La startup OpenAI a vécu une semaine incroyablement mouvementée qui révèle des désaccords internes et des tensions au sein de l'entreprise. Ces événements ont terni l'image d'OpenAI, censée être à la pointe de l'intelligence artificielle.
Tout commence le 17 novembre avec le départ du CEO, Sam Altman, brutalement congédié par le conseil d'administration. La nouvelle déclenche une onde de choc sans précédent dans le monde de la tech.
Deux jours plus tard, Altman réapparait au siège de la société. Puis, des rumeurs évoquent son recrutement par Microsoft, principal actionnaire d'OpenAI. Un mouvement de soutien se forme au sein de l'entreprise pour réclamer son retour et la démission du conseil d'administration. Finalement, coup de théâtre après cinq jours de rebondissements, Altman reprend son poste de CEO et plusieurs membres du conseil d'administration sont remplacés.
Ces événements ont révélé l'existence d'un profond désaccord au sein de l'entreprise, entre, d'une part, Altman qui a orienté OpenAI vers une activité commerciale avec des produits d'intelligence artificielle comme ChatGPT; et, d'autre part, un camp de puristes défendant les valeurs originales de l’organisation, jadis une fondation à but non lucratif.
Le rôle du PDG de Microsoft, Satya Nadella, dans cette affaire reste flou. Il semble qu'il ait réussi à sauver l'entreprise et la tête du jeune CEO, en même temps que l'énorme business des deux firmes autour de ChatGPT.
En tout cas, ces troubles ont mis en évidence d'incroyables tensions et ont considérablement terni l'image de l'entreprise censée incarner la révolution de l'intelligence artificielle. Une insoutenable légèreté qui ne semble pas vraiment à la hauteur des enjeux.
Transcription
[0:01] C'est une semaine incroyable que vient de vivre OpenAI, la startup américaine, spécialisée en intelligence artificielle la plus en vue du moment, qui en quelques jours à peine a perdu puis retrouvé son PDG et purgé au passage son conseil d'administration
[0:16] Mieux qu'une série Netflix, vous n'avez pas pu passer à côté, mais on va quand même refaire rapidement le film de ces derniers jours.
Alors tout commence vendredi 17 novembre. Breaking news, on apprend que Sam Altman, CEO d'OpenAI, l'entreprise qui a démocratisé l'IA générative avec Chajipiti.
[0:33] Est débarqué par le conseil d'administration de l'entreprise. Il est viré. C'est un véritable choc. On ne connaît pas les raisons de ce débarquement, mais en tout cas, ce n'est pas terminé, ce n'est en fait que le début de l'histoire.
[0:45] Le lendemain, samedi 18, le président et cofondateur de l'entreprise, Greg Brockman, se solidarise avec Sam Altman et démissionne à son tour. Dimanche soir, voilà que Sam Altman refait surface, il se rend au siège d'OpenAI, à San Francisco, il poste même à ce moment-là sur X une photo de lui avec un badge visiteur et on pense alors qu'il va être réembauché, ce qui est déjà complètement fou.
Finalement, il n'en est rien et le lendemain, le 20 novembre, lundi, Sam Altman semble être embauché directement par Microsoft, principal actionnaire d'OpenAI, d'autres des missionnaires de la société d'ailleurs veulent le suivre et on se dit que voilà, tout est fini pour OpenAI, elle va être vidée de sa substance et elle est condamnée. Mais non, lundi, nouveau rebondissement, on apprend que le deal avec Microsoft en réalité n'est pas conclu et que Sam Altman ne va pas rester chez Microsoft. Du côté d'OpenAI, pendant ce temps-là, la quasi-totalité des employés signe, une pétition pour réclamer son retour et la démission du conseil d'administration
[1:47] Début de semaine, il se passe encore des choses, je vous passe les détails, mais finalement, mercredi matin, 5 jours après le début de ce psychodrame, eh bien voilà que Sam Altman annonce son retour chez OpenAI.
Il va reprendre la tête de l'entreprise avec un tout nouveau conseil d'administration.
Alors que s'est-il passé ? Eh bien, visiblement, il y avait un différent profond, au sein de l'entreprise entre deux courants.
D'un côté, Sam Altman, le financier, celui qui a transformé en entreprise commerciale, ce qui était au départ une fondation pour la recherche ouverte en intelligence artificielle
[2:21] C'est lui notamment qui a poussé à la roue pour lancer ChatGPT, un produit commercial à part entière, et puis plus récemment les GPTs, ces petites déclinaisons à personnaliser. Mais ça, visiblement, ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Car de l'autre côté, il y avait aussi un petit clan d'irréductibles.
[2:39] Des gardiens du temple de la science et de la philosophie d'origine d'OpenAI, emmenés par un brillant informaticien, Ilia Sutskever, directeur scientifique d'OpenAI.
Lui, il avait voté contre Sam Altman au moment de la réunion fatidique du conseil d'administration.
Mais voilà que finalement, quelques jours après, il présente ses excuses et regrette avoir fait passer OpenAI au bord du gouffre.
Entre les deux, il y a aussi quelques administrateurs qui ne sont pas des gens du serrail de la tech et qui semblent complètement dépassés par les événements mais qui vont donc céder leur place
[3:10] Enfin derrière tout cela, il semble bien qu'il y ait la main du grand Manitou, Satya Nadella, PDG de Microsoft dont on ne sait pas trop s'il a tiré les ficelles ou essayé de recoller les morceaux.
En tout cas, ce qui ressort de cette histoire, ce n'est pas brillant.
En trois jours à peine, l'entreprise de technologie la plus médiatisée du moment, a connu des turbulences incroyables.
Elle est passée à deux doigts de l'implosion, on a bien cru que Chadjipiti allait disparaître dans le cyberspace.
Mais comment est-ce possible ? Alors qu'on ne cesse de dire que l'intelligence, artificielle est le grand défi du futur, que cela mérite sagesse et intelligence, eh bien voilà que la compagnie qui incarne mieux cette révolution donne l'image d'une cour de récréation fragile, minée par des querelles d'égo et de capitaux, très certainement.
Bref, une insoutenable légèreté qui ne paraît clairement pas à la hauteur des enjeux.