[ITW] Les dessous de la crise mondiale des semi-conducteurs (Patrice Duboé, Capgemini)
05 novembre 202413:59

[ITW] Les dessous de la crise mondiale des semi-conducteurs (Patrice Duboé, Capgemini)

[En partenariat avec Capgemini] Patrice Duboé, directeur de l'innovation pour l'Europe du Sud de Capgemini, et porte-parole de Technovision, explique les raisons de la "guerre des puces".

macro photography of black circuit board

Photo by Alexandre Debiève on Unsplash

Interview [PARTENARIAT]

🎙 Patrice Duboé, directeur de l'innovation pour l'Europe du Sud de Capgemini, et porte-parole de Technovision

Que se passe-t-il sur le marché des semi-conducteurs ?

Les semi-conducteurs sont la base de toute innovation technologique numérique. Ils sont partout, des ordinateurs aux voitures, en passant par les smartphones et l'intelligence artificielle. Mais la concentration de la production entre les mains de quelques acteurs crée des tensions géopolitiques qui mettent en difficulté des entreprises dans le monde entier.

Comment en est-on arrivé là ?

En vingt ans, la finesse de gravure des semi-conducteurs est passée de 130 à 2 nanomètres. Cette évolution technologique nécessite aujourd’hui des investissements colossaux, de l’ordre de 15 à 30 milliards d'euros pour construire des usines de pointe. Résultat : seuls trois fondeurs dominent le marché mondial, TSMC à Taïwan, Intel aux États-Unis, et Samsung en Corée du Sud, ce qui crée des vulnérabilités géopolitiques et économiques. Par exemple, tout conflit autour de Taïwan pourrait bloquer l'accès mondial aux microprocesseurs.

Quelles évolutions peut-on attendre ?

Aujourd’hui, Apple et Tesla cherchent à concevoir leurs propres puces pour sécuriser leur approvisionnement. On attend aussi des innovations dans le futur. D'abord, le design modulaire avec des chiplets, qui offre une meilleure agilité et réduit les monopoles. Ensuite, de nouvelles recherches sur le graphène, un matériau prometteur dérivé du carbone, pourraient révolutionner les semi-conducteurs en les rendant plus performants et moins dépendants du silicium.

Quelle est la place de l’Europe dans cet équilibre ?

L'Europe accuse un retard d'une dizaine d'années, utilisant encore des technologies de 22 nanomètres alors que les leaders mondiaux sont passés au 2 nanomètres. Ce retard est dû au manque de technologies avancées et aux coûts exorbitants pour établir des usines compétitives. Cependant, l'Europe a un atout : c’est la production de machines servant à fabriquer les puces, avec l'entreprise néerlandaise ASML. La création d'un géant européen combinant les forces de STMicro, Infineon et NXP pourrait être une solution, mais cela nécessite des partenariats stratégiques et des investissements colossaux.

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