TRANSCRIPTION

Invité : [0:01] Les vaches en particulier, le bétail est très émetteur de méthane, gaz à effet de serre. En gros, le pet de vache et le roi de vache, ça contribue énormément au réchauffement climatique. Et donc, il y a une bioscience company, une entreprise de biosciences, qui a inventé des suppléments alimentaires qui empêchent les vaches et le bétail de rejeter du méthane. Donc, ça paraît un peu gadget, mais en fait, pas du tout.

Monde Numérique :
[0:30] Bonjour, Julien Villeret.

Invité :
[0:31] Bonjour Jérôme.

Monde Numérique :
[0:32] Directeur de l'innovation d'EDF, ravi de vous retrouver comme chaque mois en partenariat entre EDF et Monde Numérique pour faire le point sur ces innovations qui nous changent la vie ou qui vont peut-être nous changer la vie, notamment dans le domaine de l'énergie, mais pas seulement. Julien, quelle chance vous revenez à l'instant du Texas pour un événement dont on est obligé de parler tous les ans maintenant. C'est le fameux South by Southwest. Vous pouvez nous rappeler en deux mots ce que c'est d'abord ce South by Southwest ?

Invité :
[1:03] Oui, alors South by pour les intimes, comme on dit sur place, c'est un festival en fait à l'origine plutôt culturelle de musique, de cinéma qui est né il y a maintenant plus de 35 ans. Et ces 20 dernières années, c'est devenu très progressivement un des lieux où on dévoile chaque année les grandes tendances de l'innovation, les grandes tendances de la technologie un peu en avant-première dans une partie du festival qui s'appelle la conférence interactive. Et en fait, c'est toujours difficile d'en retenir quelques éléments parce qu'il faut comprendre qu'il y a plusieurs centaines de conférences chaque jour qui se tiennent en parallèle dans toute la ville d'Austin. Donc, c'est très difficile de faire son choix, mais c'est aussi parfois difficile de synthétiser. Mais j'ai quand même retenu quelques éléments à partager parce que je crois qu'il y a des tendances qui permettent un peu de prendre le pouls de la technologie.

Monde Numérique :
[1:49] Alors justement, allons-y. On parle de quoi ? D'abord, c'est toujours un regard sur le futur, cette manifestation.

Invité :
[1:57] Exactement. Et donc, il y a un talk qui est en général un des premiers qui ouvre la première journée de conférence qui est très attendue, qui est celui du MIT, la célèbre école, le Massachusetts Institute of Technology, qui présente ces dix technologies de rupture de 2025. Donc ça, c'est les dix technologies, pas du futur au sens qu'elles vont arriver dans très longtemps, mais c'est celles qui, cette année, sont mûres pour commencer à produire des effets incroyables. Alors, on pourrait parler très longuement des dix, mais je vais quand même les citer et les lister, parce que je ne peux pas m'empêcher chacune à présenter des intérêts assez géniaux. D'abord, le Vera C. Rubin Observatory, c'est quoi ? C'est le télescope le plus puissant qui n'a jamais été conçu dans le monde, qui, ça y est, est terminé, avec un capteur. Le capteur, c'est ce qui permet, en fait, comme dans nos téléphones, de faire des photos. Là, le capteur de ce téléscope, il fait la taille d'une voiture.

Invité :
[2:46] On imagine la taille d'une voiture. C'est le capteur qui est à l'intérieur du télescope. Il va permettre quoi ? Il va permettre de faire une map en 3D, une cartographie en 3D de toute la Voie lactée. Ça, c'est leur premier projet. Et donc, de trouver des milliards, des milliards de nouvelles étoiles et de nouvelles galaxies. Donc, c'est ça, le projet. On va beaucoup en entendre parler, je pense, dans la presse dans les mois qui viennent. Mais en tout cas, il va ouvrir cette année. Beaucoup parler aussi de tout ce qui est la recherche en generative AI, perplexity, open AI search, bref, en gros, un peu la fin du modèle Google tel qu'on le connaît et vraiment l'utilisation en masse par les utilisateurs et par le grand public de la recherche générative. Les petits language models on parle des LLM les large language models et bien là maintenant les petits modèles de langage spécialisés qui vont se généraliser très différents les suppléments alimentaires pour le bétail alors, Pourquoi ?

Monde Numérique :
[3:39] Ah oui, ça n'a rien à voir.

Invité :
[3:39] C'est quoi cette innovation ? Parce qu'en fait, les vaches en particulier, le bétail est très émetteur de méthane, gaz à effet de serre. En gros, le pet de vache et le roi de vache, ça contribue énormément au réchauffement climatique. Et donc, il y a une bioscience company, donc une entreprise de biosciences, qui a inventé des suppléments alimentaires qui empêchent les vaches et le bétail de rejeter du méthane. Donc, ça paraît un peu gadget, mais en fait, pas du tout, parce que le méthane, c'est vraiment ce qui est le gaz, en fait, le plus consommateur de gaz à effet de serre. Les robotaxis, on en parle beaucoup. Ils sont déjà là dans les rues de San Francisco, d'Austin d'ailleurs, puisque Waymo avait lancé à Austin pendant sa hausse bâille ces robotaxis. Généralisation des robotaxis, le jet fuel, c'est-à-dire le fuel pour les avions plus verts, les robots qui apprennent vite.

Invité :
[4:27] Les médicaments anti-sida qui désormais ne seront plus des médicaments quotidiens à prendre, mais une injection tous les six mois. Et un médicament qui vient d'être autorisé et ce qui dans certains pays, en particulier des pays sous-développés, change tout, parce qu'évidemment c'est très difficile d'inciter les gens à prendre tous les jours un cachet. Donc là, une injection tous les six mois, l'acier vert, l'acier, le métal, et puis les thérapies de stem cell. Je ne sais pas si vous êtes familier avec le stem cell, mais en gros c'est des thérapies géniques qui fonctionnent. Il y a les premières thérapies géniques désormais qui fonctionnent. Il y a eu deux tests concluants qui ont été faits pour complètement renverser un diabète de type 1, par exemple un diabète insulino-dépendant, avec une injection de ces cellules, on va pouvoir ne plus être diabétique, pour le dire, simplement, et pour l'épilepsie également, donc bref, voilà, je suis allé très vite mais on pourrait en parler des heures, mais les dix technologies de rupture qui vont, cette année, en 2025, changer nos vies.

Monde Numérique :
[5:24] Ouais, c'est du concret, c'est quasiment du réel, enfin c'est déjà du réel, finalement.

Invité :
[5:29] Exactement.

Monde Numérique :
[5:30] Effectivement, on aura envie de toutes les développer, les prendre une par une pour aller plus loin.

Monde Numérique :
[5:34] On ne va pas pouvoir, mais Julien, ça c'est le présent en quelque sorte. Il y a aussi le futur avec, je crois, un peu le point d'orgue de cette manifestation au Texas, c'est la conférence de la futurologue Amy Webb.

Invité :
[5:48] Exactement, Amy Webb c'est un peu la star de South By, ça fait 20 ans qu'elle fait son grand talk sur le futur. On fait la queue plus de deux heures avant devant la salle pour être sûr d'avoir une place et c'est une salle qui fait plusieurs milliers de personnes, donc autant dire qu'elle est très très attendue. Et donc elle a présenté comme chaque année ces grandes tendances de l'année. Alors pareil, je vais devoir passer vite, mais très intéressant. La première tendance selon elle du futur qui est devant nous, c'est l'intelligence vivante, la living intelligence comme elle l'appelle, c'est-à-dire c'est le concept de la fusion entre l'intelligence artificielle et les biotechnologies qui marquent en fait une nouvelle ère technologique. Dit autrement, un exemple, c'est les puces informatiques qui vont intégrer des neurones, biologiques, des neurones humains à l'intérieur. Et ça, c'est des technologies qui se sont développées aujourd'hui, qui fonctionnent en laboratoire et qui vont pouvoir développer de façon, très très très nouvelle des systèmes mi-biologiques, mi-numériques, une intelligence vivante. Et ça, pour elles, c'est vraiment une rupture des cinq ans à venir qui va être très très forte.

Monde Numérique :
[6:50] D'ailleurs, il y avait un prototype présenté au salon de Barcelone, le Mobile World Congress, récemment, effectivement, l'un des premiers prototypes d'ordinateurs biologiques, en quelque sorte.

Invité :
[7:04] Exactement. Et donc, pour elles, c'est vraiment une rupture très importante dans l'avenir qui est devant nous. La deuxième, alors on en parle beaucoup, et le CES a été très marquant de ce point de vue-là, c'est les avancées en robotique, et la capacité des robots à gérer le désordre dans des environnements réels. Dit autrement, les robots, jusqu'à présent, étaient programmés pour fonctionner dans l'ordre, c'est-à-dire des choses qui étaient programmées, faire petit A, petit B, petit C, dans un environnement maîtrisé, on imagine un robot dans une usine de voiture, par exemple.

Invité :
[7:32] Et bien là, c'est l'arrivée et l'adoption commerciale massive des robots assistants dans les cinq prochaines années, selon elle, parce que désormais, les robots, grâce à l'intelligence artificielle, savent gérer toute la complexité de la vraie vie. Et on sait que la vraie vie, ce n'est pas évident de naviguer dans la vraie vie.

Invité :
[7:48] Le troisième, c'est les métamatériaux et le biomimétisme. Donc, c'est des métamatériaux, c'est des nouveaux matériaux qu'on invente et qui vont pouvoir redéfinir les limites de la physique. Elle a donné l'exemple de briques, des briques de construction qui fonctionnent à l'intérieur comme des poumons et qui vont filtrer l'air. Donc ça, c'est une innovation qui existe, qui est développée aujourd'hui en laboratoire. On imagine qu'un immeuble construit avec ses briques va dans la ville, filtrer l'air et donc enlever la pollution en permanence de la ville. Donc ce type de métamatériaux, de nouveaux matériaux qui mimiquent la biologie, elle pense que ce sera là aussi une des grandes révolutions. La quatrième, c'est la collaboration entre les géants de la technologie, considérant que de plus en plus de rapidité et de besoin de travail sur les sujets comme l'IA, évidemment, et toute la data et les puissances de calcul dont on a besoin pour faire avancer les technologies, va pousser un mouvement d'open source généralisé et que les géants de la tech vont dépropriériser, si je puis dire, ce néologisme, leur technologie et les apporter de plus en plus en open source. Parce que c'est ça qui va permettre d'accélérer dans cette innovation numérique. Et puis, son dernier point, c'était de dire qu'on est passé au-delà de ce qu'on appelle les super cycles technologiques. On a parlé souvent de l'IA comme d'un super cycle technologique, c'est-à-dire qu'on arrive tout d'un coup dans un moment où l'IA change tout.

Invité :
[9:10] Elle, elle pense qu'on est dans le beyond, c'est-à-dire qu'on est allé encore plus dans quelque chose de plus fort, plus puissant, plus loin, je ne sais pas comment dire, qu'un super cycle technologique. Ça veut dire que la technologie, en ce moment, et à l'avenir encore plus, va évoluer plus vite que notre capacité à en appréhender les impacts. D'autrement, on va sortir des technologies, mais on ne va pas bien réussir à maîtriser les impacts, savoir sur nos vies, ce qui est un peu inquiétant. Ce n'était pas une prédiction très positive de sa part, et elle l'assumait, mais elle dit ce qui est très difficile aujourd'hui, c'est qu'on n'arrive plus et on va de moins en moins arriver à prendre des décisions éclairées sur les technologies parce qu'en fait, elles arrivent tellement vite qu'on n'a pas le temps de se les approprier. Donc voilà, son rapport pour information qui fait 1000 pages, avec des exécutifs summaries, mais quand même qui fait 1000 pages, il est disponible gratuitement sur Internet. Donc pour tous ceux que ça intéresse, allez retrouver le rapport d'EmiWeb sur Internet, c'est absolument passionnant.

Monde Numérique :
[10:04] C'est passionnant et vertigineux, super. Bon, Julien, est-ce qu'il y a, je ne sais pas, une ou deux choses particulières qui vous ont marquées, que vous retenez de cette édition ?

Invité :
[10:15] Oui, il y en a plein. La première, parce que je ne peux pas ne pas en parler, on a été tous extrêmement frappés par la conférence de Colossal Bioscience. La Colossal Bioscience, c'est une société qui veut faire renaître des espèces disparues. Donc, le mammouth. Le mammouth, il n'y a plus de mammouth, on le sait bien, ils ont disparu. Eh bien, eux, ils veulent faire renaître ces espèces disparues. Et ils travaillent en ce moment même, justement, sur le mammouth. Et c'est une société qui était déjà visible, qui a des investisseurs prestigieux et qui est déjà bien connue. Mais là, ils ont fait une annonce et ils nous ont montré, ils nous l'ont montré, un vrai breakthrough, une vraie rupture. C'est qu'ils ont réussi, pour la première fois, à transformer le pelage d'une souris en mini mammouth à poils longs. En fait, en injectant des gènes spécifiques à cette souris, ils en transforment une souris grise telle qu'on la connaît en souris mammouth que nous avons vues. Donc là, Jurassic Park n'est pas loin, clairement. C'est vraiment absolument bluffant.

Monde Numérique :
[11:11] Et elle reste de la taille d'une souris quand même.

Invité :
[11:12] Et elle reste à ce stade de la taille d'une souris. Mais visiblement, moduler la taille de l'animal n'est pas le plus compliqué. C'est plutôt de lui donner des caractéristiques spécifiques. Et donc, c'est une première étape. Et donc, évidemment, leur objectif derrière, ils se sont attaqués aux mammouths parce que, j'allais dire, d'un point de vue marketing, c'est plutôt vendeur. Mais l'idée derrière, c'est de faire renaître le dodo, tout un tas d'espèces finalement, dont on a des fragments d'ADN disponibles dans le sol, dans les fossiles, et qui pourraient venir remettre de la biodiversité dans des environnements qui n'en ont plus. Donc ça, c'était, voilà, c'est évidemment pas mon domaine d'expertise, mais voilà, toute la salle était absolument bluffée de voir jusqu'où ils ont réussi à aller en finalement assez peu de temps. Et puis, une deuxième qui est plus proche du monde de l'énergie.

Invité :
[11:59] C'est une start-up qui a inventé l'essence verte. Alors oui, l'essence de la voiture. Alors évidemment, vous pensez, j'espère comme moi, que l'avenir de la voiture est électrique. Et la start-up dit oui, bien sûr, l'avenir de la voiture est électrique. Sauf que pour les 20, 30, 40 prochaines années, on aura encore beaucoup de parcs de voitures classiques, de voitures thermiques. Parce qu'on ne va pas les jeter. Et puis, il y a plein de gens qui n'ont pas les moyens de les changer. Donc, qu'est-ce qu'on fait pour que ces voitures-là, le temps qu'elles passent à l'électrique, elles puissent avoir quand même une essence écologique ? Eh bien, pour faire ça, si on en croit cette start-up, on installe chez soi ou dans sa communauté une machine qui fait la taille d'un gros réfrigérateur, en gros, et qui intègre de façon miniaturisée à la fois un système de capture de carbone dans l'air. C'est des grands ventilateurs qui vont capter le CO2 dans l'air.

Invité :
[12:46] Un électrolyseur qui permet de faire de l'hydrogène et des panneaux solaires qui apportent l'électricité. Et quand on mélange le CO2, l'électrolyse et le solaire, avec une transformation chimique, ça produit de l'essence. C'est une forme de e-fuel, tout à fait. Et donc, on se retrouve avec une essence verte puisqu'elle a été produite à base d'air, en gros, d'eau. De soleil. Donc, c'est quelque chose d'assez amusant parce que ce type de système, on les connaît aujourd'hui. La capture de CO2 dans l'air, ça existe, mais c'est des usines absolument colossales qui font la taille d'immeubles. L'électrolyse, on le connaît, mais c'est des containers énormes qui doivent produire de l'hydrogène. Bon, les panneaux solaires, évidemment, on connaît tout ça. Donc, miniaturiser tout ça et le mettre dans le garage ou dans le jardin d'un particulier, ça, l'idée, elle est quand même très, très, très nouvelle. Donc, voilà, j'ai trouvé ça amusant de voir qu'on On a même des startups qui

Invité :
[13:36] cherchent à faire de l'essence verte. Donc voilà, c'est quelques sujets et quelques sujets vraiment passionnants qu'on a pu voir à Saucebuy. Il y a plein de talks et de conférences qui sont disponibles gratuitement sur YouTube, alors en anglais bien sûr, mais pour ceux que ça intéresse, il y a plein, plein, plein de talks qui sont déjà postés sur YouTube, donc c'est assez facile.

Monde Numérique :
[13:52] Julien, juste sur le eFuel, c'est purement conceptuel ou il y a déjà un prototype ? Il y a quelque chose qui marche ?

Invité :
[13:58] Ils ont un prototype qui est déployé à New York, qu'ils ont montré en photo et qui a l'air de fonctionner sur la vidéo, mais évidemment, on ne l'a pas vérifié. Et ils ont des investisseurs très sérieux à leur capitale. Donc, on peut imaginer qu'effectivement, ils vont réussir dans quelques maisons à déployer quelques prototypes pour tester les différents cas d'usage. C'est vraiment intéressant et c'est intéressant pas uniquement, j'allais dire plutôt pas vraiment en fait dans nos latitudes. Mais par exemple, imaginons qu'on est dans un pays très, très ensoleillé, un pays du Sud qui a beaucoup de solaire, et beaucoup de soleil, dont beaucoup de solaire, et un parc de voitures assez ancien thermique, on peut imaginer que ça peut être une solution très intéressante pour apporter, pour verdir finalement un parc dans des pays où le réseau électrique, la production d'électricité et l'économie ne permettent pas d'avoir à ce stade beaucoup de voitures électriques.

Monde Numérique :
[14:50] Merci beaucoup, Julien Villeret, directeur de l'innovation d'EDF, de ce retour enthousiaste du festival South by Southwest au Texas.

Invité :
[14:59] Merci Jérôme.