Des images et des vidéos ultra-réalistes, un processeur quantique révolutionnaire, des bio-processeurs et des capteurs pour prolonger la vie…
Tim Cook relooké par IA (Reframe)
Sora, Grok... L'IA prend le contrôle des images
Publicité, cinéma, gaming… Tout va changer ! Les IA génératrices d’images sont là, avec le lancement de Sora, le nouvel outil révolutionnaire d’OpenAI. Pendant ce temps, Grok 2.0, d’Elon Musk, joue avec les limites en permettant à n’importe qui de créer de fausses images d’actualité plus vraies que nature d’un simple clic. De son côté Google dévoile Willow, un processeur quantique capable d’atteindre une vitesse de calcul hallucinante (5 minutes pour résoudre un problème qui prendrait des milliards d’années avec un supercalculateur actuel). Enfin, j’ai rencontré le biohacker Arnaud Auger, qui confie sa vie à des capteurs corporels et Fred Jordan qui rêve d’ordinateurs biologiques, faits de neurones humains. Deux interviews incroyables qui m’ont vraiment secoué, à écouter absolument !
L’actu
Lancement de Sora, l'IA qui génère des vidéos plus vraies que nature avec de simples prompts. (03:14)
Grok 2.0 d'Elon Musk crée des images de personnalités hyper trompeuses. (07:36)
Google dévoile Gemini 2.0, sa nouvelle IA multimodale qui préfigure les agents intelligents. (10:07)
Samsung et Google lance un casque de réalité mixte, concurrent du Vision Pro d'Apple. (10:37)
Quantique : le processeur signé Google qui pourrait tout changer
Innovation
Google frappe fort avec Willow, un processeur quantique révolutionnaire capable de réaliser en cinq minutes des calculs qui prendraient des milliards d'années à un supercalculateur classique. Avec ses 105 qubits et une capacité inédite à réduire les erreurs, Willow marque un tournant majeur pour l’informatique quantique. Promis à des applications dans des domaines comme l’énergie, la santé et les transports, ce processeur ouvre la porte à des avancées spectaculaires. (31:54)
Des processeurs à base de neurones humains
Interview
Fred Jordan, co-fondateur de FinalSpark
Hallucinant ! Fred Jordan, cofondateur de FinalSpark, explore l’avenir des bioprocesseurs conçus à partir de neurones humains, promettant une révolution dans le calcul informatique. Ces circuits biologiques, mille fois plus économes en énergie que les technologies actuelles, pourraient un jour remplacer les serveurs traditionnels. À mi-chemin entre science et éthique, ce projet ouvre la voie à une nouvelle ère où la biologie et la technologie fusionnent. (34:26)
Rajeunir grâce aux capteurs connectés
Interview
Arnaud Auger, adepte du “biohacking”
Marrant… mais pas que ! Arnaud Auger, biohacker basé à San Francisco, utilise des capteurs, des tests ADN et des technologies avancées pour optimiser sa santé et sa longévité. En adoptant un mode de vie ultra-connecté et personnalisé, il a perdu 25 kilos, amélioré ses performances physiques et inversé son âge biologique. Pour lui, la technologie est la clé pour devenir la meilleure version de soi-même. (44:12)
Transcription :
Monde Numérique :
[0:11] Des images et des vidéos ultra-réalistes, un processeur quantique ultra-puissant, des processeurs biologiques et des capteurs pour prolonger la vie. Voilà, c'est le menu de cet épisode de Monde Numérique, l'hebdo, émission 100% Tech, chaque samedi sur toutes les plateformes de podcast. Et oui, on va voir en détail cette semaine tout d'abord le lancement de Sora, la super IA qui fait des vidéos ultra-réalistes, la sortie de Grok 2.0, ça c'est lié à Elon Musk qui permet de créer des images de personnalité plus vraie que nature. Google qui lance la nouvelle version de son IA Gemini. Et puis il n'y a pas que de l'IA, on parlera aussi du premier casque de réalité mixte signé Samsung et Google. Dans le débrief transatlantique avec Bruno Guglieminetti, on reviendra sur Sora et son impact sur l'industrie de la création, sans oublier les risques en matière de désinformation. Et puis on parlera de ce qui se passait il y a 25 ans, rappelez-vous, on se préparait à une catastrophe, le bug de l'an 2000. Et puis la deuxième partie de cette émission, deux interviews absolument passionnantes. Tout d'abord, vous découvrirez un bio-hacker, un Renaud Auger, qui mesure sa santé avec toutes sortes d'objets connectés et qui affirme que la tech va l'aider à vivre plus longtemps. Enfin, on ira en Suisse découvrir la société FinalSpark, qui fabrique, tenez-vous bien, des processeurs à base de neurones humains pour l'intelligence artificielle du futur. Bienvenue à l'écoute de Monde Numérique L'Hebdo du 14 décembre 2024
Jingle:
[1:40] Monde Numérique, Jérôme Colombain.
Monde Numérique :
[1:45] Voilà, c'est pas mal tout ça, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais ça devrait vous plaire. Merci d'être là, merci d'être là comme chaque semaine si vous faites partie des fidèles de Monde Numérique. Vous êtes parti pour 50 minutes d'ActuTech, d'infos, de débriefs, plus d'une heure si vous êtes abonné à la version Premium sur Apple Podcast. Et puis Monde Numérique, c'est aussi tous les autres jours de la semaine des chroniques sur l'ActuTech, des éditos, des interviews, long format. Tout cela disponible sur toutes les plateformes de podcast, sur YouTube et même sur les assistants beaucoup. Monde Numérique, c'est aussi une newsletter. Vous pouvez vous y abonner en allant sur le site mondenumérique.info. Cette semaine, quelques remerciements. De chaleureux remerciements à vous pour vos messages d'encouragement. Tout d'abord à Tariq, SambaC4 et Sylb. Et puis, des remerciements encore plus appuyés, évidemment, aux généreux donateurs, et notamment Jackie, Sylvie et Christophe. Oui, car il est possible de soutenir financièrement Monde Numérique. Et sachez-le, les dons que vous faites aujourd'hui serviront à couvrir le CES de Las Vegas, le grand salon de la rentrée en janvier prochain. Évidemment, c'est un déplacement qui revient très cher. Il y a beaucoup de frais. Donc, merci véritablement pour votre soutien. C'est très apprécié. Si vous voulez faire un don, c'est tout simple. Vous allez sur le site mondenumérique.info. Vous verrez, il y a un lien tout en haut de la page ou bien il y a un formulaire qui se balade un peu partout.
Monde Numérique :
[3:21] Allez, si on parlait un peu d'intelligence artificielle pour changer, puisque cette semaine encore, c'est l'IA qui fait l'actu. Avec d'abord un événement, en début de semaine, la sortie du très attendu Sora, S-O-R-A, le nouvel outil d'OpenAI, la maison mère de ChatGPT, pour la création de vidéos par intelligence artificielle. Vous lui demandez ce que vous voulez, en langage naturel, vous faites un prompt et il vous génère des images réelles, représentant de véritables choses ou totalement imaginaires, sous forme de séquences vidéos pouvant aller jusqu'à 20 secondes. Alors, on en a beaucoup parlé cette semaine, je vous en parle en détail dans un épisode séparé d'ailleurs de Monde Numérique en date du 12 décembre. C'est un événement parce qu'on l'attendait depuis février dernier, ce fameux Sora. OpenAI en avait déjà beaucoup parlé, avait fait beaucoup de tam-tam autour de cela. Il arrive donc, mais seulement, je dirais, dans 160 pays et pas en Europe. Toujours pareil, pour des raisons réglementaires, pour l'instant on n'y a pas droit, on espère pouvoir y accéder prochainement. Alors, Sora, les images générées, comme le prévoyait, comme l'annonçait le premier OpenAI, elles sont absolument impressionnantes de réalisme, de qualité, mais ce n'est pas parfait non plus. Il y a parfois des erreurs sur les images, il y a pas mal de déchets, des vidéos ratées ou avec des choses bizarres.
Monde Numérique :
[4:43] N'empêche, c'est un outil évidemment très puissant, on s'en rend compte, qui va encore s'améliorer. Et qui pourrait bien marquer un tournant en matière d'IA au service de la vidéo, avec des implications pour la publicité, le jeu vidéo, le cinéma aussi certainement, et puis, bien entendu, d'inévitables dérives.
Monde Numérique :
[5:02] Sora est en effet une véritable machine à fake news, qui sera utilisable par n'importe qui, sans compétences particulières, puisque c'est très facile, et cela permet de créer de fausses vidéos. Alors, même s'il y a une sécurité sur Sora, on ne peut pas utiliser l'image de personne réelle, en tout cas pour l'instant.
Monde Numérique :
[5:22] Et puis OpenAI a aussi mis quelques sécurités comme un marquage invisible dans les métadonnées pour indiquer qu'il s'agit de vidéos générées par intelligence artificielle. On reparle des implications de Sora tout à l'heure dans le débrief transatlantique avec Bruno Guglielminetti.
Monde Numérique :
[5:40] Il y en a un en revanche qui ne s'embarrasse pas de scrupules ou d'état d'âme, c'est Grok. Grok lié à Elon Musk, en tout cas, l'intelligence artificielle intégrée à la plateforme sociale X. Pas d'état d'âme, car avec Grok, on peut dessiner absolument tout ce qu'on veut, toutes les personnalités existantes ou imaginaires, évidemment. Grok ne fait pas de vidéos, mais des photos, des images ultra réalistes. Et la version 2.0 qui a été dévoilée cette semaine, va encore plus loin. C'est ainsi qu'on a vu ces derniers jours se répandre sur les réseaux sociaux des images, par exemple, de Trump et Poutine bras-dessus-bras-de-sous, ou encore des responsables politiques français de gauche et de droite tendrement enlacés. J'ai vu passer également des images de Steve Jobs avec un masque de Vision Pro, un masque Vision Pro sur le visage qui évidemment est impossible chronologiquement puisqu'il est décédé avant la sortie du Vision Pro. Ou encore une très belle photo de Tim Cook, le PDG d'Apple, avec une crête d'Iroquois multicolore. Voilà, tout ça, c'est fake et en même temps, c'est plus vrai que nature. C'est absolument incroyable. La particularité surtout, c'est que Grok 2.0 est accessible Sans abonnement, payant au réseau social X, en tout cas pour l'instant. Alors que pour la version précédente, il fallait bénéficier d'un abonnement premium.
Monde Numérique :
[7:00] La première version donnait déjà des résultats bluffants. Là, on va donc encore plus loin. C'est rigolo, tout ça, toutes ces images drôles, distrayantes, créatives. Mais là encore, on ne peut s'empêcher de penser aux éventuels et aux possibles effets pervers. Et là encore, les producteurs de fake news en tout genre vont s'en donner à cœur joie. Donc attendez-vous, dans les mois qui viennent, à voir circuler toutes sortes d'images un peu surprenantes. Vous risquez de croire qu'il s'agit de véritables photos.
Monde Numérique :
[7:32] Eh bien non, ce sont très souvent des créations de groc. Les personnes les plus crédules risquent de tomber dans le panneau. Attention donc, plus que jamais, ce que vous voyez sur Internet n'est pas forcément vrai. Mais à l'inverse, ça ne veut pas dire que tout ce qu'on voit est faux. Ça devient compliqué.
Monde Numérique :
[7:51] Alors qu'OpenAI faisait donc des annonces cette semaine, Google ne pouvait pas rester silencieux et devait absolument faire parler de lui. Eh bien voilà, c'est fait. Google a annoncé cette semaine, a présenté son nouveau modèle d'intelligence artificielle, Gemini 2.0. La nouvelle version de Gemini, quoi de neuf ? Eh bien, Gemini 2 se veut multimodal, c'est-à-dire capable de comprendre du texte et des images, quand on lui montre quelque chose avec l'appareil photo de son smartphone, par exemple. Et il ouvre la voie aux agents intelligents, également, ces super IA qui seront capables de prendre la main sur nos ordinateurs pour effectuer des successions de tâches complexes. C'est une nouvelle ère qui s'ouvre pour l'IA générative, a déclaré Sander Pichai, le patron de Google. Alors, Gemini 2.0 arrivera officiellement pour le grand public de début 2025. Pour l'instant, il est accessible seulement à certains développeurs etc. Et il se déclinera en plusieurs versions. Donc Gemini 2.0 Flash, c'est la version rapide, performante, capable de traiter des informations en temps réel et d'interagir de manière naturelle. Ça nous fait penser à ChatGPT 4.0.
Monde Numérique :
[8:59] Projet Astra, ça c'est le fameux assistant multimodal qui permettra avec son smartphone de montrer n'importe quoi dans la rue et de demander à Google de quoi il s'agit. Ça existe déjà un peu, mais ça va aller beaucoup plus loin et puis ce sera accessible ensuite ultérieurement dans des lunettes connectées. Il y a aussi Project Mariner, qui est peut-être l'outil le plus spectaculaire, donc un agent capable de naviguer automatiquement sur le web et d'accomplir des tâches complexes à l'intérieur du navigateur. Dans un premier temps, ça prendrait la forme d'une extension Chrome qui pourrait, par exemple, aller faire des achats pour vous sur un site marchand à partir d'une liste de courses que vous lui soumettez. Il cherche, il clique, il se débrouille, il va jusqu'à l'encaissement du panier. Comment ça marche ? Après, techniquement, il fait des copies d'écran qu'il envoie sur les serveurs de Google pour les analyser et savoir où cliquer. Ça paraît quand même un peu lourd comme système, mais il n'y a sans doute pas d'autres manières de faire. Et à noter également que pour l'instant, ça se limite seulement à une fenêtre de navigation dans le navigateur.
Monde Numérique :
[10:07] Un seul onglet ouvert à la fois. On n'est pas encore sur des agents capables de lancer des programmes sur l'ordinateur et d'interagir avec eux comme si c'était un être humain avec une souris et un clavier.
Monde Numérique :
[10:19] Enfin, toujours à l'intérieur de Gemini 2.0, il y a Jules, un agent spécialisé pour les développeurs, disponible à travers GitHub pour assister à la programmation et à la résolution des problèmes de code. Et puis, il y aura également des innovations en matière de gaming.
Monde Numérique :
[10:38] Lâchons deux minutes l'intelligence artificielle pour passer à autre chose, en l'occurrence à la réalité virtuelle, avec une surprise cette semaine, on ne l'attendait pas, c'est un nouveau casque de réalité virtuelle, réalité mixte, et il est signé Samsung en partenariat avec Google. Voici le Muhan, Project Muhan, un casque de réalité mixte qui ressemble beaucoup aux visions pro d'Apple, mais qui se veut plus léger et plus confortable, avec un champ de vision plus large également. À part ça, il a une interface assez similaire à celle d'Apple et aussi à celle de Meta avec le Quest, c'est-à-dire des fenêtres flottantes que l'on peut placer un peu où on veut dans son champ de vision. Il est équipé donc d'une nouvelle version d'Android, une version spéciale baptisée Android XR, développée par Google. Ce casque, comme le Vision Pro, permet aussi de passer de la réalité virtuelle, c'est-à-dire une immersion totale dans une image, à de la réalité augmentée, c'est-à-dire qu'on voit à travers et il y a des éléments qui s'affichent en surimpression et cela grâce à des mini-caméras placées à l'extérieur. Enfin, comme le Vision Pro, sur ce casque, la batterie est déportée pour que ça pèse moins lourd. Il y aura d'ailleurs plusieurs modèles de batterie pour plusieurs types d'autonomie. Ce Project Mouhan devrait sortir l'an prochain. On n'a pas le prix, mais il devrait être assez élevé.
Monde Numérique :
[11:58] En attendant le Vision Pro, si vous possédez un iPhone ou un iPad pas trop ancien, allez, allez, il y a une petite mise à jour à faire cette semaine. C'est parti pour iOS version 18.2 qui a été rendue publique et qui est donc disponible au téléchargement. Quelle nouveauté pour ce iOS 18.2 ? Eh bien, si vous vivez en dehors de l'Europe, plein de choses pour vous, et notamment des nouvelles fonctions liées à Apple Intelligence. Mais en revanche, si vous êtes en Europe, malheureusement, Eh bien, pas d'Apple Intelligence, mais quand même quelques nouveautés, notamment, je les énumère, le support du RCS. Le RCS, c'est ce nouveau, enfin pas très nouveau d'ailleurs, standard pour les SMS, donc une sorte de super SMS enrichi, ce qui permettra d'avoir des échanges avec Android qui supportent RCS depuis longtemps. Il y a également un relooking de l'application photo sur iPhone, des fonctionnalités d'aide auditive. Si vous possédez des AirPods Pro 2, des emojis personnalisés générés par intelligence artificielle, c'est vrai que ça va changer le monde, et du nouveau sur l'application podcast également. Désormais, on peut mettre en favori une catégorie de podcast. Alors bien sûr, si vous écoutez actuellement Monde Numérique et que vous êtes sur iPhone, vous tapez sur la loupe pour la fonction recherche dans Apple Podcast.
Monde Numérique :
[13:16] Vous sélectionnez la catégorie technologie, bien entendu, et vous la mettez en favori pour la retrouver facilement. Ça vous permettra d'accéder rapidement à des tas de podcasts de tech très intéressants. Et bien sûr, vous reviendrez vous précipiter sur le monde numérique. Comme chaque semaine, on traverse l'Atlantique pour retrouver mon camarade Bruno.
Guest:
[13:38] Jérôme Colombain, salut.
Monde Numérique :
[13:40] Salut Bruno Guglielminetti
Guest:
[13:42] Alors Sora, est-ce que tu l'as testé ?
Monde Numérique :
[13:45] J'ai testé de loin, alors j'ai réussi. Non, je ne peux pas le tester puisque tu sais qu'il n'est pas disponible en France, enfin en Europe.
Guest:
[13:51] Pour des raisons de législatives ou de réglementations.
Monde Numérique :
[13:55] Oui, mais parce que maintenant, si tu veux, c'est la philosophie européenne. Nous, on laisse d'abord mesurer les autres, comme disait Marcel Pagnol, Et on ne se jette pas sur ces artifices. On attend un petit peu que vous essuyez les plâtres. Et après, si ça nous plaît, éventuellement, on adoptera ces technologies. Je plaisante évidemment. On est très énervés de ne pas pouvoir y accéder.
Guest:
[14:18] Jérôme, si tu veux citer du pagnole, tu le fais avec l'accent.
Monde Numérique :
[14:23] Laisse un peu. Non, je suis nul, moi, pour imiter Marius.
Guest:
[14:28] Ça aurait été beau.
Monde Numérique :
[14:29] Oui, mais ce n'est pas mon truc.
Guest:
[14:31] Alors, on revient à notre sujet. Oui, mais c'est ça. Mais le problème, puis je pense que c'est important de le dire aux gens qui nous écoutent, c'est que si vous êtes géographiquement en Europe, ne tentez pas de vous brancher à l'outil Sora, donc sur Sora.com, parce que, en direct ou en VPN, parce que si vous arrivez à le faire et que les gens d'OpenAI vous détectent, vous risquez le bannissement à vie de l'outil.
Monde Numérique :
[14:56] Ouais, mais tu crois pas qu'ils ont dit ça un peu pour faire peur, parce que moi, je me suis, j'ai essayé de me connecter et je ne suis pas encore expédié de ChatGPT.
Guest:
[15:09] Je vais me répéter un peu plus fort. On va voir.
Monde Numérique :
[15:13] Non, mais attends, il ne s'est marqué nulle part en plus.
Guest:
[15:17] Dans le document d'information au départ, si tu as lu le communiqué de presse en bas, c'est bien écrit.
Monde Numérique :
[15:22] Le cluf. Non, le communiqué de presse. Mais non, je n'ai pas lu ça.
Guest:
[15:27] Justement, ce n'était pas à l'intention des Européens, alors ils ne vous l'ont pas envoyé. Mais donc, oui, c'est ça. Plus sérieusement, Sora est disponible et on a l'impression, tu sais, Sora, depuis les neuf mois où ça a commencé à être annoncé et qu'il y avait eu des fuites, par la suite, il y a des gens qui ont eu accès à ça. Je pense que c'était quelque chose comme 300 testeurs, bêta-testeurs officiellement à l'époque, ce qui a généré quelque chose comme un demi-milliard, 500 000 clips vidéo de 5 à 10 secondes. Mais ça a permis à Sora de peaufiner, de travailler. Mais le problème, c'est que maintenant qu'il est lancé officiellement, sauf que c'est l'enfer d'essayer de rentrer là-dedans parce qu'ils n'arrivent pas à répondre. D'ailleurs, cette semaine, à deux occasions... Tout le système de ChatGPT est tombé en panne dû à l'afflux de la demande et puis aussi de la demande de calcul de Sora. Et ils n'étaient pas prêts à accueillir ça. Et les pauvres, ça fait un mois qu'ils nous en parlent, mais ils n'étaient pas prêts à prendre le trafic.
Monde Numérique :
[16:30] Mais c'est toujours un peu le même problème, ces outils-là. Quand tout d'un coup, la planète entière se jette dessus, évidemment, ça fait une charge pour les serveurs qui est absolument gigantesque, phénoménale. Déjà, quand on sait que ChatGPT en texte consomme énormément de ressources, de temps processeur et donc au passage d'électricité, d'énergie et du coût de produits du CO2. Donc, ce n'est pas bon pour la planète. Mais ça, c'est pour le texte. Et donc, on n'a pas de chiffre pour l'instant pour l'image, mais on imagine que ce SORA, ça doit être aussi un gouffre énergétique.
Guest:
[17:11] – Mais c'est justement parce qu'ils n'ont pas capables de répondre à cette demande-là et c'est tant mieux dans le contexte de ce que tu dis, qu'ils ont même inscrit, écoute, je pense que 98% des demandes de ce que j'ai entendu de par mes discussions, 98% des demandes d'accès à Sora sont refusées. Il y a un beau petit message qui apparaît en disant qu'ils ne prennent plus de nouveaux participants. Alors, c'est la bande peut-être mille à l'utiliser présentement. Et ce que ça génère pour les gens qui ont tenté de l'utiliser, c'est tellement coincé, puis la machine est tellement prise qu'il y a de la difficulté à la compréhension des requêtes. Le rendu vidéo est parsemé d'erreurs qui n'ont rien à voir avec les requêtes. Donc, à quelque part, tant mieux. Les gens auront du temps encore pour s'entraîner. Mais je trouve ça dommage pour les gens d'OpenAI parce qu'entre-temps, Mid Journey fait du millage, Runway AI fait du millage. Donc, les concurrents, oui. Les outils chinois font excessivement bien. Moi, je suis deux infographistes et monteurs qui vont à plein. C'est ça leur boulot.
Monde Numérique :
[18:23] Qui travaillent avec ça?
Guest:
[18:24] Oui, qui travaillent avec ça. Puis les productions qu'ils arrivent à faire avec leurs tests, c'est phénoménal. Alors, bon, ça sera peut-être que quand ils seront sortis, pour de vrai, il sera trop tard.
Monde Numérique :
[18:35] Joli jeu de mots. Oui, parce que tu as raison, la vraie info, c'est de savoir ce que ça va changer, ce Sora. Alors, Sora et tous les autres systèmes du même genre, c'est encore une fois une nouvelle page de la révolution de l'intelligence artificielle qui est en train de se tourner. Là, carrément, ce sont tous les producteurs d'images vidéo, c'est-à-dire la publicité, le jeu vidéo, le cinéma, la télé, même dans les entreprises, etc. Tous les contenus les créateurs de contenus et tout qui ont à disposition un nouvel outil, qui va clairement tout chambouler. Alors, on ne va pas commencer à voir les choses en noir en disant que ça va être du chômage, ça va être de la destruction d'emplois, etc. Il faut voir le côté des possibilités que ça va offrir. Mais on se doute bien que si demain, on fait des films entiers avec ce truc-là, l'économie ne sera plus la même, ce ne seront pas les mêmes personnes qui devront travailler là-dessus. C'est un petit tremblement de terre. quand même cette histoire-là.
Guest:
[19:42] Tout à fait. Mais moi, j'ai l'impression que d'une part, il y a des nouveaux métiers qui sont en train d'être créés, mais il y a beaucoup de corps de métiers qui vont devoir s'adapter à ces outils-là. Et moi, je le vois comme ça.
Monde Numérique :
[19:55] Oui, mais tu as raison. Mais on est d'accord. D'une manière générale, c'est le cas avec l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, il faut se saisir absolument des outils d'IA, quels qu'ils soient, surtout d'IA générative, que ce soit la vidéo ou les photos ou les images ou le texte, pour pouvoir en tirer un bénéfice. Parce que, comme tu le dis, et tu l'avais déjà dit très justement dans une de nos précédentes conversations, celui qui va vous piquer votre boulot demain, ce n'est pas l'IA, c'est quelqu'un qui sait utiliser l'IA. C'est sûr.
Guest:
[20:27] Puis moi, j'ai l'impression que, puis là, c'est une question de moi, puis on commence à voir des courts-métrages sortir, mais moi, j'ai l'impression qu'on va découvrir des futurs réalisateurs, et puis est-ce qu'on les appellera encore des réalisateurs, mais des producteurs de vidéos qui seront des grands noms plus tard. Mais on va les découvrir comme ça. Pourquoi? Parce que de leur bureau, ou même pour certains peut-être de leur téléphone, ils vont commencer à créer des trucs comme ça. Souviens-toi, Spielberg, c'est un court-métrage qu'il a mis au monde. Ça s'appelait Duel. C'était un gros camion qui courait une petite voiture et c'est ce qu'il a lancé. Puis ça, il l'a fait avec un budget ridicule.
Monde Numérique :
[21:07] Ridicule.
Guest:
[21:08] Puis après, bon, le reste.
Monde Numérique :
[21:10] Il est suivi. Ça va être fantastique. Ça va être fantastique, mais...
Guest:
[21:16] Mais d'ici là, c'est sûr que ça va faire mal.
Monde Numérique :
[21:18] Après, la question naïve qu'on peut se poser, c'est est-ce que demain, tous les films de cinéma seront faits comme ça, par intelligence artificielle ? Et du coup, est-ce qu'il y aura un intérêt à aller voir ce genre de films ? On en a parlé sur le plateau de Takenko, précisément. Moi, je pense qu'il y a quelque chose d'animal chez l'être humain qui fait qu'il prendra, il aura besoin, même s'il y aura de la place pour des films entièrement générés par IA, c'est certain, que ce soit des courts ou des longs, mais on aura besoin, d'un point de vue presque animal, d'aller voir d'autres humains sur un écran et pas uniquement des créatures de synthèse.
Guest:
[21:55] Jérôme, je partage ton opinion et c'est pour ça que le théâtre existe encore.
Monde Numérique :
[21:59] Oui, exactement.
Guest:
[22:00] Parce qu'on aurait pu les regarder à la télé, on aurait pu les regarder au cinéma, mais non. De voir des comédiens, on est rendu de parler de théâtre entre nous, ça va bien. Mais de voir la magie de voir des êtres humains devant nous se donner des répliques, nous raconter une histoire. Pourquoi les conteurs, ça fonctionne encore? Pourquoi les humoristes, ça fonctionne encore en salle de spectacle? Tu sais, le spectacle vivant, moi, j'ai fait un séjour de deux ans, juste pour rire. Et c'est ça, c'est la magie du spectacle vivant, d'avoir des êtres humains qui viennent te raconter quelque chose. Alors, c'est sûr que l'IA, là-dedans, ça vient rajouter des facilités, mais ultimement, l'humain veut entendre un autre humain lui raconter quelque chose.
Monde Numérique :
[22:38] Sinon, il n'est pas satisfait. Bruno...
Guest:
[22:41] Jérôme, tu me permets, je t'interromps.
Monde Numérique :
[22:44] Oui.
Guest:
[22:44] Là, permets-moi de faire la place nostalgique que je suis. Il y a 25 ans, Donc, c'était un peu avant le 20 décembre 1999. Est-ce que tu te souviens d'avoir parlé à l'époque du Y2K, le fameux bug de l'an 2000?
Monde Numérique :
[23:08] Bien sûr, évidemment.
Guest:
[23:11] Comment tu avais parlé de ça à l'époque?
Monde Numérique :
[23:12] Ah ben oui, mais moi je travaillais à France Info à l'époque et je faisais plein de sujets là-dessus, parce que ça posait quand même beaucoup de questions, puisqu'il y avait une espèce de compte à rebours, on annonçait qu'au 31 décembre 1999, au passage à l'an 2000, tous les ordinateurs allaient planter, parce qu'ils ne seraient pas capables de changer de date, puisqu'ils avaient été codés sur deux chiffres, 98, 99, et donc ils allaient repasser à 0,0. au lieu de passer à 2000. Et donc, on annonçait plein de catastrophes. Les avions, les centrales nucléaires, les banques, enfin, le monde entier allait s'arrêter. Sauf que, ben, on sait un peu comment ça s'est fini, finalement.
Guest:
[23:54] Oui. Ben, tout a presque bien été.
Monde Numérique :
[23:56] Ben oui, il s'est rien passé. Enfin, il s'est presque rien passé. Mais moi, la nuit du 31 décembre, je l'ai passé à la cellule de crise qui avait été montée. C'était au ministère de l'Économie et des Finances pour surveiller, justement, ce qui se passait dans le pays. et je faisais des directs toute la soirée, une partie de la nuit sur France Info pour raconter, ben écoutez, oui, ah si, à tel endroit, il y a une pendule qui ne s'est pas mise à l'heure. Mais bon, à la fin, le lendemain, on se sentait un petit peu ridicule quand même parce qu'il n'y avait pas eu de... Finalement, il ne s'était pas passé grand-chose. Mais en réalité, c'est peut-être parce qu'on en avait beaucoup parlé avant et que du coup, toutes les précautions avaient été prises.
Guest:
[24:32] Et je pense que c'est ça qu'il faut aussi ramener dans l'équation et dans le récit de l'histoire. C'est que cinq ans avant, on commençait à travailler sur le problème. Les gens qui étaient responsables des services et les grandes firmes d'informatique, de conseil, avaient commencé à dire aux banques, aux services financiers, aux services de santé, aux transporteurs aériens et autres, on vient de voir un problème. Et moi, je me souviens d'une histoire qui avait été présentée en 96 où on faisait le constat que dans quatre ans, il pourrait y avoir un problème sérieux. Et à partir de ce moment-là, Il y a des centaines de millions de dollars qui ont été investis par des grands groupes pour corriger la chose. Et si ça s'est bien passé, c'est parce que d'une part, il y a beaucoup de travail qui a été fait en amont. Et puis, je dirais que le dernier sprint, le dernier six mois, ce sont des journalistes comme toi, comme moi, qui ont passé du temps à l'antenne de leur rappeler qu'il y avait cet enjeu-là. Et là, il y a plein de petites firmes, de firmettes qui sont arrivées dans le décor en disant, bien nous, vous êtes une petite entreprise, on peut regarder ça ou télécharger tel logiciel. Vous allez voir si vos appareils sont prêts à passer le cap. Ça n'affectait pas les Macs. Les Macs avaient un autre problème. Mais donc, c'était dans l'univers PC. Et moi, j'ai l'impression et la certitude que s'il n'y avait pas eu le travail, il y a cinq ans en amont, et aussi le travail d'alerte des six derniers mois.
Guest:
[26:01] Ça n'aurait pas été aussi joyeux. Puis la plupart des journalistes qui avaient couvert le truc n'auraient pas eu la mine basse le lendemain en disant, finalement, ça n'était plus tranquille pour passer.
Monde Numérique :
[26:12] Non, mais tu as raison. Il y a deux façons de voir les choses. Mais moi, en fait, j'ai toujours pensé sur le coup, c'est justement parce qu'on en a beaucoup parlé avant et que les gens, ces entreprises, avaient pris les choses en main, qu'il ne s'est rien passé de vraiment grave. Et toi, tu étais sur la brèche aussi, j'imagine, à ce moment-là.
Guest:
[26:30] Écoute, j'étais en lien avec quelqu'un qui était dans un observatoire à Montréal qui avait été monté par l'Université du Québec, qui était devenu comme l'observatoire du Y2K à Montréal. Et j'étais en liaison, mais j'étais tranquille chez nous. Finalement, la plupart des gens ont regardé, nous, c'est une tradition ici au Québec, de regarder le Bye Bye de fin d'année, donc qui est une rétrospective produite sur une heure. Et alors, la plupart des gens ont regardé ça puis le téléphone n'a jamais sonné. Je me souviens d'envoyer un texte-là en disant « Pi ». Et puis, on va dire, tout est beau pour le moment. Alors, j'ai été me coucher tranquille après.
Monde Numérique :
[27:04] Tranquillou.
Guest:
[27:06] Mais je t'en parle, puis je voulais t'entendre parce qu'un petit peu plus tard dans le podcast, je parle avec Nelson Dumais, qui lui est vraiment le dernier des mohicans de journalistes en informatique, qui lui, ça fait longtemps, je pense qu'il a commencé dans les années 70 à couvrir l'informatique. Et avec lui, on se remémore cette époque-là et tout le travail qui avait été fait pour justement s'assurer que ça passe en douceur, malgré les mises en garde et les cris de certains.
Monde Numérique :
[27:38] Super sujet, très bonne idée, qui nous plonge 25 ans en arrière.
Monde Numérique :
[27:41] Sinon, de quoi parles-tu d'autre?
Guest:
[27:43] Alors, merci de me poser la question. Alors, les sujets dont on va parler dans mon carnet, notamment, tu sais qu'à ce temps-ci de l'année, il y a beaucoup de ventes et d'achats de billets. De billets de spectacles qui se font en ligne. On parlait du spectacle vivant. Il y a beaucoup d'arnaques autour de ça. Alors, on parle avec une spécialiste de la vitrine pour nous aider à être plus attentifs par rapport à ça. Sinon, je parle avec un des patrons de chez Microsoft. On parle d'entreprise de PME et d'intelligence artificielle. Encore beaucoup de difficultés à prendre le virage de ça. Alors, on fait le point avec lui. Et puis, initiative intéressante de la part de Google. On n'en a pas parlé, mais c'est cette rétrospective de YouTube et du moteur de recherche Google qui, chaque année, le font notamment en France et au Canada et puis aussi au Québec. Alors, je parle avec Simon Langlois pour revenir sur la rétrospective. Puis, qu'est-ce que ça veut dire pour Google et YouTube de prendre ce pas de recul sur l'année qui vient de se passer?
Monde Numérique :
[28:43] Très bien. Parfait. Merci, Bruno. Salut, salut. À la semaine prochaine.
Guest:
[28:48] Allez, bye.
Monde Numérique :
[28:54] L'innovation de la semaine, c'est évidemment, j'ai envie de dire, cette avancée spectaculaire en matière d'informatique quantique, une avancée signée Google. Un processeur quantique, le premier du genre, qui serait doté de capacités de calcul spectaculaires. L'informatique quantique, on en parlait la semaine dernière, si vous étiez là à l'écoute de Monde numérique, l'hebdo avec Patrice Dubois de Capgemini. On parlait de tout ce que ça va changer et apporter dans de nombreux domaines, que ce soit la chimie, la pharmacie, l'énergie, la météo, encore les transports. L'informatique quantique en est encore à ses balbutiements avec quasiment pas d'ordinateur quantique réellement opérationnel. Mais ça pourrait changer donc avec cette première puce quantique signée Google, baptisée Willow. C'est un peu comme l'invention du microprocesseur, le premier microprocesseur par Intel, le 4004, il y a plus de 50 ans finalement. Ce processeur Willow qui vient d'être présenté serait capable d'effectuer en 5 minutes une tâche de calcul prenant 10 sept milliards d'années, c'est-à-dire 10 ans puissance 25.
Monde Numérique :
[30:06] Un supercalculateur actuel. Vous prenez l'ordinateur le plus puissant du moment, vous le faites tourner pendant plus longtemps que toute l'histoire de l'humanité, mais que l'histoire de la Terre, et vous n'arriveriez pas à faire ce que fait ce processeur en 5 minutes. On peut donc vraiment parler de sauts quantiques. Willow affiche une puissance de 105 qubits, les fameux bits quantiques. Et la véritable avancée technologique, apparemment, c'est la capacité de cette puce à réduire de manière significative les erreurs de calcul quantique. Car il faut savoir que les bits quantiques sont extrêmement instables, ils sont sensibles à la moindre perturbation électromagnétique ou autre. Du coup, quand on lance un calcul, il y a de gros risques d'erreurs. Et on mesure du coup la puissance des ordinateurs quantiques, notamment par leur capacité à limiter le nombre des erreurs. Le Willow serait capable de réduire les erreurs de manière exponentielle, c'est-à-dire que lorsqu'on augmente la taille du réseau de qubits, bon, je ne vais pas rentrer trop dans le détail, mais un minimum quand même, eh bien, paradoxalement, le taux d'erreur, lui, est divisé. On ne va pas s'apesantir sur comment ça se passe, il faut un doctorat de physique quantique pour comprendre exactement la technique utilisée, mais en tout cas, cette nouvelle est accueillie comme un vrai événement par la communauté scientifique spécialisée dans le quantique. Bon, reste maintenant à développer des applications.
Monde Numérique :
[31:31] Selon Google, le prochain défi sera de réaliser un véritable premier calcul utile dépassant l'informatique classique et pertinent pour une application concrète dans le monde réel. L'objectif, c'est de concevoir un ordinateur quantique composé d'un million de qubits, sachant que ce processeur, lui, affiche environ une centaine de qubits,
Monde Numérique :
[31:51] avec un taux d'erreur de 1 sur 10 000 milliards. Et pour cette prouesse, pour l'instant, on n'a aucune date.
Monde Numérique :
[32:16] Faites-vous partie des gens qui pensent que l'on peut vivre mieux et plus longtemps en mesurant au quotidien de nombreux paramètres physiologiques grâce à toutes sortes de capteurs ? Eh bien, mon invité, lui, en est convaincu. Arnaud Auger se présente comme un bio-hacker. Il a mis sa vie, en quelque sorte, entre les mains des capteurs de toutes sortes. Vous vous reconnaîtrez peut-être dans ce qu'il va nous décrire dans un instant. C'est passionnant. Ensuite, on parlera également de bio, mais rien à voir avec le glyphosate ou les petits oiseaux. ce seront des bioprocesseurs à partir de neurones humains. Alors, ces interviews sont assez longues. Elles sont proposées en version intégrale si vous écoutez Monde Numérique, l'hebdo premium sur Apple Podcast. Sinon, vous les retrouverez en version complète la semaine prochaine en épisode séparé sur toutes les plateformes de podcast. Bonjour Arnaud Auger.
Guest:
[33:05] Bonjour Jérôme.
Monde Numérique :
[33:06] Directeur adjoint du CILAB de KT Innovation. KT Innovation, c'est l'un des plus grands fonds d'investissement français basé aux Etats-Unis, dans la Silicon Valley. Tu es basé à San Francisco et tu accompagnes notamment les grands groupes français dans leurs relations avec les big tech américaines. Et puis, tu as une particularité assez étonnante. Tu te présentes comme un biohacker. On va commencer par ça. Qu'est-ce que ça veut dire, biohacker, exactement ?
Guest:
[33:35] Biohacker, bio, c'est la vie et hacker. En effet, c'est un peu le côté pirate, mais c'est vraiment l'idée de comprendre les besoins de son corps et d'y répondre donc de hacker plutôt notre ignorance donc le biohacking pour moi c'est plutôt un état d'esprit de curiosité sur les dernières avancées, technologiques les dernières trouvailles en effet scientifiques pour avoir des protocoles et des appareils, en effet, pour améliorer sa santé, sa productivité, son bien-être, sa longévité, ses performances athlétiques. En gros, utiliser la technologie pour comprendre nos besoins de nos corps pour mieux y répondre et devenir la meilleure version de nous-mêmes.
Monde Numérique :
[34:17] Oui, c'est ce qu'on appelle aussi le quantified self, c'est-à-dire que tu es un fan de tous les objets connectés qu'on peut porter sur soi pour mesurer les différents paramètres.
Guest:
[34:26] Exactement, et en fait du coup mon histoire c'est qu'il y a 5 ans j'étais obèse, donc j'avais 25 kilos de plus, et donc pourtant j'essayais de faire du, enfin je faisais du sport et j'essayais de manger sainement, mais j'avais assez peu de résultats, et donc j'en ai eu marre, et donc j'ai décidé d'appliquer un principe de la Silicon Valley justement, qu'on ne peut changer que ce qu'on peut mesurer, donc c'est vraiment le Quantify Self, et donc au-delà des objets connectés, j'ai fait des tests ADN, j'ai fait des tests du coup de gut health, donc tout ce qui est fleurs microbiennes, pour analyser mon microbiote intestinal, des tests sanguins, près de 100 biomarqueurs, des tests pour mesurer combien de calories mon corps dépense au repos, et ensuite du coup coupler ça avec des appareils en effet, donc au-delà de l'Apple Watch, une Garmin, j'ai une bague Oura qui m'a permis de vraiment mesurer mon sommeil, un Slewoup, un CGM pour voir en effet les taux de glucose, de mon corps en fonction de ce que je mange et de mes activités.
Monde Numérique :
[35:27] Donc c'est un patch qui mesure en permanence la glycémie.
Guest:
[35:30] Exactement, voilà. Et puis après même des objets connectés qui eux vont agir sur ma santé par simplement la mesurer. Par exemple j'ai un lit connecté, un lit intelligent en fait barrette de capteur aussi pour mesurer ma qualité de sommeil et voir à quel niveau de sommeil je suis. Et avec du coup des circuits de refroidissement et de réchauffement pour optimiser la température de mon matelas, parce qu'en fait le phénomène d'endormissement c'est aussi un phénomène de réduction de la température corporelle, et après en effet c'est un ajustement, et donc voilà, c'est un lit qui est intelligent pour optimiser mon sommeil le plus parce qu'en effet pour moi le sommeil c'est la fondation de la santé, c'est le premier domino de l'effet domino pour notre bonne santé.
Monde Numérique :
[36:16] Et alors qu'est-ce que tu en as retiré, ça a marché, tu as réussi à maigrir ?
Guest:
[36:19] Eh bien, exactement, voilà, du coup, cinq ans plus tard, non seulement je ne suis plus obèse, je ne suis plus pré-diabétique, je ne suis plus avec un taux de cholestérol élevé, mais je vais peut-être mettre dans le 1% de la population la plus saine au monde puisque ma BO2max, par exemple, qui est un facteur, pour mesurer le taux d'oxygène qu'on peut utiliser pendant l'effort, il passait de 37 à 60. Donc, je suis passé dans le dernier tiers de la population en termes de cardio au top 2%. Et en fait, notamment le docteur Peter Hattia, dans son livre OutLeave, il a expliqué que de passer du dernier quart au top 2,5%, on réduit nos risques de mortalité par 4. Et puis voilà, du coup, je fais des marathons, j'ai fait près de 7 marathons, j'ai fait le marathon de San Francisco, de New York, de Paris, je fais des courses Spartan, donc des courses d'obstacles, donc j'utilisais de la force aussi, pas que du cardio, je me suis transformé complètement et puis aussi j'étais dépressif, et là je suis pleinement heureux et en effet j'ai plein d'énergie, donc la technologie m'a vraiment permis de mieux me comprendre moi, j'étais aussi accompagné par des cabinets de médecine préventive et personnalisées, ce qu'on appelle le médecine fonctionnelle. Ça, c'est une vraie tendance aussi. Pour moi, le futur de la santé, c'est à la fois prévention et précision.
Guest:
[37:44] Du coup, moi, je suis en plein un early adopteur, un adopteur des toutes premières solutions qui existent et j'en vois les bénéfices pour moi. J'en suis très heureux.
Monde Numérique :
[37:54] Mesurer, c'est une chose, mais j'imagine que ça t'a demandé des efforts aussi quand même au quotidien. Il ne suffit pas de se mettre des patches ou des capteurs. Il faut aussi changer son alimentation, changer son mode de vie etc.
Guest:
[38:06] Exactement t'as tout compris c'est vrai que, le plus dur en fait, c'est de créer les habitudes. Donc pour créer les habitudes, il faut déjà avoir, obtenir la connaissance. Donc moi j'ai étudié en effet en nutrition avec des cours en ligne à Stanford, etc. Pour ensuite comprendre la science derrière ce qu'il fallait pour moi. Ensuite trouver les objets, les protocoles à adopter, puis les mettre en place. Donc en effet, c'était énormément d'efforts. Donc c'est là où je pense que c'est l'obstacle. Mais je pense que c'est là où il y a l'opportunité pour l'intelligence artificielle. Je pense que l'intelligence artificielle a cette possibilité de se mettre au niveau de chacun, donc à votre niveau d'ignorance et d'envie d'effort pour vous faire progresser petit à petit. Moi, j'ai mis tout un écosystème autour de moi, même avec des fintechs. Typiquement, mon Apple Watch, je ne l'ai pas payé. C'est mon assurance vie qui la paie à condition que je fasse du sport. donc c'est une petite.
Guest:
[39:04] Incitation en effet même économique il y a pas mal de solutions comme ça aussi sur la science comportementale que j'ai utilisé, donc là c'est tout un ensemble de choses, donc pas que des capteurs santé, c'est tout un mode de vie tu as raison et du coup ça demande des connaissances j'ai utilisé en effet NUM aussi qui est ce qu'on appelle, Digital Therapeutics, donc une application qui est aussi efficace qu'un médicament qui est aussi sur ce micro learning là sur le fait d'avoir une petite l'apprentissage quotidien et en effet tu as raison l'obésité c'est multifactoriel c'est pas uniquement, une question de déficit calorique il y a aussi du socioculturel et typiquement j'ai grandi comme beaucoup d'entre vous peut-être, ma mère me disait il faut finir ton assiette, donc moi je finissais c'est terrible.
Monde Numérique :
[39:48] C'est l'injonction qui a dû créer je ne sais combien de personnes en surpoids exactement.
Guest:
[39:54] Et puis après il y a même de la nutrition personnalisée. Typiquement, moi, j'ai fait les tests ADN et de fleurs microbiennes et qui ont révélé, du coup, que mes ingrédients superfood et ceux qu'il fallait que j'évite, et ceux qui étaient bons, ceux qui étaient moins bons, et ceux qu'il fallait que j'évite, typiquement, il y a les brocolis dedans. Donc, voilà. Ça, c'est considéré comme sain pour la population générale, mais pour moi, spécifiquement, ça crée sûrement des inflammations, etc. Et donc, en fait, il faut que je les évite. Et donc, ça, dans mon alimentation, à partir de ces informations personnalisées, j'ai pu éviter les mauvais ingrédients pour moi, prendre les bons ingrédients pour moi. Alors, typiquement, les anchois, moi j'adore les anchois. Eh bien, ça fait partie de mes superfoods, donc j'en mange plein. Et en fait, voilà, en adoptant aussi... Un mode de vie beaucoup plus personnalisé grâce à cette compréhension-là, ça a permis de faire tous ces progrès. Et typiquement, sur l'âge biologique, c'est aussi un truc assez marrant. Quand j'avais 29 ans, justement, vu que j'étais en mauvaise santé, en obésité et surpoids, etc., quand mon âge chronologique était de 29 ans, mon âge biologique était de 36 ans, aujourd'hui, j'ai 36 ans et mon âge biologique est de 29 ans. Donc, j'ai rajeuni.
Monde Numérique :
[41:10] Bravo. Arnaud, c'est vrai que quand on t'écoute, Vu de France surtout, c'est assez fascinant. On sait qu'en Californie, dans la Silicon Valley, tu n'es pas le seul à faire ça. C'est très tendance à la fois d'essayer de vivre sainement, de surveiller son corps, de prendre soin de son corps, de bien manger, de faire du sport. Je recevais récemment dans Monde Numérique l'écrivain de science-fiction Alain Damasio. Et dans son dernier livre, Vallée du silicium, il te consacre un chapitre, parce que vous vous êtes rencontrés à San Francisco. Et alors, il te décrit de manière très neutre, bienveillante, mais on sent qu'il te prend pour un martien. Est-ce que toi, tu ne le prends pas finalement comme un martien de réagir comme ça ?
Guest:
[41:53] Non, en fait, j'ai l'habitude, en fait, la plupart des Français réagissent comme ça. Donc toi, Jérôme, tu es en plein dans le monde numérique, donc tu connais ça et puis tu es sûrement un utilisateur aussi de plusieurs solutions.
Monde Numérique :
[42:06] Oui, c'est vrai que j'ai plein de capteurs aussi.
Guest:
[42:08] Donc, c'est vrai que, voilà, mais finalement, tu vois, par rapport à ton commentaire, de la même manière qu'à San Francisco, c'est un peu différent du reste des États-Unis. Voilà, tu es un peu différent peut-être du reste des Français par rapport à la technologie. Tu es aussi en avant-garde. Et donc en fait j'ai plutôt l'habitude de ces types de réactions mais au contraire, par contre c'est vrai que Alain c'est pas n'importe qui non plus tu vois c'est un auteur de science fiction il avait créé un studio de gaming donc c'est quelqu'un qui connait quand même bien la tech, et donc en fait son étonnement malgré tout lui m'a surpris il m'a fait, prendre conscience qu'en effet peut-être que moi je considérais être entre guillemets, des choses pas si dingues que ça je suis entouré de Biohacker en effet à San Francisco ça pouvait peut-être surprendre c'est vrai que j'ai eu beaucoup de personnes qui après son livre, m'ont contacté justement pour savoir comment j'avais fait justement pour perdre tout ce poids etc, donc voilà je vais écrire mon propre livre et puis je vais lancer un show qui va s'appeler, Dendai sur le podcast de Silicon Carnet donc que tu connais bien ouais mais voilà c'est vrai que c'est un retour dont j'ai l'habitude Mais par contre, ce que j'ai vraiment apprécié avec Alain, c'est que quand bien même, évidemment, en tant que technocritique, il n'est pas adepte, évidemment, de mon mode de vie, il n'en est pas forcément d'accord. Il est venu à San Francisco avec humilité.
Monde Numérique :
[43:32] Non, lui, il n'a même pas de portable.
Guest:
[43:34] Exactement. Il est venu avec humilité et bienveillance. Et donc, je trouve qu'en effet, il a fait cet effort-là. Et ça, ce n'est pas forcément tout le monde qui le fait. Donc, j'en suis extrêmement reconnaissant.
Monde Numérique :
[43:45] Merci beaucoup, Arnaud. Je suis directeur adjoint du CILAB chez KT Innovation à San Francisco.
Guest:
[43:51] Merci, Jérôme.
Monde Numérique :
[43:52] Voilà, je vous invite vraiment à écouter la version intégrale de cette interview, soit la semaine prochaine en épisode séparé, soit en vous abonnant dès maintenant à Monde Numérique Premium sur Apple Podcast. On va beaucoup plus loin dans le Quantified Self et on parle aussi d'intelligence artificielle en Californie.
Monde Numérique :
[44:09] Et maintenant, on va passer du biohacking au bioprocesseur. Alors, rien à voir entre les deux, en réalité. Il s'agit maintenant d'une nouvelle forme d'informatique qui représente peut-être une solution pour le futur, notamment en matière d'intelligence artificielle, vous allez tout comprendre. Bonjour Fred Jordan.
Guest:
[44:29] Bonjour.
Monde Numérique :
[44:30] Vous êtes cofondateur de la société FinalSpark, basée en Suisse, et qui est donc spécialisée dans la conception de bioprocesseurs. Expliquez-nous ça, de quoi s'agit-il ?
Guest:
[44:41] D'abord, il faut dire que c'est d'abord un domaine de recherche fondamental à l'heure actuelle. Donc, ce n'est pas opérationnel, il n'y a pas des processeurs auxquels vous pouvez accéder pour faire des calculs. Mais dans le principe, schématiquement, on travaille déjà avec des cellules souches neurales qui sont obtenus à partir, par exemple, de cellules de peau. Donc, il y a un process qui a été inventé par un prix Nobel, Yamalaka, en 2012 déjà, qui permet de transformer vos cellules de peau en cellules souches neurales. Et à partir de là, dans notre labo, on les multiplie et on les connecte ensemble pour faire ce qu'on appelle des organoïdes cérébraux. C'est des petites boules d'un demi-millimètre de diamètre qui comportent 10 000 neurones. Et ensuite, ça ne suffit pas, il faut communiquer avec ses neurones et pour ça on utilise en particulier et entre autres des électrodes les électrodes permettent de recevoir les potentiels d'action donc les signaux que les neurones émettent et également d'envoyer des signaux donc comme ça on peut avoir une communication bidirectionnelle.
Monde Numérique :
[45:43] Bon alors on a évidemment envie de vous poser plein de questions la première on l'a compris c'est que pour l'instant ce n'est que de la recherche Mais l'objectif, ce serait quoi ?
Guest:
[45:55] Alors, un des objectifs à terme qu'on a en tête, c'est de faire des serveurs de calcul. Au même type que vous avez des serveurs en cloud computing aujourd'hui, en particulier pour l'IA, qui consomment d'ailleurs de plus en plus d'énergie, l'idée, c'est de faire des bioserveurs. Et l'application la plus évidente, c'est que vous pourrez faire de l'IA, comme vous faites aujourd'hui, ce sera transparent pour vous, mais vous consommerez je ne sais pas mille à dix mille fois moins d'énergie.
Monde Numérique :
[46:26] Donc, le premier avantage, finalement, ce serait une plus faible consommation d'énergie. Pourquoi ? Parce que les neurones consomment moins que les transistors, que les semi-conducteurs ?
Guest:
[46:39] Un million de fois moins. Un million de fois moins. C'est énorme. En fait, votre cerveau, rien de particulier à vous, c'est 100 milliards de neurones avec 10 000 connexions par neurone. Et pour ça, vous consommez une puissance d'environ 20 watts. Si on voulait faire une simulation de votre cerveau, il nous faudrait quelque chose qu'une petite centrale nucléaire.
Monde Numérique :
[47:03] D'accord.
Guest:
[47:04] Donc, le rendement d'un circuit neuronal biologique est extraordinaire, totalement hors de portée des composants digitaux comme des transistors.
Monde Numérique :
[47:14] Alors, où est-ce qu'on en est aujourd'hui ? C'est encore uniquement de la science-fiction ou vous êtes véritablement déjà sur des résultats tangibles ?
Guest:
[47:22] C'est intéressant que vous parlez de science-fiction parce que longtemps, ça a été de la science-fiction. Ça n'était que des idées. Aujourd'hui, effectivement, c'est une réalité dans le sens où on travaille dessus. Alors, les résultats tangibles ne vont pas être très impressionnants. Ça ressemble un peu à ce qu'on faisait, je ne sais pas, dans les années 50 ou 40-60, quand on a fait les premiers transistors solides. Mais on arrive, par exemple, à stocker un bit d'information ou à changer la manière que les neurones nous répondent, par exemple. Il faut savoir que le vrai problème ici c'est pas de les cultiver c'est pas de communiquer avec eux c'est de leur faire apprendre quelque chose d'utile, Ce qu'on doit bien comprendre, il y a 30 ans, on ne parlait pas tellement d'IA. Il y a 30 ans, quel problème on avait ? On avait comment connecter ensemble des réseaux de neurones artificiels. L'IA aujourd'hui, c'est ça, c'est des réseaux de neurones artificiels. Qu'est-ce qu'on a fait il y a 30 ans ? On a trouvé des manières de leur faire apprendre quelque chose. Et c'est le même problème aujourd'hui, mais avec des réseaux biologiques.
Monde Numérique :
[48:30] D'accord. Est-ce que vraiment on peut espérer obtenir la même puissance de calcul avec ces neurones biologiques ?
Guest:
[48:38] Oui, on peut obtenir la même puissance de calcul. Par contre, il y a des choses qui vont être assez fondamentalement différentes. La latence d'un neurone est fondamentalement plus grande que celle d'un transistor. C'est-à-dire qu'un neurone...
Monde Numérique :
[48:51] Ça va moins vite, alors.
Guest:
[48:52] Ça va moins vite. Ça, ça ne changera jamais. Ça va être difficile de faire tourner Windows 10 sur un biocomputer. Ce n'est pas fait pour ça. D'accord ? Par contre, la conversation qu'on a actuellement, ça, c'est à des échelles qui sont totalement compatibles avec des circuits nerveux et ça ne doit pas être étonnant puisqu'on utilise nos propres circuits nerveux pour communiquer ensemble en ce moment. D'accord ? Donc, là, c'est une des différences mais il y a d'autres différences au-delà du rendement énergétique. C'est la scalabilité. C'est de la vie. C'est-à-dire que nous, des neurones, dans notre laboratoire qui est juste en dessous là où je vous parle, on en fait des millions. Donc, c'est virtuellement gratuit.
Monde Numérique :
[49:33] Il suffit de prendre un petit bout de peau et vous fabriquer des neurones autant que vous voulez.
Guest:
[49:39] C'est un peu plus compliqué que ça, mais dans le principe, oui, on les cultive. En fait, on a fait littéralement des millions. On bloque le process pour ne pas en avoir trop.
Monde Numérique :
[49:51] Ah oui, d'accord. Question très naïve. Si vous partez d'un neurone humain, c'est de l'humain. Il y a de l'ADN humain là-dedans.
Guest:
[50:01] Oui.
Monde Numérique :
[50:03] Ça veut dire quoi ? C'est qu'il y a des caractéristiques propres à chaque individu qu'on va retrouver ensuite dans l'ordinateur ?
Guest:
[50:11] Je ne sais pas. Et c'est le problème. Je ne savais pas où vous allez.
Monde Numérique :
[50:15] En fait.
Guest:
[50:16] La plupart des questions qu'on peut poser sur le biocomputing, on n'a pas les réponses et personne n'a les réponses. On est en train de découvrir. En fait, c'est une nouvelle industrie qui est en train de se créer ici.
Monde Numérique :
[50:28] Ça a un côté un peu effrayant, non ?
Guest:
[50:30] Alors, ça a un côté déstabilisant, c'est vrai. Et c'est pour ça qu'on s'est mis aussi en relation avec des groupes d'éthique et des groupes de philosophes de milieu académique pour leur dire qu'est-ce que vous pensez de ça ? Voilà ce que nous, on en connaît au niveau scientifique, mais nous, on n'est pas des éthiciens. On n'a pas d'expertise là-dedans. Commencez à réfléchir là-dessus parce que ça va devenir de plus en plus gros. Ça, ce n'est pas quelque chose qui va disparaître. C'est certain. On va vivre avec des biocomputers. Dans 10, 15 ans, on aura des biocomputers autour de nous.
Monde Numérique :
[51:00] Ah, vous en êtes certain ?
Guest:
[51:01] Ah, c'est certain.
Monde Numérique :
[51:02] Ce n'est pas juste une piste parmi d'autres.
Guest:
[51:04] C'est la piste la plus triviale, en fait, bien plus triviale, si on réfléchit, que le quantum computing, parce que ça marche déjà. On sait que ça marche.
Monde Numérique :
[51:16] Oui, ça marche de manière théorique et en laboratoire. Mais pour l'instant, il n'y a pas encore d'ordinateur à base de neurones biologiques.
Guest:
[51:23] Non, vous devez considérer autre chose. Des circuits nerveux capables de processer l'information, de traiter l'information, c'est prouvé que ça marche, puisque ça existe. Les intellects savent faire ça. On sait faire ça. Ça fait plusieurs millions d'années d'évolution que c'est prouvé que les circuits nerveux savent traiter l'information de manière parfaitement efficiente.
Monde Numérique :
[51:42] C'est ce qu'on fait au quotidien, en fait.
Guest:
[51:43] Mais bien sûr, en fait, si on réfléchit, on se dit mais c'est tellement évident, ça fait longtemps qu'on aurait dû commencer à faire ça. C'est une approche, quelque part, on dit que c'est la science-fiction, mais c'est profondément conservateur comme approche.
Monde Numérique :
[51:56] Oui, enfin, c'est vrai que jusqu'à présent, on a toujours été dans une logique un peu de séparation des pouvoirs. D'un côté, il y a le biologique et l'humain, et de l'autre côté, il y a les machines et l'électronique, etc. Et là, vous faites un peu la passerelle entre les deux.
Guest:
[52:11] Vous avez raison. En fait, ce que vous venez de dire, c'est incroyable, c'est vraiment, il y a des fondamentaux dans l'innovation, des barrières qu'on s'impose. On dit, voilà, on avait fait deux choses différentes et tout le monde pensait comme ça. D'ailleurs, en science-fiction, les gens ne pensaient pas comme ça. Ça fait longtemps que la science-fiction en parle. Mais dans le milieu scientifique, c'est vrai qu'on était câblés comme vous dites. Et moi-même, moi j'ai un doctorat en traitement du signal. Je fais des maths en fait et c'était un énorme effort pour oser penser des choses comme ça.
Monde Numérique :
[52:44] Alors, vous en êtes aujourd'hui, vous l'avez dit. Est-ce que vous avez un peu une roadmap, une visibilité et même des dates d'un horizon à annoncer ?
Guest:
[52:55] Oui, on espère dans 10 à 15 ans, on espère avoir effectivement des bioserveurs, opérationnels pour servir du calcul.
Monde Numérique :
[53:04] Ça ressemblerait à quoi ?
Guest:
[53:06] Alors, alors, alors vu de l'extérieur ce sera totalement transparent comme j'ai dit mais vu de l'intérieur ce sera des boîtes comme ce.
Monde Numérique :
[53:14] Qu'on a aujourd'hui.
Guest:
[53:15] Alors de votre côté ce sera transparent ce sera pareil mais de notre côté par contre il faut imaginer ce qu'on a dans notre laboratoire c'est beaucoup de tuyaux d'accord pour toute la fluidique parce qu'on doit les garder vivants, des incubateurs pour les garder en température plein de câbles, pour traiter des informations en entrée et en sortie c'est tout ce qu'on a actuellement dans notre laboratoire mais à l'échelle XXL parce qu'il ne s'agit pas de connecter seulement 10 000 neurones comme on fait actuellement mais on va aller vers des milliards et des centaines de milliards de neurones connectés ensemble.
Monde Numérique :
[53:48] Incroyable. Merci beaucoup Fred Jordan, cofondateur de FinalSpark et si on veut voir en quelque sorte en action ces bioprocesseurs, on peut aller sur votre site finalspark.com.
Monde Numérique :
[54:10] Voilà, j'espère que cet épisode de Monde Numérique vous a intéressé. Si vous en vous êtes plus, rendez-vous sur les autres épisodes de ce podcast disponibles sur toutes les plateformes. N'hésitez pas à laisser un commentaire. C'est évidemment très apprécié, par exemple sur Apple Podcast, par exemple sur Spotify. Et puis sur Apple Podcast, vous pouvez également mettre les fameuses petites étoiles, 5 étoiles, pour contribuer à la visibilité et au référencement de Monde Numérique. Vous pouvez également poster des commentaires, bien entendu, sur YouTube ou encore m'envoyer un message directement en passant par le site mondenumérique.info.
Monde Numérique :
[54:44] La fin de l'année se profile à l'horizon et je suis en train de vous préparer des petites choses pour les dernières semaines de 2024 avant d'attaquer Enfanfare 2025 en direct depuis le CES de Las Vegas comme chaque année. Si vous le souhaitez, vous pouvez aider Monde Numérique à se rendre au CES de Las Vegas en contribuant financièrement à hauteur de ce que vous jugez utile en allant sur le site mondenumérique.info et en cliquant sur le petit lien soutenir Monde Numérique pour faire un don si le cœur vous en dit. Mais il n'y a rien d'obligatoire. Vous pourrez continuer à écouter Monde Numérique gratuitement, quoi qu'il en soit. Voilà, passez une très bonne semaine pleine de tech. Salut !