Les 5 tendances technologiques de 2025 (Patrice Duboé, Capgemini)
26 février 202512:50

Les 5 tendances technologiques de 2025 (Patrice Duboé, Capgemini)

Quelles sont les grandes évolutions technologiques à suivre en 2025 ? Patrice Duboé, Directeur de l'Innovation pour l'Europe du Sud chez Capgemini, décrypte les cinq tendances majeures identifiées dans le rapport Technovision.

En partenariat avec Capgemini

Interview : Patrice Duboé, Directeur de l'Innovation pour l'Europe du Sud chez Capgemini.

[En partenariat avec Capgemini]

Quelles sont les tendances tech à suivre cette année, selon vous ?

Nous avons identifiées 5 tendances majeures sur le plan de l’évolution technologique.

1. Les agents IA

L’IA évolue vers des agents spécialisés jouant le rôle d’experts ou de copilotes en entreprise. Ils aident à résoudre des problèmes précis, comme identifier et corriger une erreur sur une chaîne de production.

2. Cybersécurité : IA contre IA

L’IA sert autant à mener qu’à contrer les cyberattaques. Elle permet de détecter les deepfakes et la désinformation, des menaces majeures selon le World Economic Forum.

3. Les robots intelligents en usine

L’IA optimise la robotique industrielle, rendant les machines plus adaptatives et efficaces. Elles interagissent mieux sur les chaînes d’assemblage pour améliorer la productivité.

4. Le retour stratégique du Nucléaire

Pour répondre aux besoins énergétiques croissants du numérique, le nucléaire redevient une solution privilégiée. Les Small Modular Reactors (SMR) offrent une alternative rapide et flexible.

5. Supply chain et traçabilité

L’IA améliore la gestion des chaînes d’approvisionnement. Dès 2027, le passeport digital des batteries tracera leur origine et leur impact carbone, renforçant la transparence.

Lien : https://www.capgemini.com/fr-fr/perspectives/publications/innovation-top-tech-trends-2025/

Chapitres :

0:20 Introduction à l'innovation technologique
2:26 L'impact de DeepSeek
4:33 Cybersécurité et intelligence artificielle
6:42 L'essor des robots collaboratifs
8:40 Le recours au nucléaire
10:55 Évolution des chaînes logistiques

Cliquez sur le bouton "play" ▷ en haut de la page pour écouter l'épisode 


Invité :
[0:01] On peut bien imaginer différents agents qui seraient un peu comme des experts humains, des copilotes, des compagnons, qui vont nous aider à trouver une solution par rapport à un domaine spécifique et à une expertise dédiée.

Monde Numérique :
[0:20] Bonjour Patrice Duboé.

Invité :
[0:21] Bonjour Jérôme.

Monde Numérique :
[0:23] Directeur de l'innovation pour l'Europe du Sud chez Capgemini. Ravi de vous accueillir comme chaque semaine pour ce rendez-vous en partenariat entre Monde Numérique et Capgemini. Alors, Patrice, chaque année, Capgemini identifie les tendances technologiques à suivre au cours de l'année à venir. Alors, on est encore un peu dans le début de l'année. Cette année, vous avez identifié cinq tendances. Quelles sont-elles ?

Invité :
[0:45] Alors, ces cinq tendances pour 2025 seront les agents dans l'IA générative, la cybersec, la robotique, l'impact dans le nucléaire et, pour terminer, les chaînes logistiques.

Monde Numérique :
[0:57] Bon, alors, commençons par le début. Ces fameux agents, cette IA agentique, qu'est-ce que vous prévoyez ?

Invité :
[1:05] Alors, on a vu déjà dans les deux précédentes années, un passage entre les large language model à des agents beaucoup plus réduits. Et aujourd'hui, on va vers des choses spécifiques. Lorsqu'on veut travailler dans une entreprise, qu'on veut amener l'IA générative pour améliorer la production, par exemple, on voit que c'est quelque chose qui est très ciblé. On peut prendre l'exemple dans une chaîne d'assemblage automobile, avionique, un compagnon, un ouvrier qui fait une erreur sur une chaîne, qui va mettre un rivet à un mauvais endroit. Comment fait-on pour réparer ? Et donc, on peut très bien interroger un agent sur son téléphone, sur sa tablette, pour décrire l'erreur. Et l'agent IA va les rechercher dans tout l'historique. A-t-on déjà eu ce type de souci ? Et il peut donner en fait un type de réponse technique, voilà, pour corriger le problème, vous pouvez faire ça, mais on peut aussi aller vers du multi-agent où on peut avoir un agent dédié sur le contractuel. Quel est l'impact sur cet avion, cette voiture, de cette erreur au niveau contractuel ? Quel est l'impact au niveau structure, au niveau sûreté de fonctionnement, ce qu'on appelle la safety ? Donc on peut bien imaginer différents agents qui seraient un peu comme des experts humains, des copilotes, des compagnons, qui vont nous aider à trouver une solution

Invité :
[2:22] par rapport à un domaine spécifique et à une expertise dédiée.

Monde Numérique :
[2:26] Et puis alors, il s'est passé des choses ces dernières semaines, ça s'est encore accéléré, avec le fameux DeepSeek, ce modèle chinois. Qu'est-ce que ça change ? Est-ce que ça va changer la donne ?

Invité :
[2:34] Alors, c'était très intéressant, DeepSeek. On a vu l'effervescence qui est un petit peu symbolique de nos sociétés, où on veut de suite parler de tout, faire du buzz, annonce DeepSeek, perte de 1000 milliards à l'ouverture de Wall Street. Le lendemain, une cyberattaque orchestrée par, on ne sait pas quel état, contre DeepSeek.

Monde Numérique :
[2:53] Comme par hasard.

Invité :
[2:53] Voilà, comme par hasard. Ont-ils utilisé les dernières puces d'NVIDIA alors qu'ils n'y avaient pas accès ? Dans beaucoup d'histoires qui nous rappellent un film très connu tourné il y a 20 ans, qui était « Les infiltrés ». C'est un petit peu la même histoire. Le fameux vol de puces, d'ordinateurs ou de CPU. La leçon que l'on peut retenir, c'est qu'il y a peut-être une nouvelle voie. Jusqu'à l'affaire DeepSeek, on était tous persuadés que pour avoir une IA générative plus performante, il fallait plus consommer, plus entraîner, plus de puissance. DeepSeek a dit « Nous avons réussi à faire mieux. que chez le GPT, avec beaucoup moins de puissance. C'est peut-être discutable.

Monde Numérique :
[3:34] Oui, il y a un peu des doutes quand même.

Invité :
[3:36] Exactement.

Monde Numérique :
[3:37] C'est aussi frugal qu'ils le disent.

Invité :
[3:40] On n'aura pas le fait de l'histoire. Par contre, suite à Dipsic, d'autres sociétés ont pris le même parti, Mistral AI en France. D'autres sociétés aux US ont dit qu'on peut faire de l'IA générative sans avoir une hyper course à la puissance, avec justement des petits modèles et des choses qui sont très orientées. Donc, c'est peut-être pour moi la conclusion positive. Il y a une autre voie et Nvidia la soutient. J'étais avec Nvidia il y a deux jours qui dit, pour nous, c'est une bonne nouvelle. On peut montrer qu'avec même des petites puces Nvidia, on peut aller chercher des cas d'efficience dans le business avec beaucoup moins d'argent. Et donc, pour eux, c'est une bonne nouvelle. Ça ne laisse pas penser qu'on peut faire du Genia que si on est très, très grand et qu'on a les moyens de faire de l'IA générative. Mais ça ouvre de nouvelles perspectives avec des petits modèles et avec des moyens plus limités.

Monde Numérique :
[4:32] Alors, deuxième tendance forte selon Capgemini, courant de l'année à venir, c'est à nouveau de l'intelligence artificielle, mais dans le domaine de la cybersécurité.

Invité :
[4:42] Tout à fait. Alors, on voit tous les enjeux, les dangers de la cyber. On subit tous les spams, que ce soit dans des mails, des appels téléphoniques non souhaités. Et on voit que l'IA fait accélérer à la fois la menace, mais les contre-attaques. Vous avez tous vu les spams, les fake vidéos pendant les campagnes politiques aux US ou ailleurs. Parfois, ça peut faire rire, mais on sait qu'il y a aussi de la désinformation. Il y a volontairement l'IA générative qui est utilisée pour générer de fausses vidéos qui vont générer des contre-messages dans des campagnes. Et donc là, ça peut influencer le résultat des votes. Donc ça, c'est un petit peu embêtant, mais on peut aujourd'hui utiliser l'IA générative pour détecter. Justement, une fake vidéo, une fake photo. Et ce qui est très intéressant, c'est le rapport annuel qui est publié par le World Economic Forum, qui chaque année met en exergue les plus grands risques pour l'industrie mondiale et pour la société. Et il est intéressant de voir que cette année, dans les dix principales craintes, deux sont liées au numérique. La numéro un, c'est la désinformation. Et la numéro cinq, c'est le cyberespionnage. Donc on voit qu'aujourd'hui, pour tout le monde, les attaques cyber sont quelque chose qui sont très importants.

Monde Numérique :
[6:03] Les entreprises ont pris conscience de ce risque-là ?

Invité :
[6:07] Alors, c'est un petit peu un débat, on doit encore beaucoup progresser. On sait que toutes les entreprises sont attaquées aujourd'hui, il n'y a pas de doute. Lorsqu'on regarde les chiffres, il y a 8000 milliards de dollars de pertes générées par les attaques cyber chaque année. Donc c'était une priorité. Alors on parle beaucoup plus malheureusement d'IA générative que de cyber parce que c'est plus complexe, c'est plus risqué en termes d'image. Mais il y a encore beaucoup de travail à faire pour sensibiliser à la fois les entreprises, les utilisateurs, les collaborateurs et le citoyen.

Monde Numérique :
[6:41] Alors, il y a aussi un autre phénomène qui, selon vous, selon Capgemini, va prendre de l'ampleur et se concrétiser cette année.

Monde Numérique :
[6:48] On en parle, c'est en plein dans l'actu en ce moment. C'est tout ce qui touche aux robots. Véritablement, on va, selon vous, passer un cap cette année ?

Invité :
[6:57] Donc, en fait, tout le monde a vu ces fameux robots collaboratifs qui viennent d'Elon Musk avec ces robots qui marchent, qui courent, mais de façon plus pragmatique.

Monde Numérique :
[7:08] On les attend encore pour l'instant.

Invité :
[7:10] Voilà, on les voit qui courent dans les salons, plus que dans les factories et dans les usines. Tout à fait. Par contre, vous avez tous vu ces robots qui construisent des voitures, des ordinateurs. Ça, ça fonctionne. Et on imagine bien qu'en rajoutant de l'intelligence artificielle, on peut aller plus loin. On peut également faire collaborer ces robots. Vous avez tous en tête une usine d'assemblage de voitures où chaque robot a une tâche très, très précise. Et donc, on peut imaginer des échanges entre ces cobots, ces robots collaboratifs, pour aller un petit peu plus loin dans l'amélioration des cadences ou pour pouvoir réagir à des petits problèmes qu'on peut trouver sur des chaînes de production. Donc là, il y a beaucoup d'espoir et beaucoup de recherches faites pour aller sur des robots qui soient plus collaboratifs, plus agiles, pour aider l'humain dans les tâches fastidieuses et répétitives.

Monde Numérique :
[8:05] Oui, c'est une sorte de mariage de raison en réalité, entre la robotique qui est presque à un stade de maturité et pareil pour l'intelligence artificielle générative.

Invité :
[8:16] Tout à fait, on voit de plus en plus de liens entre ce qu'on appelle l'IT, l'OTI, entre l'électronique et l'informatique. Et effectivement, l'idée, c'est d'utiliser les deux. La maturité du digital qui continue encore à augmenter pour avoir une électronique, une robotique qui soit encore plus performante. Un autre exemple serait les véhicules autonomes.

Monde Numérique :
[8:38] Oui, bien sûr. Alors, pour tout ça, évidemment, il faut de l'énergie. C'est un peu le nerf de la guerre. Et ça aussi, c'est une tendance forte que vous prévoyez pour cette année, le recours au nucléaire.

Invité :
[8:49] Tout à fait. Alors, vous savez qu'il y a quelques années, tous les grands leaders de la data et de l'informatique s'étaient engagés à devenir carbone neutral à 2025-2030. Et vous avez tous vu également que l'an dernier, ils ont tous dit qu'on ne pourra plus tenir ces promesses pour une raison, l'IA générative. On sait que pour faire de l'IA générative, il faut entraîner des modèles. C'est beaucoup d'informations, de photos, de vidéos qui sont mises dans les algorithmes pour faire une intelligence artificielle. Et suite à ça, en 2023, toutes les grandes entreprises du numérique, les fameux GAFAM, Google, Alphabet, Facebook, ont augmenté leur empreinte carbone de 30%. Donc on voit bien qu'il y a une énorme demande d'énergie et c'est pour cette raison qu'aux États-Unis, ces grands leaders ont tous signé des accords avec les leaders de l'énergie pour rouvrir des tranches nucléaires pour pouvoir répondre à cette demande en essayant d'être décarboné. Alors, parfois, il essaie d'être vert avec du solaire, de l'éolien, mais ça ne suffit pas. Donc, le nucléaire, qui est quand même décarboné, permet de répondre à ces enjeux sans faire exploser la facture de l'empreinte carbone.

Monde Numérique :
[10:02] C'est ce qu'on a vu notamment avec Microsoft et Three Mile Island, etc. Mais puis, il y a une tendance intéressante là-dedans, c'est le recours aussi à des petits réacteurs. Où est-ce qu'on en est aujourd'hui ? Est-ce que vraiment ça va se développer cette année ?

Invité :
[10:14] Alors ça y est, cela démarre. Il y a des premiers projets qui ont été installés, en particulier en Europe, chez Rolls-Royce. Vous avez vu que l'Italie a décidé également de relancer le nucléaire après plusieurs décennies pour répondre là pas aux besoins des data centers, mais de l'industrie. Vous savez que l'Italie est très industrielle et a besoin d'énergie. Et donc, ils ont décidé de rouvrir des centrales nucléaires, un partenariat avec EDF, avec des fameux SMR, Small Modular Reactor, qui peut être construit de façon plus rapide que des usines nucléaires classiques et qui sont beaucoup plus modulaires à la fois par la taille,

Invité :
[10:53] par l'accès, par la rapidité.

Monde Numérique :
[10:55] Et enfin, cinquième tendance pour 2025 sur le plan des technologies, ça devrait bouger beaucoup pour l'industrie avec des changements dans ce qu'on appelle l'approvisionnement des entreprises.

Invité :
[11:07] Alors, la fameuse chaîne de logistique, la supply chain, on sait que suite au Covid, toutes les entreprises ont souffert de ça. On entendait tous des problèmes, des avions qui ne peuvent pas sortir parce qu'il manque des réacteurs, des voitures qui ne peuvent pas sortir parce que dans le Talbot-Bord, il y a tellement de puces, que lorsqu'il y a une rupture de la chaîne logistique des puces, en fait, on ne peut plus sortir les voitures. Ça, ça continue parce qu'on a voulu diminuer les stocks, travailler en flux tendu et aujourd'hui, on est un petit peu à la limite de l'exercice. Donc, on essaie de voir comment le digital, comment l'IA peut amener une vision tant réelle, beaucoup plus réaliste pour anticiper les problèmes, pour bloquer les cadences. Donc là, ça va générer de nouveaux besoins. et un exemple que vous avez peut-être entendu sur le passeport des batteries. Dans les deux ans qui viennent, avant février 2027, tous les fabricants de batteries devront fournir le passeport digital de la batterie. C'est-à-dire, on saura où a été fabriquée la batterie, avec quels matériaux et quel est l'usage de la batterie pendant toute sa vie. Et donc ça, ça amène une transparence, une traçabilité par rapport à l'impact carbone et par rapport à l'usage et à la qualité de la batterie. Ce sont des choses qui avancent et qui sont plutôt une bonne nouvelle pour le consommateur.

Monde Numérique :
[12:32] Merci beaucoup Patrice Duboé, directeur de l'Innovation pour l'Europe du Sud chez Capgemini. Et pour en savoir plus, on renvoie au rapport annuel Technovision de Capgemini.

technologies,innovation,numérique,informatique,actualités,actu tech,tech news,high-tech,tech,Prospective,tendances,GenAi,IA agentique,agents,cybersécurité,robotique,nucléaire,énergie,supply chain,