Jean-Simon Chaudier:
[
0:01] Nous, ce qu'on apporte, c'est une capacité à pouvoir réagir au plus tôt sur des départs de feu dans toutes les zones qu'on surveille.
Jean-Simon Chaudier:
[
0:09] Après, on n'est pas les pompiers derrière pour pouvoir intervenir. C'est juste qu'on leur permet de pouvoir intervenir beaucoup plus vite.
Monde Numérique:
[
0:22] Détecter les incendies de forêt le plus tôt possible grâce à la technologie et grâce à l'intelligence artificielle. C'est possible aujourd'hui. Deux invités pour en parler. dans le monde numérique, Franck Abihsirradu cabinet Emerton Data, bonjour.
Franck Abihsirra:
[
0:37] Bonjour Jérôme.
Monde Numérique:
[
0:39] Et puis Jean-Simon Chaudier, vous êtes CEO de la startup FireTracking, qui a mis au point cette technologie. On verra dans quel cadre d'ailleurs elle a été accompagnée par Emerton Data. FireTracking, c'est un système qui permet de détecter les feux véritablement à leur tout début, les incendies de forêt, c'est ça ?
Jean-Simon Chaudier:
[
1:01] Oui, bonjour Jérôme, bonjour à tous. Oui, l'objectif de FireTracking, c'est de pouvoir aider les pompiers, les propriétaires de forêts, d'infrastructures, à détecter automatiquement et en quelques secondes seulement les départs de feu. Et ça, vraiment pour pouvoir accélérer leurs interventions et minimiser au maximum l'impact des départs de feu.
Monde Numérique:
[
1:21] Alors, on voit tout de suite, évidemment, l'intérêt que ça peut avoir chaque année en France, mais aussi évidemment dans d'autres pays de plus en plus on est soumis à ce fléau des incendies de forêt parfois gigantesques techniquement comment ça fonctionne puisque vous faites appel à toute une panoplie d'outils technologiques en.
Jean-Simon Chaudier:
[
1:40] Fait tout à fait, le principe c'est on va positionner des caméras en très haute résolution sur des points hauts comme des châteaux d'eau ou des antennes, des pylônes télécom et en fait on va analyser les images de ces caméras afin de détecter des fumées jusqu'à plus de 20 km de distance les localiser également avec très grande précision et ensuite remonter les alarmes aux pompiers pour qu'ils puissent ensuite les analyser à distance, possiblement jouer avec les caméras avec un zoom optique x40 pour pouvoir confirmer le feu à distance et derrière déclencher et préparer leur intervention.
Monde Numérique:
[
2:17] Votre solution est déjà utilisée ou c'est encore en projet aujourd'hui ?
Jean-Simon Chaudier:
[
2:22] Non, c'est une solution qui est aujourd'hui déployée en Nouvelle-Calédonie et également dans l'Indre-et-Loire, en France. Et on a des opportunités de déploiement aujourd'hui dans différents pays, que ce soit l'Australie, en Amérique du Sud également, en Amérique du Nord ou également en Europe du Sud. Donc, c'est déjà déployé à grande échelle en France et en Nouvelle-Calédonie et c'est amené à être déployé, on l'espère, à encore plus grande échelle, notamment à l'international.
Monde Numérique:
[
2:58] Alors, des caméras, des algorithmes d'intelligence artificielle et on va en parler plus en détail dans un instant, et également, je crois, des objets connectés.
Jean-Simon Chaudier:
[
3:06] Oui.
Monde Numérique:
[
3:07] Il y a des capteurs particuliers, des choses comme ça ?
Jean-Simon Chaudier:
[
3:10] Tout à fait, en fait. Pour pouvoir détecter les feux, on peut utiliser plusieurs typologies de technologies. La technologie coeur c'est effectivement basé sur des caméras et la détection de fumée sur longue distance après parfois dans des zones qui sont en dehors du champ de vision des caméras par exemple derrière un talus derrière un versant ou dans des zones un peu renfoncées on peut venir adjoindre en fait des réseaux de capteurs mais vraiment sur des zones de quelques hectares et qui vont pouvoir permettre de détecter en fait des fumées à quelques centaines de mètres et Et derrière, venir compléter le système de détection, en particulier dans les zones qui sont les plus à risque. Donc oui, effectivement, en plus de caméras, on intègre également des capteurs afin vraiment de maximiser les capacités de surveillance de notre solution.
Monde Numérique:
[
3:57] Vous les installez où, vos caméras, par exemple ? Il faut monter des pylônes ou ça peut être sur un arbre, ça peut être sur des installations existantes ?
Jean-Simon Chaudier:
[
4:04] Dans l'idéal, c'est sur des installations existantes, comme des châteaux d'eau, comme des antennes télécom. Après, on a aussi en capacité de s'intégrer dans des sites extrêmement complexes. Par exemple, en Nouvelle-Calédonie, on est installé dans une réserve naturelle intégrale, où il n'y avait aucune installation. On a simplement pu mettre quatre ancrages, si vous voulez, au sol pour pouvoir positionner un mât. Et derrière, on a installé un dispositif qui est entièrement autonome, qui fonctionne sur un réseau 4G avec de l'énergie solaire et qui permet de fonctionner. Donc, en fait, on a la capacité de pouvoir s'adapter vraiment à toute typologie de site. Après, bien évidemment, si on a un support qui est existant, c'est forcément plus facile.
Monde Numérique:
[
4:44] Vous parlez de caméra, donc c'est le choix de la vidéo que vous avez fait. Il y a d'autres solutions qui existent. Est-ce que, par exemple, des LIDAR ne pourraient pas rendre également ce service ?
Jean-Simon Chaudier:
[
4:53] Tout à fait. En fait, il y a trois grandes typologies de solutions pour pouvoir détecter les feux. Donc, les satellites, on en a déjà parlé, le principal point de faiblesse, c'est le délai de détection. Ensuite, sur les caméras, on a soit des caméras visuelles, comme on l'utilise, soit des caméras plutôt thermiques, ou qui embarquent des technologies type LIDAR. Et en fait ces caméras aujourd'hui on n'a pas réussi à trouver l'équilibre économique, c'est à dire que pour pouvoir détecter sur de très longues distances là on parle jusqu'à 20 kilomètres, Ces caméras-là, il y a un rapport de 10 à 20 fois supérieur par rapport aux caméras qu'on utilise aujourd'hui.
Monde Numérique:
[
5:37] Oui, ça coûte trop cher en fait.
Jean-Simon Chaudier:
[
5:38] Exactement. Aujourd'hui, l'arbitrage économique n'est vraiment pas favorable.
Monde Numérique:
[
5:43] Sans apporter de précision supplémentaire.
Jean-Simon Chaudier:
[
5:46] Sans forcément apporter de qualité. Le gain en qualité n'est pas forcément extraordinaire.
Monde Numérique:
[
5:53] Alors, on l'a dit, derrière ça, il y a de l'intelligence artificielle et notamment des algos que vous avez développés en partenariat avec le cabinet Emerton, qui vous a accompagné aussi, qui vous a incubé, si j'ai bien compris. Franck Abihsirradu cabinet Emerton, vous êtes avec nous. Qu'est-ce que vous avez apporté en termes technologiques à la solution, à cette solution de FireTracking ?
Franck Abihsirra:
[
6:16] On a apporté globalement toute la compétence d'Emerton Data. Emerton Data est une société de conseil spécialité en data science, de cette attiration artificielle, avec un positionnement très premium, on a beaucoup de docteurs en mathématiques et en IA, et en fait, ce qu'on a apporté à FireTracking, c'est une double accélération. L'accélération de pouvoir disposer de cette excellence en attiration artificielle pour fonctionner les algorithmes et avoir la performance qu'a décrit Jean Simon, donc être capable d'apporter une solution la plus optimale. Et puis, on a jugé, alors on évolue, le métier d'Emerton Data, c'est de conseiller des grandes entreprises françaises et internationales dans le domaine de la data science et l'IA. Et on a jugé il y a quelques années que dès qu'on était sur des use cases qu'on pouvait en fait scaler pour créer des startups, ça aurait du sens.
Monde Numérique:
[
7:06] Alors pardon, je vais le faire en français. Donc des cas d'usage que vous pouvez mettre à grande échelle.
Franck Abihsirra:
[
7:13] Tout à fait. Revenons au français. Donc pour développer ces cas d'usage à grande échelle, on a jugé il y a quelques années, du sens de créer un startup studio dans lequel en fait on incube ces startups et on accélère ces startups et c'est ce qu'on a fait avec Jean-Simon et FireTracking, pour vraiment accélérer, amener toute la compétence et l'expertise d'Emerton Data et plus largement d'ailleurs du groupe Emerton qui est aussi un groupe de conseils stratégiques pour être capable de faire les études de marché crédibiliser le business plan et accompagner nos startups dans l'ensemble des dimensions de leur accélération.
Monde Numérique:
[
7:48] Donc, on a compris que l'originalité, c'était notamment l'aspect intelligence artificielle qui permettait de détecter les faux positifs, donc des fausses fumées ou des faux incendies, etc. C'est là qu'on a fait un pas technologique important ?
Franck Abihsirra:
[
8:05] Il existe beaucoup d'intelligence artificielle qui faisait une partie, je dirais, de ces détections, mais tout le savoir-faire, en fait, c'est de réentraîner ces modèles, typiquement avec des images que l'on prend sur les zones sur lesquelles on déploie un FireTracking, et de finituner ces algorithmes, de choisir le meilleur algorithme, de le réentraîner pour avoir cette performance-là. Alors forcément on a un peu ce réflexe en public de dire maintenant il y a du chat GPT il y a ce genre de choses mais il faut savoir que dans le domaine de l'agentique et des IA un peu spécialisés il y a quand même un gros travail de réentraînement des modèles et d'adaptation de ces modèles voire de l'utilisation de plusieurs modèles, qui permettent d'obtenir au final une expérience et délivrer la promesse par exemple de celle de FireTracking,
Franck Abihsirra:
[
8:54] de détection en moins de 3 minutes et avec une précision en termes de localisation extrêmement forte.
Monde Numérique:
[
8:59] C'est intéressant parce que votre solution, elle arrive au moment où d'autres également s'y intéressent et non des moindres parce que c'est Google qui a fait une annonce dans ce domaine il y a très peu de temps. Google qui présente un système qui s'appelle Firesat. Jean-Simon, quelle différence ? Comment vous comparez votre solution et ce qui est proposé par Google ?
Jean-Simon Chaudier:
[
9:25] Alors, je trouve que c'est une excellente nouvelle, ce que vient du publié Google. Après, c'est une solution qui est complémentaire à ce qu'on propose. C'est-à-dire que la solution Fire Set de Google, elle va détecter des feux qui font 5 mètres par 5 mètres avec un rafraîchissement des données toutes les 20 minutes. De notre côté, on est...
Monde Numérique:
[
9:44] Grâce à des satellites, à une constellation de satellites en orbite basse, je crois.
Jean-Simon Chaudier:
[
9:49] Exactement. Une cinquantaine de satellites qui sera progressivement déployée. Le premier satellite vient d'être relancé. Et en fait, nous, on se positionne vraiment sur le délai de détection, sur la détection extrêmement précoce. On parle de détecter des feux en moins de 3 minutes. Là, la solution de Google, avec des feux de 5 mètres par 5 mètres et un délai de rafraîchissement des données de 20 minutes, on est tout de suite sur des feux de plus grande envergure. Donc en fait, ces solutions, elles sont intéressantes, mais quand on va vouloir surveiller des très grandes surfaces, par exemple la forêt amazonienne, par exemple des régions d'Afrique qui n'ont pas forcément les moyens de pouvoir se doter, ou les régions du monde qui ne peuvent pas forcément se doter de solutions avancées. De notre côté, on va plutôt se positionner sur protéger les zones les plus à risque. On parle des départements en France qui sont les plus soumis, les plus sujets à ce type de risque.
Monde Numérique:
[
10:42] Le sud-est, le sud-ouest.
Jean-Simon Chaudier:
[
10:43] Etc.
Monde Numérique:
[
10:45] Franck, Abihsirra, comment est-ce que vous voyez la chose par rapport à... On voit que vous n'êtes pas le seul, finalement. Enfin, Fire Tracker n'est pas seul sur ce marché.
Franck Abihsirra:
[
10:53] Non, non, on a un FireTracking assez concurrent. Quand on a fait des études de marché avec Jean-Simon, on a bien vu qu'il y avait d'autres concurrents. Et c'est une bonne nouvelle. Être sur un marché sans concurrence, c'est rarement un marché. Donc, qu'il y ait des concurrents, c'est plutôt une excellente nouvelle.
Franck Abihsirra:
[
11:07] On a en particulier un challenger américain qui commence à être assez référent, qui est une startup aussi aux Etats-Unis comme on le voit malheureusement, la transition climatique est là et le réchauffement climatique est là, malheureusement on a pu voir que les méga-faits aux Etats-Unis au Canada ces dernières années ont été quand même assez catastrophiques on l'a subi nous aussi, dans les Landes en France et dans d'autres territoires en Nouvel-Cadonie ça brûle beaucoup l'Australie j'en parle même pas parce qu'il y a 3 ans ça a été assez dramatique, On est dans un contexte marché où le besoin existe. L'objet pour nous maintenant, c'est de prendre le plus rapidement possible avec FireTracking de la part de marché pour devenir des acteurs référents dans le domaine au niveau international. C'est tout le projet d'accélération et l'exercice d'ailleurs de levée de fonds qu'on organise avec Jean-Simon actuellement pour passer et accélérer à l'étape supérieure.
Monde Numérique:
[
11:59] Est-ce qu'une solution comme FireTracking aurait permis d'éviter les catastrophes qu'on a pu voir récemment ? Alors, en France, on a été, entre guillemets, un petit peu épargné ces toutes dernières années, mais comme vous l'avez dit, c'est notamment la Californie, il y avait eu avant le Canada, etc. Ça aurait pu éviter ça ?
Jean-Simon Chaudier:
[
12:19] Alors, je pense que ce serait extrêmement prétentieux de dire qu'on pourrait éviter toutes ces catastrophes. Nous, ce qu'on apporte, c'est une capacité à pouvoir réagir au plus tôt sur des départs de feu dans toutes les zones qu'on surveille. Après on n'est pas les pompiers derrière pour pouvoir intervenir c'est juste on leur permet de pouvoir intervenir beaucoup plus vite si on est sur une zone qui reste difficile d'accès parfois comme c'est le cas qu'on peut avoir aux Etats-Unis, bah oui les feux vont quand même continuer à se propager, en revanche pouvoir leur apporter quelques minutes ou quelques dizaines de minutes parfois de rapidité pour pouvoir intervenir derrière c'est des centaines d'hectares qu'on peut réussir à préserver, voire même des milliers quand on parle de méga-feux. Donc, ce qu'on leur permet, en fait, c'est vraiment de réussir à contenir au maximum ces feux grâce à cette détection précoce. On ne permettra pas de les éviter, mais on permettra, en tout cas, d'essayer de tâcher de limiter, en tout cas, leur impact.
Monde Numérique:
[
13:21] Il y a une chose qu'en tant que grand public, on a peut-être du mal à percevoir, c'est l'ampleur parfois que ça prend.
Monde Numérique:
[
13:30] Les forêts, c'est grand, il en existe très grande. Il faut quelle infrastructure ? Par exemple, je ne sais pas, pour protéger, surveiller la forêt des Landes ou une forêt dans le sud-est, etc., il faudrait combien de caméras ? Il faut quoi comme dispositif ?
Jean-Simon Chaudier:
[
13:44] Par exemple, pour notre projet de déploiement en France et en Indre-et-Loire, on va surveiller la quasi-totalité du département. Ça représente 95% des massifs forestiers. C'est plus de 1000 km² de forêts qui seront surveillés avec 12 points hauts équipés. Donc voilà ça donne un ordre de grandeur et ça en fait ce 12.0 pour 1000 km² c'est à peu près le standard qu'on retrouve en France.
Monde Numérique:
[
14:12] Merci messieurs Jean-Simon Chaudier CEO de Fire Tracking et Franck Abihsirra de Emerton Data à propos de cette solution de détection des incendies par intelligence artificielle Merci à tous les deux Merci.
Franck Abihsirra:
[
14:25] Merci Jérôme A bientôt.