DeepSync, l'IA chinoise qui bouleverse le secteur et l'affaire Lucie : retour sur une semaine mouvementée.
L’ère des IA frugales ?
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L’IA chinoise DeepSync ouvre-t-elle la voie à une nouvelle génération de modèles d’intelligence artificielle économes en énergie et en eau ?
Cette entreprise chinoise a développé un modèle d'IA d'une puissance comparable à ChatGPT, mais avec des coûts d'entraînement et d'utilisation radicalement inférieurs. L'annonce a provoqué une panique sur les marchés technologiques. Cependant, des interrogations subsistent : DeepSync aurait “pompé” les modèles occidentaux, notamment ceux d’OpenAI et de Meta, via un processus appelé "distillation". En outre, des failles de sécurité ont été décelées, entraînant des fuites massives de données personnelles.
Luc Julia, spécialiste de l’intelligence artificielle, décrypte les dessous de DeepSeek. (21:39)
Nouvelle alerte de Yoshua Bengio sur les dangers de l'IA
Le spécialiste canadien de l'intelligence artificielle, Yoshua Bengio, tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme sur les dangers liés au développement incontrôlé des IA avancées.
Dans un rapport commandé par le gouvernement britannique et signé par 96 experts de 30 pays, il met en garde contre trois risques majeurs : l'usage malveillant de l'IA (cyberattaques, désinformation), les biais et dysfonctionnements des modèles et enfin les perturbations économiques et sociétales qu'elles pourraient engendrer. Bengio plaide pour une régulation stricte et une coopération internationale afin d'éviter des dérives potentiellement dangereuses.
A écouter dans le “Debrief Transatlantique” avec Bruno Guglielminetti. (11:45)
Lucie : l'IA française ridiculisée sur Internet
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Elle avait pourtant fière allure, avec son beau visage tricolore… mais elle n’était visiblement pas prête.
Alors que la France tente de développer ses propres solutions d'IA, l'expérience de Lucie s'est avérée catastrophique. Développée par Linagora et le CNRS pour proposer une alternative éthique à ChatGPT, cette IA destinée au secteur éducatif a été débranchée en catastrophe seulement trois jours après son lancement. Le système a été submergé de requêtes absurdes, révélant ses défaillances majeures : incapacité à répondre correctement à des calculs simples et production de réponses farfelues (comme le poids des trous dans le gruyère). Lucie n'était visiblement pas prête à être présentée au public, un lancement trop précipité qui fait pâle figure face aux avancées américaines et chinoises. (04:48)
Quantique : Alice & Bob et Qandela en forme
Dans le domaine de l'informatique quantique, la France tire son épingle du jeu. Alice & Bob, startup spécialisée dans la correction des erreurs quantiques, a levé 100 millions d'euros pour développer un processeur quantique de 100 qubits d'ici 2026. De son côté, Qandela annonce une percée majeure dans la réduction des erreurs de calcul en quantique photonique. Une preuve que l'innovation européenne dans ce secteur stratégique est bien vivante. (07:37)
Vers la fin des zones blanches grâce aux satellites
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Un tournant technologique majeur s'annonce : la communication par satellite pour tous. Apple a réalisé un test aux États-Unis permettant de passer des appels vocaux via le réseau Starlink avec un simple iPhone. Vodafone a fait encore mieux au Royaume-Uni en réalisant le premier appel visio par satellite avec un smartphone 4G/5G à peine modifié. Ces avancées marquent le début de la fin des zones blanches et pourraient permettre à terme de passer des appels depuis n'importe quel endroit sur Terre sans réseau mobile terrestre. (08:54)
Frogans : une révolution dans la diffusion de contenus ?
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[En partenariat avec Frogans]
Monde Numérique met en lumière une innovation française ambitieuse : Frogans. Conçue par la société F2R2, cette technologie vise à réinventer la manière de diffuser du contenu sur Internet, en s'affranchissant des contraintes du web traditionnel. Le projet, soutenu par une organisation de standardisation, vise à apporter une alternative plus respectueuse de la vie privée. Frogans sort actuellement de sa phase “beta”. Un projet initié il y a… plus de 20 ans.
Alexis Tamas, co-fondateur et dirigeant de F2R2, présente ce projet innovant. (30:35)
La biodiversité sous surveillance grâce: à l'ADN environnemental
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[En partenariat avec EDF]
EDF innove dans un domaine inattendu : la préservation de la biodiversité. L'entreprise a investi dans la startup Nature Metrics qui utilise l'ADN environnemental (eDNA) pour surveiller la faune et la flore. Cette technologie permet de détecter la présence d'espèces menacées ou disparues, simplement en analysant des fragments d'ADN laissés dans l'eau, le sol ou l'air. Une révolution pour les chercheurs et les industriels soucieux de leur impact écologique.
Julien Villeret, Directeur de l’Innovation d’EDF, explique l’intérêt de cette innovation. (42:23)
[GRAND DEBRIEF] Tech chinoise : l'Empire contre-attaque !
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Ne ratez pas le nouvel épisode du Grand Débrief !
Avec François Sorel et Bruno Guglielminetti
Dans ce premier épisode de l’année, on revient sur le CES 2025, où la tech a brillé mais sans grandes révolutions. On évoque aussi DeepSeek, la fameuse IA chinoise open source qui défie les géants américains. On s’interroge une fois encore sur la place de l’Europe, avec Mistral AI qui peine à rivaliser. Enfin, focus sur l’IA dans les médias, comme véritable outil de production.
À écouter ici mondenumerique.info/episode/grand-debrief-les-chinois-marquent-des-points-dans-la-tech
Transcription :
Monde Numérique :
[0:10] Et si on fabriquait des intelligences artificielles avec des bouts de ficelle
Monde Numérique :
[0:14] ? En tout cas face au gigantisme américain, le chinois DeepSeek rebat les cartes avec son IA bon marché. C'est le sujet de la semaine, on en parle avec Luc Julia, spécialiste de l'intelligence artificielle, qui nous expliquera pourquoi DeepSeek change les règles, mais aussi ce qui se cache derrière cette IA chinoise. Avant cela, l'actu de la semaine, on va revenir sur le fiasco Lucie, Une IA française lancée bien trop tôt, ridiculisée sur Internet. Dans le quantique, en revanche, tout va bien, avec des annonces de la part des pépites françaises du secteur. Et puis, passer un coup de fil par satellite avec son smartphone. Ce sera bientôt possible, en tout cas, des tests très intéressants ont eu lieu cette semaine. Dans le débrief transatlantique avec Bruno Guglielminetti, on évoquera le nouveau cri d'alarme du spécialiste de l'IA Joshua Benjo face au danger de l'intelligence artificielle.
Monde Numérique :
[1:14] Les interviews de la semaine, après Luc Julia qui sera désormais invité chaque mois dans Monde Numérique, vous allez tout savoir sur une technologie française innovante pour diffuser de l'information sur Internet en réinventant carrément le web. Je reçois le responsable du projet Frogans. Enfin, Julien Villeret d'EDF viendra nous parler d'un système étonnant pour surveiller la biodiversité grâce à l'ADN et au Big Data. Bienvenue à l'écoute de Monde numérique, c'est l'hebdo du 1er février 2025.
Guest:
[1:52] Monde numérique, Jérôme Colombain.
Monde Numérique :
[1:58] Comment allez-vous en cette nouvelle année pleine d'IA, encore une fois ? Vous avez fait le bon choix, celui de vous brancher sur Monde Numérique, de vous abonner à ce podcast qui vous propose chaque jour un éclairage sur l'actu tech qui change nos vies et notamment chaque samedi, l'hebdo, 50 minutes de news et d'interviews, plus d'une heure si vous êtes abonné à la version premium sur Apple Podcasts, les autres jours de la semaine, des chroniques sur l'actu tech, des éditos, des interviews long format disponibles sur toutes les plateformes, également sur YouTube en audio, et sur les assistants vocaux. Monde Numérique, c'est aussi une newsletter. Vous pouvez vous y abonner via le site mondenumérique.info. Parlez-en à vos amis et ne vous contentez pas de cliquer sur les épisodes, mais abonnez-vous à Monde Numérique pour ne rien rater. Cette semaine, ce qu'il ne faut pas rater, c'est le grand débrief, le rendez-vous mensuel que je vous propose avec mes camarades Bruno Guillain-Ninetti et François Sorel. On passe en revue l'actu des semaines à coulée. On n'est pas toujours très sérieux, en tout cas, on s'amuse bien, tout en essayant de vous informer. C'est l'épisode du 31 janvier à écouter juste après cette émission.
Monde Numérique :
[3:06] L'info de la semaine, c'est donc ce fameux DeepSeek. Vous n'avez pas pu passer à côté, c'est la surprise, que disent le choc, le séisme DeepSeek. DeepSeek, cette entreprise chinoise qui a dévoilé des modèles d'intelligence artificielle aussi puissants que notamment ChatGPT, mais qui coûterait beaucoup moins cher que les très très coûteux modèles américains. Beaucoup moins cher à la fois pour leur entraînement, c'est-à-dire leur conception, et aussi dans leur utilisation.
Monde Numérique :
[3:34] Résultat, panique à bord aux Etats-Unis, panique du côté des géants de l'IA, qui pourtant chantent sur tous les tons depuis des années à leurs actionnaires qu'il faut des milliards pour construire des IA performantes. Voilà que tout d'un coup, un nouveau venu casse le game. Alors, chute des valeurs technologiques au Nasdaq aux Etats-Unis, Trump qui parle d'un signal d'alarme pour les entreprises américaines, l'investisseur Marc Andresen qui évoque un moment Spoutnik, ce qui revient à dire « on s'est fait doubler », Bref, un véritable séisme, vous dis-je. Je vous en parle en détail dans un épisode séparé de Monde Numérique en date du 30 janvier. Et puis on va y revenir, bien évidemment, tout à l'heure, avec Luc Julia, je l'ai dit, qui démonte un peu ce qu'il y a derrière DeepSeek. Vous allez comprendre que les choses ne sont peut-être pas aussi simples qu'elles en ont l'air. Car derrière le succès de cette IA qui a provoqué un véritable buzz médiatique planétaire ces dernières semaines, eh bien, il y a aussi la face sombre de DeepSeek, OpenAI, notamment la start-up américaine, qui accusent les Chinois d'avoir un peu piqué ces modèles, d'avoir copié éhontément ChatGPT. En plus, visiblement, le bon marché a ses limites, mais ça, on le savait déjà, pas seulement en IA, car des chercheurs en cybersécurité ont découvert une faille majeure chez DeepSeek.
Monde Numérique :
[4:49] Provoquant la fuite, apparemment, de milliers, centaines de milliers de données, donc des données saisies par les utilisateurs du chatbot, et qu'on a retrouvées comme ça en libre accès sur le web, ça fait un peu désordre. Sans doute l'une des raisons pour lesquelles le modèle chinois est pour l'instant interdit en Italie et en Irlande. Et en France, la CNIL, de son côté, la Commission informatique et liberté, a annoncé également qu'elle allait lancer des investigations pour savoir si le chatbot chinois présentait ou pas des risques pour les données personnelles. Bref, beaucoup à dire à propos de ce deep-sync.
Monde Numérique :
[5:23] En France, pendant ce temps, malheureusement, gros flop cette semaine avec l'affaire Lucie. Lucie, une IA générative française développée par l'entreprise Linagora et le CNRS, destinée au secteur éducatif et présentée lorsqu'elle a été lancée en début de semaine comme une alternative éthique aux solutions américaines. Problème, trois jours après son lancement à peine, Lucie a dû être suspendue en catastrophe car le système a été inondé de requêtes, alors certes très farfelues, mais qui ont révélé qu'en fait, ce système ne fonctionnait pas du tout. C'est un peu classique, en fait, lorsqu'une nouvelle IA arrive, des petits rigolos s'amusent à la bombarder avec des questions absolument surréalistes. Par exemple, qu'est-ce que c'est que les œufs de vache ? Ou bien combien pèsent les trous dans le gruyère ? Ou encore des opérations arithmétiques pour tester ses capacités de calcul. Et à chaque fois, Lucie a lamentablement échoué, par exemple en annonçant que les trous d'angruyère pesaient entre 10 et 20 grammes ou que 2 plus 2 égale 17, bref, un véritable carnage. Présentée comme unie à open source, alimentée par des données uniquement en français, Lucie avait pourtant pour but d'offrir des réponses scientifiquement vérifiées tout en garantissant le respect des valeurs européennes. Le problème, c'est que visiblement, le produit a été lancé avant même d'être sec.
Monde Numérique :
[6:46] Un projet de recherche ont expliqué ces dirigeants, dans une démarche d'amélioration collaborative, visiblement, mais malheureusement, vu le contexte dans lequel on est, avec chaque jour des innovations plus spectaculaires les unes que les autres, eh bien, ça s'est vraiment mal passé. Alors, il faut dire que Lucie n'a vraiment pas fait l'objet d'une grande indulgence. Mais le fait est que le timing n'était pas très bon, après les annonces fracassantes aux Etats-Unis autour du projet Stargate, avant le sommet mondial de l'IA, ce grand événement qui doit avoir lieu à Paris les 10 et 11 janvier. Bref, c'est tombé au plus mauvais moment, extrêmement mal présenté. Lucie, pour autant, n'est pas mort. Certes, elle a été débranchée, mais l'initiative et l'expérience continuent avec un accès limité à des utilisateurs qui sont inscrits pour améliorer ce projet.
Monde Numérique :
[7:38] Heureusement, dans le quantique, en revanche, tout va bien, apparemment, avec des annonces intéressantes cette semaine en France. D'abord la start-up Alice & Bob, qui a annoncé une belle levée de fonds de 100 millions d'euros. Alice & Bob, c'est cette entreprise fondée en 2020 qui développe une technologie originale dite de 4 qubits pour corriger de manière naturelle les erreurs quantiques. C'est l'un des principaux défis de l'informatique quantique. Ces 100 millions d'euros doivent servir, doivent permettre à Alice et Bob d'accélérer le développement de son ordinateur quantique et de recruter une centaine de personnes. L'entreprise prévoit de commercialiser d'ici à 2026 un processeur quantique de 100 qubits logique, ce qui sera évidemment une étape importante vers un ordinateur quantique, utilisable ensuite commercialement. Dans le quantique toujours, une autre startup française du secteur promet des nouveautés pour bientôt, c'est Candela, qui doit dévoiler la semaine prochaine, ce qui est présenté comme une avancée majeure dans le domaine du quantique photonique. Ça concerne, là encore, les erreurs, les calculs, les fautes générées par l'informatique quantique et on aurait trouvé un moyen de réduire de manière significative ces erreurs de calcul. On en saura plus après le 7 février.
Monde Numérique :
[8:54] Allez, revenons à des choses plus terre-à-terre. Si vous possédez une montre connectée de sport de la marque Garmin, Mauvaise blague, cette semaine vous avez peut-être constaté que votre montre avait de gros problèmes et a sérieusement bugué, en tout cas ça concernait certains modèles de la marque Garmin. A la place des fonctions habituelles, les utilisateurs ont vu apparaître un étrange logo en triangle surnommé le triangle bleu de la mort. Problème dû au GPS visiblement. Garmin a reconnu qu'il y avait un bug, c'est-à-dire vraiment une erreur de code dans certains de ses fichiers suite à une mise à jour récente qui provoquait une panne mondiale dès qu'on faisait appel au GPS. Alors pour régler le problème rapidement, la marque recommande de redémarrer sa montre ou en dernier recours de faire une restauration complète des paramètres d'usine et ensuite de ne pas utiliser les fonctions liées au GPS en attendant un correctif.
Monde Numérique :
[9:52] Et on termine avec une avancée intéressante en matière de télécom. Apple a réalisé aux Etats-Unis un test de communication directe avec un iPhone via les satellites Starlink. Cela dans le cadre d'un partenariat avec l'opérateur T-Mobile. Alors, on sait qu'on peut déjà envoyer avec un iPhone des messages d'urgence par satellite ou avec une Apple Watch d'ailleurs, lorsqu'il n'y a pas de réseau. C'est une fonction qui a été introduite il y a quelques temps.
Monde Numérique :
[10:20] Ça permet, en cas d'urgence, de communiquer, mais c'est limité au message écrit. Là, il s'agit d'aller plus loin en préparant l'utilisation pour des appels vocaux via les satellites. Ça veut dire qu'on pourra, à terme, passer des coups de fil de n'importe où sur la planète directement avec son iPhone. On appelle ça le direct to sell. Ça ne veut pas dire que le satellite va remplacer les réseaux mobiles terrestres traditionnels à terme, mais c'est potentiellement une très bonne nouvelle, car ce serait une alternative très utile dans certains cas. Ce n'est pas tout. Au Royaume-Uni, on a fait encore mieux. L'opérateur Vodafone a réalisé, lui, un appel visio par satellite avec un smartphone classique 4G, 5G. Enfin, l'appareil a été légèrement modifié visiblement. Et c'est une première de réaliser véritablement un appel visio par satellite avec un smartphone classique. Ça passait par le réseau de satellites en orbite basse Bluebird. Vodafone projette de lancer commercialement ce service. d'ici un an environ. C'est donc une évolution vraiment intéressante parce que jusqu'à présent, les appels satellitaires étaient accessibles uniquement avec des téléphones spéciaux, avec des grosses antennes. Mais demain, on pourra peut-être passer des coups de fil grâce aux satellites depuis absolument n'importe où, depuis l'océan ou depuis une zone de montagne ou autre, non couverte par les réseaux terrestres. Et ce serait véritablement la fin des zones blanches à l'échelle planétaire.
Guest:
[11:46] Le débrief transatlantique. Jérôme Colombain, salut.
Monde Numérique :
[11:49] Bonjour Bruno Guglielminetti.
Guest:
[11:51] Est-ce que Paris se porte bien aujourd'hui?
Monde Numérique :
[11:53] Mais oui, Paris va bien. Je suis ravi de te retrouver pour ce débrief transatlantique hebdomadaire.
Guest:
[11:58] Jérôme, est-ce que tu as vu passer le nouvel appel de Yoshua Bengio?
Monde Numérique :
[12:05] Absolument. Je voulais que tu m'en parles parce que c'est quand même intéressant. Joshua Benjo, qui est canadien et qui est un grand pont de l'IA et qui remet une couche sur le côté attention, danger avec l'intelligence artificielle, c'est ça?
Guest:
[12:18] Oui, parce qu'il y a deux ans, il nous avait fait le coup et il avait signé à la fois aux Nations unies, mais aussi dans un manuscrit ou une pétition qui avait été faite par des gens de l'industrie sur le fait qu'il fallait regarder sérieusement les enjeux et les risques rattachés à l'utilisation de l'intelligence artificielle. Et là, il en remet, mais cette fois-ci, c'est à la demande du gouvernement britannique. Tu te souviendras, il y a eu un sommet il y a un an et quelques mois en Angleterre. D'ailleurs, c'était notre bon roi Charles III qui était le patron de l'événement. Et dans le cadre de l'événement, il y avait le premier ministre de l'époque qui avait mandaté, Joshua Benjo, à aller chercher des experts qu'il estimait pour écrire un rapport sur les risques, la sécurité entourant à l'IA avancée. Et donc, on vient d'avoir la publication. C'est 96 experts venant de 30 pays différents qui ont collaboré à l'œuvre. Yoshua Bengio en a assuré la direction.
Guest:
[13:22] Et finalement, on en arrive avec, puis il faut le faire parce que c'est des centaines de pages ce document-là, mais quand on arrive à extirper l'essentiel. On voit finalement qu'il y a trois risques qui sont et on ramène ça dans trois catégories. Il y a l'usage... Maintenant, ça devient très concret. Oui, oui, oui, parce que là, il y a l'usage malveillant de l'intelligence artificielle qu'on peut exploiter dans des cyberattaques, la création de contenus trompeurs. Bon, là, pensons aux des fakes, mais aussi à la désinformation. De l'autre côté, il y a les dysfonctionnements de l'IA en tant que tel qui peut présenter des billets. D'ailleurs, on en parle dans ton émission vendredi. Et puis aussi, il y a ce risque systémique, l'adoption de l'IA qui pourrait perturber le marché du travail, soulever des préoccupations en matière de vie privée, si c'est mal encadré. Et donc, pour ça, il arrive avec sa bande d'experts à arriver avec différentes mesures qui sont proposées. Je ne vais pas passer à travers, mais si ça vous intéresse, le chemin le plus court, je vous dirais, c'est vous allez sur moncarnet.com. Il y a un article, à la fin, il y a un lien pour aller télécharger. Il y a l'article, si vous voulez faire un résumé de la chose.
Monde Numérique :
[14:33] Qui est très, très bien.
Guest:
[14:34] Merci. Mais il y a un lien vers l'enquête, le rapport, pardon. Et puis, ça vous permettra de voir les grandes lignes. Mais je pense que c'est rafraîchissant et réaliste à ce moment-ci, surtout avec l'actualité des derniers jours, de nous ramener sur c'est beau, ça va bien, c'est formidable. Mais attention, il y a toujours des risques à utiliser l'IA si c'est mal utilisé et si son utilisation n'est pas contextualisée.
Monde Numérique :
[15:03] Tout à fait. C'est une vigie nécessaire, Joshua Benjo, comme d'autres. Mais c'est vrai que c'est une ligne de crête qui est difficile à tenir parce qu'il ne faut pas non plus effrayer. Tu vois, on en a déjà parlé ensemble. Le discours en Europe et en France est souvent anxiogène par rapport à l'IA.
Monde Numérique :
[15:23] C'est toujours oh là là tout ce que ça va changer tous les défauts tous les risques etc et alors que quand tu vas aux Etats-Unis c'est l'inverse c'est une espèce de c'est l'Eldorado c'est l'Eldorado, voilà donc il faut essayer de trouver un juste milieu en réalité et c'est ce juste milieu qui est difficile à trouver et je pense que c'est là où le sommet de l'IA à Paris va essayer de bien se positionner là-dessus ça va être une vision assez européenne j'espère que ce ne sera pas une vision trop négative ce serait dommage, mais il faut aussi parce qu'il faut quand même de l'optimisme mais il faut du réalisme enfin c'est vrai que c'est intéressant ce que dit Osha Benjo parce que du coup il met le doigt de manière très très concrète sur des risques qu'on a déjà, En fait, auquel on est déjà confronté aujourd'hui. C'est déjà une réalité, ces problématiques-là.
Guest:
[16:09] Mais selon toi, est-ce que tu as l'impression que va sortir du sommet une entente, une déclaration, quelque chose comme ça?
Monde Numérique :
[16:17] Écoute, je ne sais pas. Je pense qu'il y aura volonté de marquer le coup.
Guest:
[16:21] Parce que je sais que tu as des entrées à l'Élysée.
Monde Numérique :
[16:22] Oui, bien sûr. Je pense qu'il y aura des annonces d'Emmanuel Macron. Mais les annonces, il faut qu'elles soient européennes aujourd'hui. Moi, je me raccroche plus à ce qu'a pu déclarer récemment la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui essaye de fixer un cap, qui s'appuie sur le rapport Draghi. On en a parlé dans le Grand Débrief, tous les trois, avec François Sorel. Je pense qu'il faut que ce soit notre boussole, ce rapport Draghi, sur plein de points, et notamment sur l'intelligence artificielle. Donc, je ne sais pas trop ce qui va en ressortir. Il ne faut pas oublier que c'est aussi, politiquement, la France essaye de reprendre l'avantage parce que le premier sommet de ce genre-là avait eu lieu en Grande-Bretagne et ils avaient marqué des points, les Anglais, avec ce truc-là. Ils étaient les premiers à faire un grand sommet. Bon, voilà, après, il y aura beaucoup de déclarations d'intentions et puis des initiatives à droite à gauche. Moi, je n'arrête pas de recevoir des sollicitations pour des tas d'événements périphériques, d'entreprises, de groupements d'entreprises, etc. Chacun veut apporter sa pierre à l'édifice. Bon, ce n'est pas plus mal. On verra ce qu'il en ressortira. On en reparlera la semaine prochaine, mon cher Bruno. Bruno, qu'est-ce qui se passe dans ton carnet cette semaine?
Guest:
[17:37] Dans mon carnet, écoute, je te parle de trois sujets qui vont peut-être intéresser tes auditeurs. Je parle avec une des auteurs d'un nouveau livre qui sort en France qui s'appelle Révolution IA. C'est intéressant. Dans le cas de mon invitée, elle est mathématicienne. Elle passe sa vie entre la France et les États-Unis. Et justement, on, totalement différente entre les deux continents. Et puis aussi, de l'évolution, de l'intégration de l'IA un peu partout dans nos vies. J'accueille aussi Tarek Krim.
Monde Numérique :
[18:13] Ah, Tarek Krim.
Guest:
[18:15] Oui, Tarek Krim. Regarde, tu as Luc, Julia, moi je suis Tarek Krim. On se partage. Et puis avec lui, évidemment, je ne pouvais pas parler d'autre chose. Un des psyches à question de voir comment lui perçoit cet arrivé, comment ça va chambouler l'industrie. Et puis aussi, ce n'est pas rien. Dans deux semaines au Canada, c'est les Canadian Game Awards. Wow!
Monde Numérique :
[18:34] Qu'est-ce que c'est que ça?
Guest:
[18:35] C'est les grands prix du jeu vidéo. Tu sais qu'au Canada, il y a toute l'industrie du jeu vidéo.
Monde Numérique :
[18:40] Bien sûr.
Guest:
[18:41] Je pense que, de mémoire, c'est 5 % du PIB du Canada qui vient de l'industrie du jeu vidéo.
Monde Numérique :
[18:47] Ah oui?
Guest:
[18:47] C'est une grosse industrie. C'est des dizaines et des dizaines et des dizaines de milliers de gens qui travaillent à la grandeur du... Au Québec, il y a beaucoup de monde, mais à Toronto, à Vancouver, à Edmonton. Donc, tout ce beau monde-là se retrouve à Toronto. et puis j'ai en entrevue Carl Edwin Michel qui est le producteur exécutif de cette grande soirée de gala et ce qui est intéressant et ça je trouve ça va peut-être donner des idées à des français qui nous écoutent, c'est que plutôt que de faire juste un gala où on va donner des prix aux gens, ils utilisent le prétexte que l'industrie se retrouve à Toronto pour pendant la journée faire une exposition où les gens peuvent venir jouer aux jeux, venir essayer les titres canadiens, Puis quand on sait que 88% de ce qu'on produit est exporté en fête de titre, il y a des petits studios, il y a des immenses studios et c'est l'occasion pour les gens qui iront faire un tour à l'événement de tester, de voir des jeux, c'est gratuit, puis le soir, de participer au Galant.
Monde Numérique :
[19:46] Eh bien, écoute, c'est alléchant, tout ça.
Guest:
[19:49] J'espère.
Monde Numérique :
[19:49] Formidable. Mon cher Bruno, je te dis bye bye. J'invite tous nos auditeurs respectifs à nous retrouver dans le grand débrief avec François Sorel. Ça, c'est sur Monde Numérique, épisode du mois de janvier. Et puis, on se retrouve la semaine prochaine.
Guest:
[20:02] Allez, salut.
Monde Numérique :
[20:02] Salut, salut. Ciao, bye.
Guest:
[20:14] Monde Numérique, Le meilleur de la tech.
Monde Numérique :
[20:21] Les interviews de Monde Numérique, cette semaine, vous allez découvrir dans un instant ou peut-être redécouvrir Frogans, une technologie française très ambitieuse de diffusion d'informations sur Internet. Je dis redécouvrir car je les avais déjà reçues il y a deux ans et je suis heureux d'aujourd'hui de redonner la parole à Frogans pour qu'ils nous expliquent où ils en sont de ce projet méconnu à ce jour, mais qui... Suscite beaucoup d'intérêt. On recevra également Julien Villeret, directeur d'innovation d'EDF, comme chaque mois, pour nous parler cette fois de biodiversité, de technologie au service de la biodiversité. Vous comprendrez pourquoi EDF s'intéresse à ça. Mais avant cela, je suis très heureux de recevoir, comme promis, et comme ce sera le cas désormais une fois par mois, Luc Julia, spécialiste de l'intelligence artificielle, co-créateur du système Siri d'Apple, Aujourd'hui, directeur scientifique chez Renault, Luc Julia aura donc désormais son rond de serviette dans le monde numérique pour commenter l'actu tech et notamment l'actu de l'intelligence artificielle. Ces interviews sont proposées ici en version fortement raccourcie cette semaine. Donc, je vous invite vraiment à écouter les versions intégrales la semaine prochaine en épisodes séparés ou bien dès à présent dans l'hebdo premium version longue sur Apple Podcasts. Bonjour Luc Julia.
Guest:
[21:40] Bonjour Jérôme.
Monde Numérique :
[21:41] Ravi de t'accueillir dans Monde Numérique. Et donc, comme tu as accepté de le faire, on va se retrouver une fois par mois pour commenter l'actualité, notamment l'actualité de l'intelligence artificielle, car c'est ta spécialité. Tu vis entre la France et les États-Unis. Tu suis ça de très près. Alors, que penses-tu de ce fameux deep-seek ?
Guest:
[22:01] Deep Seek, comme je dis moi, mais bon, c'est parce que ça m'amuse. Mais deep-seek. Et donc, deep-seek, c'est quoi ? DeepSync, c'est donc cette IA qui n'a rien coûté, 6 millions pour faire un truc qui est équivalent en performance à un OpenAI, aux dernières générations d'OpenAI, qui ont mis des centaines de millions pour le créer. Donc le modèle est au moins aussi bon que OpenAI et même à l'inférence, il ne coûte rien. Parce qu'OpenAI, aujourd'hui, l'abonnement est à 20 dollars par mois. L'abonnement de DeepSync, c'est 50 cents par mois, donc l'inférence c'est à dire l'utilisation du modèle voilà au moment où tu l'utilises donc c'est 50 cents par mois ce qui est bon donc extraordinaire alors bon après il faut se calmer il faut regarder tranquillement, il faut se demander où est la vérité parce que bon ça vient de Chine c'est toujours un peu compliqué ce qui vient de Chine, et donc ici il y a certainement du vrai dans le fait qu'ils n'ont pas dépensé beaucoup de sous. On ne sait pas si M. Xi a donné un peu d'argent. On ne sait pas exactement.
Monde Numérique :
[23:13] Donc, le gouvernement, tu veux dire ?
Guest:
[23:15] Le gouvernement, M. le Président Xi. S'il a donné des sous ou pas. Donc, s'ils ont bénéficié des infrastructures chinoises et donc, du coup, qu'ils n'ont pas forcément payé. On ne sait pas si les 50 cents, c'est du dumping. Donc, il y a plein de choses qui sont un peu bizarres. Et puis là, maintenant, aujourd'hui, évidemment, on commence à se demander si les modèles n'ont pas été un peu copiés.
Monde Numérique :
[23:38] Et voilà, c'est ce que dit OpenAI, qu'en fait, ça a été entraîné par ce qu'on appelle distillation et donc ça revient à une forme de plagiat, c'est ça ? Qu'est-ce que c'est la distillation ?
Guest:
[23:50] En gros, la distillation, tu prends un modèle existant, alors les modèles sont plus ou moins open source, alors pas tous, les modèles d'OpenAI ne sont pas vraiment open source, donc c'est pour ça que c'est un peu bizarre que ce soit les modèles d'OpenAI, mais ça peut être, quand tu as un modèle open source, tu peux le prendre et tu peux changer, alors quand t'as l'open source t'as non seulement les données et t'as les algorithmes donc tu sais comment le modèle est créé et tu sais avec quelles données ils sont créés et donc tu peux toi rajouter tes propres données ou enlever des données pour pouvoir le changer un tout petit peu, on appelle ça aussi du fine tuning, d'accord donc on raffine en quelque sorte le modèle mais tu pars de quelque chose d'existant c'est, Assez coûteux, parce que quand ça coûte des millions de dollars, c'est quand même assez coûteux, mais c'est beaucoup moins coûteux que de partir de zéro. Là, comme c'est un modèle qui n'est pas open source a priori, le distilling, c'est qu'on prendrait les réponses déjà toutes faites et on ferait répondre le système à plein de questions et on récupérerait les réponses pour créer le modèle. C'est-à-dire que tu le crées à partir tu l'utilises, tu le fais tourner et tu fais tourner et tu suces les données pendant que tu fais tourner c'est du pompage.
Guest:
[25:04] Tu le fais marcher et tu le réenregistres c'est un enregistrement si tu veux en quelque sorte presque, mais tu crées le modèle pendant que tu enregistres mais est-ce que c'est illégal ça ? Oui ça pue c'est exactement ce qui s'est passé dans les premières versions de ces IA génératives, les premières versions des IA génératives, pomper Internet. Donc, si tu veux, c'était un peu la même idée, sauf que là, il fallait quand même créer le modèle. Là, maintenant qu'on connaît, on sait comment on crée des modèles, c'est beaucoup plus facile, en fait, à pomper. C'est-à-dire que quand tu regardes les open source, les open source t'expliquent comment tout ça est utilisé. Donc, c'est relativement facile entre aller chercher les données quelque part, les pomper, et puis après savoir comment tu fais, tu fais ce modèle. Et donc le chiffre de 6,5 millions ? A du sens. Si tu veux, dans ces cas-là, si c'est du pompage pur, si ça a du sens, ça serait possible.
Guest:
[26:01] Les gens de méta, donc ça, c'est les gens d'OpenEye qui disent ça aujourd'hui. La vérité, c'est qu'on en sait quand même à peu près rien. Donc, il faut un peu attendre quelques jours, au moins, pour avoir ces réponses, parce que les gens de méta disent la même chose. Et eux, ça serait un peu plus sensé, en fait, parce que méta est vraiment, enfin, c'est de l'open source à la à la Zuckerberg, c'est vrai que c'est pas du vrai open source, mais c'est quand même un peu plus open source, et donc ça serait beaucoup plus facile de couper les trucs de méta, d'accord ? Ça serait pas la peine de faire cette espèce d'enregistrement, tu vois, un peu comme on faisait c'est comme si tu faisais, que tu prenais avec un caméscope dans un cinéma le film, tu vois, comme il y avait beaucoup à un moment donné des DVD qui étaient piratés comme ça, tu vois, bon c'était dégueulasse mais c'est comme ça, donc ça, ça serait le truc qu'ils auraient fait avec OpenAI le truc qu'ils auraient fait avec méta, ça serait beaucoup plus joli, ça serait de cassette à cassette, tu vois, et tu copies et c'est joli. Donc ça serait plus sensé, mais bon, en gros, là, les gens commencent à dire quand même que en gros, c'est pompé, quoi. Parce que ce qu'on disait d'une manière assez, unanime dans les derniers mois, c'est que les Chinois avaient à peu près un an, deux ans de retard sur les IA génératives américaines, d'accord, de la côte ouest, donc là ça serait quand même un gap tu vois qui est franchi vachement rapidement ils.
Monde Numérique :
[27:29] Rattrapent leur retard avec cette manip.
Guest:
[27:30] Oui ils rattraperaient leur retard mais le truc qui est intéressant surtout avec avec DeepSeek c'est que ça serait entraîné sur des puces qui seraient d'une génération précédente et même peut-être pas des GPU, Alors ça veut dire quoi ? C'est pour ça que NVIDIA, le jour même, le lendemain, a perdu 17% de sa valeur en bourse. 17%, un milliard, c'est quand même pas mal. Plusieurs milliards d'ailleurs, pas un milliard, mais plusieurs milliards de dollars. Donc, il y a définitivement quelque chose qui est bizarre.
Monde Numérique :
[28:05] Luc, est-ce que tu penses que c'est quand même de nature à rebattre l'écart en matière d'IA ?
Guest:
[28:09] Pour moi, la bonne nouvelle, c'est que si vraiment il y a quelque chose qui a été fait, qui utilisent moins de ressources, d'accord ? Donc, pas forcément des GPU de dernière génération, mais qu'on utilise des CPU et des choses donc moins fortes. Ben, ça va dans le sens où je crois que ça devrait aller, dans le sens de la frugalité. Et donc, en même temps, ça met un grand coup dans la gueule à Stargate.
Monde Numérique :
[28:29] Oui.
Guest:
[28:29] D'accord ? Parce que c'est exactement le truc contraire. Et donc, ça, bon, ça, ça me fait plaisir. Je pense que c'est possible qu'on utilise des trucs plus frugaux. Je pense que c'est vraiment possible. Donc, ça, ça a définitivement une opportunité de rebattre les cartes parce que ça va permettre aux gens de réaliser que ce n'est pas la peine de faire un Stargate, que ce n'est pas la peine de continuer dans cette course. Je ne sais pas si tu m'as entendu parler des IA génératives dans la dernière année, mais moi, je suis persuadé que les IA génératives telles qu'elles sont aujourd'hui sont mortes. C'est terminé. On les a exploitées au maximum. On a fait des modèles avec beaucoup, beaucoup de données et on s'est aperçu que finalement, quand c'est des modèles qui sont trop génériques, il y avait quand même beaucoup d'erreurs, il y avait des hallucinations, il y avait tout ça, donc c'est des modèles qui ne sont pas vraiment, c'est rigolo, mais ce n'est pas vraiment exploitable, en générique, en général. Par contre, on a trouvé des solutions, on a trouvé des use cases pour les exploiter dans des domaines particuliers et c'est ce qu'on a vu après avoir fait plein de POC, plein de proof of concept partout dans tous les sens, on a trouvé des cas d'usage mais en fait on s'est aperçu que ce n'était pas la peine d'avoir le gros machin et qu'on pouvait faire soit du fine tuning dont on parlait tout à l'heure, soit ce qui s'appelle du RAG, qui sont en fait des diminutions de ces modèles et qui sont maintenant utilisables dans ces domaines particuliers.
Guest:
[29:47] Et ça, pour moi, c'est ça l'avenir. Et quand on parle d'IA agentique, par exemple, qui est censée être la prochaine génération de ces IA génératives, l'IA agentique, ce n'est pas autre chose que des, agents qui vont être spécialisés dans des domaines particuliers et qui vont collaborer, mais qui vont être spécialisés. Et donc, du coup, c'est pour moi exactement la marche normale de ces IA, elles vont devenir plus spécialisées, plus frugales, et plus intéressantes aussi, et plus éthiques à être utilisées.
Monde Numérique :
[30:22] Merci Luc, Julia, et je te dis au mois prochain.
Guest:
[30:26] Avec plaisir, on trouvera certainement quelque chose d'autre.
Monde Numérique :
[30:35] Peut-on réinventer le web ? En tout cas, proposer une solution alternative complémentaire pour diffuser de l'information sur Internet. Eh bien, c'est le pari audacieux et ambitieux d'une start-up française qui a mis au point une innovation technologique assez surprenante. Bonjour Alexis Tamas.
Guest:
[30:55] Bonjour Jérôme.
Monde Numérique :
[30:56] Vous êtes président et cofondateur de F2R2, une société qui a mis au point Frogans, une technologie ambitieuse, je le disais, de publication de contenu en ligne que l'on va examiner en détail. Je précise que cette interview est réalisée en partenariat avec Frogans. Alors Alexis Tamas, comment définissez-vous Frogans ?
Guest:
[31:18] Alors Frogans, en fait, c'est une nouvelle technologie pour publier des contenus et des services sur Internet, avec comme ambition de fabriquer un nouvel espace de communication avec des nouveaux types de sites, mais tout en étant un espace aussi ouvert que celui qui existe déjà, qui s'appelle le web, évidemment, qu'on connaît bien et qui permet de faire des sites web. Donc, c'est un nouveau web, on pourrait dire, c'est-à-dire un nouvel espace pour publier des sites.
Monde Numérique :
[31:41] Alors, pour qu'on comprenne bien, c'est vraiment des sites qui ne ressemblent pas à des sites, c'est-à-dire qu'on sort de la fenêtre classique, rectangulaire, du navigateur et on se retrouve avec des éléments qui sont beaucoup plus graphiques.
Guest:
[31:55] Absolument. On a voulu, justement, en inventant ce nouvel espace de communication, lui donner des propriétés différentes de celles qu'on connaît avec le web. Donc, le web, ces grandes fenêtres rectangulaires que vous indiquez, dans lesquelles on peut naviguer et qui sont extrêmement riches, et qui est le seul système aujourd'hui pour faire de la publication de contenus complètement ouvertes au niveau mondial. Et avec Frogance, on a décidé de trouver une autre ergonomie, de trouver quelque chose qui permette aux utilisateurs d'avoir une intuition plus forte quand ils naviguent, d'avoir des petits objets sur l'écran, un petit peu comme on pouvait voir des widgets il y a quelques années.
Monde Numérique :
[32:29] Oui, tout à fait.
Guest:
[32:30] Mais qui ne sont donc pas des widgets, ce ne sont pas des logiciels, ce sont vraiment des sites dans lesquels on peut naviguer et qu'on retrouve ensuite sur n'importe quel terminal connecté à Internet. Et donc là, par rapport à un widget, on va se retrouver avec une technologie de publication de pages. Alors, on appelle dans Frogance, on appelle ça des slides. Frogance, ce sont l'équivalent des pages. et qui ont des formes un peu comme on souhaite, comme l'auteur le souhaite, avec comme principe clé que la technologie n'apparaisse plus à l'œil de l'utilisateur, mais que seul le contenu soit visible à l'écran. Donc, c'est pour ça qu'on peut se retrouver avec des sites Frogans qui ont des formes.
Monde Numérique :
[33:01] Un peu bizarroïde.
Guest:
[33:03] Un peu bizarroïde et dans tous les sens.
Monde Numérique :
[33:04] Donc quoi, par exemple, un site d'information ? On peut avoir un site d'information.
Guest:
[33:08] C'est vraiment une application très élémentaire qu'on peut avoir sur différents types de sujets. On peut aussi interagir avec un site Frogance, c'est-à-dire rentrer des informations pour obtenir des réponses. Donc, d'une certaine manière, on peut converser avec un site Frogance et on va pouvoir retrouver n'importe quelle information qui existe en numérique quelque part. Donc, il y a un effet aussi de capitalisation sur les contenus qui existent déjà. Mais c'est bien un système de publication, c'est-à-dire qu'il y a des éditeurs de contenu dans notre système comme il y a des éditeurs de sites web. C'est donc des propositions de contenu faites par des éditeurs de contenus.
Monde Numérique :
[33:39] Le but du jeu, c'est quoi ? C'est de concurrencer le web ou c'est d'apporter quelque chose de plus ?
Guest:
[33:43] Alors, c'est une très bonne question. L'idée n'était pas du tout de concurrencer le web ou d'essayer de le remplacer. Nous, on est des fans du web et on le trouve extraordinaire. C'est un outil formidable. C'est ce qui, d'ailleurs, a permis l'essor d'Internet. Ça a donné une fonctionnalité à Internet en tant que, j'entends, l'Internet réseau de transport de données. Mais donc, le web en tant qu'application qui permet de publier des sites web à donner un essor énorme à l'Internet. Mais en revanche, c'est le seul système vraiment ouvert. Donc, en fait, on s'est dit, c'est quand même bizarre que dans une technologie, on soit tous sur la même. Il y a quelque chose qui est...
Monde Numérique :
[34:14] Elle veut dire qu'elle marche pas mal.
Guest:
[34:15] Elle marche bien, mais en même temps, elle a dans son ADN des choses qui sont un peu anciennes. Par exemple, on souffre tous énormément du respect de la vie privée. On a beaucoup de cookies qui nous sont sans arrêt, sur lesquels sans arrêt, il faut valider, dévalider, invalider, etc., l'acceptation.
Monde Numérique :
[34:32] Mais en quoi c'est différent sur Frogan's ?
Guest:
[34:33] Sur Frogan's, en fait, on est parti avec un peu d'écart par rapport au web. On a eu la chance de voir le web naître et se développer. Et on a pu voir, justement, un certain nombre de problématiques sur la sécurité, sur le respect de la vie privée et dans lesquelles on a apporté, puisqu'on est reparti avec un ensemble de technologies nouvelles, on a pu intégrer dans l'ADN de la technologie Frogans, justement, des réponses un peu innovantes à ces questions-là.
Monde Numérique :
[34:58] D'accord, on peut dire qu'il y a de la, comment dire, privacy, enfin, du respect de la vie privée by design ?
Guest:
[35:04] Exactement. Par exemple, ce qu'il faut, c'est arriver à donner à l'utilisateur le choix entre un site et un autre. Et c'est très difficile sur le web. Dans Frogans, on a résolu le problème très simplement en disant, à partir du moment, et on va prévenir l'utilisateur final, on va lui apprendre à faire une seule chose, Mettre un site Frogans dans ses favoris, c'est accepter d'être reconnu à la prochaine visite. En revanche, si je ne mets pas un site Frogans dans les favoris, je ne serais pas reconnu à ma prochaine visite.
Monde Numérique :
[35:31] Alors, on va aller un peu plus en détail, Alexis Tamas, sur le fonctionnement. Il faut faire un peu de pédagogie parce qu'on l'a évoqué. C'est un nouveau protocole. Ça veut dire que... Et c'est là où c'est très ambitieux. Vous vous positionnez, en fait, sur le même niveau que le web. Parce que ce que les gens ne savent pas, Beaucoup de gens mélangent Internet, le web, tout ça, c'est pareil, c'est la même bouillie. Et non, d'un point de vue technologique, Internet, c'est la couche de base, c'est le réseau qui avait été inventé par Vinton Cerf, Bob Kahn, etc. dans les années 70 aux Etats-Unis. Et le World Wide Web, c'est autre chose. On a mis par-dessus cette couche qui permet de créer des sites web inventés par Tim Berners-Lee dix ans plus tard. Et vous, vous arrivez 50 ans après en disant « Coucou, nous, on veut bien rajouter encore autre chose. » Il y a aussi d'autres trucs, c'est ça. Il y a le FTP, il y a le mail qui sont aussi des protocoles. Et vous, vous dites, coucou, on arrive, on va rajouter une couche, quoi, en fait.
Guest:
[36:21] Ce qui est formidable avec le réseau Internet dont vous avez évoqué les fondateurs, c'est qu'effectivement, il a été conçu comme un système totalement ouvert. Des applications peuvent s'introduire et fonctionner et faire fonctionner des protocoles. Donc, effectivement, dans Frogan, en fait, on a pris conscience, un peu comme tout le monde, ceux qui regardent d'un peu près, comme vous, Et puis, voilà, les experts, on a pris conscience, effectivement, de ce niveau d'ouverture, que c'était, il n'y a pas besoin de demander d'autorisation. Je pense que quand Skype a débarqué avec la téléphonie sur Internet, il ne l'a demandé à personne, en fait. Et donc, c'est ça qui est assez extraordinaire avec ce réseau, c'est cette capacité d'accueillir des applications nouvelles qui viennent de nulle part, enfin, qui débarquent du jour au lendemain et qui, peut-être, deviennent des standards par la suite.
Monde Numérique :
[37:08] Ce qui est amusant, c'est que vous l'avez présenté à Vinton Cerf, qui est, je l'ai dit, le papa d'Internet, l'un des papas d'Internet. Vous lui avez montré, Frogans, qu'est-ce qu'il a dit ?
Guest:
[37:18] Alors absolument, on a eu la chance, par un des administrateurs d'une des structures dont on parlera tout à l'heure, donc au P3FT, on a eu la chance de rencontrer les fondateurs d'Internet. Donc il y avait lui, Vinton Cerf et aussi Steve Crocker. Et donc, on a été les voir à Washington pour leur présenter à plusieurs reprises, en fait, le projet. Alors, ce qui, eux, les a intéressés de la manière la plus importante, ça a été justement tout ce qu'on pouvait faire avec un système d'adressage nouveau. Donc, notamment le caractère déterministe des connexions, puisque, bon, eux ont inventé le TCP. Donc, TCP, c'est le système de connexion. Et au-dessus, ensuite, le web est venu avec HTTP.
Monde Numérique :
[37:57] Si je suis développeur, je suis séduit par ce que vous venez de me dire, j'ai envie de développer mon propre site. C'est possible aujourd'hui ? Vous en êtes où ?
Guest:
[38:05] Alors, nous, on a démarré une période bêta il y a quelques mois qui est en train de se terminer et qui nous a permis de mettre au point le rendu des slides Frogance avec le FSDL, par exemple, mais aussi toute l'infrastructure d'adressage, etc. Donc oui, il est tout à fait possible de faire des sites Frogance en FSDL, version 4. Les entités que nous avons créées autour du projet Frogan ne sont pas des entités de formation particulièrement, ce sont plutôt des organisations de standardisation. Les productions qui existent qui sont faites au sein du projet sont assez arides. Ce qu'on s'attend plutôt à voir, c'est une petite période dans laquelle des éditeurs de sites qui font des cours, des tutoriels, des vidéos de formation vont faire ces cours.
Monde Numérique :
[38:52] Alexis Tamas, ce qu'on n'a pas dit c'est donc un petit peu qui vous êtes vous êtes une équipe une trentaine d'ingénieurs, Oui, on est.
Guest:
[39:00] Une équipe de 25 personnes actuellement, un petit peu plus. Il y a beaucoup d'ingénieurs, de développeurs, bien entendu. Mais comme c'est un projet qui est au-delà un peu de la simple informatique, il y a beaucoup de choses à faire. Par exemple, quand on diffuse des standards ouverts, ce n'est pas juste un mot, le standard ouvert, il faut qu'il y ait une organisation de standardisation derrière, sinon c'est juste du vent. Donc, il y a des juristes dans l'histoire. Il y a beaucoup de métiers pour arriver à mettre en place un projet à ce niveau-là. à ce niveau international.
Monde Numérique :
[39:30] Mais alors, oui, voilà, et c'est ça. Il faut préciser que ça fait, ça ne date pas d'hier, Frogan, vous ne l'avez pas inventé avant-hier, ça fait des années que vous travaillez là-dessus, ça fait quoi ? Plus de 20 ans ?
Guest:
[39:40] Oui, absolument. Bon, disons que le projet, dans sa vision initiale, c'est le même, on peut dire, oui. On veut un outil de publication, un standard de publication. Cette idée du standard ouvert est déjà présente, mais évidemment, si on remonte 20 ans en arrière, il n'y a pas de mobile.
Monde Numérique :
[39:56] On est encore un peu tous sur Windows. La situation n'était pas la même. Il n'y avait pas de casque de réalité virtuelle.
Guest:
[40:01] Non, rien du tout. Et donc, en fait, il y a eu 20 ans absolument incroyables en termes d'innovation. Enfin, vous êtes bien placé pour le savoir. Et donc, c'est dans cette période-là, en fait, que le projet, petit à petit, s'est construit. D'accord. Et aujourd'hui, il a pris un... Alors, il y a une dizaine d'années, effectivement, on a créé l'organisation de standardisation qui héberge la technologie. D'accord. Et qui garantit qu'elle restera perpétuellement accessible à tous.
Monde Numérique :
[40:26] Donc, il y a l'entreprise commerciale et puis il y a l'organisation de standardisation qui s'appelle OP3FT.
Guest:
[40:35] Qui s'appelle OP3FT, l'organisation pour la promotion, le progrès et la protection de la technologie Frogan. D'accord. Et qui est donc basée en France. Elle est établie sous la forme d'un fonds de dotation. Donc, ça veut dire que la technologie Frogan est dans la dotation de l'OP3FT. Et ce qui permet de garantir qu'elle ne sera jamais, elle ne reviendra jamais dans les mains d'un industriel.
Monde Numérique :
[40:58] Elle ne peut pas être rachetée. Elle ne peut pas être rachetée. Si demain, Google, Meta veut s'en emparer, ce n'est pas possible.
Guest:
[41:04] Non, il y a eu un apport. On a à un moment donné apporté la technologie Frogance à cette organisation de standardisation, justement pour la périnise. C'était un acte irréversible des gens qui ont créé le projet et des actionnaires de la société d'alors, qui était la start-up initiale. Et donc, dans ce cadre-là, effectivement, cet OP3FT est devenu, en fait, le pilote du projet dans la durée, avec des statuts très précis sur la gouvernance, sur l'utilisation des standards ouverts, etc. Et qui permet, et qui aujourd'hui, a une antenne locale en Chine, donc à Pékin, et une antenne en création, là, à Washington, aux États-Unis.
Monde Numérique :
[41:43] Très bien, merci beaucoup Alexis Tamas, cofondateur et dirigeant de la société F2R2, vous savez tout maintenant sur le projet Frogans. Et retrouvez cette interview en intégralité la semaine prochaine sur le fil du podcast Monde Numérique, ainsi que la version vidéo prochainement sur la chaîne YouTube de Monde Numérique. Bonjour Julien Villeret.
Guest:
[42:24] Bonjour Jérôme.
Monde Numérique :
[42:26] Bien rentré de Las Vegas.
Guest:
[42:27] Et oui, avec un petit virus comme tout le monde, mais pas mal.
Monde Numérique :
[42:30] Évidemment. Directeur de l'innovation d'EDF, on se retrouve comme chaque mois
Monde Numérique :
[42:35] en partenariat sur Monde Numérique. Et pour parler, Julien, cette fois-ci de biodiversité. Alors, ça interpelle comme thème parce que quel est le rapport entre la biodiversité et, on va dire, la vie des entreprises, notamment une entreprise comme EDF ?
Guest:
[42:52] Oui, et puis la technologie aussi, parce qu'évidemment, l'idée, c'est de parler aussi de technologie ensemble. Mais pour commencer juste, la biodiversité, c'est quoi ? C'est finalement peut-être l'enjeu avec le climat le plus crucial pour la planète. Ça regroupe pas mal de dimensions. La surexploitation des espèces animales et végétales. On sait très bien qu'on utilise pour nos besoins pas mal d'espèces animales et végétales. Il y a de l'extinction, de nombreuses espèces. On l'a connue avec l'exploitation du cuir, par exemple. C'est pour donner juste un exemple. Le changement climatique perturbe complètement les écosystèmes, la pollution atmosphérique, la pollution plastique détruit les habitats de beaucoup d'animaux. On sait qu'il y a des espèces exotiques aussi qui nous envahissent, on l'entend souvent dans les médias, dans le sud de la France, dans les îles. Il y a des menaces pour les espèces locales d'espèces qui n'étaient pas habituellement présentes sur ces territoires et qui viennent bouleverser ces équilibres écologiques. Bref, cette biodiversité, c'est-à-dire la diversité des espèces végétales et animales, c'est un des trois risques majeurs qui menacent la planète pour la prochaine décennie. Ça, ce n'est pas moi qui le dis. C'est le rapport qui s'appelle Global Risk Report de 2025 du World Economic Forum. C'est les gens qui organisent le forum de Davos. Pour eux, le problème de la perte de biodiversité et les fondements d'écosystèmes, c'est un des trois risques majeurs pour la planète. Donc, c'est vraiment quelque chose qui est alarmant et qui est alarmant pour les entreprises.
Guest:
[44:13] Si la température mondiale juste pour donner quelques exemples continue d'augmenter on pense qu'il y a 4% des mammifères qui vont perdre la moitié de leur habitat avec 1 degré seulement d'augmentation 2 degrés et si vous suivez les différentes actualités autour du climat même 2 degrés de réchauffement c'est un minimum qu'on peut imaginer dans les prochaines décennies c'est 8% et plus de 41% des habitats qui vont être détruits à 3 degrés les récifs coralliens c'est 99% qui sont voués à disparaître si le réchauffement atteint 2 degrés Donc, c'est évidemment très inquiétant. Et en fait, pour les entreprises, il faut savoir que plus de 50% du PIB mondial, 50%, la moitié du PIB de la planète, dépend directement de la nature. C'est-à-dire que les services que nous fournissent la nature, les matériaux, tout ce qu'on fait finalement avec la nature, c'est 50% de la valeur économique produite dans le monde. Donc évidemment, si on détruit la biodiversité et les écosystèmes, ce n'est pas qu'un problème moral, bien que c'est aussi un problème économique absolument majeur pour les entreprises.
Monde Numérique :
[45:16] Et alors, vous avez donc décidé d'investir dans une start-up qui agit spécifiquement sur ce secteur-là. Exactement.
Guest:
[45:26] Nous, en fait, on a des engagements très forts qui nous sont opposables. On a pris des engagements vraiment très forts. Globalement, pour les résumer, il y a quatre axes. L'idée, c'est évidemment de réduire nos impacts et notre pression sur la biodiversité, préserver les environnements où on est, parce que quand on installe un barrage hydroélectrique, quand on installe une usine, etc. L'idée, c'est aussi de restaurer la nature. Ce n'est évidemment pas de l'abîmer. Développer la connaissance sur ces sujets et puis transformer nos processus, nos façons de faire. Et c'est là où l'innovation arrive et est très intéressante au service de la biodiversité. C'est qu'on peut faire plein de choses avec la technologie pour être beaucoup plus vertueux sur le sujet de la biodiversité. D'abord, on peut observer et collecter des données.
Guest:
[46:12] Il y a des imageries satellites, il y a de la surveillance de drones, il y a de la bio-acoustique, c'est-à-dire qu'on détecte avec l'acoustique, donc avec les sons en fait, la présence d'espèces menacées, on détecte des migrations, etc. Et puis on peut même aller plus loin, et effectivement on a fait un investissement avec notre fonds de capitaliste récemment dans une société qui fait de l'ADN, environnemental, de l'IDNA, comme on dit en bon français, en anglais en l'occurrence. Alors c'est quoi ? C'est qu'en fait, il y a du matériel génétique, des fragments d'ADN, l'ADN on sait bien que c'est la chaîne finalement qui code le vivant, et donc il y a des fragments d'ADN qui sont présents dans des enchantillons environnementaux, dans l'eau, dans le sol, dans l'air ou les sédiments. Pour le dire très simplement, un animal qui passe à côté d'une rivière ou sur un peu d'herbe, il laisse des poils, il laisse des fragments d'ADN, de la salive, différentes sécrétions, etc. Ça vient des cellules, des tissus corporels qui sont laissés, et en fait, cet ADN environnemental permet de détecter la présence d'espèces rares, menacées de façon totalement non-invasive et très efficace. Par exemple, avec ces technologies, on a trouvé des hippopotames pygmées au Libéria ou des crocodiles du Siam au Cambodge. Donc ça, c'est évidemment pour aller retrouver des espèces rares, menacées ou qu'on imaginait.
Guest:
[47:29] Disparus, en fait. Et ça, c'est vraiment très simple comme technologie. Enfin, la technologie est très complexe, mais l'usage est très simple. On va prendre un fragment d'ADN, et donc prendre un fragment d'ADN, finalement, c'est comme si vous les connaissez, ces tests pour les humains, où on crache dans un tube à essai et à partir de la salive, on peut récupérer des fragments d'ADN. Là, en fait, on va faire des prélèvements de brins d'herbe, d'un peu de terre, de l'eau, etc.
Monde Numérique :
[47:53] Ou comme sur une scène de crime.
Guest:
[47:56] Exactement comme sur une scène de crime. on va séquencer cet ADN c'est-à-dire qu'on va le mettre dans une machine robotisée évidemment qui va le séquencer et derrière le comparer avec un catalogue, de toutes les espèces connues avec donc un catalogue d'ADN et ça permet deux choses, ça permet comme je l'ai dit pour les hippopotames pygmées par exemple de dire, eh bien là il y a telle espèce qui est présente, telles espèces au pluriel qui sont présentes mais aussi ça permet, si on veut faire des comparaisons, de se dire à un an d'intervalle ou à deux ans d'intervalle la biodiversité a augmenté de temps ou a baissé de temps et donc ça c'est évidemment quelque chose qui est un game changer pour utiliser là aussi un terme français c'est qu'avant c'était quoi ? C'était de l'observation il fallait avoir des gens avec des jumelles qui comptaient avec un petit carnet et un stylo je caricature mais c'est pas loin de ça maintenant avec des fragments d'ADN on est capable de faire cette surveillance finalement de la biodiversité et donc d'agir aussi pour permettre de voir si ce que l'on fait a du sens et fonctionne et développe la biodiversité mais aussi pour pouvoir avoir un état, j'allais dire à un instant T, très précis de cette biodiversité.
Monde Numérique :
[49:01] Voilà, l'ADN et le big data également, donc au service de la biodiversité. Merci beaucoup, Julien Villeret, directeur de l'innovation d'EDF.
Monde Numérique :
[49:20] C'est la fin de cet épisode de l'hebdo. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Merci de suivre Monde Numérique au quotidien. Merci d'être abonné à ce podcast. En tout cas, j'espère que vous êtes abonné. Si ce n'est pas le cas, cliquez tout de suite sur le petit bouton suivre afin de recevoir automatiquement tous les nouveaux épisodes dans votre application de podcast. Monde Numérique est également disponible, vous le savez, sur le web à l'adresse mondenumérique.info. Vous pouvez vous abonner à la newsletter pour recevoir des infos, des interviews chaque matin dans votre boîte mail. Merci pour vos messages cette semaine encore. Je n'ai pas cité d'auditeur, mais le cœur y est. Je suis toujours ravi de recevoir vos messages. Vous pouvez m'écrire soit via le site, soit via les réseaux sociaux. Merci également de soutenir financièrement Monde Numérique. Vous le savez, c'est possible en cliquant sur le lien dans la description de cet épisode et en faisant éventuellement un don si vous le souhaitez. On se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode de l'hebdo on se préparera pour la couverture du grand événement parisien le sommet de l'IA que je vous ferai vivre évidemment sur le monde numérique d'ici là, ne ratez pas les interviews en version intégrale les épisodes tout au long de la semaine je vous souhaite une très bonne semaine pleine de tech, salut !