Intelligence artificielle, règlementation, réalité mixte... L'année a été riche en actualité tech ! Je vous propose un récapitulatif des principaux événements de 2024 et un coup d'oeil sur 2025.
Quelle année !
Entre les avancées en intelligence artificielle, les équipements connectés de nouvelle génération et les efforts croissants en matière de réglementation, 2024 restera une année charnière dans l’histoire de la tech. ChatGPT est devenu multimodal, Google fait face à une concurrence inédite, et Apple tente de combler son retard, tandis qu’une nouvelle bataille énergétique se profile et que les États cherchent à encadrer l’IA pour éviter les dérives annoncées.
Quelle leçon tirer de cette effervescence ? Sommes-nous à l’aube de l’intelligence artificielle générale, capable de bouleverser le monde, et d’un des plus grands changements du XXIe siècle ? Dans cet épisode de Monde Numérique, nous revenons sur les temps forts de 2024 et esquissons ce que pourrait nous réserver 2025.
Transcription :
[0:01] Voilà, c'est fini, 2024 se termine et ce fut encore une grande année technologique. Alors avant de passer à 2025, je vous propose un petit coup d'œil sur les moments forts de l'année écoulée dans le secteur de la tech.
[0:14] Et d'abord, 2024, ça ne vous surprendra pas, aura été marqué par une course folle en matière d'intelligence artificielle et une compétition sans précédent entre les géants et les nouveaux géants du secteur. Ça commence au mois de février, lorsque Google dévoile Gemini, en fait c'est le nouveau nom de son intelligence artificielle BARD, car désormais les grands modèles d'IA vont se décliner en différentes versions et sous des noms toujours plus attractifs. Une segmentation marketing qui illustre la volonté de ces leaders de trouver un modèle économique pour ces outils, rappelons-le, à peine sortis des labos en fait. Google lance donc Gemini, Gemini Ultra. Et quelques mois plus tard, le leader du secteur, le boss OpenAI, réplique le 13 mai avec la nouvelle version de GPT. On attendait GPT 4.5. Bon, et finalement, il s'appellera GPT 4.0, un modèle encore plus performant, avec déjà la possibilité de comprendre non seulement du texte, mais également des images, et de pouvoir répondre et dialoguer de manière beaucoup plus fluide. On s'approche de l'IA conversationnelle qui se généralisera à la fin de l'année. Au mois de mai, Google réplique à son tour à OpenAI et dégaine Astra, un ambitieux projet d'IA multimodal capable de traiter non seulement du texte, mais aussi des images, du son et de la vidéo. Mais ce n'est qu'un coup d'œil sur Astra qui ne sera pas accessible au grand public avant 2025.
[1:38] Dans cette bataille de l'IA, il y en a un qui fait vraiment office de retardataire, c'est Apple, très en retard, vraiment très en retard en matière d'intelligence artificielle. Mais Apple finit quand même par dévoiler, au cours de l'année 2024, Apple Intelligence, une espèce de trousse à outils, un ensemble d'outils boostés à l'IA et spécialement adaptés à l'écosystème de la marque à la pomme, donc pour les iPhones, iPads et MacBook. Et justement, au mois de septembre, arrivent les nouveaux iPhones 16 qui sont taillées pour tirer parti d'Apple Intelligence grâce à la toute dernière version du microprocesseur de la marque à la pomme. Beaucoup d'annonces, mais un déploiement progressif. En réalité, Apple Intelligence n'arrive véritablement aux États-Unis qu'à la fin de l'année. Il vient d'arriver la fin 2024. Et il ne verra pas le jour en Europe avant l'année prochaine. On sait pourquoi, officiellement pour des raisons réglementaires. Apple craint les contraintes réglementaires européennes. Entre temps, un autre acteur qu'il faut signaler également tente de s'imposer dans cette course à l'IA.
[2:36] C'est Anthropik, dans lequel Google est actionnaire, il faut le rappeler. Et le 21 juin, Anthropik Degen, Claude 3.5 sonnait, considéré comme l'un des modèles les plus performants à ce jour. Ce n'est pas fini, la course à l'IA continue. Au mois de septembre, le 13 exactement, OpenAI revient encore avec un nouveau joujou, c'est GPT-01, une IA encore plus prometteuse, capable, explique OpenAI, de réfléchir. En tout cas, de décomposer les problèmes qu'on lui soumet en sous-problèmes
[3:06] afin de les analyser, un peu comme le ferait un être humain. Dans cette course frénétique à l'intelligence artificielle, de nouveaux problèmes commencent néanmoins à surgir, et notamment les questions énergétiques. Il faut de l'électricité dans une quantité astronomique pour faire tourner les puissants data centers qui servent à la fois à l'entraînement et à l'inférence des modèles d'intelligence artificielle. Alors une solution apparaît, le nucléaire. Le nucléaire devient un peu la clé de voûte du développement de l'intelligence artificielle. C'est ainsi qu'en septembre 2024, Microsoft annonce qu'il va rouvrir la centrale nucléaire de Three Miles Island aux Etats-Unis afin de répondre à ses besoins énergétiques. Google, de son côté, exprime également son intérêt pour le nucléaire, mais surtout en ce qui le concerne pour les petits réacteurs qui pourront être disposés à différents endroits du pays plus proche des data centers.
[4:01] On continue en matière d'IA avec le 30 novembre, un anniversaire, celui des deux ans de Chajipiti. Et c'est quand même le joujou qui a tout changé.
[4:11] Elon Musk n'est pas en reste et il dégaine la version 2 de Grok. Grok, c'est le modèle d'IA intégré à X qui a une particularité. Il sait très bien dessiner ou en tout cas produire des images et même des images hyper réalistes, y compris de personnalités existantes.
[4:26] Enfin, l'année se termine avec de nouvelles annonces en IA générative dans le domaine de la vidéo. Et on franchit un nouveau cap avec Sora d'OpenAI, lancé en décembre, et VO2 de Google, des modèles complètement fous capables de créer des séquences vidéo ultra réalistes de quelques dizaines de secondes pour l'instant. Au passage, Google dégaine également la version 2 de Gemini. Il avait commencé l'année avec Gemini, voici Gemini 2 qui va encore plus loin en termes de multimodalité. Bref, une année 2024 carrément incroyable en matière d'intelligence artificielle. Dans ce contexte, il faut saluer quelques personnalités qui ont fait l'année 2024. Et notamment Sam Altman, le PDG d'Open&Eye. Open&Eye qui est le premier à avoir ouvert le bal de l'IA générative. Sam Altman doit maintenant se battre pour maintenir son avantage, faire évoluer sa compagnie qu'il espère transformer. C'est aujourd'hui une organisation non profitable, il doit en faire une entreprise à part entière. Ce ne sera pas facile, le chemin s'annonce semé d'embûches, d'autant qu'il a contre lui le tout-puissant Elon Musk. Et puis l'autre personnalité majeure de l'année 2024, c'est sans conteste Jensen Huan, le PDG de NVIDIA. Il est devenu l'homme clé qui fournit les pelles et les pioches de la ruée vers l'or de l'intelligence artificielle. Car NVIDIA, ce sont les fameuses cartes graphiques, ces composants électroniques qui servent à faire fonctionner les gigantesques data centers dans lesquels on fait tourner les fameux LLM.
[5:56] Enfin, toujours au rayon des grands hommes de l'année, n'oublions pas ces deux scientifiques, John Upfield et Geoffrey Hinton, des chercheurs pionniers de l'intelligence artificielle, qui décrochent le 3 octobre le prix Nobel de physique. A noter que Geoffrey Hinton fait partie du clan des inquiets qui continue de mettre en garde contre les risques de dérive de l'intelligence artificielle. Alors face à ces risques de dérive précisément, les États commencent à se saisir du problème.
[6:24] Et notamment la Chine, qui au mois de janvier décide de renforcer sa réglementation sur l'intelligence artificielle, initiée en réalité dès 2023. Mais c'est surtout l'Europe, championne du monde de la régulation, qui sort la grosse artillerie. Alors d'abord avec le fameux DMA, ça ce n'est pas spécifiquement pour l'IA, mais pour les services numériques en Europe, le 7 mars, un texte fondateur, le DMA, qui vise à mieux contrôler les géants du numérique. Mais qui aura aussi pour conséquence fâcheuse de bloquer l'arrivée sur le continent européen de nombreux nouveaux services, comme par exemple les IA de Meta et d'Apple. En matière d'IA, l'Union Européenne adopte le 13 mars l'AI Act. C'est le premier texte au monde qui vise à encadrer le développement et l'utilisation de l'intelligence artificielle, en établissant même une hiérarchie des risques. Il n'y a pas qu'en Europe, outre-Atlantique aussi, on commence à se soucier un peu des risques liés à l'IA, et pas seulement des risques relevant de la science-fiction, mais aussi tout simplement des questions de droits d'auteur, etc. Alors, au Canada, des initiatives sont prises, aux Etats-Unis aussi avec la loi AI Risk Management Act qui commence, mais qui commence seulement à être discutée.
[7:40] Côté réglementaire et judiciaire encore, il s'est passé des choses cette année
[7:44] en dehors du secteur de l'IA. Et notamment à Paris, le 24 août, coup de théâtre, le fondateur de la messagerie chiffrée Telegram, Pavel Durov, est arrêté à sa descente d'avion. Motif, on lui reproche de ne pas suffisamment collaborer avec les autorités dans le cadre d'enquêtes judiciaires. C'est tout le problème, vieux comme Internet, du conflit entre protection de la vie privée grâce à des outils de chiffrement et impératifs des autorités pour enquêter sur des malfaiteurs qui utilisent précisément ces outils-là. Enfin, dans un autre domaine, aux Etats-Unis, on repart de l'autre côté de l'Atlantique, le 20 novembre, coup de tonnerre, là encore, les autorités américaines s'en prennent à Google et menacent d'ordonner une cession du navigateur Chrome, ce qui serait un véritable coup de massue pour le géant américain de la recherche en ligne. Motif, accusation de monopole.
[8:39] 2024 aura aussi été une année intéressante en matière de produits high-tech, bien sûr, et de réalité mixte. Ainsi, le 2 février, c'est la sortie du fameux casque Vision Pro d'Apple. Il arrive en France plus tard, 5 mois plus tard, le 12 juillet. Bon, nous sommes à la fin de l'année, il faut bien l'avouer, ce n'est pas un franc succès commercial ce Vision Pro, mais au moins il est là et il ouvre peut-être malgré tout une nouvelle voie, celle de ce qu'Apple nomme l'informatique spatiale. Le grand rival d'Apple sur ce secteur, le groupe Meta, riposte aussitôt avec de nouvelles versions du casque Quest et aussi avec un étonnant projet de lunettes connectées baptisé Orion, dévoilé en septembre par Mark Zuckerberg, mais qui ne verront pas le jour avant 2025. Et puis l'année se termine avec l'entrée en scène d'un nouvel acteur sur le marché de la réalité virtuelle, réalité mixte, c'est Samsung, qui dévoile le 12 décembre un projet de casque de réalité virtuelle baptisé Wuhan, en partenariat avec Google. En matière de produits high-tech toujours, signalons quelques joujoux intéressants et même insolites comme par exemple le premier smartphone pliant à trois écrans, signé Huawei.
[9:47] Eh oui, produit phare de l'année 2024, mais qui ne sortira jamais en Europe. Et puis quelques flops quand même, dont le fameux AI-PIN ou encore le Human AI, des objets connectés intégrant des chatbots d'intelligence artificielle, présentés comme le futur du smartphone, mais qui ne parviennent pas à passer le stade du buzz. L'AI Pin faisant même l'objet d'une campagne de rappel pour une série de bugs. Bref, le smartphone semble avoir encore de belles heures devant lui.
[10:15] Côté mobilité et robotique, il s'est passé des choses aussi en 2024, d'abord en février, l'abandon par Apple de son projet de voiture autonome, la fameuse voiture robotique connue jusque-là sous le nom de Titan, projet ultra secret bien sûr puisqu'il s'agit d'Apple, mais on sait au moins qu'ils ont rangé tout ça dans les cartons pour passer à autre chose. De son côté, Elon Musk, lui, au contraire, dévoile enfin son fameux robotaxi.
[10:42] Promis de longue date, avec du retard, Il est dévoilé le 3 octobre, ainsi qu'un concept de robot van, et au passage, une nouvelle version du robot humanoïde Optimus. Optimus qui devrait faire son apparition dans les usines en 2025 et dans les foyers, promet Elon Musk en 2026. Ce n'est pas le seul projet de robot humanoïde, ça s'est accéléré cette année. On peut citer par exemple une autre entreprise américaine assez prometteuse, Figures AI, qui peaufine elle aussi un robot humanoïde bipède autonome, doté d'intelligence artificielle qui devrait être commercialement viable d'ici un an ou deux. En 2024 toujours, ça a bougé un peu du côté de la blockchain et des crypto-monnaies qui ont connu une accélération, d'abord avec le halving du Bitcoin le 20 avril.
[11:29] Sans rentrer dans le détail, cette division de la rémunération des mineurs de Bitcoin qui mécaniquement fait un peu hausser le cours. Et puis surtout, le 21 novembre, une étape est franchie. Le Bitcoin passe le seuil historique des 100 000 dollars de valorisation. Et le 16 décembre, un peu plus tard, il passe la barre des 100 000 euros. L'explication est politique. Elle tient à l'élection de Donald Trump le 5 novembre, nouveau président américain favorable aux crypto-monnaies, ce qui relance l'intérêt
[12:00] pour ce secteur et donne un véritable coup de fouet aux monnaies virtuelles. Alors voilà pour le coup d'œil dans le rétroviseur, quelques-uns des événements majeurs de l'année 2024. Et maintenant une question de quoi sera faite l'année 2025 ? Eh bien, à n'en pas douter, on va encore beaucoup, beaucoup parler d'intelligence artificielle, avec plusieurs enjeux. Premièrement, la remise en question très certainement de certains monopoles technologiques, et notamment la domination de Google dans la recherche en ligne.
[12:32] Sérieusement concurrencée par les LLM, en effet, le moteur de recherche tel qu'on le connaît depuis 20 ans est appelé à évoluer avec l'intelligence artificielle. Et Google pourrait vraiment souffrir de la montée en puissance de ChatGPT, Cloud ou Perplexity qui sont désormais connectés au web et donc qui peuvent fournir de vraies réponses à des questions de tous les jours. Google en est bien conscient, tente également de se moderniser, mais ce ne sera sans doute pas facile.
[12:58] Deuxième enjeu de 2025, l'enjeu énergétique. La révolution de l'intelligence artificielle, on l'a compris, c'est aussi une question d'énergie. L'entraînement et l'utilisation des modèles d'IA, de plus en plus puissants, toujours plus gourmands, nécessitent de plus en plus d'électricité en immense quantité. La bataille de l'IA se double donc d'une bataille des mégawatts.
[13:21] Troisièmement, la révolution de l'IA, c'est aussi la transformation en profondeur de nombreux métiers et notamment ceux de la créativité, avec des outils qui redéfinissent les rôles des professionnels, l'expression artistique, non sans soulever de grandes questions, notamment liées à la propriété intellectuelle. Enfin, quatrièmement, moins visible, mais ô combien importante, l'IA révolutionne aussi la cybersécurité en donnant aux cybercriminels des pouvoirs nouveaux que les firmes de cybersécurité, précisément, vont devoir s'atteler à contrer. Heureusement, elles aussi, grâce à l'intelligence artificielle. Enfin, plus précisément, on suivra de près l'évolution en 2025 d'OpenAI, la firme de Sam Altman qui continue de mener la danse. Parviendra-t-elle à mettre au point son GPT-5, connu également sous le nom de projet Orion, une super IA censée ouvrir la voie à l'intelligence artificielle générale, ce graal de l'IA que nous promet la start-up californienne avec un mélange d'envie et de crainte, mêlée de fascination. Autre projet qui s'appelle également Orion, mais qui n'a rien à voir, on l'a dit, c'est ce projet de lunettes hyper connectées, hyper intelligentes de méta, des sortes de Google Glass avec des écrans à l'intérieur dignes de l'ère de l'IA générative.
[14:40] Ça permettra d'interagir à propos de tout et de rien. Ce sera un vrai petit assistant virtuel. On attend ça, espérons-le, pour 2025. Et puis, à plus court terme, bien sur le front des réseaux sociaux, il faut le signaler. On se pose la question de savoir si TikTok ne va pas être interdit aux Etats-Unis début janvier. On attend une décision de la Cour suprême. Cela dit, un bannissement paraît peu probable, puisque Donald Trump lui-même s'est finalement amouraché du réseau social chinois, dont il a découvert toute la puissance et l'intérêt. Bref, une nouvelle année 2025, pleine de promesses, bonnes ou mauvaises, qu'on a hâte de vous faire vivre sur Monde Numérique.