🎤 L'humeur de Luc Julia - La bulle de l’IA est-elle inévitable ?
30 septembre 202520:11

🎤 L'humeur de Luc Julia - La bulle de l’IA est-elle inévitable ?

L’intelligence artificielle connaît-elle une bulle financière sur le point d'éclater, comme celle d’Internet en 2000 ? L’excitation autour des IA génératives atteint actuellement des sommets irrationnels inquiétants.

Luc Julia, expert en IA dans la Silicon Valley

Une bulle de l’IA comparable à celle d’Internet

L’emballement actuel autour de l’intelligence artificielle rappelle furieusement la bulle Internet des années 2000. Valorisation démesurée de certaines startups, investissements colossaux et course effrénée aux data centers : tous les ingrédients d’un futur éclatement sont réunis. Quelles seraient les conséquences ? Pas les mêmes pour tout le monde, selon Luc Julia.

Vers une IA plus frugale et spécialisée

Au-delà de l’hyper-médiatisation de l’IA générative, Luc Julia mise sur l’émergence des « IA agentiques » : des intelligences artificielles spécialisées, plus modestes en ressources mais beaucoup plus efficaces. Une évolution qui pourrait marquer un tournant dans la manière dont l’IA s’intègre au quotidien.

Le coup de massue des visas H-1B

Donald Trump veut imposer une taxe de 100 000 dollars sur les visas H-1B, essentiels à l’écosystème de la Silicon Valley. Une mesure qui risque d’asphyxier les startups et de freiner l’innovation technologique aux États-Unis, où près de 70 % des ingénieurs de la tech sont étrangers.

🎧 Ecouter sur votre app de podcast


Luc Julia:
[0:01] Oui, on sait bien qu'il y a des engouements un peu débiles. On a eu Metaverse, on a eu des trucs comme ça. À chaque fois, on s'excite sur quelque chose. Mais là, le niveau d'excitation des IA génératives était sans précédent. Je veux dire, c'était du grand n'importe quoi.

Monde Numérique :
[0:26] Bonjour Luc Julia.

Luc Julia:
[0:27] Bonjour Jérôme.

Monde Numérique :
[0:28] Ravi de te retrouver comme chaque mois dans le monde numérique pour parler d'IA et de tout ce qu'il y a autour. Luc, tu vis dans la Silicon Valley la plupart du temps. Et alors en ce moment, il y a un vrai phénomène. L'IA rime avec gros sous, surtout dans la Silicon Valley. La dernière annonce, on peut la citer, c'est cette annonce spectaculaire de la part de Nvidia, IA, le géant des calculateurs pour IA, qui va investir 100 milliards de dollars dans OpenAI, la maison mère de Chat GPT. Donc, les milliards continuent de couler à flou de tous les côtés sur l'intelligence artificielle. Mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ? Parce qu'on parle de plus en plus d'une bulle financière. Et qui dit bulle, dit risque d'éclatement. Selon toi, la bulle de l'IA, c'est une réalité. Est-ce que ça va éclater ? Comme même Sam Altman, le patron d'OpenAI, le prédit et le craint.

Luc Julia:
[1:23] Oui, ça, Maltmann le dit, même Zuckerberg le dit, donc il y en a qui le disent. Pour juste commenter sur l'histoire de Nvidia, là, en fait, ils investissent dans eux-mêmes, quand même, parce qu'en gros, si tu veux, ce qui se passe, c'est qu'ils vous donnent 100 milliards à OpenLight pour qu'ils fassent des data centers pour acheter des puces. Donc, quelque part, ils se payent eux-mêmes, ils payent leurs propres puces, si tu veux. Mais bon, mais ces chiffres sont des chiffres fous, c'est évident, donc Donc là, ces investissements-là, ce type d'investissement-là, c'est plus donc de l'investissement sur tes capacités, enfin, pour pouvoir acheter quelque chose. Mais par contre, tu as des investissements qui donnent après des valorisations. Donc, c'est des investissements qui se font avec des valorisations de x10, x20, x50, x100. Enfin, des trucs qui sont... On revient sur les modèles qu'on avait lors de la bulle d'Internet.

Luc Julia:
[2:22] Donc, au début des années 2000, où on avait énormément de compagnies, où les investissements étaient beaucoup plus faibles à l'époque, on ne parlait pas de milliards, mais on parlait de millions d'investissements, à des valorisations qui étaient des centaines de millions. Donc, ça n'avait strictement aucun sens, et effectivement, ça a pété. Donc, aujourd'hui, il y a moins de compagnies qui ont des valorisations folles. Il y en a quelques-unes, les grosses qu'on connaît, mais il y en a quelques-unes qui ont bénéficié du début de cette folie dans les années 22-23. Tu vois, début de 23. Et donc, ils ont bénéficié de ces valorisations. Et aujourd'hui, en fait, la réalité, c'est qu'ils n'arrivent plus, eux, à se financer. Parce que les valorisations sont tellement grosses que c'est très compliqué pour eux. Soit d'avoir leurs employés qui font ce qu'on appelle du cash-out, donc qu'ils puissent bénéficier un peu des sous avant que ça devienne public ou que ça soit racheté.

Monde Numérique :
[3:22] Oui, revendre des actions pour en tirer des bénéfices.

Luc Julia:
[3:24] Exactement. Personne ne veut en fait racheter ça parce que les valorisations sont trop hautes. Donc ça, c'est des boîtes qui sont un peu plus modestes, mais qui ont eu des valorisations beaucoup trop importantes.

Monde Numérique :
[3:34] Luc, c'est quel genre de boîte ? C'est des boîtes qui font quoi ? Qui font des moteurs, des trucs fondamentaux ou qui font des applicatifs d'IA ?

Luc Julia:
[3:43] Non, c'est des boîtes qui sont plus spécialisées. tu vois par exemple, là je pense, je ne me rappelle plus le nom tout de suite, mais je pense à une boîte qui était spécialisée dans le médical, donc ils avaient fait une IA qui était une IA générative pour répondre à une sorte de robot médical si tu veux.

Luc Julia:
[4:00] Et donc eux, ils sont à la limite de la faillite en fait parce qu'ils n'arrivent pas à se refinancer et avoir un nouveau des sauts. Et les investisseurs, ils n'aiment pas trop évidemment les investisseurs précédents ils n'aiment pas trop baisser la valorisation parce qu'ils ont payé pour ce type de valorisation. Ils ont eu le morceau de la boîte qui correspond à la valorisation qu'ils ont payée. Donc, du coup, là, il y en a quelques-unes comme ça. Alors, je ne peux pas te donner de chiffres, mais je dirais, tu vois, on est moins d'une centaine de boîtes qui sont un peu comme ça. Après, donc, elle est très, très grosse. Mais... Plus récemment, les boîtes plus modestes ont eu des valorisations qui étaient aussi plus modestes, parce qu'il y en a certains, les VCs, pas les gros gros VCs, mais les venture capitalistes qui mettent des sous, ont quand même été un peu plus prudents récemment, pas tous, mais quelques-uns. Donc du coup, on est dans une bulle, ça c'est clair, on est dans une bulle quand même, parce que ces valorisations sont folles. Quand ça va péter, parce que ça va péter à un moment donné, je pense que ça n'a pas péter aussi fort que ce que ça a fait dans les années 2000, enfin en 2000 en fait, quand tout a pété internet, ça a fait une lame de fond de 90% des boîtes qui ont été emportées les vicieux même d'ailleurs qui ont été emportées. Donc.

Luc Julia:
[5:30] C'est pas possible que ça continue comme ça donc les valorisations vont redescendre alors peut-être que ce sera un peu plus doux, on va dire, la pente que, on croit, mais la réalité, c'est que ça va être encore une fois très très difficile pour les investisseurs courants d'accepter les baisses des valorisations, sur lesquelles ils ont parié au moment où ils ont investi dans ces boîtes. Donc, moi, je pense que ça va péter à un moment donné.

Luc Julia:
[5:59] Mais bon, tu sais, c'est compliqué de dire, de la façon, de prévoir ce qu'il y a.

Monde Numérique :
[6:04] Bien sûr. Ça, c'est l'aspect financier. Est-ce que ça peut changer des choses sur l'aspect plus technique. Est-ce que tu penses que ça peut ralentir cette espèce d'engouement, cette course pour l'IA ? Et même, est-ce qu'on risque d'aller vers un nouvel hiver de l'IA, comme il y en a déjà eu ?

Luc Julia:
[6:22] Je ne pense pas qu'on est dans l'hiver de l'IA, parce qu'il y a de l'IA partout maintenant. L'IA est trop répandue dans plein de domaines différents pour qu'il y ait un hiver de l'IA. Et je ne pense pas que ça ralentisse non plus. Ce que ça va ralentir, je crois que ça va être un bon ralentissement. Je pense que ça va ralentir la course folle. Donc des très très gros qui courent vers ce gigantisme qui est poussé aussi par Trump. Donc Ant-Man, Musk et Trump qui poussent pour ses data centers à outrance les 500 milliards de Stargate, les 200 milliards, 100 milliards, on entend ces chiffres tout le temps pour juste faire plus et plus de data centers. Et je pense que ça, Ça va un peu ralentir, effectivement, parce que si ça pète, ça va effectivement se voir de ce côté-là. Maintenant, ceux qui sont plus modestes, qui vont...

Luc Julia:
[7:19] Pas péter ou qui vont moins péter, on va dire, ça va être des choses qui sont plus frugales, du coup, et qui sont plus, tu vois, quand on appelle ça les IA agentiques, des choses comme ça, les gros, là, ils ne te parlent pas d'IA agentiques. Ils continuent à te parler de l'IA général, et ils font cette course vers l'IA général et vers plus de data, plus de data center, etc. Tandis que les plus petits, on est plus dans cette course maintenant à l'IA agentique qu'il y ait une course à l'optimisation, en quelque sorte. Et donc là, je pense que techniquement, ça va être très intéressant, parce qu'on va se retrouver avec des IA super spécialisés, des gens qui vont faire des agents qui vont être appelés par d'autres agents, et juste comme ça. Donc, ça va être, je pense, l'avenir de l'IA tel qu'on va l'avoir, on va dire 2-5 ans, ça va être ces agents un peu partout qui vont se vendre, d'accord ? Donc, ils vont se...

Luc Julia:
[8:18] Faire de la pub pour eux et qu'ils disent moi je fais ça viens me prendre et puis ça va être des sortes c'est une sorte d'API qui vont être des API publics que tu vas payer pour aller chercher ces spécialisations et je pense que ça, ça risque pas grand chose, parce que c'est plus petit, c'est beaucoup plus modeste, comme investissement aussi parce que du coup ils ont besoin de moins de data center, ils ont besoin de moins de ressources en général, Mais ils sont, pour moi, beaucoup plus efficaces parce qu'ils vont faire des trucs qui sont beaucoup plus intéressants et beaucoup plus pertinents.

Monde Numérique :
[8:55] Oui, une sorte d'IA de vitesse, si on comprend bien. Et toi, Luc, qui connais bien la Silicon Valley, tu dirais qu'elle a perdu la tête ou que finalement, c'est tout à fait dans le droit fil de ce qui a toujours été la Silicon Valley ?

Luc Julia:
[9:10] Oui, on sait bien qu'il y a des engouements un peu débiles. On a eu Métaverse, on a eu des trucs comme ça. À chaque fois, on s'excite sur quelque chose. Mais là, le niveau d'excitation des IA génératives était sans précédent. Je veux dire, c'était du grand n'importe quoi. Bon, tu me connais, tu sais ce que je dis depuis des années, depuis le début de ces IA génératives, je dis qu'on va se calmer à un moment donné parce que de toute façon, ce n'est pas du tout ce qu'on croit que c'est et ça va effectivement se calmer et descendre. Mais c'est vrai que quand tu regardes le mois de janvier, février 2023, où tu avais 100 millions d'utilisateurs de ChatGPT, je veux dire, ces chiffres sont incroyables. C'était la technologie le plus rapidement adoptée dans l'histoire des technologies. C'est absolument incroyable. Donc, on a eu cette bulle, cette fois-ci, informationnelle, on va dire, donc pas forcément financière où tout le monde devait faire ses IA et puis tu vois ça commence à le souffler parce que c'est un souffler finalement.

Luc Julia:
[10:16] Technologique commence à retomber un tout petit peu ça veut pas dire que c'est pas bien mais ça veut dire que c'est pas sec, et donc tu vois il y a l'étude par exemple du MIT qui est sortie il y a quelques semaines maintenant qui a analysé un peu tout l'époque enfin pas tous mais beaucoup beaucoup de POC des prouves au concept, des gens qui ont fait des prouves au concept autour de l'IA générative. Et le résultat, c'est qu'il n'y a que 5% qui sont des.

Luc Julia:
[10:46] Use cases, des cas d'usage qui rapportent quelque chose. Donc, on commence à se calmer un peu, on respire, on dit que finalement, ce n'est pas si magique que ça. Il y en a qui le savaient, il y en a qui ont essayé et ils ont des problèmes. Mais bon, c'est un bon sketch qu'on aurait dû prévoir. Parce que c'est toujours un peu comme ça, cette excitation est toujours là à un moment donné, mais là, le niveau d'excitation a été tel que c'était absolument incroyable. Et donc, ça a amené quelque part à ce niveau financier aussi.

Monde Numérique :
[11:23] Alors, il y a un autre sujet, Luc, qui préoccupe l'écosystème tech aux Etats-Unis, c'est cette histoire de visa. Donald Trump veut freiner l'immigration de travailleurs étrangers, visiblement, Et pour ça, il va imposer une taxe énorme de 100 000 dollars sur les visas H-1B. Ce sont les visas qui sont accordés aux travailleurs étrangers et qui sont très nombreux dans le secteur de la tech. Alors, vu de France, on ne comprend pas bien le truc. En fait, c'est quoi la stratégie ? Est-ce qu'on peut dire que ça, c'est un coup dur pour la tech américaine ?

Luc Julia:
[11:54] C'est un énorme coup dur. C'est certainement d'ailleurs une des raisons pour lesquelles il y a eu un peu la bisbille entre Trump et Musk. Parce que Musk réalise, et sait très bien que dans ces boîtes qui sont toujours dans la Silicon Valley, c'est ce qu'il dit, ces boîtes qui sont dans la Silicon Valley ne vivent que sur les H1B. Parce que rappelons-nous le chiffre d'ingénieurs étrangers dans la vallée, spécialisés dans la tech on parle de 68% d'ingénieurs étrangers donc il n'y a que 32% d'Américains c'est pas qu'ils soient mauvais les Américains c'est pas le problème mais c'est que les universités américaines ne produisent pas assez d'ingénieurs pour venir, populer ce dont on a besoin dans les différentes boîtes. Il faut comprendre que c'est des milliers et des milliers d'entreprises, de start-up, mais aussi des gros, qui ont besoin d'énormément de gens. Et donc, oui, les start-up démarrent et meurent relativement rapidement, mais il y a énormément de gens dans cette Silicon Valley. Il y a pas mal de Français.

Monde Numérique :
[13:05] Mais c'est surtout des Indiens, je crois. Oui.

Luc Julia:
[13:08] Il y a les Indiens et les Chinois. Les deux groupes les plus importants, c'est les Indiens et les Chinois. Donc, c'est eux qui bénéficient le plus des H1B. Mais les H1B ont déjà des quotas. Depuis longtemps, il y a des quotas. Donc, il y a des quotas par pays. Par exemple, les Français ont beaucoup moins de mal d'avoir des H1B que des Indiens ou que des Chinois. Parce que proportionnellement, si tu veux, il y a beaucoup plus de visas disponibles pour les Français que pour les Indiens, par exemple.

Monde Numérique :
[13:33] Oui, d'accord.

Luc Julia:
[13:34] Donc, la vérité, c'est qu'il y avait des quotas, mais les quotas étaient énormes c'est à dire que si tu veux moi, j'étais à l'H1B il y a 30 ans et à l'époque il n'y avait aucune chance qu'on ne l'ait pas si tu veux donc, il y a des périodes où ça a été un peu plus compliqué mais surtout lors des bulles justement 2000, 2007, et puis pendant la pandémie donc il y a des périodes qui ont été un peu plus compliquées mais jamais de la vie si tu veux, on pouvait se passer de la CHMB. On était obligé d'avoir des étudiants, pas des étudiants, des ingénieurs étrangers. Donc là, demander 100 000 dollars...

Monde Numérique :
[14:17] Ouais, c'est pas suspendu. Simplement, ça va coûter horriblement cher. 100 000 dollars par personne, pour une fois, c'est un seul paiement, heureusement. Entre guillemets.

Luc Julia:
[14:26] Ouais, pour une fois, mais bon, si tu veux, par rapport à aujourd'hui, il y a des frais d'avocat qui sont des frais qui sont pas négligeables, tu vois, mais on parle de 1000 jusqu'à peut-être 10 000 dollars, si c'est un peu compliqué.

Monde Numérique :
[14:36] Mais en général, c'est les entreprises qui payent ça.

Luc Julia:
[14:39] C'est ça. C'est les entreprises qui payent. C'est les entreprises qui recrutent.

Monde Numérique :
[14:42] C'est elles qui payent.

Luc Julia:
[14:43] Tu as ton doigt, tu te recrutes, ton avocat te fait le boulot. Et comme je t'ai dit, tu l'as dans H1B. Alors des fois, quand on est content, il y a deux périodes. Je pense que c'est toujours comme ça. Je n'ai pas regardé récemment. Globalement, il y a les H1B du mois d'avril et les H1B du mois d'octobre. Il y a deux périodes dans l'année où il faut que tu sois bien. Et donc, c'est pour ça que tes avocats, en fait, sont là pour bien pousser les dossiers au bon moment. Mais bon, encore une fois, c'est compliqué de ne pas l'avoir. Et là, aujourd'hui, le problème, c'est que quand Trump dit « je vais faire payer les machins parce que je veux... » Surtout que ce soit des Américains qui aient les postes. Ouais, c'est super que ce soit des Américains qui aient les postes, mais il n'y en a pas assez. Les universités ne produisent pas assez d'ingénieurs qualifiés pour ces filières-là.

Monde Numérique :
[15:30] Alors, qu'est-ce qui va se passer.

Luc Julia:
[15:31] Selon toi ? Ils vont avoir des problèmes.

Monde Numérique :
[15:33] Les boîtes vont payer ou pas ?

Luc Julia:
[15:36] Alors, les énormes boîtes, celles qui donnent aujourd'hui des bonus, parce que tu as des bonus quand tu embauches les gens, il y a ce qu'ils appellent le hiring bonus. Donc, tu donnes des bonus, je ne sais pas, 1000, 10 000. Et puis, il y a certaines boîtes qui donnent maintenant un million de bonus. Donc, ceux qui donnent un million de bonus, c'est des chiffres débiles qu'on a entendus récemment chez OpenAI ou chez Meta.

Luc Julia:
[16:04] Quand tu donnes ce genre de bonus-là, 100 000, tu ne le sens pas passer, puis tu vas l'enlever du bonus globalement, donc ce n'est pas grave. Mais si tu donnes 5 000 de bonus, parce que ces bonus, ils servent à quoi en général ? Ils servent à déménager, ils servent à te faire venir, etc. Je veux dire, si tu donnes 5 000 de bonus, ce n'est pas tout à fait pareil que 100 000. Donc, je veux dire, il y a des boîtes qui ne vont pas vouloir payer, et surtout, les startups, parce que des startups utilisent les H&B. Moi, dans mes startups, avant, j'ai utilisé plein de H&B, d'accord ? Évidemment, comme tout le monde. Mais là, une start-up ne peut pas se permettre de payer 100 000 dollars par un ingénieur qu'elle va vouloir embaucher. Donc, ça va être terrible, en fait. Mais la réalité, c'est qu'aussi, depuis quelque temps, il avait tout frisé. Il avait tout arrêté. Donc, il n'y avait rien qui se passait là récemment. Et donc, c'était déjà pas terrible. Mais là, annoncer cette histoire des 100 000, c'est pas loin de dire, on arrête tout. Encore une fois à part les exceptions dont on vient de parler qui sont ces très grosses boîtes qui vont pouvoir le faire mais il y en a tellement peu ça ne va pas faire bouger l'aiguille.

Monde Numérique :
[17:15] Et ça râle un peu dans la Silicon Valley ou pas encore ?

Luc Julia:
[17:20] Bah oui ça râle évidemment si tu veux ça a été un choc en fait franchement c'était un vrai choc bon peut-être que l'histoire de Musk qui est partie il y a 2-3 mois maintenant du gouvernement peut-être qu'il le sentait arriver et que c'était pour ça qui se sont un peu disputés avec Trump. Je pense qu'ils s'étaient disputés, en fait, surtout parce qu'à l'époque, c'était carrément arrêté. Mais évidemment que les gens ne sont pas contents. Donc, ces patrons qui ont fait allégeance à Trump depuis quelques temps, là, ils vont quand même se dire que ce n'est pas cool. Enfin, j'espère, à un moment donné, qu'ils vont se rendre compte que ça va à l'encontre de leurs entreprises.

Monde Numérique :
[17:58] Donc, ça pourrait être un coup de massue pour l'innovation technologique aux Etats-Unis, ça ?

Luc Julia:
[18:06] C'est définitivement un coup. Dès que c'est appliqué, ils ont dit que c'était applicable à partir de bientôt, là. Dès que ça commence à répliquer, c'est un énorme coup de dessus. Parce qu'encore une fois, octobre, justement, c'était une session qui arrivait. Octobre, avril, c'est quand il y a tous ces gens-là qui viennent. Et on ne parle pas de trois, on ne parle pas de centaines, on parle de milliers. Donc là, évidemment, tu ne vas pas avoir des milliers de gens qui vont payer 100 000 dollars, des boîtes qui vont payer 100 000 dollars pour embaucher des milliers de gens, ça c'est sûr.

Monde Numérique :
[18:39] C'est aussi un choc pour souvent des jeunes, des jeunes ingénieurs qui viennent de différents pays et qui aujourd'hui...

Luc Julia:
[18:48] Comptez sur ça, oui. Si tu étais dans le process déjà, si tu avais déjà ton H1B, la Vallée a eu peur récemment, parce qu'ils se sont dit que c'est même pour les H1B qui ont déjà leur H1B. Ce n'était pas la vérité, en fait. Il y a eu plein de mouvements et les entreprises qui appelaient leur personnel en disant rentrez tout de suite devant la vacance d'été parce qu'on ne sait jamais.

Monde Numérique :
[19:13] Je crois qu'il y a même un avion qui devait repartir, en Inde et puis des gens qui rentraient un peu chez eux, dans leur pays d'origine. Et ils sont tous descendus de l'avion parce qu'ils se sont dit si je pars, je ne pourrais plus revenir.

Luc Julia:
[19:28] Et ça, c'était un risque. Je pense que ça a été mal interprété et que ça ne va pas être comme ça. Mais si tu veux, la vérité, c'est qu'avec Trump, on ne sait jamais.

Monde Numérique :
[19:35] D'accord ?

Luc Julia:
[19:37] Ça peut encore changer d'ailleurs. D'ailleurs, ça peut changer très bien. Il peut dire que demain, c'est un million. Ou il peut dire que demain, ça s'applique au H1B courant. Mais là, si tu veux, ça va être très compliqué. Donc, si tu sors du pays, effectivement, tu ne rentres plus.

Monde Numérique :
[19:51] Merci beaucoup, Luc Julia. Ravi de t'avoir accueilli ce mois-ci encore dans le monde numérique. Et tu es le bienvenu. Je te souhaite donc le meilleur. Et je te dis au mois prochain.

Luc Julia:
[20:01] Merci, Jérôme.

tech,innovation,informatique,technologies,tech news,actu tech,high-tech,Silicon Valley,bulle,trump,numérique,actualités,julia,