Marc de Beaucorps:
[
0:01] Alors, la Gen AI, ça existe depuis quelques temps, mais ça ne permettait pas forcément de générer des faux documents.
Marc de Beaucorps:
[
0:06] Et aujourd'hui, on voit des faux documents, là, ça fait 3-4 mois en gros, qui sont assez bien faits avec de la Gen AI. Donc, nous, on travaille là-dessus sur deux aspects. C'est un, analyser la cohérence des documents, parce que les Gen AI, en fait, elles vont avoir des problèmes de cohérence au niveau de la génération des documents,
Marc de Beaucorps:
[
0:23] surtout sur des factures, des fiches de paye. Et la deuxième chose, c'est qu'on va analyser, du coup, encore une fois, le contenant. et regarder est-ce qu'au niveau des pixels, des alignements, ou est-ce qu'au niveau de la structure du code, il y a des anomalies qui font dire que c'est de la Gen AI.
Monde Numérique :
[
0:45] Avec le numérique et notamment l'intelligence artificielle générative, il devient de plus en plus facile de générer des faux documents. Fausse carte d'identité, fausse fiche de paie, faux relevé bancaire, faux diplôme, etc. Bonjour Marc de Beaucorps.
Marc de Beaucorps:
[
0:58] Bonjour Jérôme.
Monde Numérique :
[
0:59] Vous êtes fondateur de la société Finovox, spécialisée dans la détection de fraudes documentaires. Alors, vous allez nous expliquer de quelle manière, mais d'abord, quelle est l'ampleur de ce phénomène en France ?
Marc de Beaucorps:
[
1:10] L'ampleur, il se compte en plusieurs milliards. L'ampleur dans le service public, ça se compte entre 15 et 20 milliards. Et dans le service privé, c'est des chiffres assez similaires. Alors, par définition, c'est toujours compliqué de trouver des chiffres sur la fraude, parce que quand une assurance se fait frauder et rembourse une facture trop élevée, elle ne le sait pas. Donc, en fait, nous, on a collecté pas mal de chiffres. On a pris le problème dans l'autre sens et on est allé voir des gens dans la rue. On est passé au cabinet de sondage qui est allé voir 3 500 personnes en France. Après, on a fait le même en Belgique. On est allé voir 3 000 personnes en Belgique. Et donc, de façon anonyme, de 16 à 99 ans. Et là, on posait des questions très simples. Par exemple, est-ce que vous avez fraudé à l'assurance l'année dernière ? Il y en a 10,8% qui ont affirmé avoir fraudé l'assurance l'année précédente.
Monde Numérique :
[
2:06] Ah ouais, quand même.
Marc de Beaucorps:
[
2:09] Et on a posé une deuxième question qui était assez intéressante, c'est est-ce que dans votre fraude, vous avez abouti votre fraude ? Est-ce que vous avez réussi ? 72% d'entre eux qui ont affirmé être allés au bout de leur fraude et ne se sont pas fait attraper.
Monde Numérique :
[
2:25] D'accord. Et qu'est-ce qui est le plus falsifié ?
Marc de Beaucorps:
[
2:30] Dans l'ordre, les documents d'identité, puis les fiches de paye, puis les factures. Ça, c'est un ordre un peu général. En fonction des cas d'usage des métiers, ça peut varier. Ça peut être la fiche de paye en premier sur une demande de crédit ou la facture en premier sur une demande d'assurance.
Monde Numérique :
[
2:46] Il y a un type de fraude dont on entend pas mal parler en ce moment, c'est tout ce qui concerne l'assurance maladie, etc. D'une manière générale, tout ce qui touche les services publics, c'est une part importante, la fraude documentaire ?
Marc de Beaucorps:
[
3:02] L'État, c'est plus de 50% des dépenses du PIB en France. Donc, évidemment que l'État n'y coupe pas. Et on voit des taux de fraude qui sont assez élevés, effectivement, à l'assurance maladie, à la CNAF, mais aussi dans les... Dans les différentes branches de financement, par exemple, ma prime rénov', on se rend compte que les taux de fraude sont similaires dans le privé et dans le public, mais les dépenses dans le public sont tellement énormes. Si vous appliquez un taux de fraude de 10,8% sur l'ensemble des branches, en fait, à la fin, quand on fait un produit en croix, c'est 17 milliards de fraudes documentaires dans les services publics. Et ça, c'est très, très alarmant. Et en fait, ce qui nous alarme plus, c'est que vous avez déjà beaucoup d'acteurs qui font ça un peu intentionnellement. Et vous avez des acteurs qui sont à l'étranger, donc très difficiles à attraper. Et vu que les services publics sont quand même une grosse machine qui ne peut pas faire d'erreur, ils mettent du temps à contrer.
Monde Numérique :
[
4:05] Mais c'est quoi ? C'est quel type de faux documents ? Parce que fabriquer une carte vitale, par exemple, ce n'est pas évident, ce n'est pas donné à tout le monde.
Marc de Beaucorps:
[
4:11] Vu que les parcours sont digitaux, je ne veux pas non plus donner un tuto comment faire, mais je peux vous assurer que c'est...
Monde Numérique :
[
4:19] C'est jouable.
Marc de Beaucorps:
[
4:20] Style où vous voulez toucher rentrer indûment dans un logement social c'est l'inverse d'un parcours de crédit où d'habitude vous avez tendance à augmenter votre fiche de paye là vous diminuez votre fiche de paye et vous prouvez par A plus B que vous êtes éligible, et derrière c'est l'équivalent de 500 euros par mois qui sont volés et vous piquez la place de quelqu'un d'autre, et tout ça c'est l'argent public l'argent de tout le monde et en parallèle en fait on voit que l'état fait tout pour diminuer les dépenses qu'il y a de la dette.
Monde Numérique :
[
4:51] Chercher des économies.
Marc de Beaucorps:
[
4:52] Chercher des économies, et donc l'État a dit « je dois chercher 10 milliards » et en parallèle, nous, on voit que la fraude documentaire, c'est 17 milliards. Donc, voilà, c'est tout le travail pour nous et c'est aussi pour ça que ça me fait vachement plaisir de faire ce genre d'intervention. C'est qu'il faut mettre en avant ça et de dire « là, on va trouver 17 milliards en plus à des gens qui sont des fraudeurs.
Monde Numérique :
[
5:16] Alors, comment ça se passe ? Ces fraudeurs, comment font-ils ?
Marc de Beaucorps:
[
5:20] En fait, c'est hyper simple de faire un faux document. Je vous donne à vous, à n'importe qui, à un ordinateur, il saura chacun sa manière. Il y en a qui ont utilisé Word, PowerPoint. Il y en a qui sont un peu plus techniques, qui vont utiliser Photoshop ou les modificateurs de PDF. Et puis là, on voit arriver une nouvelle génération qui va utiliser des outils de générateurs d'IA, qui va aller sur Telegram et acheter des templates, ce qu'on appelait template farm. Vous avez des templates vierges, en fait, et que vous remplissez vos informations sur une carte vitale, une facture d'artier, etc. Donc, très facile de faire, de plus en plus de parcours digitaux. C'est quand même plus simple d'envoyer un faux document en cliquant sur un bouton que de le tendre en boutique, en regardant son banquier ou son assureur dans les yeux. Donc, naturellement, il y a eu un peu plus de fraude là-dessus. Et puis, il y a, je pense aussi, une certaine difficulté financière de la part de certaines entreprises et notamment de la jeune génération Notamment, pendant le Covid, on a vu une forte augmentation des fraudes.
Monde Numérique :
[
6:21] Ce sont plutôt des particuliers ou des entreprises qui font ça ?
Marc de Beaucorps:
[
6:25] C'est plutôt des particuliers. Et sur les entreprises, ça va être des entreprises particulières, c'est-à-dire des artisans, des gens qui ont des raisons vraiment personnelles de frauder. C'est assez rare de voir le comptable d'une très grosse entreprise frauder au nom de l'entreprise. En revanche, de voir un solo entrepreneur ou un actionnaire qui a 50% d'entreprises fraudées, ça, ça arrive.
Monde Numérique :
[
6:51] Et vous l'avez dit, c'est parce qu'il y a une vraie industrie, il y a une offre aujourd'hui. Ça s'est structuré, en fait. On peut trouver à peu près tout ce qu'on veut.
Marc de Beaucorps:
[
7:02] Ça s'est professionnalisé, un peu comme en cybersécurité. C'est-à-dire qu'avant, vous trouviez une faille, vous alliez exploiter la faille jusqu'au bout. Et en fait, aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, vous pouvez dupliquer la faille et vous vendre vos systèmes. Donc, vendre des formations, vendre des packs de fraude. Et il y a même des services à pré-vente, des communautés, des mises en avant, des publicités. Par exemple, j'ai fraudé tel organisme de telle manière, je peux vous fournir la méthode, 500 euros garantis. Et en fait, les gens vont aller vendre ces systèmes-là plutôt que d'aller frauder en direct. C'est moins risqué pour eux et ça génère beaucoup plus d'argent.
Monde Numérique :
[
7:41] Mais quels sont les risques quand même ? Parce qu'évidemment, c'est interdit, il faut le rappeler. Donc j'imagine qu'il y a quand même une réglementation.
Marc de Beaucorps:
[
7:51] Alors sur le papier, les risques sont importants, la réalité est complètement différente. J'ai échangé hier avec le responsable de la fraude Carrefour Bank, lors d'un podcast qui me disait qu'il dépose 100 plaintes par an et la dernière plainte qui a abouti de son côté, c'était en 2020. Donc sur ces 400 dernières plaintes, il s'est repassé.
Monde Numérique :
[
8:15] Et pour quelle raison ?
Marc de Beaucorps:
[
8:17] Il y a deux choses, lenteur de la justice et la police aussi, qui a plein d'autres choses à faire. Et il y a un autre aspect, c'est qu'on n'arrive pas toujours à retrouver, c'est beaucoup de plaintes sous X, donc on n'arrive pas à retrouver qui a fait la fraude, parce que s'il y a une fausse fiche de paye avec un faux nom, une fausse identité qui ne correspond à rien, un justificat de domicile qui pointe à une adresse qui n'existe plus.
Monde Numérique :
[
8:41] On n'arrive pas à retrouver. Alors ça, c'est ce que permet la technologie, mais comme d'habitude, la technologie permet aussi de générer ses propres anticorps, on va dire.
Monde Numérique :
[
8:52] Et c'est ce que vous avez mis au point chez Finovox, donc une solution technologique pour limiter les dégâts et pour détecter les fraudes.
Marc de Beaucorps:
[
9:00] Tout à fait, oui. On a créé en fait la société, moi je travaille à plein temps dessus depuis 2021, on a rencontré pas mal de banques et d'assurances qui nous ont dit, sur la partie identité, donc les faux passeports, les faux carrières d'identité, permis de conduire. Il y a plein de solutions qui existent, le KYC. Et en plus de ça, c'est quand même pas facile de faire un faux passeport. Tout le monde ne va pas faire un faux passeport dans une boutique.
Monde Numérique :
[
9:26] Oui, faux passeport, c'est plus compliqué. En plus, il y a de la biométrie, il y a de l'électronique, il y a de la puce RFID maintenant dedans.
Marc de Beaucorps:
[
9:35] Exactement. Et en revanche, qu'est-ce qu'on fait de tous les autres documents qu'on reçoit ? Les fiches de paye, les RIB, les CABI, les liasses fiscales, les justificatifs de domicile, etc. Et donc, en fait, nous, on a construit un outil qui est applicable sur tous ces documents-là et dans toutes les langues. Donc, en fait, on se branche sur le flux des organisations, sur soit des parcours de financement, soit des parcours d'assurance, soit des parcours d'entrée en relation. Et on va, en fait, faire tout un processing sur les documents, on extrait les informations, on classifie les documents, est-ce que c'est le bon document qui est censé être reçu. Voilà, on fait un certain nombre de processing. et derrière, on va faire une analyse anti-fraude, c'est-à-dire, un, est-ce que le document, ces informations, elles sont cohérentes, Donc, on extrait les informations, on les compare, on va faire un certain nombre de calculs. Par exemple, sur une fiche de paye, vérifier que les totaux étaient ceux en vigueur à l'époque pour ce type de poste, que l'adresse existe bien sur Google, que l'entreprise avait au minimum un salarié. Ça va dépendre du document et du pays. Et après, c'est est-ce que le contenant, donc la matière informatique du document, qui peut être un PDF ou une image, est fraudulé ou pas ? Donc, c'est est-ce que ça a été photoshopé, Est-ce que ça a été retouché par différents outils ? Est-ce que ça a été généré par IA ? Quand on combine ces deux analyses, on a une analyse globale sur le document et derrière, on met à disposition un certain nombre d'outils d'investigation, le forensic en anglais, qui vont permettre de comprendre ce qui s'est passé, d'avoir des preuves.
Monde Numérique :
[
11:04] Donc, il y a vraiment un aspect, on va dire, d'enquête, en quelque sorte, de croisement de données, comme le ferait un être humain, Et puis, un aspect détection de la nature du document. Vous arrivez à dire que tel ou tel document a été, par exemple, généré par l'intelligence artificielle ?
Marc de Beaucorps:
[
11:22] Oui, tout à fait. C'est les nouveaux enjeux de 2025. Alors, la Gen AI, ça existe depuis quelques temps, mais ça ne permettait pas forcément de générer des faux documents. Et aujourd'hui, on voit des faux documents, là, ça fait 3-4 mois, qui sont assez bien faits que de la Gen AI. Ça représente une proportion très faible des fraudes aujourd'hui pour deux raisons c'est que un fait visuellement à l'oeil nu ça se voit un peu mais.
Monde Numérique :
[
11:49] C'est pas parfait.
Marc de Beaucorps:
[
11:50] Donc il ya un biais un peu humain à se dire bah je vais pas faire un truc de faux document même si ça va jamais être regardé par personne se voit l'oeil nu ou le cirète il ya un a dedans les gens vont pas et et, Mais on sait en fait que dans quelques mois, quelques trimestres, ça va être amélioré et que ça va être les fraudes communes. Donc nous, on travaille là-dessus sur deux aspects. C'est un, analyser la cohérence des documents parce que les Gen AI vont avoir des problèmes de cohérence au niveau de la génération des documents, surtout sur des factures, des fiches de paye.
Monde Numérique :
[
12:24] Pour l'instant, ils ont encore du mal à écrire du texte, notamment Dall-E, ChatGPT et autres, mais on sent que ça avance très vite.
Marc de Beaucorps:
[
12:32] Exactement. Là, ça vous sort des factures avec des siretes de 11 caractères. Ça invente complètement. Et la deuxième chose, c'est qu'on va analyser, encore une fois, le contenant. C'est regarder est-ce qu'au niveau des pixels, des alignements, ou est-ce qu'au niveau de la structure du code, il y a des anomalies qui font dire que c'est de la jennerie.
Monde Numérique :
[
12:51] Ah oui, d'accord. Vous allez jusque dans ce niveau de détail.
Marc de Beaucorps:
[
12:54] Oui. Et donc, ça, c'est sur la partie vraiment document administratif. Sur la partie image, donc, génère-moi une polo blanche immatriculée XYZ qui a foncé dans un mur pour l'envoyer à une assurance là dessus c'est déjà donc des.
Monde Numérique :
[
13:09] Fausses photos d'accident c'est ça ? ça arrive aussi ?
Marc de Beaucorps:
[
13:13] C'est ça il y a des cas plus légers qui sont des fausses photos de cynisme, vous pouvez avoir des cas un peu plus graves ou dans le cas de policière dans le cas de rançon, généralement une photo de moi qui qui est un couteau sous la gorge de M. X. Il y a des trucs un peu plus graves qu'uniquement financiers. Pour le coup, là-dessus, c'est un peu mieux fait. En tout cas, la GNI fonctionne mieux sur des images pures que sur des documents administratifs aujourd'hui.
Monde Numérique :
[
13:45] D'accord. Mais vous le dites, ça va s'améliorer. Et donc, votre solution, à quel niveau de fiabilité ? Et dans le futur, est-ce que vous serez toujours en mesure de détecter ces faux documents ?
Marc de Beaucorps:
[
13:57] Sur le niveau de fiabilité, ça va dépendre du flux qu'on traite. Mais en règle générale, nous, on va détecter 8 à 9 sur 10 des faux documents qui sont reçus. Et en fait ça va dépendre de la sensibilité à la fraude des clients c'est à dire qu'on a des clients qui nous disent moi je veux absolument tout savoir surtout quitte à avoir, beaucoup d'alertes à traiter voire des fausses alertes faux positifs si c'est des algorithmes d'IA, et on en a d'autres qui nous disent moi je veux être absolument certain de toutes les alertes que vous me relevez et je veux pas perdre de temps et j'ai pas d'équipe en interne pour valider donc que les alertes de fraude où il y a à minimum 3 triggers qui ont sonné. Et donc eux, ils vont avoir un taux de détection qui est plus faible. En revanche, il n'y a aucune fausse alerte.
Monde Numérique :
[
14:43] D'accord.
Marc de Beaucorps:
[
14:44] Et sur... En fait, par définition, on est toujours en retard. C'est le principe même de l'épée et du bouclier. On est toujours en retard, mais ça se complexifie tellement qu'il faut des gens qui soient experts sur le sujet. Et nous, on a 15 personnes qui, en continu, font de la R&D sur ces sujets-là. On a une communauté de clients on travaille avec 70 clients qui vont nous remonter quand il y a une fraude qu'on ne détecte pas, et en plus de ça, vu qu'on traite énormément de documents on peut demander à nos clients au début de la collaboration envoyez-nous vos vrais documents, et comme ça on peut apprendre dessus et si on voit qu'il y a un document j'invente une facture Amazon et ce n'est pas exactement les mêmes alignements les mêmes pixels, les mêmes couleurs que le vrai que vous nous avez envoyé on peut sortir une alerte. Initialement, ça se faisait beaucoup en interne, par les banques, les assurances, les services de logements sociaux, l'État, etc. Et en fait, ça devient tellement complexe que ça doit passer par des sociétés spécialisées maintenant.
Monde Numérique :
[
15:48] Alors, vos clients, c'est qui aujourd'hui ? Quel type de clients ?
Marc de Beaucorps:
[
15:51] Nos clients, ils sont sur ces trois verticales de financement, de l'entrée en relation et de l'assurance. Alors sur l'assurance, c'est du coup globalement des sociétés d'assurance plus des sociétés de retail qui parfois, vous devez fournir une facture comme quoi vous avez bien acheté le matériel pour vous le faire rembourser, etc. Donc on travaille en assurance avec Allianz ou MetLife ou sur le retail avec HP, par exemple, aux Etats-Unis. Dans le financement, ça va être du coup beaucoup des banques mais aussi des sociétés de télécoms parce qu'en échange de 30 euros par mois, vous avez un iPhone 15, Il y a quand même beaucoup de fraude sur les cas. Sur les télécoms, on travaille avec WIG ou en banque, on va travailler avec la Braid. Et après, on travaille aussi sur de l'entrée en relation ou du financement avec des organismes publics type Action Logement ou sur des logements sociaux ou BPI France.
Monde Numérique :
[
16:43] Des solutions comme la vôtre, il en existe beaucoup dans le monde. Quelle est l'ampleur de ce marché, de la détection de fraudes documentaires ?
Marc de Beaucorps:
[
16:51] C'est un marché de niche, en fait. Il y a beaucoup d'acteurs qui vont dire faire du processing documentaire parce que c'est du back-office, c'est de la compliance, c'est des éléments qui sont centraux pour les grosses enrégations. Mais la réalité, c'est que des solutions très technologiques, il y en a deux en Europe. Une autre qui est hors de France, basée en Europe de l'Est et en Angleterre et aux Etats-Unis, et Finobox. Et après aux Etats-Unis il y a deux grosses solutions qui font la même chose que nous qui ont levé des tonnes d'argent et alors on n'est pas trop en compétition aujourd'hui parce qu'on n'est pas sur les mêmes marchés géographiques, et et voilà et après sur la partie identitaire en revanche vous avez beaucoup d'acteurs sur tout le, alors soit l'identité numérique soit le KYC la vérification d'identité ce qu'on appelle le proof of liveness donc je mets mon passeport à côté de mon téléphone et je filme pour voir que je suis bien la personne qui est derrière l'écran.
Marc de Beaucorps:
[
17:48] Et en fait comment ça se faisait avant Finobox et du coup comment ça se fait encore beaucoup aujourd'hui c'est de l'investigation manuelle, En interne, j'ai des gens qui regardent à l'œil nu si le document comporte des anomalies, mais c'est aussi, je passe par des sociétés externes, souvent offshore, qui vont investiguer les documents pour moi. Ça marchait bien, ça marchait bien pour faire de l'extraction d'informations, pour définir la fraude, mais aujourd'hui, si vous passez plus de 5 minutes à faire un faux document, c'est indétectable à l'œil nu. Des outils comme Photoshop, c'est tellement puissant que ça fonctionne de moins en moins. en fait. Donc nous, ce qu'on leur dit, c'est, un, vous pouvez traiter 100% du flux de façon automatique, et on fait nous les analyse en quelques secondes, c'est une trentaine de secondes en moyenne. Et deux, c'est beaucoup plus efficace, parce que sur 10 faux documents qui sont reçus, il y en a 9 qui sont indétectables à l'unique.
Monde Numérique :
[
18:40] D'accord. Et alors vous, vous arrivez, vous vous connectez sur le système d'information qui réceptionne ces documents, et vous les traitez à la volée, vous les... au fur et à mesure ?
Marc de Beaucorps:
[
18:50] Oui. En fait, on a deux composantes, la première étant une API qui va être branchée directement sur les systèmes. On va prendre l'exemple d'un parcours de crédit. On traite les documents entrant. En attendant, le client continue son onboarding en rentrant ces informations. Si le document est validé de notre côté, il suit son process classique. Si en revanche le document est avéré frauduleux, et après qu'on ait fait tout ce processing d'extraction d'informations, de classification, c'est le bon document qui attend vendus, etc. S'ils avaient refroidi le, c'est envoyé au service anti-fraude. Et qui, eux, en fait, ont un outil d'investigation, donc c'est une plateforme SaaS, qui permet de valider ou pas l'information. Donc s'ils le valident, que c'est une fraude, derrière, ils peuvent porter plainte, rapporter à la direction, générer des rapports de fraude, etc. Si c'est considéré comme finalement pas une fraude, c'est renvoyé dans le schéma classique.
Monde Numérique :
[
19:47] D'accord. Vous avez constaté, enfin, je veux dire, votre solution permet de faire baisser de combien ? Quel est le taux de succès ?
Marc de Beaucorps:
[
19:59] Alors, ça va dépendre des verticales. En financement, moi, j'aime bien parler en termes de pourcentage de fraude sur le flux. Parce que vous pouvez avoir un dossier de crédit qui fait 30 pages, un faux document qui est un faux passeport. En fait, c'est faux sur l'entier du dossier. Et puis nous, c'est les informations auxquelles on a accès. Vu qu'on ne regarde pas les documents de nos clients, on a en fait surtout sur 100 documents qui sont traités, combien il y a de faux. Sur des parcours de financement, ça peut varier entre 1,5% et 2%. Sur des parcours d'assurance, ça va varier entre 1,5% et 3%. Ça va dépendre, est-ce que c'est un parcours digital, est-ce que la population est plus jeune, plus âgée, le type d'assurance, l'assurance vie, l'assurance de biens, etc. Et sur de l'entrée en relation c'est un peu plus faible ça va être autour de 1,5%.
Monde Numérique :
[
20:50] D'accord, donc ça c'est le pourcentage de.
Marc de Beaucorps:
[
20:53] Faux documents sur le flux.
Monde Numérique :
[
20:54] De faux documents sur le flux que vous arrivez à détecter et par rapport à ce qui était détecté ce qui est détecté manuellement par exemple dans les entreprises.
Marc de Beaucorps:
[
21:02] En règle générale, la stat que je donnais tout à l'heure c'est que nous on a fait des tests sur des gros volumes de documents et sur 100 faux documents en
Marc de Beaucorps:
[
21:12] fait il y en a 10 qui sont détectables à l'aiguille.
Monde Numérique :
[
21:14] Et alors aujourd'hui, pour vous, c'est quoi les enjeux technologiques ou même commerciaux ? Les difficultés qui sont devant vous et que vous allez devoir résoudre, c'est quoi ?
Marc de Beaucorps:
[
21:27] Alors, sur la partie technique, c'est que ça évolue tellement vite qu'il faut toujours se remettre en question. Et donc, ça ne peut pas être statique. Et si ça l'est, la solution, elle va perdre en efficacité dans le temps. Donc, ça, c'est des challenges continues. Et donc, un des éléments de réponse, c'est que nous, on organise des concours, en fait. On va avoir des gens en cas de camp du monde et on leur dit, essayez de nous battre. On a un cash price, un peu comme en cybersécurité.
Monde Numérique :
[
21:57] Comme des bounties, etc.
Marc de Beaucorps:
[
22:00] On a un cash price, disons 20 000 euros. Et bien, tous ceux qui arrivent à nous battre se répartissent les 20 000 euros. Et ça, ça permet de comprendre comment les gens fraudent dans les différents pays et connaître les nouvelles méthodes, donc ça c'est le premier point c'est en fait de s'améliorer techniquement en continu parce que les fraudeurs sont hyper inventifs et après sur les enjeux business nous on, est sur un marché en fait qui est assez naissant et donc il faut capter, le plus d'acteurs rapidement, il faut s'implémenter dans tout le système et après plus on est implémenté plus on a l'apprentissage et donc il y a un effet domino et donc là c'est ouvrir le Benelux pour nous ouvrir l'Espagne, ouvrir le UK on a déjà des clients hors de France aux Etats-Unis, en Asie, etc. C'est intensifier ça, sauf que c'est des vrais challenges commerciaux parce qu'on n'approche pas de la même manière un assureur à Singapour qu'en Espagne et c'est des challenges aussi en interne parce que quand on a commencé on était une petite structure, ça grossit assez vite et c'est un vrai changement de dimension que de, que de traiter avec des banques aux coins du monde. Et donc, c'est un peu les enjeux internes qu'on a en ce moment, c'est passionnant.
Monde Numérique :
[
23:11] Merci Marc De Beaucorps, fondateur de la société Finovox.