Clara Chappaz, directrice générale de la Mission French Tech, revient sur 10 ans de tech à la française.
Lancée en novembre 2013 pour aider le développement des entreprises françaises innovantes, la French Tech a contribué à l’éclosion de plusieurs pépites (Lydia, Blabla Car, etc.). Aujourd’hui, après avoir connu des hauts et des bas, elle entame une nouvelle ère axée notamment sur les greentech et l’intelligence artificielle.
Monde Numérique :
Bonjour Clara Chappaz, Bonjour. Vous êtes directrice générale de la mission French Tech. Merci de me recevoir ici, au cœur de l'univers French Tech à Station F. Peut-être pourriez-vous avant toute chose nous rappeler un petit peu ce que c'est que la mission French Tech. Exactement.
Clara Chappaz :
La mission French Tech, c'est une administration qui fait partie du ministère de l'Economie et qui depuis sa création en 2013, on fête cette année nos dix ans. Je suis sûr qu'on y reviendra a le même objectif finalement, la même mission, celle d'accompagner l'écosystème de startup en France à se développer, à grandir et à prendre toute la place qu'il devrait occuper dans le monde économique.
Monde Numérique :
C'est vrai que c'est un nom qui est devenu quasiment générique. La French Tech, tout le monde connaît d'une part, et on met beaucoup de choses sous le nom French Tech d'ailleurs complètement.
Clara Chappaz :
Et je pense que c'est d'ailleurs un des signes du succès de cette première décennie de la French Tech. Quand en 2013 donc, on se replonge un peu en arrière, émerge cette idée de comment est-ce qu'on peut travailler tous ensemble entrepreneurs, investisseurs, structures d'accompagnement telles que les incubateurs, à faire émerger cet écosystème tech entrepreneurial en France et que l'État se dit j'ai ma place et je dois y occuper un rôle important. En créant la mission French Tech. Je pense qu'on aurait pu imaginer de plus beau succès que de se dire que finalement, le nom French Tech, qui est une marque de l'État à la base, est tombé dans le langage courant pour désigner cet écosystème et donc loin de nous. Ce sont les années où on se demandait un peu, peut être quand on était de l'autre côté de l'Atlantique, ce qui se passait d'un point de vue technologique en France ou en Europe. Aujourd'hui, le petit coq rouge est reconnu en France et est porté très fièrement par nos entrepreneurs et à l'international. Quand on se.
Monde Numérique :
Place de Las Vegas.
Clara Chappaz :
Est tout à fait au OK au Web Summit où on va dans quelques semaines ou encore à Slush à Helsinki. On a ce symbole French Tech qui vient avec nous. Toutes les entreprises qui le portent fièrement et qui permet de mettre en visibilité et donc d'assurer une certaine attractivité du secteur.
Monde Numérique :
Dix ans de French Tech si on devait retenir, je ne sais pas, deux trois noms ou deux ou trois événements, deux trois noms de startups emblématiques.
Clara Chappaz :
Alors ce qui je pense aussi est signe de la maturité de l'écosystème, c'est qu'on a pu où les entrepreneurs et entrepreneuses ont pu créer dans ces premières design cette première dizaine d'années, un certain nombre d'innovations qui sont rentrées dans notre quotidien. Donc on parle plus des innovations et on pourrait imaginer des innovations un peu farfelues qui qui ne sont pas parce.
Monde Numérique :
Qu'il y en a eu, mais moi je m'en souviens, j'ai connu les débuts de la French Tech, Il y en a eu entre les objets connectés qui servaient à des choses bizarres.
Clara Chappaz :
J'imagine. Mais on a besoin aussi de cette puissance d'innovation et avant tout pour pour créer le monde de demain. Mais je reviens à mon idée du quotidien. Aujourd'hui, on ouvre son téléphone, on paie un ami avec Lydia, on French Tech une boîte de la French Tech de notre programme French Tech Next. Je reviendrai peut-être un peu plus en détail sur ce programme. On partage sa voiture avec Blablacar en 2013. Je pense que l'idée d'ouvrir sa porte pour accueillir un étranger et faire un bout de trajet ensemble était complètement farfelue pour le coup. Mais aujourd'hui c'est possible grâce à Blablacar et c'est même devenu un usage. On fait un Blablacar.
Monde Numérique :
Et puis c'est une réussite entrepreneuriale française.
Clara Chappaz :
Tout à fait. Je pense aussi du point de vue entreprise, des logiciels comme Qonto ou encore Payfit qui sont rentrés dans le quotidien, ou peut être Swift sur les tickets restaurant. On a aujourd'hui des entreprises où les employés vont demander à leurs ressources humaines est ce qu'on peut avoir Soylent pour les tickets resto? Donc c'est vraiment pour moi important.
Monde Numérique :
C'est la dématérialisation du ticket resto. Plus de papier, tout sur une carte ou même dans un téléphone.
Clara Chappaz :
Et donc ça, on voit que les startup de la French Tech ont réussi à créer ces innovations du quotidien. Aujourd'hui, c'est deux Français sur trois qui utilisent les services ou les produits des startups de la French Tech, des 25 zéro zéro zéro startups de la French Tech, de façon quotidienne ou en tout cas régulières.
Monde Numérique :
Mais bien sûr, le propre des startup, c'est qu'il y en a beaucoup qui naissent et il y en a quelques-unes qui deviennent des stars, comme celle dont on vient de parler. Et il y en a aussi beaucoup qui meurent.
Clara Chappaz :
Bien sûr, je dis souvent les startups, pour une grande majorité d'entre elles, sont quoi? Ce sont des entreprises jeunes, innovantes, avec de fortes ambitions de croissance, qui développent un produit technologique ou un service technologique. Elles sont souvent financées soit dans cette partie de recherche de croissance ou soit même parce qu'elles sont sur des processus de recherche et développement très longs. Ou peut-être qu'elles ont besoin de passer à l'échelle industrielle pour produire leur produit et d'ouvrir des usines. Donc elles ont besoin de financements. Toutes ne vont pas chercher ce financement. Il y a aussi des startups qui s'auto financent. Mais une grande partie va faire appel à du financement. Et ce financement, on l'appelle le financement de capital risque. Je pense qu'il faut toujours se rappeler que ça fait partie du processus d'innovation d'une startup de prendre des risques. Et en effet, il y en a pour toutes celles que j'ai citées qui se sont inscrites dans les usages des Français, il y en a tout autant, voire même davantage, qui aujourd'hui ont porté un projet qui a pivoté, qui peut être s'est arrêté. Mais ce n'est pas grave, parce que c'est ça aussi la maturité de l'écosystème French Tech. Dix ans après, c'est de voir qu'on a des personnes qui se sont lancées une première fois puis se sont relancées. On a peut-être des employés de ces startups à succès que j'ai, que j'ai cités, qui aujourd'hui sont partis et créent leur propre projet entrepreneurial. Un peu d'ailleurs.
Monde Numérique :
C'est un peu une tendance du moment, ça. Les historiques quittent les startups des débuts de la French Tech on va dire, et puis.
Clara Chappaz :
Relancent d'autres projets. Mais c'est magnifique, C'est ça un vrai écosystème, c'est de voir que on peut créer cette cet écosystème qui va au-delà d'un simple succès, d'une simple entreprise, mais vraiment qui perdure et qui crée des opportunités. Donc dix ans je pense ont permis de de de créer et d'atteindre un certain stade de maturité où on a aujourd'hui à la fois les talents et certains d'entre eux qui ont vécu de très belles expériences et qui se relancent. Et aussi une capacité à attirer les talents étrangers via des dispositifs comme le French Tech Visa par exemple. On a le financement en 2013, les startups de la French Tech, donc le nom émergeait seulement à l'époque, avait levé en tout et pour tout sur l'année moins de 1 milliard d'euros et en 2022, l'année dernière, on est à 13.5 milliards. Donc on voit une accélération de la capacité de ces entreprises de se financer, de lever de l'argent qui est aussi bien arriver à mobiliser les acteurs plus traditionnels du financement via des initiatives comme TB un et le deuxième volet qui s'est lancé cet été.
Monde Numérique :
Alors parenthèse, qu'est-ce que c'est Tibi tibi?
Clara Chappaz :
C'est quoi? C'est mobiliser les acteurs institutionnels du financement, les assurances, les banques, etc à pouvoir aller soutenir l'investissement dans les startups en finançant ces fonds de capital-risque. Donc ils vont eux, donner de l'argent au fonds de capital-risque et les fonds de capital-risque vont pouvoir déployer cet argent dans les projets entrepreneuriaux. Du coup, le troisième élément, je pense, de succès talents financement, c'est et c'est un des défis je pense, quand on se projette dans l'avenir, c'est d'avoir réussi à créer un écosystème assez divers. Dans les entreprises que je vous ai cité, on a aussi bien des logiciels que des des plateformes de marché qui visent par exemple mettre en relation un conducteur et quelqu'un qui veut trouver un moyen de transport. Pour Blablacar, des outils de paiement comme Lydia. Donc on a, on a, je pense, montré qu'on pouvait réussir à porter un projet entrepreneurial et c'est une des grandes forces de la French Tech dans un très grand nombre de secteurs.
Monde Numérique :
Mais parfois c'est même assez éloigné de la tech. Il y a des choses qui sont plus, qui relèvent plus du commerce et du business que de la technologie et de l'innovation technologique à proprement parler.
Clara Chappaz :
Je pense que dans l'innovation technologique, il y a à la fois les outils qui permettent à ce genre de plateforme de se mettre en place et de passer à l'échelle, par exemple dans une plateforme de mise en relation commerciale. J'ai cité Blablacar, j'aurais pu citer Back Market sur le reconditionné ou Vestiairecollective sur sur les produits, vêtements, sacs et autres d'occasion. Il y a énormément de technologie derrière ces plateformes parce qu'il y a un certain nombre d'algorithmes propriétaires, parce que quand on met beaucoup de produits en ligne, il faut pouvoir trouver une manière de les montrer qui est la plus satisfaisante possible pour le client. Et donc il y a beaucoup d'outils aussi de personnalisation. Il y a énormément d'innovation technologique sur toute la partie logistique. Il y a énormément d'innovation technologique sur la partie sAcuritA, donc dans la création de ces nouveaux usages qui en soi sont des innovations. Ces usages digitaux, elles ne sont rendues possibles que par la création d'un certain nombre de technologies. Mais ensuite, et c'est là justement où je voulais ouvrir dans les défis qu'on a, on va célébrer la semaine des dix ans de la French Tech du 16 au 22 octobre. Donc on se. On se retournera avec une certaine fierté sur ce qui a été accompli. Mais on se projettera aussi surtout sur ce qu'il nous reste.
Monde Numérique :
À parler des tendances actuelles et futures.
Clara Chappaz :
Et un des grands grands défis, c'est de s'assurer que les succès qu'on voit aujourd'hui entrepreneuriaux, ces entreprises qui sont rentrés dans notre quotidien, qui sont souvent des entreprises plutôt numériques, peuvent être répliquées sur des entreprises de technologie et notamment d'innovation, de rupture. C'est le programme qu'on a lancé qui s'appelle le French Tech 2030, qui accompagne 125 lauréats d'innovation de rupture dans des secteurs stratégiques comme la santé, avec les biothérapies, comme la transition écologique.
Monde Numérique :
Ça part d'un constat qui est que ça manquait un peu. Il est vrai qu'il y a pas mal de startup deep tech comme on dit, qui arrivent, des centres de recherche, etc. Là pour le coup, des choses très très très innovantes, des brevets, etc. Des prix Nobel parfois ils ne font pas partie de la French Tech la plupart du temps, ces gens-là.
Clara Chappaz :
Alors ils font partie de la French Tech parce que toutes startups technologie fait partie technologie qui fait partie de la French Tech et on a un réseau formidable de capital et de communauté French Tech qui sont des associations de proximité dans lequel ce genre de structures sont bien sûr les bienvenus et même une grande priorité. Mais peut-être qu'il ne faisait pas encore assez partie de programmes, par exemple comme le French Tech 120 Next 40, qui est le programme qui accompagne que l'on a lancé à la mission French Tech en 2019, qui accompagne les startups les plus développées? Alors il y en a certaines, il ne faut pas, C'est pas tout blanc ou tout noir. Il y a sur le Next 47 Startup Deep Tech. La plupart d'entre elles sont industrielles. C'est des entreprises comme Diana Script qui crée une technologie de réplication d'ADN, des entreprises comme Insecte ou Innovate Feed qui produisent des insectes pour remplacer les protéines animales dans encore une fois un procédé industriel. Donc on voit ce genre de leaders du French Tech émerger. Mais c'est sûr qu'on a une conviction, c'est qu'on a besoin de ce genre d'entreprises là, de startups de la French Tech qui vont s'attaquer à ce genre d'innovation. Le plan France 2030, qui a été lancé par le président Emmanuel Macron en octobre 2021, a listé un certain nombre de secteurs stratégiques dans lesquels il faut aller soutenir l'innovation de rupture. C'est, je vous le disais, la santé, bien sûr, tout ce qui est numérique, notamment intelligence artificielle, cybersécurité, le quantique, la transition écologique, tous ces secteurs ont besoin d'innovation, de rupture, parce qu'aujourd'hui ils s'ouvrent une opportunité de création technologique. Et ce qu'on voit, c'est qu'il y a de plus en plus et on l'encourage de startups deep tech qui se lancent. La BPI a lancé en 2019 le premier plan Deep Tech. À l'époque, il y avait une centaine de startups deep tech qui étaient créées par an. Aujourd'hui, on est autour de 300 et l'objectif c'est d'atteindre les 500.
Monde Numérique :
Mais bon, ça c'est effectivement la quantité. C'est important, mais la qualité, ça l'est aussi. Il y a eu effectivement des hauts et des bas en dix ans de French Tech. On mesure souvent ça au niveau avec les niveaux de levée de fonds. Avec des années record, vous en avez cité d'autres qui étaient plus creuses en ce moment. On en est où?
Clara Chappaz :
Alors c'est une bonne question. Je reviendrai à l'angle deep tech et la qualité parce que c'est justement ce qu'on fait avec le programme French Tech 2030, c'est de se dire si le Plan France 2030 a listé un certain nombre de secteurs stratégiques, que les startups ont tous leur rôle à jouer pour créer des innovations sur ces secteurs, 50 % des 54 milliards de France 2030 doivent aller vers des acteurs émergents. Nous, la French Tech, notre rôle, c'est de pouvoir accompagner les acteurs de l'innovation, les startups deep tech et d'innovation, de rupture de ces secteurs, à accélérer, à aller plus vite pour qu'on voit de plus en plus de très grandes réussites dans les années à venir. Ça, c'est un vrai objectif pour les prochaines années. Et donc French Tech 2030, c'est 125 startups d'innovation de rupture qui vont bénéficier d'un accompagnement tout particulier de la mission French Tech, mais couplé aussi à la BPI et à France 2030. Pour la partie du financement, il y a déjà.
Monde Numérique :
Des candidats pour.
Clara Chappaz :
Ça. Il y a 125 lauréats qui ont été dévoilés à VivaTech. C'est des startups comme Alta Road avec qui j'étais tout à l'heure, qui utilise à la fois des technologies numériques et des technologies d'objets connectés pour mesurer les déchets et l'impact carbone des bâtiments dans la construction. Et Holling qui était là aussi ce matin, qui crée des éoliennes flottantes autour de Brest ou peut être illicite, plante qui change l'ADN des plantes pour que les plantes transpirent moins et en transpirant moins, elle consomme moins d'eau. Donc aussi une dimension très vertueuse sur l'écologie. C'est tout ça aujourd'hui ou en tout cas demain, les géants de la French Tech, parce que c'est des startups qui sont sur les secteurs dont on a besoin, les secteurs sur lesquels tout est à inventer. On reviendra probablement à l'intelligence artificielle. C'est tout un pan qui s'ouvre et je pense que on a aujourd'hui une opportunité non pas seulement de créer des très belles entreprises numériques qui sont peut-être un peu sur la fin de la chaîne de valeur, mais de remonter et d'avoir aussi bien des innovations entrepreneuriales, technologiques sur le numérique, mais que sur le les les batteries électriques par exemple, si on prend la chaîne de l'automobile, Vercors crée des batteries électriques à Dunkerque et a annoncé la semaine dernière sa levée de fonds record de 850 millions je crois, mais aussi sur créer des nouveaux véhicules. On a un certain nombre de startup. Qui aujourd'hui travaille sur créer des beaucoup plus petits et plus légers véhicules pour pouvoir se déplacer et ensuite sur les usages comme Blablacar, on remonte la chaîne de valeur et c'est ça l'opportunité de la French Tech de demain.
Monde Numérique :
Est-ce que ces entreprises aujourd'hui ont encore besoin d'un accompagnement de l'État?
Clara Chappaz :
Complètement. Parce que je reviens à votre question que j'ai, à laquelle je pensais retourner. Quel est le contexte aujourd'hui? Le contexte est un peu paradoxal parce qu'à la fois on a dix ans d'expérience, de maturité. On se le disait, les fonds n'ont jamais eu autant d'argent, ce qu'on appelle le dry powder. Donc le montant qui est levé et qui aujourd'hui est disponible dans les fonds.
Monde Numérique :
D'investissement, les investisseurs sont chauds bouillants. C'est ça que je voulais dire.
Clara Chappaz :
Mais, mais, mais le monde a un petit peu changé par rapport aux années post Covid où qu'est ce qu'il s'était passé? On avait vu une espèce d'emballement de la digitalisation où, quand tout était fermé, les usages digitaux ont accéléré, les startups du digital ont eu des taux de croissance exponentielle et donc ça a créé un peu. Et en plus, l'argent étant gratuit, ça a créé à cette époque, ça a créé un effet peut être un peu d'emballement, de.
Monde Numérique :
Bulles, de bulles.
Clara Chappaz :
Je dirais emballement, oui. Qu'est ce qu'on voit aujourd'hui? C'est que cet écosystème, ce dynamisme a changé la remontée des taux qu'ont couplée au conflit en Ukraine et les répercussions qu'on a pu voir sur l'énergie. Et puis le contexte économique global, notamment lié aux marchés et aux indices technologiques sur les marchés étrangers, qui ont pu peut être perdre un peu en valeur, fait que les fonds d'investissement sont dans des thèses d'investissement peut être un peu différentes et regardent avant toute chose la profitabilité. Ça ne veut pas dire que les startups de la French Tech se doivent d'être toutes profitables au jour un de leur création. Non, on est, je le disais, l'innovation de rupture startup industrielle. Il faut pouvoir investir une startup industrielle comme Vercors avant d'avoir son premier euro de revenu, il faut non seulement qu'elle construise sa recherche et développement, mais en plus qu'elle construise son usine, mais en plus qu'elle fasse fonctionner son usine avant d'avoir la première batterie à vendre à ses clients. Donc c'est une startup qui de fait ne pourra pas être profitable au jour un.
Monde Numérique :
Mais donc il faut que les investisseurs soient rassurés et aussi sachent se montrer patient.
Clara Chappaz :
Exactement. Et il faut que les startups puissent montrer quel est ce chemin vers la profitabilité. Ça, c'est un petit peu nouveau parce qu'on sort de quelques années d'hyper croissance à tout prix, où il fallait surtout dépenser pour croître plus vite. Et donc c'est là où en fait, je pense qu'on a finalement encore plus besoin d'accompagnement. En tout cas, c'est ce qu'on voit avec les startups qu'on accompagne. C'est que dans ce changement de paradigme se crée un certain nombre de défis. Donc le défi du financement sur lequel l'État fait toute sa part avec le plan France 2030. Mais nous, notre objectif avec le programme 2030, c'est de pouvoir aider les startups à mieux comprendre quels dispositifs sont les plus pertinents pour eux, à quel moment de leur développement. Je parlais de startup industrielle. Il y a un dispositif exceptionnel qui s'appelle l'appel à projets. Premier usine, première usine, c'est quoi? C'est un entrepreneur avec un projet industriel et j'ai besoin de fonds pour financer ma première usine pour justement commencer à commercialiser. Donc ça, ça fait partie des dispositifs qui peuvent être mobilisés. Mais je pense qu'aussi, au delà de la question du financement, comme cette question de la profitabilité revient de plus en plus sur la table, ça a permis quelque chose qui, je trouve, est peut être un peu, peut être même très positif, c'est de sortir, ou en tout cas de ne plus avoir la focale uniquement sur le financement, mais de penser au revenu. Pourquoi? Parce que la profitabilité, c'est les revenus et les coûts. Donc il y a certes la partie de travail sur les coûts, mais il y a avant tout comment j'ai plus de revenus. Et là, via le programme French Tech 2030 et via une initiative qui s'appelle Je choisis la French Tech qu'on a lancé en juin, je pense qu'on touche du doigt un peu le pivot. On parlait de dix ans. Le pivot pour la prochaine décennie, c'est de se dire l'écosystème est arrivé à maturité, mais comment est ce qu'on fait collectivement pour pouvoir aider les start à vendre davantage leurs produits, notamment aux grands groupes, aux collectivités locales? C'est ça le point.
Monde Numérique :
Faible Aujourd'hui.
Clara Chappaz :
C'en est un indéniable. C'est toujours difficile pour une entreprise, une startup, d'aller vendre son produit à ce genre de grands décideurs. Mais pourquoi? Parce qu'une startup, on en parlait en introduction. C'est risqué, ça a du capital risque. Donc forcément, un acheteur doit mesurer la prise de risque dans ses décisions d'achat. Donc il est certainement plus difficile aujourd'hui. C'est ce qu'on voit quand on travaille avec les startups pour une startup de vendre à un hôpital. Que vendre au ministère des armées? Parce que le ministère de les Armées a certainement plus l'habitude de la prise de risque et donc a déjà fait un certain travail sur comment mesurer, prendre en compte et accompagner à la prise de risque. Mais. On est extrêmement mobilisé sur cette question parce que je pense que c'est une des clés pour continuer à grandir et à avoir l'écosystème se développer. On a fait un très bon travail à créer un écosystème. Il a une marque, il est reconnaissable, il y a un vrai collectif entrepreneurs, investisseurs, associations et on travaille tous ensemble. Maintenant, le défi, c'est peut-être un peu de casser les barrières et d'arriver à mieux rapprocher cet écosystème de l'écosystème des grands groupes, de l'écosystème des collectivités locales et des acheteurs publics. Parce que c'est seulement en ayant la confiance de ces grands clients qu'on pourra déployer des solutions à l'échelle. Et donc il faut pouvoir accélérer là dessus. Et allez y. Et peut-être que finalement c'est un peu logique. On avait dans les premières années besoin d'une très forte identification, de créer la visibilité autour de ce monde des startups qui du coup a été peut-être un peu traitée comme un monde à part. Mais au final, une startup, c'est quoi? C'est une entreprise comme une autre qui doit gagner de l'argent, convaincre ses clients, développer ses.
Monde Numérique :
Connaissances en général.
Clara Chappaz :
Et aujourd'hui, justement, c'est pour ça que là où je pense que l'accompagnement est le plus nécessaire, c'est à trouver ses clients.
Monde Numérique :
Il y a une étude de la Banque de France récente qui dit que les deux tiers des startup ne sont pas rentables. Les startups de la French Tech?
Clara Chappaz :
Oui, ou alors 30 % le sont déjà.
Monde Numérique :
Ça dépend. Si on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide.
Clara Chappaz :
Je pense qu'il ne faut pas diaboliser le fait qu'une startup ne soit pas rentable parce qu'on est, je le disais pour la plupart, sur des innovations de rupture qui vont prendre énormément de temps à être développées. Et quand on parle de startup industrielle, donc French Tech 2030, les 125 lauréats, il y en a 60 10 % qui vont à terme ou ont déjà ouvert une usine. Donc c'est vraiment les startups d'innovation de demain. La plupart doivent passer par ces procédés. Donc de facto, ces business model font qu'on n'est pas rentable au début parce qu'il y a besoin de temps.
Monde Numérique :
Mais comment, Comment? Comment rassurer les investisseurs et les fonds directement, ceux qui vont mettre l'argent? Et puis derrière les tous les tout le monde en fait, tous les investisseurs, même individuels, etc.
Clara Chappaz :
Je pense qu'il faut qu'on. Ce qu'on observe, c'est que les dirigeants des startups ont très bien compris ce changement de paradigme et sont dans l'action. On n'est pas du tout dans un monde où les gens seraient un peu figés. Ne pas trop savoir comment passer de ce paradigme de l'hyper croissance à la profitabilité. Donc on voit des entreprises qui se se remettre en question sur leur trajectoire de profitabilité. Peut être utilisent aussi le moment actuel pour se dire qu'il y a des opportunités qui s'ouvrent de consolidation, de croissance externe peut être concurrents. Donc comment est ce qu'on arrive à passer à l'échelle et à pouvoir avoir du coup une belle croissance des revenus?
Monde Numérique :
Mais on sent qu'à vous écouter que c'est ça le message de l'État aujourd'hui. Finalement, par rapport aux startups.
Clara Chappaz :
Le message c'est qu'en tout cas on est là pour les accompagner, on est là pour les accompagner à se débloquer. La réussite, je pense, de la mission French Tech des dix premières années, c'est d'avoir créé ce collectif. Il n'en tient qu'à nous et on est 100 % mobilisé. D'arriver aujourd'hui à finalement rouvrir les portes de ce collectif pour mieux le connecter aux grands groupes, aux acheteurs publics, aux collectivités locales. Et faire en sorte, parce qu'avoir des innovations exceptionnelles mais qui restent dans le placard, ça ne sert pas à grand chose à la fin. Et donc, si on veut en plus s'assurer que ces entreprises puissent continuer à croître, à déployer leur innovation, à créer de l'emploi, aujourd'hui, c'est 1.1 million de personnes qui travaillent dans les startups de façon directe ou indirecte, partout en France, sur nos territoires. Il faut qu'on puisse ancrer l'utilisation de leurs produits et de leurs services et on est mobilisés pour ça.
Monde Numérique :
Alors voilà pour le volet économique, on va dire le volet technologique, où est ce qu'on en est aujourd'hui, quelles sont les tendances en matière d'innovation dans la French Tech au sens très large? Vous l'avez déjà un peu évoqué, l'IA, etc. Qu'est ce qui Est ce que parce que c'est aussi une bataille internationale? Donc où est ce que les Français vont pouvoir véritablement jouer des coudes et tirer leur épingle du jeu?
Clara Chappaz :
On voit deux secteurs aujourd'hui qui qui tirent vraiment l'écosystème et sur lequel il y a beaucoup d'espoirs mais aussi de raisons d'espérer, c'est l'intelligence artificielle. Vous en vous en avez parlé et tout le secteur au sens large, c'est très vaste, mais de la transition écologique sur la transition écologique, je commence là. On est face à un défi d'une taille immense dans laquelle il va falloir changer un grand nombre de comportements, mais dans laquelle aussi il va falloir un certain nombre d'innovations. On a la conviction, et ce depuis le lancement de la mission French Tech, que les startups technologiques ont une part des solutions sur la partie innovation. Et donc c'est ce que je disais tout à l'heure, le plan France 2030, la moitié des lauréats du programme French Tech 2030. Donc, on a créé pour accompagner ces grandes innovations. Ce sont des lauréats qui sont directement dans la transition écologique. C'est par exemple, j'ai cité tout à l'heure l'INSEE de plantes qui modifient l'ADN des plantes pour pour qu'elles consomment moins d'eau et donc avoir un comportement plus vertueux sur sur le développement agricole, j'aurais pu citer Javelot qui est une entreprise dans l'agriculture, qui utilise la data pour optimiser le stockage de grains et donc moins de pertes. Et donc encore une fois une agriculture plus vertueuse. J'aurais pu citer des entreprises comme Life qui travaille sur l'hydrogène vert dans la région de Nantes. On a vraiment des innovations à la fois dans la mobilité, dans l'énergie, dans l'agriculture. Tous les secteurs doivent se réinventer et on a des entrepreneurs fabuleux qui font ce choix d'aller utiliser leur innovation pour pour créer ces startups. French Tech 2030, c'est 125 lauréats, Donc la moitié sur la transition écologique et la moitié des entreprises ont un lien très fort avec la recherche. D'ailleurs, je crois que sur les fondateurs, 30 % d'entre eux ou 28 % exactement ont un PhD, donc sont docteurs. Donc c'est un des grands enjeux, c'est comment est ce qu'on peut accompagner le rapprochement entre cet univers de la recherche et l'univers des startups pour créer ces innovations.
Monde Numérique :
Éviter que les chercheurs partent à l'étranger.
Clara Chappaz :
L'année dernière, la Green Tech, donc ces startups de la transition écologique et le secteur qui a levé le plus en France, c'était 15 % de tous les fonds levés. Et ça nous place en tête non seulement de l'Union européenne, mais aussi de l'Europe au sens large, donc devant le Royaume-Uni pour pour ce secteur. Et je pense que c'est un signe extrêmement positif parce que ça concilie à la fois les talents qu'on a en France sur ces questions de recherche et développement appliqué à la transition écologique peut être une question de valeurs. Je pense qu'on a on a un pays où on a des entrepreneurs très engagés, qui ont envie de faire des choses, qui ont du sens, qui ont de l'impact.
Monde Numérique :
C'est vrai qu'on le voit quand on est à l'étranger où la France a un discours et une prise de conscience du problème environnemental que n'ont pas forcément les autres pays, les autres entrepreneurs. Et on le constate sur les salons comme le CES, etc. Tout à fait, c'est surtout les français qui parlent de.
Clara Chappaz :
Ça et avec un soutien et un cadre de l'Etat qui je pense ne peut que soutenir l'accélération. On entend en ce moment beaucoup parler de la crise des logements et des mesures DPE sur le marché du logement locatif et que sous un certain score a baissé de F. À partir d'une certaine année, les logements ne pourront plus être loués. Il y a énormément de startups qui travaillent sur la décarbonation du secteur de l'immobilier, que ce soit Hoffmann sur le ciment décarboné dont je parlais tout à l'heure, qui mesure les déchets et les émissions de carbones dans le secteur de la construction Deep Kick et une French tech qui aide aussi sur la mesure et la compréhension de l'impact carbone du bâtiment. Ce secteur est très riche et je pense que l'effort qui est fait en France, notamment via le Secrétariat pour la planification écologique, Secrétariat général pour la planification écologique, permet aussi d'avoir un horizon de temps assez long, parce que c'est des innovations qui prennent du temps et pour lesquelles il faut de la patience des investisseurs. Il faut avoir un peu une vision long terme de où est ce qu'on veut aller et le fait qu'on sache de façon quand même très précise où est ce qu'on veut aller en tant que pays sur ces questions, permet ce foisonnement d'innovations.
Monde Numérique :
Alors ça, c'est la green tech, ce sont les green tech du côté de l'intelligence artificielle. Maintenant, on a vu des choses comme Mistral, Mistral qui vient un petit peu de sortir du bois, on ne sait pas trop encore, mais ils viennent d'annoncer leur premier produit, une startup dont on parle beaucoup, qui a déjà fait beaucoup de buzz alors qu'on ne sait pas trop ce qu'elle va nous sortir. Mais il y a d'autres choses.
Clara Chappaz :
L'intelligence artificielle, je pense que c'est le deuxième secteur sur lequel on a une très grande France en France. D'abord grâce au talent. Encore une fois, on a des des meilleurs universités labos de recherche sur la question. On a des dispositifs qui permettent à ces chercheurs de pouvoir vraiment être au pointe de leurs recherches. Je pense notamment à la thèse CIFRE qui finance ce type, ce type, ce type de recherche. Et on a un écosystème qui aujourd'hui bénéficie du fait que ces talents ont été reconnus à l'étranger. Il y a un certain nombre de grandes entreprises étrangères qui ont fait le choix technologique, qui ont fait le choix de s'implanter en France pour leurs labos de recherche artificielle. Je pense au méta je pense, mais aussi des banques. Jp Morgan, cet été, a relocalisé son son, son équipe de recherche d'intelligence artificielle à Paris et on commence à voir un petit phénomène qui est très intéressant je trouve. C'est des français qui sont les meilleurs de leur domaine, comme Arthur Mensch, le CEO de Mistral dont vous parliez ou. Ou encore le fondateur de Dust qui est une autre startup dans l'intelligence artificielle, qui sont passés par ces grands groupes mais qui reviennent et qui reviennent avec l'ambition de créer une entreprise dans l'intelligence artificielle en France et de pouvoir accès avoir accès à ce vivier de talents en France, avec une ambition de se dire l'intelligence artificielle, c'est une nouvelle frontière. Tout souffre, tout est à construire, c'est un vivier d'opportunités. On a les moyens de créer l'architecture ici en Europe, grâce à ce genre d'acteurs qui sont très soutenus par les fonds d'investissement Mistral, Léa a levé 105 millions en seed. Je pense que c'est la plus belle levée de site qu'on a jamais eue en France et qui sont très soutenus par l'écosystème au sens large. Xavier Niel a annoncé la semaine dernière dédier 200 millions d'euros à l'intelligence artificielle via.
Monde Numérique :
via Scaleway.
Clara Chappaz :
Scaleway via l'achat d'un supercalculateur.
Monde Numérique :
On a longuement parlé dans ce podcast.
Clara Chappaz :
L'etat aussi est au rendez vous. Le plan sur l'intelligence artificielle qui a été annoncé en novembre 2022. Il dit 2.2 milliards, notamment sur la recherche et notamment sur la capacité de calcul. Donc tous les ingrédients sont là. Et alors, petit fait dont on peut, je crois, être fier aussi. On commence même à avoir des acteurs étrangers décider d'implanter leur startup d'intelligence artificielle en France. Je pense par exemple à Poolside. C'est deux anciens fondateurs à grand succès d'une plateforme qui s'appelle Hub, qui aide les développeurs informatiques qui ont choisi Paris pour s'implanter pour leur nouveau projet centré sur l'intelligence artificielle. Donc toutes les briques de l'écosystème sont là maintenant. On est au tout début, vous l'avez dit, Mistral a levé en juin. On en.
Monde Numérique :
Est au tout début de la deuxième.
Clara Chappaz :
Décennie en fait. Mais. Mais il y a de très belles opportunités devant nous et je pense que contrairement à 2013, on a l'expérience d'une première décennie et ça nous sera, je l'espère, très utile pour gagner certaines de ces batailles.
Monde Numérique :
Tout ça pourrait être le mot de la fin. Mais une dernière petite question Clara Chappaz L'une des missions de la FrenchTech, c'était aussi de réconcilier les Français avec l'innovation et l'entrepreneuriat. Et puis ça a été pas mal moqué, même la Startup Nation, etc. Est ce que cette mission a été remplie selon vous?
Clara Chappaz :
Alors rempli? Oui. Aujourd'hui, quand la mission French Tech s'est lancée en 2000, a été lancée. En 2013, il y avait. Je n'ai pas le chiffre exact, mais on dit à peu près moins de 5 % des jeunes qui disaient vouloir être entrepreneurs. Aujourd'hui, c'est 53 %. Donc on voit une véritable progression. Le mot French tech, on le disait, est tombé dans le langage courant. Quand on demande aux acteurs économiques s'ils connaissent le mot French tech, 78 % répondent oui. Donc on a, on a rendu visible, on a donné envie. Il y a une vraie dimension d'attractivité. On voit que les gens ont envie de se lancer. Par contre, je pense que là où il reste énormément à faire et je finirai peut être sur ce défi pour la prochaine décennie, c'est qu'on a un écosystème mature, un écosystème qui a réussi. En tout cas cette première partie, On a des très beaux succès dont on parlait, mais qui est peut être encore peu ouvert souvent le profil type et je vais tomber dans le cliché mais Mais malheureusement, le cliché n'est pas si loin de la réalité. C'est un homme. Moins de 9 % des startups sont cofondée par des équipes 100 % féminine. C'est souvent un diplômé de grandes écoles, probablement HC ou Polytechnique. 80 % des fondateurs ont fait des grandes études bac plus cinq. Il vient souvent de la région parisienne ou en tout cas s'il est financé, il est certainement en région parisienne.
Clara Chappaz :
80 % des fonds levés vont vers les startups de la région parisienne alors qu'une startup sur deux est créée en dehors de Paris. Donc on a un vrai décalage. Il y a un différentiel. Nous, on a lancé un certain nombre d'initiatives dont le programme TREMPLIN qui vise à ouvrir les portes de cet écosystème tech, d'accompagner des publics qui sont éloignés de ce monde de la tech à la base, qui peut être vivre dans des quartiers prioritaires de la ville, dans des zones rurales à revitaliser, qui sont réfugiés boursiers, à pouvoir se lancer, à obtenir une bourse, à obtenir un accompagnement dans un incubateur. Mais est ce qu'on est arrivé à 100 %? Certainement pas. Et je pense que c'est non seulement une question de vision de la société qu'on veut construire parce que le secteur de la tech est très dynamique. Il crée un très grand nombre d'opportunités économiques pour toutes et tous. Mais c'est aussi une question de performance. Il n'est plus à prouver, en tous cas je l'espère, qu'on crée les meilleurs produits et les meilleurs services quand on a des perspectives différentes. Et aujourd'hui, on en pâtit de ce manque de diversité et on est mobilisé pour que ça change.
Monde Numérique :
Merci Clara Chappaz, directrice générale de la mission French Tech. Merci.