L'entrepreneur du numérique Fabrice Zerah signe un livre à la fois enthousiaste et inquiet sur l'évolution des technologies.INTERVIEW
Interview : Fabrice Zerah, entrepreneur du numérique
“On va vers l’inconnu, on ne sait pas jusqu’où cette technologie va aller”, assène Fabrice Zerah, fondateur du groupe Ubi Solutions, quand on l’interroge. Dans son livre "Tech ou toc" (L'Archipel), cet observateur attentif s'interroge sur l'état actuel des technologies. Il évoque les défis posés par l'intelligence artificielle et la nécessité de trouver un équilibre pour éviter les effets néfastes, notamment les conséquences sur les emplois humains.
"J'ai appris à lire à ma fille avec ChatGPT"
Pour autant, Fabrice Zerah souligne les avantages extraordinaires et les changements positifs que la technologie. Il évoque son utilisation personnelle de ChatGPT, qui lui a permis d'apprendre à lire à sa fille de cinq ans à l'aide d'un robot conçu sur mesure.
"Il faut interdire TikTok"
Concernant les réseaux sociaux, Fabrice Zerah se positionne en faveur de la régulation et de la protection des jeunes contre les contenus préjudiciables en ligne. Il plaide, sans hésitation, pour un bannissement du réseau chinois TikTok, en raison des menaces que celui-ci fait peser sur la jeunesse.
Fabrice Zerah:
[0:01] On va vers l'inconnu, on ne sait pas jusqu'où cette technologie va aller. Il y aura peut-être sûrement un moment où il faudra faire une pause et stopper l'innovation. Ça va être très compliqué à faire, c'est pour ça que la régulation doit être un juste milieu entre ne pas ralentir l'innovation mais aussi contrôler les choses.
Monde Numérique:
[0:22] Bonjour Fabrice Zera.
Fabrice Zerah:
[0:23] Bonjour Jérôme.
Monde Numérique:
[0:24] Vous êtes fondateur du groupe UbiSolutions, spécialiste des objets connectés et de la traçabilité pour la grande distribution, c'est ça ?
Fabrice Zerah:
[0:33] Exactement. J'ai créé l'entreprise au démarrage pour accompagner Decathlon sur une généralisation de ce qu'on appelle la technologie RFID. Et on avait créé ces fameuses caisses intelligentes où, quand on met tous les articles dans le panier, tout est lu automatiquement et ça permet de payer en quelques secondes et au lieu de scanner chaque code-barre. Donc, on était, dès le démarrage, dans l'automatisation des process.
Monde Numérique:
[1:02] Alors, on va s'intéresser à la technologie au sens encore plus large, puisque vous êtes l'auteur d'un livre qui s'appelle Tech ou Toch, aux éditions de l'Archipel. Et votre livre, c'est une sorte d'état des lieux pas très tendre, j'ai envie de dire, des technologies du moment. Alors vous parlez d'IA, de métavers, de crypto-monnaies, de réseaux sociaux, vous passez tout en revue et vous ne mâchez pas vos mots. Est-ce que, Fabrice Zera, vous êtes un déçu de la tech ?
Fabrice Zerah:
[1:32] Absolument pas. Je ne suis pas déçu de la tech. Ça a bouleversé nos vies. Ça a changé même nos civilisations. Il y a eu des effets exceptionnels. Par contre, le virage de la tech depuis une trentaine d'années, on est très en retard en Europe. Je mets l'Europe, c'est pas que la France c'est vraiment l'Europe on est très en retard et là il y a un virage extraordinaire qui est en train de s'opérer, avec l'intelligence artificielle et on est en train juste de constater notre échec donc je pense que le retard est tellement important que ça va être très dur de le rattraper mais la tech ça change nos vies ça a bouleversé les civilisations on peut aller très loin avec la machine à vapeur, et toutes les différentes techs qui ont bouleversé l'industrie et les civilisations. Mais là aussi, je pense qu'avec l'arrivée des réseaux sociaux, on a du mal à les appréhender. Et elles améliorent notre quotidien, mais d'un autre côté, elles nous polluent énormément. Et c'est ça, l'objet du livre, c'est de trouver aussi l'équilibre avec tout ça.
Monde Numérique:
[2:48] Alors, vous parlez notamment d'intelligence artificielle dans votre livre. Et vous, vous dites quoi ? On a raté le coche, en fait. Quoi, au niveau de la France, de l'Europe ?
Fabrice Zerah:
[2:59] C'est clairement l'Europe. C'est clairement l'Europe. Moi, mon constat sur la tech, quand on voit les chiffres, là déjà, au niveau France, on parle des French Tech 40, les 40 pépites françaises, leur chiffre d'affaires consolidé, c'était 12 milliards d'euros. Et quand je compare ça au seul AirPod d'Apple, c'est 35 milliards de dollars. Donc ça nous donne une idée de l'étendue du gouffre qui nous sépare avec les Américains d'un côté et aussi avec les Chinois qui ont su protéger leur économie et leur savoir-faire. Là, c'est au niveau de la France, mais si je vous demande de citer les plus grandes industries, les plus grandes techs européennes. Il y a Spotify, c'est de la musique. On ne va pas parler de... C'est un service. Il y a les plateformes suédoises. Mais il y a des très belles entreprises, des très belles... Même des beaux groupes. Mais à l'échelle des GAFAM, on en est très, très loin et même à des années-lumières.
Fabrice Zerah:
[4:07] Donc ça, c'est le sujet. Et puis après, on a perdu la bataille de la souveraineté numérique. 93% des datas occidentales sont hébergés par des entreprises américaines. Alors, soit aux États-Unis, soit en Europe, mais ce sont des entreprises américaines.
Fabrice Zerah:
[4:25] Et là, sur l'intelligence artificielle, je voyais là, sur le dernier rapport trimestriel d'Alphabet, de Microsoft, où ils annoncent des investissements à 15 milliards, 20 milliards de dollars sur l'intelligence artificielle. Nous, on a un plan de 3 milliards d'euros par an sur l'intelligence artificielle en France. Donc tant qu'on ne pensera pas européen, tant qu'on n'arrivera pas à faire émerger des acteurs européens, et on a su le faire avec Airbus qui est le leader mondial de l'aéronautique, tant qu'on ne pensera pas sur la tech européen, on n'y arrivera jamais. Et c'est ça. Moi, je milite pour une BPI européenne, des financements européens, des entreprises européennes. Exactement. Une banque d'investissement aujourd'hui qui a fait un formidable travail depuis une dizaine d'années en France. Et maintenant, il faut la faire passer à l'échelle européenne et ça, c'est vraiment capital.
Monde Numérique:
[5:22] C'est un peu toujours la même histoire qui se répète, non ? Depuis...
Fabrice Zerah:
[5:25] Moi, dans les années... Si on prend l'évolution des techs sur les années 60 à 80, c'est un peu, on était vraiment précurseurs. On était très bons sur le TGV, on était très bons sur le nucléaire. Et heureusement, on est un des pays les plus décarbonés du monde grâce à notre nucléaire. Donc notre savoir-faire, notre technologie. Et on a raté vraiment le virage des années 80. Je revoyais une interview très récemment de Steve Jobs qui annonçait tout ça en 83. Et qui disait qu'il fallait créer des usages autour de l'informatique, des entreprises autour de l'informatique, créer un écosystème de fonds d'investissement, de business angel et on a mis, près de 20 ans pour le comprendre voire même plus que 20 ans et on a pris un retard considérable là le problème c'est que avec ce virage extraordinaire qui est en train de s'opérer, avec l'intelligence artificielle là on le compare, Warren Buffett disait très récemment que pour lui c'était aussi dangereux que l'arme nucléaire, le président d'alphabet dit que pour lui c'est une des plus grandes évolutions depuis le feu, pour l'homme donc on sait qu'il ya un virage qui est en train de s'opérer mais là il faut se donner des moyens européens on n'y arrivera jamais en seul français alors.
Monde Numérique:
[6:49] Ça c'est pour on va dire l'aspect économique de la tech fabrice.
Fabrice Zerah:
[6:54] Zera la.
Monde Numérique:
[6:55] Position de l'europe le retard de l'europe qui qui a un peu raté le virage du numérique, en réalité, qui a eu du mal, visiblement, à sortir de la logique gaullienne. Vous parliez des grands projets du TGV, etc., pour aller vers quelque chose de plus éclaté, de plus libéral, etc. Mais indépendamment de ça, dans votre livre, vous abordez pas mal les questions des technologies vis-à-vis de notre vie quotidienne, de nos usages, de l'impact sur la société. Et en matière d'intelligence artificielle, justement, vous dites à un moment donné, il faudra faire une pause dans le développement de l'IA. Pour quelles raisons ? Ça veut dire quoi ? Vous vous rangez dans le camp des inquiets ?
Fabrice Zerah:
[7:40] C'est inquiet, parce qu'on va vers l'inconnu. On va vers l'inconnu, on ne sait pas jusqu'où cette technologie va aller. Et on va rentrer vers une surenchère d'innovation. Et il y a des chiffres, des études, on parlait de 300 millions de suppressions d'emplois à l'horizon 10-15 ans. C'est très probable. On va créer d'autres choses. Mais là, il y a un moment peut-être il y en a des leaders dans la tech le demandent aussi il y aura peut-être sûrement un moment où il faudra faire une pause et stopper l'innovation, ça va être très compliqué à faire c'est pour ça que la régulation doit être un juste milieu entre ne pas ralentir l'innovation mais aussi contrôler les choses, mais aujourd'hui l'intelligence artificielle va tellement vite qu'elle va commencer à remplacer les humains et là où moi j'y crois parce que ça fait fait une partie d'une suite logique, c'est que le robot a évolué depuis une quarantaine d'années. On a du robot bête et méchant, c'est-à-dire sur une tâche particulière. À partir du moment où on va connecter ces robots-là à une intelligence artificielle aussi performante que le plus grand ingénieur du monde, il va commencer à devenir de plus en plus autonome, de plus en plus intelligent et de plus en plus performant et remplacer l'homme dans ses tâches de col blanc, ce qui n'était pas le cas avant.
Monde Numérique:
[9:06] Ce qui est un peu la surprise d'ailleurs de l'IA en fait.
Fabrice Zerah:
[9:10] C'est ça, c'est que le robot a toujours remplacé ce qu'on appelait le col bleu. Donc c'était le mécanicien, l'opérateur, l'ouvrier. Et l'IA est en train de, grâce à cette intelligence, grâce à cette autonomie, est en train de remplacer ce qu'on appelle le col blanc, c'est le cadre, qui prend des décisions, qui est très opérationnel et qui réfléchit beaucoup plus.
Fabrice Zerah:
[9:34] Donc ça, c'est le vrai risque de l'intelligence artificielle connectée aussi à un robot.
Monde Numérique:
[9:39] Dans le secteur que vous connaissez bien, qui est celui de la grande distribution, de la distribution, donc le commerce, vous voyez déjà l'impact de l'intelligence artificielle ?
Fabrice Zerah:
[9:52] Sur le commerce on le voit pas spécialement après le commerce souffre assez il n'y a pas besoin de l'intelligence artificielle et peut-être que l'intelligence artificielle justement va lui apporter, un plus quand on voit le nombre de faillites qu'il y a dans le commerce c'est par hasard notamment, surtout dans le textile c'est que les habitudes de consommation ont énormément changé donc là peut-être que l'IA justement pour attirer ça et créer de nouveaux usages sur sur la sur le commerce mais évidemment c'est à dire qu'à partir du moment où va avoir aussi des robots qui vont devenir autonome là le frein du commerce surtout dans la lui e-commerce c'est le transport du dernier kilomètre si on a des robots qui arrivent à transporter de façon pas coûteuse vers le dernier kilomètre, on va avoir une généralisation beaucoup plus forte.
Monde Numérique:
[10:50] C'est une vision pas très optimiste, notamment de l'IA.
Fabrice Zerah:
[10:56] Elle est super optimiste. Là, je suis dans le négatif. Après, ça va permettre de faire des choses qui sont exceptionnelles. Moi, je donne mon expérience. Avec ChatGPT, j'ai créé un robot pour apprendre à lire à ma fille, à ma petite fille, qui a 5 ans, elle souhaitait faire des exercices et je trouvais très peu de choses, éducatives, du contenu éducatif, donc j'en ai créé un avec le robot et en deux mois à peine, j'ai réussi à lui apprendre à lire.
Monde Numérique:
[11:27] Ah oui, d'accord. Et comment vous avez fait exactement ?
Fabrice Zerah:
[11:30] En fait, j'ai créé un robot qui s'adapte et le robot, je lui ai dit, j'ai ma fille qui est en grande section, apprends-lui à lire. Et il m'a créé un programme quotidien de lecture, et en fonction des exercices donnés je lui dis celle-là elle a réussi à les faire est-ce que tu peux m'en proposer d'autres et donc on y a été pas à pas donc elle a appris à lire elle a appris à faire des additions elle a appris à faire des soustractions mais il faut déjà savoir lire les consignes non ? Ah oui bien sûr je suis avec elle c'est à dire que le robot nous a orienté là aujourd'hui on en est vraiment enfin ce que je dis.
Fabrice Zerah:
[12:15] Chat GPT on en est au pacman de l'intelligence artificielle, mais il est devenu accessible. L'intelligence artificielle existe depuis une trentaine d'années, voire plus. Là, c'est la première fois où ChatGPT a rendu l'intelligence artificielle accessible à Monsieur Tout-le-Monde. Et donc, j'ai pu faire ces exercices-là très rapidement grâce à ça. Et donc, vraiment, en deux mois, ça a été assez impressionnant. Maintenant, elle s'est liée en grande section. Donc, même moi, pour le travail, je l'utilise énormément. Ça permet de recontrôler, de faire des tâches qui étaient ingrates et puis même je pense que l'intelligence artificielle connectée au robot elle va nous changer complètement notre façon de vivre, c'est à dire que toutes les tâches ingrates aller faire les courses faire le ménage.
Fabrice Zerah:
[13:03] Changer les couches si elles pouvaient être faites par ça c'est pas gagné quand même c'est pas gagné mais bon toutes ces tâches ingrates si le robot peut les remplacer, et je prenais l'exemple de la machine à laver c'est le premier robot qui est rentré dans le foyer quand vous voyez l'impact que la machine à laver a eu, pour le foyer et pour la femme ça lui a permis de s'émanciper donc il ne faut pas tout voir négatif moi ce que je vois négatif c'est qu'il faut le contrôler, il faut savoir on ne saura jamais où on va mais il faut être très prudent est très réactif. Mais c'est surtout... Là, il faut... C'est le moment de penser européen. Parce que là, on a deux surpuissances, deux superpuissances. La Chine d'un côté, les Etats-Unis de l'autre. Et nous, on est clairement spectateurs de tout ça.
Monde Numérique:
[13:59] Alors, dans votre livre également, vous parlez des réseaux sociaux. Bon, sujet incontournable. Là encore, il y a du bon et du moins bon. Quel bilan vous faites aujourd'hui, après presque 15 ans, 20 ans de réseaux sociaux.
Fabrice Zerah:
[14:14] Alors les réseaux sociaux, la promesse de Facebook, c'était rassembler les gens. Et ça a été extraordinaire. C'est-à-dire communiquer avec tout le monde, n'importe qui et n'importe où dans le monde.
Fabrice Zerah:
[14:27] Au début, on partageait une petite photo et on partageait une humeur. Après on a été vers Twitter où on a été dans l'insulte aujourd'hui on peut insulter n'importe qui beaucoup de personnes commencent à se retirer de Twitter parce que c'est de l'insulte gratuite, ça a été une première dérive très forte des réseaux sociaux et puis là on a TikTok le risque c'est surtout pour la jeunesse ça veut dire que c'est une techno qui est très addictive c'est le 30 secondes avec un swipe.
Fabrice Zerah:
[15:02] Et qui enferme les jeunes dans une opinion, dans une pensée. Et le chiffre qui m'a vraiment fait peur, c'est 1 jeune sur 6 aujourd'hui pense que la Terre est plate, mais c'est 1 sur 3 qui regarde TikTok quotidiennement. Donc là, ce chiffre-là est factuel et montre à quel point TikTok a une influence négative sur notre jeunesse. Par contre, ce qui est dingue, c'est que c'est une technologie chinoise et les chinois n'utilisent pas TikTok tel quel c'est à dire qu'ils ont une autre plateforme qui est du contenu beaucoup plus éducatif, d'une vingtaine de minutes et avec une coupure, entre 22h et 6h du matin pour les jeunes donc en fait ils appliquent quelque chose qu'ils ne souhaitent pas s'appliquer eux-mêmes donc ils ont fait rentrer un cheval de Troie donc bon les américains seront les premiers à interdire TikTok.
Fabrice Zerah:
[15:58] Et nous je pense qu'on va suivre derrière Parce qu'on ne peut pas rester comme ça.
Monde Numérique:
[16:01] Vous, vous êtes favorable à une interdiction de TikTok ?
Fabrice Zerah:
[16:04] À une suppression de TikTok, oui. À une suppression de TikTok. Et là, on a réagi à temps. Ils avaient lancé TikTok Lite. Ils voulaient lancer TikTok Lite. Et c'était, vous gagnez de l'argent, plus vous passez du temps sur le réseau, plus vous gagnez d'argent. Donc imaginez le désastre que ça aurait été fait sur les jeunes. Notamment là, aujourd'hui, on essaye de les ralentir sur le temps devant les écrans. Donc ça a été des effets vraiment néfastes. Donc là, on constate les dégâts, mais il faut agir très vite.
Monde Numérique:
[16:39] TikTok Lite a été suspendu, enfin aménagé.
Fabrice Zerah:
[16:43] Il a été suspendu pour le moment. Pour l'instant, il est suspendu.
Monde Numérique:
[16:47] Mais c'est vrai que l'Union européenne poursuit son combat contre le TikTok classique. Et en même temps, on sait que ce n'est pas facile parce qu'on rentre dans une compétition économique internationale. Si l'Europe ou les États-Unis s'en prennent indirectement à la Chine via TikTok, est-ce qu'on ne risque pas des mesures économiques de rétorsion ?
Fabrice Zerah:
[17:14] Si les Américains le font, pourquoi on ne pourrait pas le faire ? Ils ne l'ont pas encore fait. Ils sont sur le point 2. C'est sur le point 2, mais ils y vont pas à pas. Là, il y a une fois que ça a été voté au Sénat, donc ils y vont. Bon, maintenant, est-ce que les Chinois se sont privés d'interdire toutes les technos américaines ? Ils ont suspendu toutes les technos américaines. Donc, pourquoi le fond ? Le marché chinois est complètement fermé. Donc, nous, on l'a ouvert. Après, derrière, il y a un chantage. Mais si on rentre systématiquement dans ce chantage-là, on ne fera jamais rien. Donc, on subira systématiquement. Après, je sais que c'est facile de dire qu'on supprime TikTok. Ce n'est pas aussi simple que ça, bien sûr. Mais on est en train de vraiment avoir un impact très négatif sur notre jeunesse. Et notre jeunesse, c'est notre avenir.
Monde Numérique:
[18:08] Le récent rapport remis à Emmanuel Macron sur les écrans pour les enfants, qu'est-ce que vous en pensez ?
Fabrice Zerah:
[18:16] C'est tombé après la sortie du livre. Je ne les ai pas inspirés, mais on en est très proche de ce que je dis. Je voulais interdire les réseaux sociaux avant 16 ans. Là, c'est 15 ans. C'était interdiction du même du smartphone avant 13-14 ans. Donc, moi, je pense que les jeunes sont... Pour un jeune, c'est trop dur de, rester avec un smartphone, de rester avec des réseaux sociaux. On ne peut pas les accompagner systématiquement et toute la journée être derrière eux. Il y a du contenu qui est vraiment... Je ne peux pas dire agressif, mais il est très subjectif et il a une influence très forte sur les jeunes.
Fabrice Zerah:
[19:01] Regardez la guerre qu'on a eue. Il y a eu plein d'études là-dessus, plein de sondages.
Fabrice Zerah:
[19:08] Ce qu'on voit sur le contenu porno, aujourd'hui, tout le monde a accès. Un enfant de 11 ans a accès à tout le contenu porno. Il a juste à cliquer sur un bouton pour dire « j'ai plus de 18 ans ». C'était interdit. Il y a 20 ans, ça n'existait pas, ça. Le contenu était fermé, c'était pas possible. Donc maintenant, n'importe quel jeune a accès à n'importe quoi. Et donc on n'arrive plus à filtrer ça on n'arrive plus à les protéger et c'est vraiment dans le souci de les protéger, Donc, aujourd'hui, avec un smartphone, il a accès à tout. Il a accès à du contenu qui est vraiment dangereux. Et donc, il faut les protéger de ça. Et dans les réseaux sociaux, ils ont accès à l'anarchie totale, c'est les insultes. On n'a jamais eu... Voilà, toute cette violence scolaire, elle part aussi des réseaux sociaux.
Monde Numérique:
[20:00] Le cyberharcèlement, les appels à la violence, l'amplification des actes de violence bien réels, effectivement. Fabrice Zera, en résumé, qu'est-ce que vous garderiez de tout ça malgré tout ? Et qu'est-ce que vous dites à ceux qui sont déjà inquiets du fait de la tech ? Est-ce qu'on peut aller vers une tech bénéfique ou on est obligé de se traîner
Monde Numérique:
[20:31] aussi des boulets comme ça ?
Fabrice Zerah:
[20:33] On n'est pas obligé. Les Chinois le font.
Monde Numérique:
[20:39] Prendre exemple sur les Chinois, c'est un peu étonnant pour la démocratie européenne.
Fabrice Zerah:
[20:44] C'est par souci du tout libéral. Aujourd'hui, on est en train de donner accès à tout, à tout le monde. on est en train de vraiment les détruire. Je parle des jeunes. Après, moi, le smartphone m'a changé ma vie, Internet a changé ma vie. Ça n'a jamais été aussi facile de se déplacer, d'acheter, de se renseigner, de travailler. Vous montez une entreprise aujourd'hui avec tous ces outils, tout est simple. Donc, c'est extraordinaire. Maintenant, par contre, il faut le réguler et justement, brider les enfants. Je parle des enfants, c'est moins pour les adultes, Mais il y avait eu l'année dernière toutes les violences en banlieue, elles étaient parties beaucoup des réseaux sociaux. Quand vous allez sur TikTok et ça vous enferme, parce que leur algorithme est ultra puissant, il vous enferme vers de la violence et des émeutes en permanence, le jeune regarde ça 4h, 5h par jour, à la fin il a envie de descendre et de tout casser. C'est ce qui se passe aujourd'hui. C'est pour ça que je parle des jeunes. C'est les jeunes qu'il faut protéger. et par contre ces technos sont extraordinaires l'informatique est extraordinaire, elle nous a changé notre vie et l'IA va être extraordinaire moi je rêverais d'avoir un robot qui fait mes tâches ingrates au quotidien, donc gardons ça protégeons les jeunes.
Fabrice Zerah:
[22:10] Essayons de ne pas aller aussi vers ce que j'appelle l'économie du fainéant ça veut dire rester à la maison et se faire livrer les courses ne plus sortir, regarder sur Netflix et se couper complètement du monde. Ça, c'est vraiment la dérive des réseaux et tout ce qui se passe avec cette tech. Mais elle permet de faire... Quand je parle de l'IA dans la médecine, c'est révolutionnaire. On ne serait jamais sortis aussi rapidement de la crise du Covid sans intelligence artificielle. Donc tout ça, extraordinaire pour la santé. Maintenant, si on me dit qu'il y a la possibilité de vivre jusqu'à 120 ans, c'est rassurant aussi. C'est très positif. ça ce sont les effets très positifs mais de se renfermer dans des carcans et ne pas protéger la jeunesse de tout ça de ne plus maîtriser on a plus de souveraineté numérique en Europe, et pas de vision c'est ça ce sont ça les dérives et les risques Merci.
Monde Numérique:
[23:10] Fabrice Zera, tech ou toc pour faire la part des choses entre le bon grain et l'ivraie un livre paru aux éditions de l'archipel.