Pierre-Yves Oudeyer, chercheur à INRIA et auteur du livre “C’est pas moi, c’est l’IA” (Nathan), explique pourquoi et comment utiliser l'IA à l'école.
“C’est pas moi, c’est l’IA”
Interview
Pierre-Yves Oudeyer, chercheur à INRIA, auteur de '“C’est pas moi, c’est l’IA”
Pourquoi ce livre et à qui s’adresse-t-il ?
L’intelligence artificielle transforme profondément notre société, et cela concerne aussi les plus jeunes. Aujourd’hui, environ 70 % des collégiens et lycéens utilisent des outils comme ChatGPT pour leurs devoirs, souvent sans comprendre les enjeux. Avec Didier Roy, nous avons voulu créer un ouvrage ludique et accessible pour aider enfants et adultes à mieux appréhender ces technologies, en développant leur esprit critique et leur curiosité.
Comment adapter l’école à l’IA à une époque où faire ses devoirs à la maison n’a quasiment plus de sens ?
Il est vrai que certains enseignants envisagent même de supprimer les devoirs, car les outils comme ChatGPT facilitent la triche en offrant des réponses toutes faites. Cependant, cette réaction pourrait passer à côté d’une opportunité précieuse. Plutôt que d’exclure ces outils, il est nécessaire de repenser leur rôle dans l’apprentissage. L’IA est là pour rester, et elle modifie profondément notre manière de travailler et d’apprendre. Les enseignants ont un rôle clé à jouer pour guider les élèves vers une utilisation constructive de ces technologies.
Au regard de vos travaux à INRIA sur les mécanismes de la curiosité, comment pensez-vous que l’on peut adopter l’IA dans la pédagogie ?
Il faut passer à un apprentissage actif : montrer aux élèves comment poser les bonnes questions, vérifier les informations générées par l’IA, et développer une pensée critique face aux réponses obtenues. Par exemple, un exercice pourrait consister à demander aux élèves d’évaluer et de compléter les réponses de ChatGPT, ou de le contredire en s’appuyant sur leurs propres recherches. En intégrant ces outils dans les pratiques pédagogiques, l’école peut non seulement s’adapter à ces changements, mais aussi armer les élèves pour devenir des utilisateurs responsables et avertis de l’intelligence artificielle.