucune idée de comment le faire. Et en fait c'est lui qui m'a donné l'idée. Il m'a dit ah, je lui ai dit qu'est ce qu'on pourrait rajouter dans l'appli ? Il me dit Ah, on pourrait faire ceci, on pourrait faire de la réalité augmentée, on pourrait même faire une vue en 3D. Je lui ai dit comment on fait une vue en 3D. Il commence à me dire c'est un peu compliqué. Je lui ai dit ok, fais le quand même. Oui, et il le fait quand même. Il m'a dit voilà, on le fait. Alors au début, c'était tout pourri, ça, ça tremblait dans tous les sens. Alors je lui dit ça tremble dans tous les sens. Ah oui effectivement, parce que je ne sais pas quoi, mais il y a des erreurs, il faut lisser le truc etc. On va mettre un algorithme de ceci, cela. Souvent il me dit il faudrait mettre un algorithme et il me sort un nom, un truc incompréhensible. Je lui dis.
Monde Numérique : De quoi tu.
Jean-François Pillou : Parles ? Non, je lui dis fais cet algorithme, fais le, fais le et il le fait. Ah oui! Et donc, de fil en aiguille, je suis arrivé avec une appli qui marche. Donc j'ai tâtonné parce que je savais où j'allais, mais je n'ai pas fait de cahier des charges. Je ne suis pas allé chercher des consultants pour aller d'étude de marché, pour aller vérifier. J'y vais comme ça, je crée la carte, tiens, on va rajouter ceci, cela. Donc j'ai tâtonné pour l'application iPhone. La version Android, je savais déjà, j'avais déjà l'application iPhone. Donc pour le coup cinq jours qui est quand même le temps d'apprendre le langage. Mais du coup j'ai un apprentissage accéléré parce qu'au début je copie colle ce qui me donne je ne comprends rien, me donne des lignes de code. Enfin je comprends rien, j'exagère un peu, je comprends à peu près, mais il y a plein de trucs que je ne comprends pas. Quand je ne comprends pas, je lui demande.
Monde Numérique : Mais parce que c'est un langage que vous ne connaissez pas.
Jean-François Pillou : Je connais tout.
Monde Numérique : Mais bien après. Vous comprenez très bien la logique et la logique.
Jean-François Pillou : Mais en fait il y a des noms de fonctions, des choses qui sont comme langage.
Monde Numérique : C'est Swift, c'est ça Kotlin pour pour Android et Android, pour.
Jean-François Pillou : Android et Java. Maintenant ils sont passés un truc qui s'appelle Coat Ling.
Monde Numérique : D'accord.
Jean-François Pillou : Et ça appelle des bibliothèques d'Android, et cetera. Moi, les bibliothèques, je les connais pas, donc c'est complètement abscons. Donc je lui demande, je lui demande pourquoi tu me mets ça ? Et il m'explique. Donc à force, il corrige, il m'explique, donc j'apprends. Et donc l'étape d'après, quand je veux créer quelque chose, il y a plein de fois où j'ai plus besoin de lui demander puisque je finis par par comprendre. Ok, c'est ce ping pong avec la machine qui fait que un la machine arrive à un truc qui tourne. Deux mois. J'apprends, j'imagine. Pour les langues, pour un tas de choses, ça va être extraordinaire.
Monde Numérique : Ça c'est On touche du doigt vraiment la rupture totale que représente l'intelligence artificielle générative pour du texte. Mais c'est vrai que, au départ, en plus, c'est un outil qui avait été créé pour écrire du code.
Jean-François Pillou : Je ne savais pas.
Monde Numérique : Cher Jipi, je crois bien que ça a été, ça a été vraiment fait pour ça. Après, il y a aussi tout le côté obscur de la force, la facilité avec laquelle on peut fabriquer une appli. C'est aussi la facilité avec laquelle on peut faire des codes malveillants, des virus, des des choses qui vont aller essaimer et semer le chaos un peu partout.
Jean-François Pillou : Ce qui est toujours le cas. C'est à dire que quelles que soient les innovations technologiques, il y aura toujours des gens pour l'utiliser de manière incorrecte, des gens pour l'utiliser du bon côté. Et ça a toujours été le cas et ce sera toujours le cas. Là, je trouve que ce qui est intéressant, c'est que c'est mis entre les mains de Monsieur et madame tout le monde et donc on a des outils qui nous permettent. Alors j'aime bien dire que c'est comme un exosquelette. C'est à dire qu'avec ce cet outil-là, on est, on est.
Monde Numérique : On est augmentés.
Jean-François Pillou : On est augmentés, exactement. Et du coup on a la puissance que peut avoir une entreprise en face. Et je dirais même on a une force par rapport à l'entreprise, c'est qu'une grosse entreprise, elle n'est pas agile, elle a des gens, il faut les former. Il y a une espèce d'inertie, quelqu'un qui est tout seul, un entrepreneur, il va très très vite. Moi, quand je développe dans la journée, des fois je fais mes mises à jour. Après faut le temps que ce soit validé par par les plateformes. Mais j'ai une agilité que je n'aurais jamais autrement.
Monde Numérique : Mais ça, le numérique, d'une manière générale, c'est ce que ça a toujours apporté. C'est à dire que ça a apporté à un geek seul dans sa chambre une force de frappe que la mécanique ou la chimie ou je ne sais quoi n'offrait pas.
Jean-François Pillou : Absolument, absolument. Je vois. Mes enfants commencent à jouer avec ces trucs là et je trouve que c'est une bonne chose. Entendons-nous, mes enfants de plus de treize ans, j'en ai une qui a six ans, donc on la laisse quand même loin de ça.
Monde Numérique : Jouer avec, surtout.
Jean-François Pillou : Jupiter, avec ces jeux, ces légo.
Monde Numérique : Qu'elle comprend mieux, c'est.
Jean-François Pillou : Mieux, voilà. Mais pour moi ils vont avoir besoin d'utiliser ça. Ce que je disais avant, on avait des commandes, il fallait cliquer et donc l'apprentissage. Moi j'ai fait six ans au ministère de l'Education nationale, donc je suis assez bien placé pour savoir qu'il faut que les jeunes et ses compétences parce qu'il n'y a plus, il n'y a plus beaucoup d'entreprises qui qui recrutent sans ces compétences. Alors je mets de côté l'artisanat, voilà la restauration ou oui, l'apprentissage du numérique a moins d'intérêt, mais quand même, il faut prendre les commandes des clients et là, demain cessera de bien savoir décrire la chose. Quelqu'un qui sait dire ce qu'il veut est capable d'avoir ce qu'il veut. Donc je dirais que grâce Satyajit Pitti, les cours de français, les cours de langue deviennent plus importants. Parce que si on sait bien s'exprimer, on pourra avoir plus de choses. Donc jusqu'ici, les maths étaient un petit peu privilégiées par rapport au français. Je pense que le français va regagner des lettres de noblesse.
Monde Numérique : Donc est ce qu'il faut apprendre tchatche pythie ou l'intelligence artificielle à l'école ou pas finalement ?
Jean-François Pillou : Non, je pense qu'il faut apprendre à ça, à décrire ce qu'on veut, à savoir s'exprimer, à savoir se projeter. Qu'est ce qu'on, qu'est ce qu'on veut, où on veut aller ? Si on sait faire ça, alors naturellement on sait utiliser USDJPY. Après, il y a une grammaire un peu particulière pour l'instant parce que faire un prompte, le texte qu'on tape dans ce qui s'appelle impromptu, faire impromptu. Effectivement, il y a une petite courbe d'apprentissage, il faut savoir l'écrire, mais moi je l'écris en langage parlé. Maintenant je je cherche plus. Alors au début je le faisais en anglais, mais finalement que je le fasse en anglais ou en français.
Monde Numérique : Je comprends.
Jean-François Pillou : Bien, mais je ne vais pas m'embêter, je l'écris en français et je l'écris avec mes mots, je mets des des abréviations dedans et il comprend tout. Je lui dis tiens ton truc là par exemple qu'on swipe sur la carte. Je lui ai appris à essayer de deviner où la carte allait s'arrêter et donc je lui dis ça va trop loin là, tu t'es trompé de sens et il comprend, Il comprend avec des mots simples, sans. Je ne lui parle même pas de code, je parle de fonctionne, J'attends de fonctionnalités. Exactement.
Monde Numérique : Ouais, qu'est-ce que ça va changer dans les systèmes qui existent aujourd'hui ? Est-ce que on reparlait reparler un instant de comment ça marche ? Est-ce que demain et comment ça marche ne devrait pas fonctionner côté utilisateur comme changer Pity ? C'est à dire qu'au lieu d'aller chercher scroller des forums interminables pour trouver la réponse à sa question, est ce qu'il n'y aurait pas moyen de simplement poser la question ?
Jean-François Pillou : Alors effectivement, il y a des tas de questions où demain les gens iront chercher. Sur sur l'IA, il y a encore plein de cas où des cas particuliers où il faut poser la question parce que ce qu'on a sur son ordinateur n'est pas forcément la même chose que celui d'à côté. Donc on a encore plein de gens qui posent des questions dans les forums et on est déjà en train d'intégrer ça. C'est à dire que si personne ne répond sur le forum, on fera en sorte que les gens puissent avoir une réponse par l'IA par mail, la personne validera si la question et la réponse lui convient et ensuite on la postera dans le forum. Je dis on c'est plus moi mais.
Monde Numérique : C'est pareil que vous. Voilà, faut regarder ça.
Jean-François Pillou : Regarde ça de près. Donc on va évidemment. Enfin, CCM va intégrer des outils d'IA dedans. Le but n'est pas d'aller reprendre si c'est pour refaire ce Jupiter avec un petit champ et on met ce qui nous a répondu de l'autre côté, ça sert à rien. Dans ce cas là, autant aller le poster directement sur SURCHAGE. Ce que je crois, c'est qu'il y a plein d'outils qui vont l'intégrer et pour faire des réponses plus personnalisées parce qu'elles seront mieux faire le prompte que nous en la nourrissant derrière d'informations qu'on ne voit pas. Donc avec tout ça, tous les outils vont être obligés de changer. Je le disais tout à l'heure. Excel, PowerPoint, Word, ça va intégrer Photoshop. On voit, c'est déjà le cas.
Monde Numérique : D'ailleurs.
Jean-François Pillou : Microsoft de le sortir il y a quinze.
Monde Numérique : Jours. Oui, Photoshop intègre les Y a générative. Microsoft est dans Open Eye donc effectivement. Et puis ils ont annoncé leur co-pilote.
Jean-François Pillou : Exactement.
Monde Numérique : Mais le problème avec intrinsèquement ces outils là, c'est quand même ce qu'on appelle l'hallucination, c'est que quand ils savent pas, ils inventent. Et ça c'est un gros gros gros gros souci.
Jean-François Pillou : Alors c'est un gros souci pour moi, sans en être un. C'est à dire c'est toujours le cas, C'est à dire quand vous allez quelque part vous dire hier vous cherchiez sur Google, il vous donne une info.
Monde Numérique : Oui, mais on avait les liens, on avait les sources. Si on vrai qu'on avait une réponse bizarre, on regarde la source, on dit ah non mais cette source là, je n'ai pas confiance. Si c'est une réponse bizarre sur un site média ou encyclopédique ou autre, on n'a plus confiance.
Jean-François Pillou : Oui, il y a un vrai enjeu là dessus et a priori, de ce que je crois comprendre, ils sont en train de travailler là dessus. D'ailleurs, les dernières versions de Shuji Pity possèdent une option qui permettent de naviguer le web.
Monde Numérique : Oui.
Jean-François Pillou : Naviguer sur le web, oui.
Monde Numérique : Mais ils ne s'inspirent pas entièrement du web pour pour créer ces réponses. Et il y a encore.
Jean-François Pillou : Beaucoup de gens encore. Il y a comme d'habitude des erreurs.
Monde Numérique : Donc c'est le problème sur lequel bute également Google, visiblement avec son système Barthe.
Jean-François Pillou : Oui, c'est vrai que moi j'ai ma recommandation pour l'usage de ces outils là, c'est d'être toujours dans une situation où on est capable de savoir si la réponse tient la route. Pour du code, c'est facile, on attend que ça fasse telle chose, ça le fait ou ça le fait pas. Il peut y avoir des bugs dedans, mais il y a des façons d'aller tester le code. Et moi j'utilise chaque partie pour faire ce qu'on appelle des tests unitaires, c'est à dire, quand je lui donne toutes les entrées possibles, toutes les sorties, il va valider la fonction derrière, je la fais évoluer. Soit ça marche toujours, soit ça ne marche plus. Plein de questions où je ne sais pas quoi en lui demande. En résumé, le résumé, on voit bien, ça tient la route, ça ne tient pas la route.
Monde Numérique : Parfois ça tient la route avec. Quand ils inventent des batailles de Napoléon, ça tient la route. Sauf que les batailles n'ont jamais eu lieu.
Jean-François Pillou : Sur un résumé, vous donnez le résumé.
Monde Numérique : C'est un résumé, on.
Jean-François Pillou : Fait un résumé, il n'y a pas de problème. Mais effectivement, il ne faut pas que ce soit des trucs où ils inventent. Par exemple, je n'irai jamais poser des questions de santé et les prendre pour argent comptant dans LGBT.
Monde Numérique : Et pourtant.
Jean-François Pillou : Par contre, si je suis médecin, je le ferai. Oui parce qu'un médecin pose la question. Chaque deputy va donner des idées, des diagnostics, etc. Et le médecin va dire mettons la. Tu dis une bêtise parce que ça ne peut pas être ça, parce qu'il y a tel autre symptôme et il va lui dire ah, vous avez raison. Voilà. Donc en fait.
Monde Numérique : Les juristes, les avocats, c'est.
Jean-François Pillou : Pareil. Un avocat, il pose la question a hh gpt ZG piti va lui dire ah ben il y a telle jurisprudence. Et l'avocat, il dit non, elle n'existe pas, c'est cette jurisprudence. Ah oui, vous avez raison. Par contre, il y a telle autre jurisprudence qui existe. Et donc si on a moyen de challenger l'IA, ça devient plus intéressant. L'ia Le but pour moi, enfin telle qu'elle est, ce n'est pas tant qu'elle nous invente des trucs et qu'on les prenne, c'est vous connaissez votre sujet, vous la challenger pour aller un peu plus loin et vous le prenez. Et vous, vous allez vous batailler avec l'outil pour qu'il vous sorte un truc. Et ça donne des idées les idées. De toute façon, si vous donne dix idées pour aller faire une appli, s'il y en a une qui est bonne, on la prend. Les idées, on les prend toujours.
Monde Numérique : Demain, ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup. Jean-françois Pillou, créateur, fondateur initialement de Comment ça marche. Et puis surtout. Aujourd'hui de Around Us a retrouvé sur le web et en appli iOS et Android pour visiter tous les lieux, tous les points d'intérêt partout dans le monde. Merci Jean-François, Jean-François Pillou : Merci Jérôme.