Le meilleur de l'actu tech cette semaine : lunettes Meta, ChatGPT vocal, smartphones Xiaomi, Telegram, Clara Chappaz, espionnage, désinformation, fake news, blockchain...
(Image générée par IA)
A la voix et à l’oeil
Cette semaine, il faut vraiment qu’on parle de deux innovations qui arrivent simultanément et qui dessinent notre futur : des lunettes holographiques de Meta et la nouvelle IA conversationnelle vocale “avancée” signée OpenAI. On en discute avec Bruno Guglielminetti à Montréal, qui a la chance de pouvoir utiliser le nouveau ChatGPT vocal de l’autre côté de l’Atlantique.
Chambardement chez OpenAI
Mira Murati, la chef technique d’OpenAI, quitte à son tour le navire. Du coup, Sam Altman se retrouve seul aux commandes de la boite d’IA la plus en vue de moment et s’agite tous azimuts pour trouver des capitaux afin de financer l’entrainement de ses modèles.
Les vibrations du clavier
L’innovation de la semaine : un système d'écoute par rayon laser capable de détecter les vibrations générées par les conversations vocales et même la frappe sur un clavier d’ordinateur 😯.
Réseaux sociaux : la grande manip
🎙 David Chavalarias, de l’Institut des Systèmes Complexes (CNRS), explique comment les réseaux sociaux sont utilisés par des Etats pour attiser les tensions dans la population.
Des fake news qui rapportent
Avec 🎙 Raphaël Labbé, de Wiztrust, vous allez comprendre comment des escrocs utilisent les fake news sur le dos des entreprises pour gagner des millions.
“Bienvenue à Gattaca”
Dans Echos du Futur (podcast partenaire) le prospectiviste Olivier Parent décrypte le film de science-fiction “Bienvenue à Gattaca” qui prend une saveur particulière à l’heure de la montée du transhumanisme et des visée martiennes d’Elon Musk.
Bonne écoute !
Monde Numérique :
[0:09] Bonjour, bienvenue à l'écoute de Monde Numérique, l'émission 100% tech chaque samedi sur toutes les plateformes de podcast. L'actu cette semaine, c'est Meta qui promet des lunettes holographiques et qui sort un masque de réalité mixte bon marché. Durify Fee chez OpenAI, avec notamment la co-inventrice de ChatGPT qui quitte le navire. Tchadjipiti justement le nouveau mode vocal est enfin disponible sauf en Europe du coup on ira au Canada retrouver Bruno Guilhelminetti qui nous le fera découvrir à distance et on évoquera aussi la nomination en France de la nouvelle secrétaire d'état au numérique Clara Chapaz l'innovation de la semaine je vous parlerai d'un étonnant système d'espionnage, des conversations par rayon laser et puis dans la deuxième partie de cette émission les interviews, vous découvrirez comment Comment les réseaux sociaux sont utilisés délibérément pour attiser les divisions dans la société. Un entretien passionnant avec un spécialiste du CNRS, David Chavallarias. Et puis comment lutter contre les arnaques aux fake news qui touchent les entreprises. Vous allez voir que l'imagination des escrocs est sans limite. Mais il y a des parades, on en parlera avec la société Wistrust. Enfin, on retrouvera le prospectiviste Olivier Parent pour son podcast partenaire Écho du futur. Bien sûr, il nous parle aujourd'hui du film de science-fiction « Bienvenue à Gataca ». En attendant, bienvenue dans Monde Numérique, l'hebdo du 28 septembre 2024.
Guest:
[1:38] Monde Numérique, Jérôme Colombin.
Monde Numérique :
[1:42] C'est parti et je suis très heureux de vous retrouver pour ce nouvel épisode de l'hebdo. L'hebdo, c'est chaque samedi, 50 minutes de news et d'interviews, plus d'une heure si vous êtes abonné à la version premium sur Apple Podcast. podcast. Et puis Monde Numérique, c'est aussi tous les jours de la semaine des chroniques sur l'actu tech, des actus, des éditos, des interviews long format disponibles sur toutes les plateformes de podcast, sur YouTube et même sur les assistants vocaux. Enfin, c'est aussi une newsletter à laquelle vous pouvez vous abonner en allant sur le site mondenumérique.info.
Monde Numérique :
[2:11] Cette semaine, quelques remerciements rapides tout d'abord à Américo, Julie et Laurent notamment pour leur soutien actif et en monnaie sonnante et trébuchante. Merci à vous pour vos dons de soutien à ce podcast en passant par le lien sur le site mondenumérique.info. C'est évidemment grandement apprécié. Ça nous permet de continuer à vous proposer ces rendez-vous réguliers avec l'actualité tech, avec des interviews. On essaye d'aller plus loin parfois que ce que vous pourrez trouver ailleurs. Et on se prépare même aux grands événements à venir. Je veux parler du CES qui est évidemment en ligne de mire, le CES de Las Vegas, pour lequel je suis, pour ne rien vous cacher, en recherche active de soutien, de sponsors pour pouvoir assurer, comme les années précédentes, une couverture de cet événement incroyable consacré à la tech. Merci également pour vos commentaires via les plateformes d'écoute ou via les réseaux sociaux. Et notamment des réactions après mon édito de vendredi sur la question des services américains qui ne sont pas disponibles en Europe et ce qui commence à poser un vrai problème, mais avec un dilemme, le dilemme entre réglementation et innovation.
Monde Numérique :
[3:23] Des avis assez partagés. Il y a vraiment ceux qui se positionnent du côté de la réglementation européenne en disant « tant pis, on s'en passera, mieux vaut protéger nos données, etc. » Et puis ceux qui disent « c'est scandaleux, ça va freiner l'innovation ». C'est une question qui n'est pas simple. N'hésitez pas, si vous le souhaitez, également, participer à cette discussion. Vous pouvez réagir notamment dans le chat de Monde Numérique. Le lien est en description de cet épisode.
Monde Numérique :
[3:52] L'actu de la semaine, c'est Meta, le groupe de Mark Zuckerberg, qui a fait le show cette semaine avec son événement MetaConnect, grande keynote avec une série d'annonces. Je vous en parle en détail dans un épisode à part de Monde Numérique en date du 26 septembre, donc on ne va pas y revenir de manière trop détaillée ici. Vous avez peut-être écouté cet épisode, sinon je vous invite à le faire. Juste pour rappel, Meta a annoncé
Monde Numérique :
[4:16] principalement un projet de lunettes holographiques, baptisées Orion. Qu'est-ce que c'est que ça ? Ce sont des lunettes quasiment normales qui permettront d'afficher des informations en réalité augmentée, avec des écrans intégrés, haute résolution, des caméras, des capteurs, peut-être les lunettes du futur dont on parle depuis si longtemps.
Monde Numérique :
[4:36] Pour l'instant, elles sont encore un peu grosses, pas destinées à être commercialisées. En plus, c'est juste un prototype. On sent que Mark Zuckerberg veut occuper le terrain et vendre du rêve avant de pouvoir vendre des produits en vrai. Au programme également une mise à jour logicielle pour les actuelles lunettes connectées, les Ray-Ban Meta. Cette mise à jour apportera des améliorations au niveau de l'assistant par intelligence artificielle, comme des rappels intelligents, des traductions en direct. C'est l'un des graals technologiques depuis quelques années. La démonstration qui a été faite est plutôt intéressante. Vraiment probante. Il faudra voir si dans la réalité, c'est aussi fluide. Et puis, du nouveau streaming musical. Enfin, Meta vante les qualités de son modèle d'intelligence artificielle Lama 3.2, doté de nouvelles capacités de vision et une IA multimodale. Mais une IA à laquelle nous n'aurons pas droit, encore une fois, nous en Europe. En tout cas, pas avant une date indéterminée, puisque Meta a annoncé qu'il ne lancerait pas ses outils d'IA sur le vieux le continent, officiellement à cause de la réglementation, jugé trop flou, donc des risques de sanctions, etc. Autre nouveauté tech cette semaine, décidément le mois de septembre est un mois plein d'annonces produits. C'est du côté du chinois Xiaomi que ça se passe. Pour les fans de jolis smartphones, on voit ça en détail avec le journaliste virtuel de Monde Numérique, Nicolas.
Guest:
[6:03] Xiaomi lance de nouveaux smartphones, le 14T et le 14T Pro. Le fabricant chinois met l'accent sur la photo et sur l'intelligence artificielle. Ces smartphones sont équipés d'une triple caméra Leica avec des capteurs de 50 et 12 mégapixels, un écran AMOLED de 6,67 pouces, une batterie de 5000 mAh avec charge rapide pour le plus gros modèle. Ils intègrent surtout des fonctionnalités d'intelligence artificielle. En collaboration avec Google, le fabricant va notamment proposer la fonction Entourer pour chercher, afin de permettre d'effectuer des recherches sur le contenu qui s'affiche à l'écran sous forme d'images sans changer d'application, comme par exemple un objet ou une devanture de commerce. Les prix, 649 euros pour le 14T et à partir de 799 euros pour le 14T Pro. Et puis, Xiaomi a confirmé la sortie en France du MixFlip, son smartphone pliant.
Monde Numérique :
[7:00] Voilà, Xiaomi, ce constructeur chinois qui tisse sa toile, donc qui propose aussi bien des smartphones que des téléviseurs, des aspirateurs, des projecteurs vidéo, tout ce que vous voulez, et même une voiture qui devrait sortir normalement en 2025.
Monde Numérique :
[7:16] Ça bouge encore cette semaine du côté d'OpenAI, la maison mère de ChatGPT. Alors d'abord avec l'arrivée du fameux mode vocal avancé, cette nouvelle version de la version vocale de ChatGPT qui permet de dialoguer avec encore plus de réalisme. Ça avait été présenté il y a déjà plusieurs mois, c'est en déploiement progressif et donc ça vient d'être lancé dans de nouveaux pays, sauf en Europe, on l'a dit, on le répète évidemment. Donc un assistant ultra réactif qui fait furieusement penser au film Her. Je ne m'étends pas là-dessus, on va en parler tout à l'heure avec Bruno dans le débrief transatlantique puisque lui a la chance de pouvoir l'utiliser de l'autre côté de l'Atlantique. Du côté de l'entreprise Open AI elle-même, il y a également du nouveau avec cette semaine, une nouvelle vague de départ parmi les dirigeants, des dirigeants historiques de l'entreprise et notamment Mira Murati, la directrice technologique, la CTO de Poney High.
Monde Numérique :
[8:11] Qui a annoncé sur X, ex-Twitter, qu'elle quittait l'entreprise. Alors c'est un peu un tremblement de terre quand même, parce qu'elle n'était pas très connue, Mira Murati, mais malgré tout, c'est une historique de la compagnie. On la présente souvent comme le cerveau à l'origine carrément de ChatGPT, et elle vient donc rejoindre la liste qui s'allonge des démissionnaires. En mai dernier, rappelez-vous, c'était Ilya Sotskever, l'un des cofondateurs également, un personnage important de la compagnie qui avait quitté ses fonctions après un différent quasiment ouvert avec Sam Altman, le PDG. Sam Altman qui donc se retrouve de plus en plus seul après avoir été lui-même au centre d'un psychodrame l'année dernière avec un départ et un retour quasi immédiat dans l'entreprise. Et pendant ce temps-là, Open AI est en pleine restructuration, puisque cette organisation initialement à but non lucratif va devenir officiellement une entreprise lucrative à part entière, avec possibilité de faire des bénéfices. Il s'agit d'attirer plus d'investisseurs pour faire face aux énormes besoins en capitaux de l'intelligence artificielle. Et au passage, un changement de statut qui devrait être bon pour le portefeuille de Sam Altman, puisqu'il détiendrait à l'arrivée environ 7% des parts.
Monde Numérique :
[9:25] Le patron qui assure que ses départs en Syrie n'ont rien à voir avec cette restructuration. Bon, ok. En tout cas, lui, il continue de s'agiter pour faire venir des investisseurs, en promettant toujours monts et merveilles, et notamment l'avènement prochain d'une super intelligence artificielle. Dans un billet de blog publié en début de semaine, Sam Altman a évoqué à nouveau cette super IA qui pourrait, dit-il, surpasser l'être humain pour n'importe quelle tâche intellectuelle. Est-ce qu'elle verra vraiment le jour cette IA ou bien est-ce que Sam Altman nous vend du rêve tous azimuts pour séduire les investisseurs ? Eh bien, on verra ça dans le prochain épisode des aventures d'Open AI.
Monde Numérique :
[10:07] Et on termine par Telegram, la sulfureuse application de messagerie qui met de l'eau dans son vin, visiblement. L'arrestation de Pavel Durov à Paris et son interdiction de quitter le territoire l'a un peu secoué et le conduit à prendre des décisions qui ne feront pas plaisir à tout le monde. En début de semaine, Pavel Durov a annoncé, dans un billet sur son canal perso Telegram, qu'il allait désormais montrer patte blanche à la justice lorsqu'il y aura des délits sur Telegram et que des juges lui demanderont de fournir les adresses IP ou les numéros de téléphone pour identifier les utilisateurs en question, eh bien ces adresses IP seront transmises à la justice, ce qu'ils ne faisaient pas vraiment auparavant et ce que font grosso modo tous les autres réseaux sociaux depuis des années, parce que c'est la loi, c'est comme ça dans la plupart des pays. Et donc Pavel Durov et Telegram vont faire comme les autres, finit la zone de non-droit.
Monde Numérique :
[11:03] Il annonce aussi la mise en place d'une équipe de modérateurs avec de l'intelligence artificielle pour essayer de calmer un peu le jeu. Et il y a même un bot, donc un chatbot dédié sur Telegram qui permet de signaler d'éventuels contenus dangereux ou illicites. Donc c'est un vrai changement de politique pour Telegram et qui se fait déjà sentir puisque visiblement, première conséquence, les matchs de foot piratés, les rediffusions de matchs de football de Ligue 1 qui se faisaient de manière totalement illégale, sur différents canaux sur Telegram sont en train de disparaître petit à petit. Les streamers qui retransmettaient ces matchs semblent avoir quitté la plateforme quasiment après l'annonce de Pavel Durov.
Monde Numérique :
[11:47] Voilà pour l'essentiel de l'actu-tech de la semaine. Si vous en voulez plus, suivez Monde Numérique au jour le jour avec une chronique d'actu chaque fois qu'il y a un sujet important à ne pas rater.
Monde Numérique :
[11:56] Allez, attachez votre ceinture, je vous emmène de l'autre côté de l'Atlantique. Bonjour Bruno Guglielminetti.
Guest:
[12:06] Et Jérôme Colombin, salut.
Monde Numérique :
[12:09] Ravi de te retrouver de l'autre côté de l'Atlantique, Bruno, animateur du podcast Montcarnet.
Guest:
[12:14] J'ai quand même senti une hésitation au début de la phrase.
Monde Numérique :
[12:17] Oui, je n'étais pas sûr que c'était toi.
Guest:
[12:21] Ben c'est moi, c'est moi.
Monde Numérique :
[12:22] Je me demandais si ce n'était pas Chad Gipiti qui me répondait.
Guest:
[12:25] Avec son mode vocal avancé.
Monde Numérique :
[12:27] Avec son mode vocal avancé. Je suis très énervé, je suis très jaloux plus exactement. Puisque tu as quelque chose que nous ne pouvons pas avoir nous ici en France, un coup c'est toi, un coup c'est moi ben là c'est toi qui a le mode avancé le mode vocal avancé de ChatGPT ouais, donc je pense que tu vas être obligé de nous faire une démo, c'est bien ou pas ?
Guest:
[12:49] Ben écoute, moi je pensais pas tomber amoureux je pensais pas être épaté, tomber amoureux, il faut se calmer mais je pensais pas être épaté autant de la chose parce que déjà, on en avait déjà parlé J'utilisais ChatGPT en mode vocal, mais là, d'être capable de l'interrompre, de retourner la conversation à 90 degrés, de le faire revenir en arrière, de le rembarquer en avant. Et tout ça, comme ça, rapidement, c'est vraiment impressionnant. Est-ce que tu veux que je te donne un exemple?
Monde Numérique :
[13:19] Ah, mais alors, avec grand plaisir. J'en meurs d'envie.
Guest:
[13:22] Ah, ben là, non, non, mais retiens-toi un peu. Est-ce que tu peux me parler de, tiens, Jérôme Colombin? Je ne dispose pas d'informations sur un Jérôme Colombin spécifique. Il se peut que ces réalisations ne soient pas largement connues ou documentées. Si vous cherchez quelqu'un de renommé dans le journalisme...
Monde Numérique :
[13:40] Ah, c'est méga vexant. On a fait le test avant de démarrer.
Guest:
[13:46] Non, mais Jérôme, j'ai fait exprès.
Monde Numérique :
[13:48] C'est quoi ce délire?
Guest:
[13:50] Sérieusement, je voudrais que tu me parles de Jérôme Colombin qui a été à France Info et qui aujourd'hui est podcasteur. Ah, je vois. Jérôme Colombin est un journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies. Il a longtemps travaillé à France Info, où il était connu pour ses chroniques sur le numérique. Mais est-ce que tu peux me dire si Jérôme Colombin a déjà eu un restaurant?
Monde Numérique :
[14:12] Non.
Guest:
[14:13] À ma connaissance, Jérôme Colombin n'a jamais eu de restaurant. Il est principalement reconnu pour son travail dans le journalisme technologique, à la radio et en tant que podcasteur. Et est-ce que c'est vrai que Jérôme Colombin et François Sorel, ce sont des cousins? Non, Jérôme Colombin et François Sorel ne sont pas cousins. Bon, bien, merci beaucoup.
Monde Numérique :
[14:34] Est-ce que tu peux lui demander de nous parler avec une voix énervée?
Guest:
[14:40] Non, je ne fais pas ça. C'est la dernière chose que tu veux faire, énerver une machine.
Monde Numérique :
[14:45] Oui, c'est vrai que ce n'est pas forcément une bonne idée. Non, c'est que moi.
Guest:
[14:49] Je l'utilise pour travailler. Je n'ai pas le goût de l'énerver. Mais ça donne une idée de la flexibilité au niveau de la discussion.
Monde Numérique :
[14:54] Mais pourtant, c'est possible. Oui, c'est possible. Ah oui, de l'énerver.
Guest:
[14:58] Oui, oui.
Monde Numérique :
[14:59] Oui, de l'énerver.
Guest:
[15:00] Oui, ou sinon, déjà, on entendait son intonation de « Ah oui, tatata, tatata. » Oui. Et puis, c'est possible de lui demander de jouer un rôle. Moi, juste avant qu'on se parle, j'ai dit, quand je te pose une question sur Jérôme Colombin, tu dis que tu ne le connais pas.
Monde Numérique :
[15:16] Ah, tu lui avais demandé ça?
Guest:
[15:17] Oui, oui, oui.
Monde Numérique :
[15:18] Ah oui, d'accord, OK. Ok, tu l'avais manipulé.
Guest:
[15:22] Oui, c'est habile.
Monde Numérique :
[15:24] Oui, c'est pas mal, pas mal. Impressionnant. C'est le nouveau chat GPT. Mais bon, j'avais un peu découvert en avant-première lorsque j'avais interviewé Romain Huet, qui m'avait fait une petite démo comme ça, mais il n'était pas encore déployé. Voilà, donc nous, on en est privé pour l'instant. On ne sait pas trop pourquoi d'ailleurs. On pense que c'est toujours à cause de la réglementation européenne.
Guest:
[15:44] C'est sûrement pas pour des raisons de voix de langue. parce que c'est disponible en français au Québec.
Monde Numérique :
[15:51] Mais il parle parfaitement bien français. En plus, il n'a pas d'accent.
Guest:
[15:54] Non.
Monde Numérique :
[15:54] On ne dirait pas qu'il est québécois.
Guest:
[15:56] S'il te plaît. Il n'a pas d'accent. On ne dirait pas qu'il est français.
Monde Numérique :
[16:00] Non, je sais. Quand on va au Québec, c'est nous qui avons un accent.
Guest:
[16:03] Mais même quand vous restez chez vous, c'est toujours… Oui, voilà.
Monde Numérique :
[16:05] C'est nous qui avons un accent, exactement.
Guest:
[16:08] Bon, merci Bruno. Mais on n'est pas sur la linguistique. Voilà, je voulais te présenter. Mais moi, je voulais savoir… Mais arrête. J'ai des questions à te poser. José, hier, tu as suivi la présentation de Meta. Tu as même écrit là-dessus. J'ai lu un truc de ta part.
Monde Numérique :
[16:22] Oui, j'ai fait un petit récap complet, normal.
Guest:
[16:24] Oui, très complet. C'est plus que normal. Qu'est-ce que tu en as pensé pour les gens qui ne t'ont pas encore lu?
Monde Numérique :
[16:30] Eh bien, écoute, c'était intéressant quand même. J'ai trouvé que Mark Zuckerberg était en pleine forme, surtout.
Guest:
[16:36] Avec son nouveau look.
Monde Numérique :
[16:37] Avec son nouveau look. Il avait un tee-shirt trop grand, mais il était quand même bien, bien motivé. Et c'est pas mal quand même tout ce qu'ils ont annoncé, c'est quand même pas mal aussi bien les lunettes holographiques le projet Orion c'est encore un prototype, on sait pas trop ce que ça va donner c'est... Ce n'est pas au point. On sent qu'il y a un vrai défi technologique à relever. Et d'ailleurs, quand on lit le biais de blog très détaillé qui explique ce qui se cache derrière ce projet, ils expliquent que l'équation est compliquée. Il faut de la puissance informatique. En même temps, qui dit puissance dit consommation énergétique. Donc, il faut des batteries. Donc, c'est des questions d'autonomie. Donc, c'est des questions de dissipation thermique aussi, de chaleur. Ils se sont apparemment bien creusé la tête sur les questions de dissipation de chaleur et donc ils ont mis au point un matériau spécial après il y a un truc qui est un petit peu décevant c'est qu'il est en trois morceaux ce produit puisqu'il y a les lunettes il y a un boîtier déporté où il y a encore de la puissance de calcul et puis il y a l'interface qui remplace ce qui pourrait être une souris et qui est donc ce bracelet qui permet de faire des mouvements voilà Qu'est-ce que tu en as pensé, toi?
Guest:
[17:57] Moi, écoute, je n'ai pas été... Je ne vais pas s'en aller. J'étais content de voir qu'ils avancent là-dedans. Moi, je ne m'attendais pas à rien. Donc, je suis content. C'est une bonne nouvelle. Mais je suis heureux de voir qu'on avance parce que ça fait des années, quand on parle du casque de réalité augmentée ou virtuel, peu importe, on dit « Oui, mais un jour, il y aura des lunettes, ce qu'on porte sur le nez. » Et là, on commence à s'approcher. C'est d'ici un an, deux ans, on peut penser qu'on aura vraiment affaire à une vraie paire de lunettes qui sera juxtaposée ou qui sera synchronisée avec notre téléphone et qui sera capable d'utiliser la puissance du téléphone pour générer quelque chose qu'on verra. On n'est pas tellement loin de ça avec ce qu'on a vu hier.
Monde Numérique :
[18:39] Oui, mais tu vois, moi j'ai l'impression que les barrières technologiques sont encore quand même assez importantes. C'est un peu comme pour les casques de VR où il y a aussi des barrières qu'on a l'impression qu'on n'arrive pas à franchir. Donc, moi, je souhaite aussi qu'on puisse voir ce type d'appareil, même si on peut se demander si tout le monde ne va pas devenir complètement fou. Imagine si demain, tout le monde a des lunettes à réalité augmentée. À mon avis, tout le monde n'en fera pas une utilisation très sage.
Guest:
[19:11] Non, par exemple.
Monde Numérique :
[19:12] Enfin, ce n'est pas possible. C'est-à-dire que tu ne pourras plus... Il y aura des accidents de voiture tous les jours. il y aura des... C'est un produit qui est aussi potentiellement assez dangereux, en fait, socialement, il me semble. Plus que les Google Glass qui ont leur reproché de prendre des photos dans la rue, etc., mais ce n'était pas forcément ça le problème. Le problème des lunettes avec des informations, c'est qu'il y aura forcément des excès.
Guest:
[19:37] Mais tu imagines, dans les mauvaises mains, évidemment, ou sur le mauvais nez, toutes les arnaques peuvent être faites. Ça peut être fou. Parce qu'il y a des gens qui disent « Ah, mais Jérôme, ça fait tellement longtemps qu'on s'est vus. » Pardon.
Monde Numérique :
[19:50] « Oui, oui, Jérôme.
Guest:
[19:52] On a été à tel endroit. ».
Monde Numérique :
[19:56] Oui, oui, mais c'est ça le problème. Ce sera toutes les utilisations déviantes.
Guest:
[20:01] Et là, on va devoir demander aux gens, quand ils nous rencontrent, enlevez vos lunettes, s'il vous plaît. Non, non, non.
Monde Numérique :
[20:07] Mais à côté de ça, c'est plein de promesses pour la traduction quand on va dans des pays étrangers pour avoir des infos supplémentaires et tout. C'est formidable. Voilà. Le problème, c'est que la technologie sera peut-être prête un jour, mais est-ce que l'humain sera prêt, lui, un jour ? Ça, ce n'est pas sûr.
Guest:
[20:23] Ça, c'est l'autre question. C'est vrai avec toutes les technologies. Mais autre produit qui a été présenté, le Quest 3S. Comment tu as vu ça?
Monde Numérique :
[20:34] C'est sympa. Un casque de réalité augmentée, réalité mixte à moins de 300 $. C'est quand même assez attractif. C'est une grosse claque au Vision Pro d'Apple. Ça rend le Vision Pro encore plus cher. Ben oui, ben oui. Voilà, tu vas l'acheter, toi?
Guest:
[20:53] Oui, moi, j'ai déjà commandé.
Monde Numérique :
[20:55] Ah oui, carrément.
Guest:
[20:56] Ah oui, bien oui. Hier, quand je l'ai vu, j'ai été tout de suite sur le site. D'accord. Non, parce que je trouve, d'une part, bon, moi, je suis un utilisateur du Quest 2 et j'attendais une version.
Monde Numérique :
[21:07] Oui, moi aussi.
Guest:
[21:07] Je m'attendais peut-être à un Quest 4, mais bon, je pense qu'ils ont autre chose en tête pour cette évolution-là. Mais d'arriver à offrir tout ce qu'ils offrent avec une puissance qui est très honorable à ce prix-là, moi, j'avoue que ils ont fait leur devoir.
Monde Numérique :
[21:22] Et tu imagines quoi comme utilisation? Qu'est-ce qui t'intéresse?
Guest:
[21:26] Pas de parler avec toi parce que j'aime mieux te parler. Oui, une fois par semaine, ça me suffit. Mais peut-être le jeu ou le documentaire. Essayer d'aller plus dans les activités immersées.
Monde Numérique :
[21:41] Regarder des films. Oui. Moi, ce qui me tente, c'est le côté environnement de travail. Multiplier les écrans pour pouvoir travailler, avoir l'ordinateur intégré dans le casque, etc. Ça, c'est un truc qui me tente vraiment pas mal. Et puis aussi, mixer le côté visio-communication avec l'environnement de travail, comme on avait fait dans Horizon Workrooms avec François. On avait enregistré cette émission, on était dans un univers virtuel. Alors, je n'aime pas trop l'univers virtuel de méta, le côté cartoon, tout le monde en personnage de film d'animation, je ne suis pas fan.
Guest:
[22:19] J'ai l'impression que plus ça va se démocratiser et plus on va avoir des alternatives. Puis de toute façon, c'est une question de rendu. Le jour où Meta va nous permettre d'utiliser notre téléphone pour prendre une photo de nous, de créer un vrai avatar, en tout cas un avatar qui nous ressemble plus, on paraîtra moins comme des dessins animés. Puis là, ça changerait déjà l'expérience.
Monde Numérique :
[22:43] Oui. Comme ce qui est déjà possible dans le Vision Pro, par exemple.
Guest:
[22:46] Exactement.
Monde Numérique :
[22:47] C'est l'une des différences majeures.
Guest:
[22:49] Mais bon, est-ce que ça vaut 3 000 $ de plus? Pas certain.
Monde Numérique :
[22:52] Non, pas aujourd'hui. Pas aujourd'hui, c'est certain.
Guest:
[22:55] Jérôme.
Monde Numérique :
[22:56] Oui.
Guest:
[22:57] Peux-tu me dire qui est cette nouvelle secrétaire générale?
Monde Numérique :
[23:03] Non, secrétaire d'État.
Guest:
[23:04] C'est ça son titre?
Monde Numérique :
[23:07] Secrétaire d'État, ça veut dire, c'est presque comme ministre, mais ce n'est pas ministre.
Guest:
[23:10] Sans budget.
Monde Numérique :
[23:10] C'est un ministre sans budget, oui.
Guest:
[23:12] Oui, exactement.
Monde Numérique :
[23:12] Ça dépend d'un autre ministère.
Guest:
[23:14] Alors, qui est cette personne qui vient d'être nommée ?
Monde Numérique :
[23:16] Clara Chappaz, effectivement. Écoute, c'est un peu une surprise. On ne l'attendait pas forcément. Enfin, on ne l'attendait pas du tout, même. Ce n'est pas une mauvaise surprise. C'est quelqu'un qui dirigeait ce qu'on appelle la mission French Tech. La French Tech, évidemment, tu connais. C'est cette espèce de bannière sur laquelle se rallient toutes les entreprises de tech françaises. et la mission French Tech c'était l'organisme un peu de pilotage au niveau du ministère donc elle est Elle, sa vraie expertise, c'est l'aspect business. Elle est très, très immergée dans l'univers des startups. D'ailleurs, c'est amusant parce que la semaine prochaine, ils font un événement qui est la rentrée de la French Tech où il y aura tous les représentants de la French Tech. Et ça se fait du coup au ministère en présence de cette nouvelle secrétaire d'État.
Guest:
[24:07] Tant qu'à faire.
Monde Numérique :
[24:08] Moi, je l'ai rencontrée, je l'avais interviewée il y a un an environ. On faisait un bilan justement des dix ans de la French Tech. Et voilà, elle a une vraie connaissance et une vision de l'univers et de l'écosystème des startups. La French Tech, elle va bien et pas bien en ce moment. Enfin, je ne vais pas rentrer dans le détail, mais il y a pas mal de boîtes qui sont en difficulté, mais bon, il ne faut pas aussi que ça masque d'autres réussites. Alors après, il y a autre chose, elle est également ministre de l'intelligence artificielle.
Guest:
[24:36] Ça, c'est nouveau ça ?
Monde Numérique :
[24:37] C'est la première fois qu'on voit le titre de, on voit apparaître le mot intelligence artificielle. Donc, c'est assez intéressant. Mais en même temps, ce n'est pas là où elle a le plus de légitimité.
Guest:
[24:48] Non, c'est ça. Puis j'allais te poser la question, quand j'ai vu le titre, j'ai dit, il faut que j'en parle à Jérôme. Est-ce que c'est pour faire à la mode, c'est un message que le gouvernement envoie ou c'est parce qu'effectivement, là, maintenant, c'est important?
Monde Numérique :
[25:01] Je pense que c'est un peu ça. Je pense que quelqu'un a dû suggérer… Oui, bien sûr, quelqu'un a dû suggérer de faire apparaître l'intitulé, enfin, de se soucier de la question de l'intelligence artificielle.
Guest:
[25:12] Ça, c'est une bonne nouvelle, oui.
Monde Numérique :
[25:13] Ça, c'est bien. Et ils se sont dit, où est-ce qu'on le met ? On va le mettre avec le secrétariat d'État.
Monde Numérique :
[25:18] Voilà. Mais je trouve que c'est… Enfin, je ne sais pas. Tout dépend quels sont les aspects qu'elle va traiter. Si c'est des aspects business, développement, aider les startups en IA, leur faciliter la vie, etc. Très bien. Si c'est réfléchir aux problèmes de fonds éthiques, sociaux, etc. Posés par l'IA, après, elle s'entourera d'experts. Mais ce n'est pas son cœur d'expertise à elle. Est-ce que c'est bien accueilli ? Ce n'est pas une grande chercheuse en informatique ou en intelligence artificielle, mais ce n'est pas forcément ces gens-là qui font les meilleurs ministres.
Guest:
[25:55] Et comment ça a été accueilli, sa nomination ?
Monde Numérique :
[25:57] Ça a été accueilli de manière assez partagée. C'est un peu ce que je te disais. Il y a ceux qui se félicitent tout à fait en disant que c'est un très bon choix parce qu'elle est parfaitement intégrée dans l'univers des startups et de la French Tech. Et puis ceux qui disent que elle n'est pas d'un niveau scientifique et technologiques hyper, hyper pointues. Mais voilà, c'est assez partagé.
Guest:
[26:21] Est-ce qu'on l'entendra bientôt dans mon numérique ?
Monde Numérique :
[26:24] Écoute, oui, j'espère. Moi, j'ai rediffusé l'interview que j'avais faite d'elle l'année dernière parce que ça me semblait intéressant. Ça a donné un certain éclairage. J'espère que quand elle aura pris un peu de son envol et qu'elle aura pris connaissance des dossiers, qu'elle aura sans doute des choses aussi à communiquer, je me ferai plaisir d'aller lui tendre mon micro.
Guest:
[26:43] Est-ce qu'on dit, Madame la ministre… Tu sais qu'en plus.
Monde Numérique :
[26:46] C'est une personnalité, c'est amusant parce que pour la petite histoire, pour le côté people, c'est la fille d'un des tout premiers startupeurs français qui a vraiment réussi. C'est la fille de Pierre Chappaz qui était le créateur de la startup Quelcoût, le moteur comparateur de prix Quelcoût. Voilà, qui a été la toute première vague des start-up tech françaises et qui a été une réussite phénoménale, qu'il a revendue après. Voilà, et maintenant, il coule des jours heureux, je ne sais plus, je ne sais pas où, mais… On le salue. En fait, je sais, mais je ne le dirai pas.
Guest:
[27:21] Oui, c'est plutôt ce que je pensais.
Monde Numérique :
[27:24] De quoi parles-tu, Bruno, cette semaine dans mon carnet?
Guest:
[27:27] Oh, j'ai honte, je n'en parle même pas de mon menu. Non, au contraire.
Monde Numérique :
[27:31] Ça m'étonnerait, ça m'étonnerait.
Guest:
[27:33] Je suis sérieuse, je m'en vais ailleurs. Alors, écoute, je parle à un concitoyen français qui est Mathieu Deboeuf-Rouchon, que tu connais.
Monde Numérique :
[27:44] C'est un des deux auteurs.
Guest:
[27:45] C'est un des deux auteurs du guide de survie du CES. Et écoute, je pense que toi, tu le sais.
Monde Numérique :
[27:51] Tu es déjà dans le tempo CES.
Guest:
[27:53] Oui, oui, oui. Ben oui, parce qu'à Paris, cette semaine, toi, tu le sais, mais il y a peut-être des auditeurs qui ne le savent pas. Il y avait le grand patron Gary Shapiro du CES qui est venu faire sa visite en France pour annoncer un peu ce qui allait être disponible à Las Vegas. Et puis, Mathieu a passé un bon moment avec lui. Alors, je lui ai demandé de faire le relais de ce qu'il avait entendu des oreilles de Gary, à quoi va ressembler le CES. C'est fort intéressant. Et puis aussi, je lui ai parlé, je souhaite que ce soit le cas, parce que l'an dernier, il avait été retenu comme jury sur le CES Anfield. Et son nom, c'est un peu comme les Goncourt. Son nom circule. Il y a 3500 candidats là-dessus, mais son nom circule pour être un des finalistes. Alors, je lui ai parlé de ça aussi. Et puis, autre discussion, tu sais, je suis très dans le mondain. Et puis, autre discussion...
Monde Numérique :
[28:40] Oui, c'est Trapy Paul cette semaine.
Guest:
[28:42] Très, très. Et puis, c'est pour faire différent de toi. Et puis, autre discussion, mais là, c'est vraiment... Là, je prends mon pied avec ce concept-là. J'ai réuni, c'est dans le cadre d'une rencontre qui a été organisée chez NoviPro, qui est un gros joueur de l'informatique ici au Québec. Et j'ai réuni cinq patrons de TI, qui, sous le couvert de l'anonymat, répondent à toutes mes questions.
Monde Numérique :
[29:07] De TI?
Guest:
[29:08] De TI, oui. De système informatique d'entreprise.
Monde Numérique :
[29:12] Ah, d'accord.
Guest:
[29:12] Et donc, ils répondent vraiment à toutes mes questions sous le sceau de l'anonymat. On ne connaît pas leur nom, on ne connaît pas leur employeur, mais c'est tous des grosses boîtes.
Monde Numérique :
[29:23] Wow.
Guest:
[29:24] Et donc, c'est vraiment… Bruno.
Monde Numérique :
[29:26] Lanceur d'alerte.
Guest:
[29:27] Exactement. Qu'est-ce qui les empêche de dormir? Comment ils gèrent les rançons judiciaires? Les risques, l'intégration de l'IA, pour certains, c'est vraiment un cauchemar. Et puis, on discute de ça. La totale, ça dure une heure. Ça sera disponible juste à côté, mais je vous en présente un extrait dans mon carnet. C'est vraiment chouette comme discussion.
Monde Numérique :
[29:51] Cool. Écoute, super. On va vite aller écouter mon carnet.
Guest:
[29:55] Tout de suite après mon numérique.
Monde Numérique :
[29:57] Bon, je te dis à la semaine prochaine, Bruno. Et puis, je te dis, on se retrouvera pour un nouveau débrief transatlantique. mais avant cela, lundi, rendez-vous avec François Sorel pour notre grand show mensuel. Le grand débrief qui sera là. Ça va parler de quoi.
Guest:
[30:09] Là? Raffraîchis-moi la mémoire.
Monde Numérique :
[30:12] Ah, ben écoute, on passe en revue les moments importants du mois de septembre et puis on se tape nos petits délires tous les trois.
Guest:
[30:22] Bon, ah, puis si je suis chanceux, tu me laisseras parler de Netscape.
Monde Numérique :
[30:27] Ah, ouais. Ok, si tu veux. D'accord. Ouais, ouais, tout à fait.
Guest:
[30:30] Tu nous raconteras ta.
Monde Numérique :
[30:32] Guerre avec Netscape.
Guest:
[30:34] Si tu me laisses en parler je vais être là, si tu ne me.
Monde Numérique :
[30:37] Laisses pas je te donne rendez-vous lundi 30 septembre je crois que c'est ça.
Monde Numérique :
[30:42] Je te le souhaite que ce soit ça et puis sinon on se retrouve la semaine prochaine allez salut, bonne suite de podcast bye l'innovation de la semaine l'innovation de la semaine c'est un système qui risque de vous faire réfléchir si vous êtes Si vous avez des conversations confidentielles et que vous craignez d'être espionné, peut-être êtes-vous vous-même un espion. Il s'agit en effet d'un système d'écoute à distance des conversations par rayon laser. Cela permet d'espionner des conversations orales et même des conversations informatiques lorsque l'on écrit au clavier. C'est un chercheur en sécurité informatique, Samy Kamkar, qui a présenté cette trouvaille lors de la traditionnelle conférence DEF CON à Las Vegas. Cette conférence consacrée au hacking sous toutes ses formes et à la sécurité informatique. Alors, c'était au mois d'août, mais ça vient de sortir, ça vient de faire l'objet de plusieurs articles. Une technique surprenante qui permet donc d'utiliser un micro-laser pour intercepter des conversations. La méthode repose sur l'utilisation d'un laser infrarouge qui s'allume et s'éteint 400 000 fois par seconde et qui peut ainsi capter à travers une fenêtre les minuscules vibrations sonores qui sont produites soit par les voix de personnes qui discutent, soit par les frappes sur un clavier. Il enregistre les sons jusqu'à 5000 Hz, donc des fréquences assez élevées, et y compris, même si elles sont de très faible intensité, en gros, cela détecte des sons avec de la lumière.
Monde Numérique :
[32:12] Et même lorsque ces sons sont très faibles et qu'ils font vibrer la vitre à travers laquelle on espionne. Et puis ensuite, grâce à des logiciels d'analyse du signal et de déchiffrement, le système parvient à identifier ce qui se dit.
Monde Numérique :
[32:27] Alors, pour ce qui est de ce qui est tapé au clavier, par exemple, ça fonctionnerait jusqu'à 90, avec 90% de réussite. Car oui, il faut savoir que les touches d'un clavier d'ordinateur ne font pas toutes le même bruit. Et donc, avec un logiciel spécial, on arrive à savoir sur quelles touches on appuie et par là, à déduire ce qui est en train d'être écrit. C'est une technique beaucoup plus discrète, évidemment, qu'un microphone traditionnel pour écouter à distance des conversations ou capter des messages.
Monde Numérique :
[32:57] Ça fonctionne grâce à la transmission de la lumière. Ça paraît assez surprenant, mais en réalité, ce n'est pas complètement nouveau. Cela vient corroborer d'autres travaux du même genre qui datent d'il y a déjà plusieurs années. Par exemple, en 2020, des chercheurs israéliens étaient parvenus à écouter une conversation dans une pièce en analysant les vibrations émises au niveau de l'ampoule qui pendait au plafond. En gros, dès qu'il y a des sons, ils se réfléchissent sur des surfaces face, et si on arrive à intercepter les vibrations que ça génère, il est possible donc de les décoder. En ce qui concerne ce nouveau système présenté à Las Vegas, le chercheur Sami Kamkar annonce qu'il a publié le mode d'emploi de sa trouvaille sur GitHub. Alors, officiellement, bien sûr, il ne s'agit pas de donner des idées aux espions amateurs, mais plutôt de sensibiliser à ce nouveau cyber-risque. Sous-titrage Société Radio-Canada On passe aux interviews de la semaine de Monde Numérique.
Monde Numérique :
[34:05] Savez-vous que les fake news peuvent rapporter beaucoup d'argent quand on sait s'en servir pour jouer en bourse ? Évidemment, c'est illégal. Et heureusement, les entreprises peuvent se protéger aujourd'hui contre ça grâce à la technologie, notamment la blockchain. On en parle dans un instant avec mon invité de la société Wistrust. Mais avant cela, on va s'intéresser à un sujet passionnant, un peu dans le même genre. C'est l'utilisation des réseaux sociaux pour accroître les divisions dans la société. Un phénomène aujourd'hui documenté,
Monde Numérique :
[34:35] notamment par l'Institut des Systèmes Complexes, un laboratoire du CNRS. J'ai rencontré son directeur. Les interviews qui vont suivre vous seront proposées en version intégrale si vous écoutez Monde Numérique, l'hebdo premium sur Apple Podcast. Sinon, retrouvez-les en épisode séparé, long format, la semaine prochaine sur toutes les plateformes. Bonjour David Chavallarias.
Guest:
[34:56] Bonjour.
Monde Numérique :
[34:56] Vous êtes directeur de l'Institut des systèmes complexes de Paris-Ile-de-France. Impressionnant cet intitulé. Il s'agit d'un laboratoire du CNRS qui travaille, comme son nom l'indique, sur les systèmes complexes. Mais ça veut dire quoi ?
Guest:
[35:09] Alors, le mot peut paraître intimidant, mais en fait, c'est quelque chose que tout le monde connaît. Il y a plusieurs types de systèmes. Il y a les systèmes qui sont, on va dire, organisés de manière centralisée. Votre télévision, vous voulez l'allumer, vous voulez qu'elle s'allume, vous changez de chaîne, vous voulez qu'elle change de chaîne. Et puis, il y a d'autres systèmes qui sont ce qu'on appelle auto-organisés, c'est-à-dire, par exemple, les cellules dans votre corps, personne ne leur a dit où se mettre, et pourtant, au cours de votre développement, ça a formé un être humain, et c'est vous. Les embouteillages sur le périphérique, ils existent, personne ne les veut, on cherche à les éviter, pourtant ils arrivent. Et donc, il y a plein de systèmes où les entités qui composent le système, donc les voitures, les cellules, etc., interagissent de manière décentralisée, il n'y a pas de chef. Et pourtant, leurs interactions, en les composant dans l'espace et dans le temps, créer des structures globales. Un individu, un organe, un embouteillage, un réseau génétique, etc. Ça, ce sont des systèmes complexes. Donc l'étude des systèmes complexes, c'est un point de vue qu'on a sur ces grands systèmes pour comprendre comment des interactions qui semblent désorganisées ou en tout cas qui ne semblent pas avoir de chef, on va dire, créent néanmoins des structures globales, parfois des fonctions, etc. Ça, c'est comprendre les systèmes complexes. Et tous les systèmes vivants sont des systèmes complexes. Par définition et après dans les systèmes sociotechniques il y a des systèmes sociotechniques aussi qui sont des systèmes complexes par exemple le réseau des serveurs internet.
Guest:
[36:33] Ce sont des machines physiques qui s'interconnectent de manière locale. Il n'y a pas quelqu'un qui dit à une machine où se connecter. Et au final, ça fait Internet. C'est-à-dire que le message passe d'un serveur à l'autre, passant par un chemin qui n'est pas calculé à l'avance. Et c'est un système qui est fonctionnel. Il permet de faire Internet. Et pourtant, il n'y a pas de plan d'Internet.
Monde Numérique :
[36:54] Donc, votre obsession, j'imagine, c'est d'essayer de modéliser un peu tout ça pour savoir comment ça fonctionne.
Guest:
[37:00] Voilà, on essaye à la fois de modéliser, de comprendre quels sont ces phénomènes dits émergents. On essaye aussi d'étudier déjà dans un premier lieu ces systèmes parce que quand vous avez énormément d'entités qui interagissent, si vous voulez comprendre comment elles interagissent et pourquoi ça produit des structures, il faut récolter des données sur les entités. Donc par définition, ce sont des grands systèmes, donc il y a beaucoup de données. Et après, il faut mettre en forme ces données pour voir quelles sont les structures intéressantes. Et donc ça, c'est déjà une première étape. Et après, une fois que vous avez des structures intéressantes, on va détecter l'embouteillage, on va détecter un organe ou des tissus, on va détecter... Une fois que vous avez ça, vous pouvez essayer de modéliser, c'est-à-dire essayer de produire un programme mathématique, informatique, des concepts qui vont expliquer cette organisation-là.
Monde Numérique :
[37:43] Donc vous travaillez sur différents domaines, enfin plein de domaines différents, plus exactement, notamment sur l'information qui circule sur Internet.
Guest:
[37:50] C'est ça. Alors, moi, dans ce grand domaine interdisciplinaire, après, il y a des thèmes et des objets qui ressortent. Moi, un de mes objets de prédilection, c'est tout ce qui touche au social. Et en gros, à l'analyse des traces que nous laissons, notamment les traces numériques, qu'elles soient textuelles ou des traces d'interaction. Je relaie le message de quelqu'un. Et donc, j'analyse comment on fait société dans les mondes numériques, comment l'information circule, qu'est-ce qui favorise tel ou tel type d'information, quel est l'impact des infrastructures numériques sur cette circulation, et aussi comment les hommes et les femmes sur ces environnements font des groupes sociaux. Et donc, on peut, en analysant par exemple tous les échanges sur une plateforme comme Twitter ou d'autres réseaux sociaux qui permettent l'accès à ces données-là, on peut reconstituer les groupes de militantisme politique, par exemple, ou les groupes de croyances par rapport au climat, voir qu'est-ce qu'ils essayent de diffuser, comment ils s'organisent, etc. Et cela à quasiment toutes les échelles. On a des cartes sociales qui vont de l'échelle de l'individu jusqu'à l'échelle mondiale. Par exemple, sur le climato-scepticisme ou l'information sur le climat, on voit des groupes à l'échelle de pays, de centaines de milliers de personnes.
Monde Numérique :
[39:05] Et c'est comme ça que vous arrivez à détecter même des actions volontaires. On sait que certains pays sont très offensifs, très actifs. On parle souvent de la Russie ou de la Chine pour utiliser ces canaux pour ressemer un peu la pagaille.
Guest:
[39:24] Alors tout à fait. Une des questions quand on analyse les systèmes complexes, c'est, d'accord, ils sont auto-organisés, ils créent des structures, mais on peut intervenir dessus, on peut les perturber. Et donc...
Monde Numérique :
[39:36] Tout ça n'est pas très naturel.
Guest:
[39:37] Et donc, quel est l'effet de ces perturbations ? Quelle est la meilleure manière de manipuler ? Donc, quand on s'intéresse à ces choses-là, et notamment quand on s'intéresse aux espaces informationnels, il y a la question de, est-ce qu'il y a des acteurs qui essayent, par des comportements dits inauthentiques, c'est-à-dire on va se coordonner pour diffuser un type de message, etc., arrivent à perturber la circulation d'informations entre guillemets naturelles d'un pays. Et effectivement, on peut arriver comme ça Ça a détecté des tentatives d'ingérence. Donc, par exemple, au moment des Macron-Leak dans l'élection présidentielle de 2017, on a vu des groupes d'extrême droite américaine se coordonner avec des groupes d'extrême droite française pour essayer de diffuser ce narratif. Pendant les dernières législatives en 2022, on a des faisceaux convergents d'actions d'États comme la Russie pour essayer, effectivement, de semer la division au sein de l'espace informationnel français. Surtout, amplifier. C'est-à-dire que la division, elle peut exister, et ce n'est pas forcément mauvais. Mais quand on essaie de l'amplifier pour empêcher la résolution pacifique des différents, là, ça pose problème.
Monde Numérique :
[40:35] Et là, tout récemment, avec les élections qu'il y a eu en France, je crois que vous étiez sur le pont, notamment pour arriver à comprendre des ingérences étrangères.
Guest:
[40:47] Oui, alors, j'ai documenté depuis pas mal de temps des actions d'interférence sur les réseaux sociaux. Et donc, quand il y a eu les européennes plus législatives, dans mon laboratoire, il y a eu plusieurs personnes qui étaient un petit peu là-dessus. On a déjà regardé, par exemple, l'utilisation des publicités ciblées payantes, mais politiques, pour essayer de détourner les électeurs d'un vote Macron, par exemple. À dépenser beaucoup d'argent pour faire des publicités sur Facebook.
Guest:
[41:18] Vous achetez un truc qui dit que Macron veut nous entraîner dans la guerre en Ukraine et que donc on va tous mourir, donc il vaut mieux éviter de les lire, et vous ciblez sur toutes les personnes dont vous pensez qu'elles vont accepter ce discours-là. Donc on a pu documenter ça, mais on a pu aussi documenter le fait, par exemple, de la création de faux profils en ligne pour essayer de créer de la division, etc., dont on pense, enfin, il y a de très fortes probabilités qu'ils soient créés par des entités comme le Kremlin. Et aussi, on peut analyser, en fait, comment ils essayent d'orienter le débat en ligne, parce que ce qu'il faut savoir, c'est que le résultat d'une élection dépend vraiment du thème du moment. Si on ne fait que parler d'écologie, on ne va pas voter pareil que si on ne fait que parler d'immigration ou que parler de la guerre en Ukraine. Et donc, l'orientation de l'agenda médiatique et de l'agenda de l'opinion publique est très importante. Et donc, il y a des actions sur les réseaux sociaux pour essayer de forcer l'agenda et le cadrage. Donc, par exemple, pendant les Et il y a eu, a priori, une amplification du conflit, la préunion du conflit israélo-palestinien, qui est une horreur absolue. Mais, si vous voulez, il y a eu une amplification de ce débat-là pour qu'on se positionne par rapport à ce débat-là plutôt que par rapport à d'autres, par exemple la guerre en Ukraine.
Monde Numérique :
[42:29] Oui, c'est-à-dire pour faire remonter ce thème et polariser.
Guest:
[42:33] Voilà, c'est-à-dire qu'en fait, en fonction des débats, vous avez des lignes de fracture différentes. C'est-à-dire la guerre en Ukraine, en gros, l'extrême droite est plutôt pro-Poutine, Et puis tout le reste est partant pour dire qu'il faut soutenir l'Ukraine. Sur le thème conflit israélo-palestinien, les lignes de fracture sont à des endroits complètement différents. Vous avez d'un côté, en gros, la gauche et de l'autre côté, la droite et l'extrême droite, pour le faire rapidement. Donc si vous forcez cette ligne de débat-là pendant une élection, vous affaiblissez le Front républicain, puisqu'en fait vous faites ressentir à chacun des partis modérés de droite et de gauche que ça va être difficile de s'allier parce qu'ils ont des positions différentes sur cette question-là, qui au moment T est perçue comme la plus importante. Donc en modulant la perception du débat et la présence de certains thèmes dans l'opinion publique, on va influencer sur les ralliements et aussi notamment sur le Front républicain et aux dernières législatives. Étant donné que le Rassemblement national était en tête dans quasiment toutes les circonscriptions, la question du Front républicain était une question majeure. Et donc faire échec à ce Front républicain, c'était faire ailleurs l'URN.
Monde Numérique :
[43:39] Oui, donc c'était l'objectif, clairement, des forces qui étaient derrière. Et comment ils font, concrètement ? C'est quoi ? On va repérer les sujets d'actualité qui fâchent et puis on les fait monter, etc.
Guest:
[43:52] C'est ça. Donc, très concrètement, on va utiliser les vulnérabilités des réseaux sociaux. C'est-à-dire que les réseaux sociaux vont, par exemple, se mettre à recommander un sujet s'ils pensent que c'est en train de monter. Donc, on va faire croire qu'un sujet est en train de monter en se coordonnant sur la plateforme, en postant plein de messages.
Monde Numérique :
[44:06] Mais c'est quoi comme sujet ?
Guest:
[44:07] Ça peut être n'importe quel sujet. Ça peut être la désinformation. Récemment, Trump a dit que les immigrés mangeaient les animaux. Ça, vous avez certainement eu derrière une armée de robots qui a diffusé ça et ça a diffusé un petit peu dans la sphère informationnelle.
Monde Numérique :
[44:23] Dès le lendemain du débat Trump-Harris, effectivement, on a vu plein de messages là-dessus, avec même des vidéos, etc.
Guest:
[44:28] Voilà, donc en fait, il y a une stratégie d'amplification de l'information, qu'elle soit vraie ou fausse, mais en fonction d'objectifs très précis qu'on va atteindre dans l'opinion publique. Parfois ça marche, parfois ça ne marche pas.
Monde Numérique :
[44:37] Et sur Gaza, c'était ?
Guest:
[44:39] Alors, un peu sur Gaza, il y a eu, par exemple, j'ai repéré un compte qui a été donc reçu Twitter depuis plusieurs années. Donc ça, c'est un compte qui était sur Twitter, mais qui avait aussi des comptes sur Facebook, des plateformes un peu…, qu'on plotisse comme Odyssée, etc., qui, en gros, dans les années 2020, était anti-vax et positionné à l'extrême droite, et qui, au moment de la guerre en Israël et à Gaza, a switché, s'est mis à parler que de Gaza, et a relayé des images, extrêmement violentes et insoutenables, qui étaient vraies, et qui étaient, dont le côté horrible était vrai, c'est pas le problème, mais qu'on ne peut pas montrer à des gens d'en préparer. Ça peut créer des...
Monde Numérique :
[45:23] — Qu'on ne voit jamais dans les médias. Ce qu'on ne voit jamais dans les médias.
Guest:
[45:25] Parce que ça peut créer des troubles post-traumatiques, ce sont vraiment des images d'horreur. Et donc, en bombardant avec ce genre d'images, notamment la communauté LFI, mon analyse, c'était qu'il a renforcé la sensibilité des LFI sur ce thème. Il a forcé ce groupe politique et les groupes à côté à le mettre tout le temps sur la table, sur tous les débats. Et en parallèle on a vu, alors c'est toujours dur de savoir si c'est exactement les mêmes acteurs mais en parallèle il y avait aussi des comptes qui se faisaient passer pour par exemple des islamistes qui n'étaient pas des islamistes et qui allaient interpeller, les comptes de droite en leur disant l'islam est grand on va tous vous tuer etc, votre culture est décadente donc il y a comme ça une espèce de polarisation artificielle juste pour les énerver on va amplifier les dissensus de manière à ce qu'il n'y ait plus d'accords possibles, notamment sur des choses comme, par exemple, le Front républicain.
Monde Numérique :
[46:24] Mais quelle est la perméabilité de l'internaute moyen à ces offensives ?
Guest:
[46:30] Alors, ça dépend vraiment déjà de la pratique des réseaux sociaux. Il y en a qui... On est plus ou moins sur les réseaux sociaux, mais il y a quand même... En gros, la pénétration des réseaux sociaux, c'est autour de 70% en France. Donc, on est beaucoup à consulter au moins de temps les réseaux sociaux. Et après, ça dépend aussi beaucoup de sa propre vulnérabilité. Indépendamment du niveau d'éducation, on va être plus ou moins enclin à croire certaines choses, ou à rentrer par exemple dans le complotisme, etc. Mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est que en gros, dans une population lambda, il y a toujours un pourcentage assez significatif de personnes qui sont prêtes à croire, ou même parfois par révolte, de croire à quelque chose dans un narratif qui va leur plaire. Et donc si vous arrivez à convaincre même 5, 10, 15% de la population.
Guest:
[47:16] Qu'un faux narratif ou de se révolter, et que vous arrivez à les piloter comme ça de manière émotionnelle, en fait, sur la masse d'un pays, ça fait beaucoup. Et vous pouvez créer même des mouvements sociaux, quasiment pas de toute pièce, mais vous pouvez facilement amplifier ou voir faire durer un mouvement social qui peut-être se serait épuisé s'il n'y avait pas eu d'encouragement. Alors, constatez, par exemple, on sait que pour les Gilets jaunes, il y a eu de l'amplification côté Kremlin. Est-ce que c'est ça qui a fait qu'il a duré longtemps ? C'est difficile à dire, parce qu'on ne peut pas faire de contre... Enfin, pas faire de A-B testing, comme on veut. On ne peut pas faire la France sans et la France avec. Mais en tout cas ma conviction c'est que ça a un rôle assez significatif, et d'ailleurs si jamais on prouvait que ça n'en avait pas ça serait pas mal parce qu'on pourrait dire aux publicitaires qui investissent 1,5 milliard de dollars 1,5 milliards, 1 000 milliards de dollars par an ou je sais pas combien des centaines de milliards de dollars par an on pourrait dire à ces publicitaires qu'ils pouvaient les réinvestir dans autre chose puisque ça ne sert à rien de fait il y a quand même un truc de bon sens que si vous arrivez à agir sur les réseaux sociaux de manière assez massive et à rabâcher, à utiliser ce qu'on appelle le biais de répétition, c'est-à-dire une fois, vous ne croyez pas, deux fois, quand vous voyez la même information de plusieurs personnes différentes et plusieurs fois, au bout d'un moment, ça commence à introduire le doute. Et puis tout le monde n'a pas.
Monde Numérique :
[48:31] Ne serait-ce que le temps, d'aller se poser la question, de chercher. Voilà, il voit passer ça, hop, ça rentre, et on lui fait à peine attention, mais ça frappe.
Guest:
[48:40] Tout à fait. Il faut prendre en compte aussi le fait qu'on est touché à la fois de manière rationnelle et émotionnelle. C'est pas parce qu'on ne croit pas à une information que le jour du vote on va pas se dire celui-là finalement je le sens pas je vais voter sur l'autre, ça peut jouer sur des infos ambitionnelles donc on a un vrai problème ça c'est d'autres études où on montre ça un vrai problème de qualité des infrastructures numériques qui nous permettent de faire société en ligne et pareil juste pour ne sauter qu'un exemple on a montré que les algorithmes de recommandation, qui vous alimente en information dans votre fil d'actualité sur n'importe quelle plateforme, que ce soit Facebook, Instagram, Snapchat, etc. Donc, ces algorithmes de recommandation, en fait, sont biaisés. Et par exemple, sur Twitter, il enrichit votre fil d'information en contenu dit toxique, c'est-à-dire polémique, avec des insultes, des obscenités, etc.
Monde Numérique :
[49:31] – On l'a clairement constaté quand on utilise X depuis l'arrivée d'Elon Musk.
Guest:
[49:35] – Voilà. Mais ce qui est important de comprendre, c'est que, quelles que soient les personnes qui vous vous abonner, donc quel que soit ce que vous cherchez comme information, ce que vous allez recevoir en moyenne est 50% plus toxique. Et donc, à l'échelle d'un pays, sachant que c'est une moyenne, c'est-à-dire qu'il y en a, c'est plus 30%, et d'autres, c'est plus de 200%. Mais donc, à l'échelle d'un pays, ça veut dire que vous distordez complètement la perception du social, de l'actualité, de leur environnement social. Et donc, ça crée des dysfonctionnements.
Monde Numérique :
[50:07] On crée une post-réalité.
Guest:
[50:09] On crée une post-réalité. On crée aussi une espèce de névrose collective.
Monde Numérique :
[50:16] Mais ça s'appuie souvent, vous le disiez, sur des des clivages et des choses qui existent déjà. Par exemple, Gaza, il y avait un parti pris très clair de LFI de capitaliser sur ce drame à des fins électorales.
Guest:
[50:31] Bien sûr. Non, mais c'est-à-dire qu'en fait, parfois, il y a des choses créées de toutes pièces, mais c'est assez rare. Et puis, c'est assez rare que ça marche. Mais par exemple, il y a un faux narratif comme quoi c'est les Américains qui ont ramené le Sida en Afrique. C'était un narratif qui était, à priori, construit de toutes pièces à l'époque. Donc par rapport à un service russe et puis ça continue de ressortir donc il ya des choses comme ça qui ont été créés de toutes pièces mais la plupart et d'ailleurs c'est plus efficace si vous prenez un conflit existant et vous l'amplifiez vous prenez la manif des agriculteurs et vous rajoutez des informations en disant mais en fait on veut vous vous aime vous déclassez c'est exprès qu'on compte le prix de l'essence extra l'écologie ça sert à rien que c'est vous avez les gilets jaunes on va amplifier ça vous avez donc le conflit israélo spécifié on va amplifier des deux côtés. Donc, certains, on va les pousser plus pro-Israël, d'autres pro-Palestine, en disant, chacun, il faut choisir votre camp. En faisant toujours des choses binaires. Alors que, par exemple, sur le conflit israélo-palestinien, en fait, il y a au moins quatre acteurs. Il y a les Palestiniens, les Israéliens et les gouvernements palestiniens et le gouvernement israélien, qui sont des entités différentes.
Monde Numérique :
[51:34] Et puis, on pourrait même ajouter les autres pays, les États-Unis, les Pays-Arabes, etc.
Guest:
[51:37] Donc, en fait, à chaque fois, ça procède d'une simplification, en disant, il n'y a que deux acteurs, il faut vous positionner Et du coup, si vous êtes d'un camp, forcément, vous êtes en train de vous battre. Et donc ça, c'est une stratégie globale, récurrente en fait, pour en gros créer du dissensus social à large échelle.
Monde Numérique :
[51:55] Et à la source de tout ça, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il y a, je ne sais pas où, à Saint-Pétersbourg, là où on dit qu'il y a les usines à trolls, ou ailleurs, des analystes, des anti-David Chavallarias qui suivent l'actualité et qui disent « Tiens, il y a ça qui monte en France, il y a ça qui monte en Espagne ou en Allemagne, C'est là qu'il faut appuyer, qu'il faut faire mal et qui envoient leurs instructions.
Guest:
[52:18] Oui, tout à fait. Donc, on sait qu'il y a des acteurs organisés, que ce soit des États comme la Russie, la Chine, l'Iran ou des lobbyistes comme les industries fossiles qui utilisent très largement ce genre de manipulation d'opinion à large échelle. Et il y a un côté scientifique. Ça, c'est David Collomb qui le décrit très bien dans son livre « La guerre de l'information ». Les Russes ont, enfin le Kremlin, a répliqué l'expérience Cambridge Analytica de manière à mieux connaître l'héctor américain et de savoir comment disrupter, enfin, dédisloquer le tissu social américain. Donc il y a une science d'une certaine manière, il y a les ingénieurs du chaos en poli, il y a une sorte de science du social qui peut être utilisée à des fins positives ou des fins négatives.
Monde Numérique :
[53:07] Eh bien vous avez du pain sur la planche encore pour décrypter tout ça. Merci beaucoup David Chavallarias, directeur de l'Institut des systèmes complexes. Bonjour Raphaël Labbé.
Guest:
[53:21] Bonjour Jérôme.
Monde Numérique :
[53:22] Vous êtes CEO de la société Wistrust, qui est une entreprise française qui a donc une activité assez originale, puisque vous êtes parti en guerre contre les fausses informations, les fake news, et notamment les fake news liées aux entreprises, avec une société, avec une solution technologique que vous avez développée pour arriver à sécuriser et à lutter contre ce fléau ? Expliquez-nous ça.
Guest:
[53:51] Avec plaisir. Je vais vous raconter une petite histoire pour rendre les choses concrètes. Un cas qui s'est passé en France, qui pour nous a été le déclencheur de notre mobilisation sur le sujet. On a créé avec mon associé Jérôme aussi d'ailleurs, une société de logiciels pour les directions de la communication. On est leur logiciel métier, on les aide à faire leur travail au quotidien. Pour les plus geeks d'entre vous, on est l'équivalent d'un HubSpot ou d'un Salesforce pour le dire comme. On avait cette activité qui marchait bien, beaucoup de grands clients. Et en 2018, Vinci, la société, est pris dans un faux communiqué. Je vous raconte comment ça s'est passé. Et tout simplement, à trois heures et demie de l'après-midi, les bureaux de presse, les journalistes reçoivent un communiqué de presse avec le logo Vinci, un lien vers le site, un numéro de téléphone qui dit notre directeur financier a commis une fraude sur nos résultats qui remontent aux cinq dernières années. Nos résultats sont donc faux depuis cinq ans. Donc évidemment, cette news est reprise par Bloomberg.
Guest:
[55:05] Du coup, les marchés s'inquiètent de la situation, évidemment, puisque un faux comme ça, ça fait du bruit, ça impacte sur la valeur de la société. La société, le cours de l'action Vinci plonge de 20%. Donc ça représente quand même 8 milliards de capitalisation boursière, c'est assez gros. Et 20 minutes après, un nouveau communiqué arrive, ou 25, je ne me souviens plus exactement du détail, qui dit non, attendez, tout ça c'est faux, ça n'est jamais arrivé. Le cours remonte, il y a des articles partout, les journalistes tirent dans tous les sens, ne savent plus ce qui est vrai, ce qui est faux. Mais bon, le marché a quand même fait bam bam. Le premier et le deuxième sont des faux.
Monde Numérique :
[55:49] Ah ouais, même le Et même le démenti.
Guest:
[55:50] Et bien même le démenti.
Monde Numérique :
[55:52] Et je me souviens de cette histoire qui avait fait pas mal de bruit.
Guest:
[55:54] Le but, il était simple, c'était de créer ce roller coaster, cette baisse et cette hausse pour pouvoir trader sur les mains. ? Donc, vendre et acheter des actions. Alors là, en l'occurrence, pas des actions de Vinci directement, parce que c'est assez traçable, mais probablement plus des produits dérivés. On ne va pas faire de la finance, mais en gros, c'est des produits qui sont attachés au CAC 40 et qui sont du coup plus difficile à tracer. Il y en a des volumes qui sont beaucoup plus gros. Mais comme ils savaient qu'ils allaient impacter une des sociétés, ils pouvaient calculer un petit peu quel impact ça allait avoir sur le 440 et ils ont réussi, selon certains experts, à gagner 60 millions d'euros dans cette opération. Et donc, du coup, c'est des chiffres qui sont des estimations, évidemment, ils n'ont pas été attrapés. Pour ça, ils ont eu besoin de Word, d'Internet, d'un burner phone, Sous-titrage ST' 501, Faire un copier-coller d'un site Internet.
Monde Numérique :
[56:51] Qu'est-ce que c'est qu'un burner phone ?
Guest:
[56:52] Un téléphone jetable, comme les trafiquants de drogue, qui était le numéro qui était en bas du communiqué, que les journalistes, d'ailleurs, que beaucoup de journalistes, ont appelé pour vérifier la véracité, puisque dans cette histoire, Vinci a été piégé, mais principalement les journalistes. C'est les journalistes qui, reprenant cette information, l'ont, entre guillemets, rendu...
Monde Numérique :
[57:16] Fiable, enfin, crédible.
Guest:
[57:17] Ou en tout cas actionnable, d'une certaine manière. Qu'elle soit vraie ou pas, elle avait un impact. Et donc, du coup, cette histoire qui est un peu rocambolesque, nous, nous a fait réaliser qu'on était en risque avec notre métier, que c'était un enjeu de technologie, puisque même s'il y a évidemment une manipulation, il faut quand même faire un faux communiqué avec un logo, un faux site. Il se passe des choses. Il y a des outils techniques qui sont utilisés. Et on s'est dit, si on n'a pas envie que ça nous arrive, ça, c'est normal. Si vous avez n'importe quelle activité, n'importe quelle entreprise, être pris dans une tempête comme ça, pas l'idéal vis-à-vis de ses clients. Donc, on a commencé à réfléchir. Et là est venue l'idée de prouver l'authenticité d'un communiqué de presse ou d'une information financière en utilisant une technologie qui, à l'époque, était très en vogue, mais pas si utilisée que ça pour des cas concrets, qui était la blockchain. Et donc, on s'est dit, en fait, on va utiliser, on va prendre l'empreinte digitale de ce fichier, le fameux communiqué de presse, l'heure à laquelle il a été créé, et sur quel ordinateur, son poids, tout ce qui le rend unique, comme votre empreinte digitale avec votre pouce, qui fait qu'elle ne vous appartient qu'à vous, Jérôme. On va prendre cette empreinte digitale.
Guest:
[58:25] On ne va pas garder le fichier, puisqu'on n'a besoin que de l'empreinte digitale. Donc, notre client, il garde toutes les informations confidentielles qui sont les siennes, mais il nous met l'empreinte digitale du fichier dans la blockchain, avec notre solution Wistress Protect. Et vous, Jérôme, quand vous recevez votre communiqué, vous allez sur Wistress Protect, vous le drag and droppez, vous prenez votre fichier, vous le mettez sur le site, et on vous dit ah bah oui ça colle, c'est bien l'empreinte de Jérôme c'est bien Jérôme qui a fait ce communiqué et donc du coup on a un moyen simple.
Guest:
[58:52] Qui ne demande aucune connexion, aucun login, qui est gratuit pour tous les gens qui veulent vérifier l'information, de s'assurer avant d'acheter ou de vendre des titres d'une société que l'information est bien légitime. Et ce qui a démarré vraiment comme une solution à un problème qui était ceux de nos clients et donc un peu le nôtre aussi, est en fait devenu, comme vous le disiez, presque un combat. Parce qu'en fait, le nombre de faux communiqués et de manipulations des entreprises a complètement explosé depuis cinq ans. Et alors, si on a un peu de temps et que ça intéresse vos auditeurs, mais ça, c'est vous qui savez, je vous raconterai d'autres cas et d'autres anecdotes. Parce que c'est assez croustillant et surtout, ça part dans tous les sens. Il y a des choses drôles, il y a des choses très sérieuses. Il y a des choses avec des entreprises dont on adore parler, comme Tesla ou Starbucks. bug. Et puis, il y a des choses avec des plus petites entreprises, mais où les risques, finalement, la manipulation a beaucoup plus d'impact, même si c'est moins glamour.
Monde Numérique :
[59:55] On comprend effectivement que pour les entreprises, c'est un risque énorme. Ce sont des informations qui sont vraiment stratégiques. Et aujourd'hui, votre solution est utilisée d'ailleurs par un certain nombre de grands groupes, de grandes marques, c'est ça ?
Guest:
[1:00:10] C'est effectivement très important d'avoir des émetteurs et des récepteurs. Donc d'avoir des sociétés qui l'utilisent qui le promeuvent auprès des journalistes, et du coup des journalistes qui vont vérifier aujourd'hui...
Monde Numérique :
[1:00:24] Donc les médias aussi donc les journalistes soient équipés de leur côté.
Guest:
[1:00:27] Et d'ailleurs quand on vend la solution il y a une partie de nos, coûts qui sont d'aller former ou de passer du temps avec vous Jérôme pour expliquer en fait aux journalistes, donc on va dans les rédactions et on leur explique comment ces cas se passent on les éduque d'une certaine manière parce que la technologie c'est pas tout. Si vous savez vous en servir c'est très bien mais si vous savez pas quel est le problème elle va pas vous servir à grand chose. Donc nos clients ils achètent une solution. Vous me parliez de beaucoup de clients, je vais vous citer quelques noms. On travaille des sociétés utilisatrices de Wistrust Protect c'est des sociétés comme L'Oréal, Schneider mais des sociétés aussi un peu plus petites comme Beneteau, des acteurs du monde de la banque Donc, on est dans un univers qui est quand même beaucoup l'univers de la bourse et de la finance, notamment parce qu'en fait, il y a eu un effet volume avec les journalistes aussi. Nos clients dans l'assurance ont parlé à leurs journalistes dans le monde de l'assurance. Du coup, on avait plus de valeur pour d'autres assureurs. C'est la même chose dans l'immobilier. On a Clépierre, Gessina, Nexity. On a beaucoup d'acteurs, de promoteurs immobiliers. Et donc, forcément, on a beaucoup de journalistes de l'immobilier qui connaissent notre solution. Donc, on protège 1 000 milliards, pour donner un chiffre qui est quand même significatif, 1 000 milliards de capitalisation boursière.
Monde Numérique :
[1:01:47] Et alors vous disiez, vous avez d'autres anecdotes, ça veut dire que c'est un vrai fléau à grande échelle ?
Guest:
[1:01:54] Aujourd'hui c'est un fléau, c'est un fléau avec en plus un ticket d'entrée, on en parlait, le petit téléphone que vous achetez dans le commerce qui est jetable et quelques compétences et un ordinateur, ça rend ces attaques très accessibles.
Monde Numérique :
[1:02:10] Qui d'autre a été victime de ça ?
Guest:
[1:02:11] La liste est très longue. Aujourd'hui, on est à peu près à une attaque et demie réussie par mois.
Monde Numérique :
[1:02:17] Donc, ça continue ?
Guest:
[1:02:18] Ça continue et le rythme s'accélère. En 2010, quand on a eu les détections des premières, parce qu'on a remonté, évidemment, quand je vous disais c'est devenu, c'est ce que vous disiez, c'est devenu un engagement, presque un objectif pour nous de réduire ce risque. On a étudié du coup le passé. En 2010, vous en avez qui sont presque un peu rigolotes. Un 1er avril, un communiqué de presse qui se fait passer pour Pfizer, qui dit on va réduire le prix des médicaments qui sont très coûtés aux États-Unis. Bon, mais c'est le 1er avril. On est dans quelque chose de sociétal. La volonté de nuire, même s'il y a un impact réputationnel pour l'entreprise, la volonté de nuire est assez réduite. Aujourd'hui, on est à 1,5 cas réussis par mois. Et c'est comme les icebergs. Pour un cas qui réussit, vous pouvez imaginer qu'il y en a pas mal sous l'eau. Donc, pour vous citer des cas récents...
Monde Numérique :
[1:03:13] Le plus spectaculaire, c'est Vinci ?
Guest:
[1:03:15] Non, le plus spectaculaire... C'est compliqué de vous dire parce que je vais vous donner donc deux catégories et vous allez me dire gauche-droite. Il y a la catégorie que j'ai appelée les activistes. C'est des hackers dont le but est de faire de l'activisme. Donc, Donc, leur but n'est pas financier. Ce n'est pas des braqueurs de banque. Le but n'est pas d'utiliser la bourse pour gagner de l'argent, mais c'est de mobiliser la société. Ça, c'est un premier axe. Et le deuxième, on nous vient d'en parler, c'est les braqueurs de banque. Sauf qu'en braquant la bourse, vous braquez tout le monde et personne en même temps. Quand vous faites bouger le cours et que vous vendez ou... C'est très difficile d'identifier vraiment. Ce n'est pas pareil que de venir vous voler votre portefeuille, Jérôme. Là, vous êtes la victime. Vous pouvez porter plainte au commissariat. Là, c'est très diffus. Et d'une certaine manière aussi, il n'y a que les gendarmes boursiers des différents pays qui vont faire des poursuites. Donc ça, c'est les deux grands cas. Vous voulez aller où ?
Monde Numérique :
[1:04:11] Écoutez, j'aurais envie de dire on va faire les deux, mais ça risque d'être long aussi.
Guest:
[1:04:15] Non, je peux essayer de la faire court. Moi, qui m'a fait beaucoup rire en activisme, je vous en cite deux, un physique et un virtuel, qui sont marrants. Il y a, je crois que c'était Noël de l'année dernière, un faux communiqué de presse qui part au début de décembre, logo Starbucks. Voilà, et c'était Starbucks engage à ne plus facturer les laits végétaux. Donc, si vous avez déjà été chez Starbucks, que vous ne voulez plus boire de lait de vache par allergie ou par conviction, vous payez en général 50 centimes en plus. Ce n'est pas grand-chose, mais si vous prenez un café tous les matins, ce n'est pas nul. Et en plus, certains de ces laits ne sont pas forcément plus chers ou plus coûteux. Donc, il y a un peu une... Enfin, il y a des gens, parce que je ne suis pas là pour parler, mais qui estiment que ce n'est pas forcément... Donc, Starbucks fait cette annonce. En tout cas, on croit. Beaucoup de blogs, de médias relaient cette information en disant c'est génial à partir de demain. Le lendemain matin, vous avez plein de gens qui arrivent en boutique et puis qui refusent de payer les 50 cents. Et alors là la queue en boutique ça crée.
Monde Numérique :
[1:05:29] Une mobilisation pire qu'un appel au boycott.
Guest:
[1:05:31] D'une certaine manière ça crée un conflit entre l'attente perçue des consommateurs et la réalité des choix de l'entreprise du coup c'est pour ça que j'appelle ça de l'activisme on utilise un système digital et on met les gens en situation de se confronter à un choix d'une entreprise c'est un exemple qui est marrant parce que c'est 50 centimes, c'est votre café du matin ça parle à tout le monde Mais en vrai, le sujet derrière, s'il vous intéresse, c'est un vrai sujet de société. Il y a un vrai choix. Il y a un enjeu écologique. Il se passe pas mal de choses. Donc, c'est une manière très maligne de mobiliser.
Monde Numérique :
[1:06:04] Vous parliez de Tesla également.
Guest:
[1:06:05] Alors ça, du coup, on pascule de l'autre côté. Très bien. Donc, Tesla, je ne sais pas si vous savez, c'est dirigé par un monsieur qui est assez fantasque, qui a décidé de ne pas avoir d'équipe de com et qui fait tout avec son compte Twitter. Bon, alors maintenant, ça s'appelle X. Mais il a toujours fait comme ça. Elon Musk. Et donc, du coup, il n'y a pas de dire comme chez Tesla. C'est une des nombreuses spécificités de cette société. Et donc, il y a des petits malins qui, un jour, se sont dit très bien, on va faire un truc assez crédible et on va se faire passer pour Tesla. Donc, ils ont fait un communiqué de presse.
Guest:
[1:06:39] Nom et place de Tesla en disant « Formidable, nous avons décidé d'acheter cette entreprise américaine qui produit des batteries au lithium, qui s'appelle lithium. » Le struc part. Évidemment, si Tesla achète cette entreprise et que l'entreprise a un cours de bourse de 2 dollars, mais que Tesla la paye 5, tant que ça ne vaut pas 5, vous avez intérêt à acheter une action de cette société pour la revendre à Elon à 5 dollars.
Guest:
[1:07:03] Ça ne prend pas longtemps, il faut que le communiqué aille, pour que le cours s'ajuste. Donc, vous avez plein de gens qui se disent, très bien, 3, 4, j'achète, 4,5, je continue à acheter, 4,9, j'y vais quand même, je vais gagner que 10 centimes, mais c'est toujours 7 prix. Rien du tout. Genre, je ne sais plus combien de temps après, mais vous avez un tweet d'Elon qui dit, non, on achète au style d'Elon Musk, c'est-à-dire pas avec un démenti. Voilà, mais c'est juste non, c'est faux. Et donc là, la société annonce qu'effectivement, ils n'ont pas reçu d'offres de rachat. Le cours retourne là où il était venu, mais si vous étiez en possession de ces titres et que vous les avez vendues aux gens qui se sont précipités, vous avez gagné un peu d'argent à pas beaucoup de comptes. Et là, on est passé à autre chose. La société lithium, elle a été connue pendant 24 heures. Elle a fait les gros titres et puis on est passé à autre chose. C'est intéressant de voir les deux cas parce que vous voyez qu'en fait, finalement, pour des raisons très différentes, en général, on prend une grosse marque et on va faire levier de cette notoriété, la fameuse valeur de marque, pour actionner quelque chose. Ça peut être un problème sociétal, mais ça peut être aussi mobiliser de l'argent. Et dans les deux cas, ce n'est pas grand chose à faire.
Monde Numérique :
[1:08:14] Et donc, la technologie peut aider à régler ce problème. Vous avez eu l'air de dire qu'on a choisi la blockchain parce que c'était à la mode.
Guest:
[1:08:22] Non, c'était une technologie qui était à la mode, mais qui répondait bien à notre problème. Donc, je ne veux pas rendre ça... C'est assez sérieux. Et d'ailleurs, c'est une de mes fiertés en tant que fondateur. C'est d'avoir donné un cas d'usage très concret à la blockchain la blockchain c'était beaucoup les cryptos la spéculation boursière et, énormément de discours autour de ça va révolutionner la finance, on va tout dématérialiser il y avait vraiment énormément de promesses, mais des cas concrets Et c'est quoi comme blockchain ?
Monde Numérique :
[1:08:54] C'est quelque chose que vous avez développé vous-même ?
Guest:
[1:08:55] Non, parce que justement notre but nous c'est pas d'être propriétaire de quelque chose c'est d'offrir un système interopérable Donc, en fait, l'idée, c'était d'utiliser des blockchains. Donc, quand on a commencé, on n'a pas souhaité utiliser le Bitcoin parce qu'il y avait trop de trafic et du coup, pas assez de place pour nous. C'était trop cher, pas assez efficace. Donc, on est parti sur Ethereum. Depuis, on a changé pour des raisons d'écologie, d'impact, de vitesse, de coût. Mais quand on a commencé, on avait pris Ethereum. Et l'idée, elle est simple. C'était de se dire, la blockchain, c'est un grand livre. Tout y est transparent. Si on trouve un moyen de mettre notre fameuse preuve dans cette blockchain, ça ne sera pas falsifiable.
Guest:
[1:09:39] Personne ne va pouvoir venir trafiquer ça et donc personne ne va pouvoir venir trafiquer cette preuve d'authenticité. Donc dans l'idée, le schéma avait l'air parfait et je dis que c'est une de mes grandes fiertés parce que du coup, quand j'interrogeais mes clients, on a parlé de grandes banques, on a parlé de grandes sociétés cotées, ils avaient plein de projets dans la blockchain, Mais le premier qui a marché, c'était le nôtre. Le premier qui était concret, où il y avait vraiment un usage avec deux parties qui se mettaient d'accord à travers un smart contract. Alors, pas directement parce qu'il y a un émetteur et un récepteur, mais deux qui passent par la blockchain, c'était Wistrust Protect. Et du coup c'est assez chouette quand on va être un peu de cocorico mais on n'a pas inventé beaucoup de blockchain, mais c'est sympa d'avoir des grandes sociétés françaises qui ont adopté plus vite que des groupes américains un cas pratique d'usage moi ça me rend content.
Monde Numérique :
[1:10:31] Vous avez dit Ethereum au début et aujourd'hui c'est quoi alors ?
Guest:
[1:10:34] Alors du coup on en utilise deux aujourd'hui et on va pas justement on se disait pas trop de jargonnage mais on en utilise deux et on est hors spéculation Donc, ce n'est pas forcément très intéressant, mais on en utilise un pour l'instantané et un pour l'archivage. Et ça aussi, ça a évolué, c'est-à-dire qu'on sait que les blockchains sont volatiles, qu'il y a des risques. On a vu d'ailleurs, c'est un marché qui a beaucoup souffert. Et donc, on s'est dit, ce n'est pas forcément très coûteux, il faut qu'on soit redondant. On est là pour l'avenir. Si demain, Jérôme voulait vérifier un communiqué ou un... Un PDF avec les résultats financiers d'une société d'il y a 5 ans, il faut que vous puissiez retrouver cette trace et ça doit être indépendant de Wistrust Protect. Il faut que vous puissiez vous-même aller dans la blockchain, mettre votre empreinte de votre fichier et comparer les deux. Et du coup, on a doublé notre système et Ethereum avait beaucoup d'avantages, mais a fluctué le cours de bourse, a fluctué énormément et nous, nos clients, on leur vendait une solution en illimité. Donc, quand ça coûtait 10 fois plus cher, nos clients payaient la même chose, pas nous. Donc, on a On a un peu regretté notre choix un an et demi après. Après, l'avantage, c'est que c'est de la technologie. Ce n'est pas si compliqué de changer de port USB ou de chargeur. Ça vous est tous arrivé, ou d'ordinateur.
Monde Numérique :
[1:11:53] Alors, ça, c'est vraiment un système d'authentification pour un certain type d'informations financières, pour les entreprises qui passent par des communiqués de presse, etc. Est-ce qu'on pourrait imaginer que votre solution serve également à d'autres types d'informations et à lutter un peu contre le phénomène des fake news d'une autre manière, peut-être plus directement vis-à-vis du grand public ?
Guest:
[1:12:17] Alors, on peut imaginer beaucoup de choses, mais à un moment, ce qu'on disait, c'est que pour que ça marche, il faut qu'il y ait la rencontre de deux parties. Par exemple, nous, on est beaucoup venus nous voir en disant, mais c'est génial, on voudrait utiliser votre technologie pour... Je vais vous dire un truc un peu bête, parce que ce n'est pas un cas qu'on a eu d'usage, mais ça ressemble. Ah, on voudrait tracer l'origine des montres. Moi, j'ai acheté une montre, elle vaut cher. Je voudrais pouvoir prouver que c'est bien une vraie.
Monde Numérique :
[1:12:42] Oui.
Guest:
[1:12:43] En fait, le problème, c'est que pour que ça marche, il faut que vous alliez expliquer à tous les vendeurs de montres que vous êtes le bon système. Moi, je n'ai pas de temps pour aller dans toutes les boutiques de montres. Je n'ai pas les ressources. Ce n'est pas mon réseau.
Monde Numérique :
[1:12:56] C'est une problématique commerciale de développement, de scale-up. Voilà.
Guest:
[1:13:00] Et donc, en fait, à un moment, la technologie en elle-même, elle est polyvalente. Elle pourrait être utilisée pour beaucoup de choses. Mais ce qui va compter, c'est d'arriver à créer un écosystème qui marche. Et ce n'est pas la technologie. La technologie, on peut la transposer. Mais par contre, moi, vous me demandez de certifier l'origine des montres. Je vais le faire techniquement. Ça ne va servir à rien à personne. Alors que vous, Jérôme, vous venez nous voir aujourd'hui. Maintenant, vous savez qu'on existe. Si vous recevez un communiqué demain de la BPCE, du Crédit Agricole, vous savez qu'ils sont utilisateurs. Vous allez pouvoir vérifier. et ça ça conduit.
Monde Numérique :
[1:13:33] Mais si on se projette je ne sais pas très loin et puis qu'on imagine un peu aller au-delà de ces problèmes d'écosystème de déploiement et tout est-ce que par exemple c'est un style de technologie qui pourrait être utilisé même pour le grand public qui verrait passer telle ou telle info en se disant, tiens oui mais ça ça m'intrigue est-ce que c'est vrai est-ce que c'est faux d'aller, alors bon aujourd'hui vous allez me dire on se retourne on voit des choses douteuses sur les réseaux sociaux on va voir des médias, c'est leur travail, après tout, des médias plus sérieux pour savoir si c'est vrai ou pas. Mais si on veut aller plus loin, est-ce que c'est une technologie qui serait adaptable ?
Guest:
[1:14:13] Alors, oui, ça ne résoudra pas tous les cas de figure, mais je dirais oui. Pourquoi je vous réponds avec une réponse de normand ? Oui, mais tout simplement parce qu'en fait, il y a aussi la vitesse, le traitement et le côté flou. Qu'est-ce que je veux dire par là ? Aujourd'hui on peut certifier une photo on peut certifier une vidéo n'importe quel fichier en fait donc on pourrait très bien imaginer que les photos que vous recevez sur Whatsapp elles sont certifiées, il y a un petit logo et puis on vous laisse aller vérifier la réalité c'est que le grand public ne va pas beaucoup le faire on sait très bien que sur les réseaux sociaux on partage parfois avant de lire, ce qui est niveau journalistique je vais faire appel au journaliste qui est Jérôme c'est pas génial On s'en.
Monde Numérique :
[1:15:01] Fiche de savoir si c'est vrai ou pas. Ça fait réagir, on le passe aux autres, et ainsi de suite.
Guest:
[1:15:05] C'est là où on commence à trouver la limite de la technologie. Si ça ne vous intéresse pas de le lire, ça ne va probablement pas vous intéresser d'aller vérifier. J'ai vu un truc rigolo la semaine dernière relayé par je ne sais pas qui sur les réseaux sociaux qui disait, c'est terrible, c'est le premier Halloween qui tombe un vendredi 13, ce n'est pas arrivé depuis 666 ans. Évidemment, ça accumule tout, sauf que Halloween, ce n'est pas le 13, c'est le 31.
Guest:
[1:15:34] Mais la personne qui l'a relayé, il y avait les deux chiffres, elle a pas tilté. Il y avait 666, ça paraît que machin. C'est super, c'est diabolique. Ça, malheureusement, ce n'est pas une histoire de technologie. On aurait pu le mettre dessus. Donc, c'est un peu, pour moi, l'avantage. Ce qui est intéressant dans notre histoire, c'est qu'il y a un impact long terme et des gens qui sont ciblés, ce qui fait qu'il y a des gens qui sont sensibles et qui vont faire attention. Dans le cas de mon cas un peu absurde d'Halloween, il n'y a pas d'effet à part qu'on a perdu du temps. Donc du coup il n'y a personne pour aller passer du temps à les vérifier ni personne pour passer du temps à les certifier donc la technologie elle a sa limite c'est que s'il n'y a pas un vrai cas d'usage on ne va pas se mettre à l'utiliser et se compliquer la vie pour rien donc vous avez raison Jérôme, j'y crois à fond je pense qu'il y aura toujours une partie sur laquelle on ne va pas arriver à s'agripper mais les hommes de Cro-Magnon avaient déjà des ragots et racontaient déjà des fausses histoires donc ce n'est pas non plus un problème moderne c'est juste la vitesse à laquelle ça va et l'amplification aujourd'hui qui est plus grave mais globalement, des histoires de loups, mangeurs d'enfants il y a toujours eu.
Monde Numérique :
[1:16:47] Absolument, merci beaucoup Raphaël Labbé CEO de We's Trust, Il est temps à présent de retrouver le prospectiviste Olivier Parent du podcast Écho du futur, partenaire de Monde numérique, qui décrypte pour nous les films de science-fiction. Ce mois-ci, bienvenue à Gataca.
Guest:
[1:17:11] Écho du futur, le podcast qui explore les imaginaires de la science-fiction. En partenariat avec Monde numérique et Incybernews, le média de la confiance numérique. Bienvenue à Gataca ou l'eugénisme génétique érigé en politique d'État. En 2027, le film Bienvenue à Gataca d'Andrew Nicolle aura 30 ans. Malgré cette distance parfois fatale pour certaines œuvres de science-fiction, Bienvenue à Gataca conserve tout son attrait, ne serait-ce qu'esthétique, et les sujets qu'il traite sont toujours d'actualité. On y parle de médecine, de génétique et de génisme, de transhumanisme et même d'urbanisme. Chacun de ces sujets appelant l'analyse prospective. Qu'il soit de science-fiction ou non, un film est toujours une réduction de la réalité. Même si le cinéma a eu au fait de s'affranchir des canons de la narration classique, unité d'action, de lieu et de temps, il ne reste pas moins que l'auteur aujourd'hui doit s'adapter aux contraintes du média cinéma qui lui aussi à ses règles imposées entre autres par les papes hollywood.
Guest:
[1:18:34] Ainsi, au moment de la sortie en salle du film Bienvenue à Gataca en 1997, les films n'avaient pas encore pris l'embonpoint désormais admis qui amène régulièrement leur durée à dépasser allègrement les trois heures, ceci étant vrai surtout pour les films fantastiques de fantasy ou autres œuvres de science-fiction. À cette époque, les scénarios étaient d'une narration beaucoup plus linéaire, quasi minimaliste en comparaison des multiples rebondissements des scénarios de notre deuxième décennie du XXIe siècle. Faites regarder Blade Runner, le premier à un ado, il s'y ennuiera. Le scénario de Bienvenue à Gataca est dans la lignée de cette simplicité. Mais ce classicisme n'est que de façade. S'il semble n'être qu'une longue construction dramatique, le film porte en lui un tout autre drame, celui de la nature humaine. A l'opposé des tensions idéologiques hégémoniques, le film est un ode à une humanité qui ne doit pas oublier qu'elle est plurielle.
Guest:
[1:19:47] Bienvenue à Gattaca acquiert une part de sa liberté aussi grâce à son esthétisme. Tout au long du film, on déambule dans une ville aux lignes tendues, une Brasilia universel dans laquelle les codes de son architecte Niemeyer seraient devenus les standards architecturaux. Ils influencent jusque dans la mode vestimentaire. Et dans un feulement tout électrique, même la Citroën DS d'Uma Thurman se glisse dans ce décor avec subtilité, délice et modernité. On va le voir, ce décor est l'écrin qu'il fallait pour mettre en lumière l'idéologie d'une homogénéité dérangeante telle qu'elle est portée par Bienvenue à Gataca.
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[1:20:30] Dans l'avenir du film, cette diversité semble bien mise à mal. En effet, la société dans laquelle se déroule l'intrigue semble être le résultat du rêve de nombre de techno-enthousiastes et autres transhumanistes. Là, les protagonistes du film, Vincent, Eugène et Irène, sont membres d'une élite de l'humanité, fruit d'une politique de sélection génétique drastique, d'un eugénisme devenu standard social. Toutes ces particularités font de Bienvenue à Gattaca un film d'anticipation de choix qui nous permet de plonger le regard dans un monde où la conception naturelle d'un enfant est synonyme pour lui de ségrégation sociale.
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[1:21:13] La norme, cette politique génique, est mise en œuvre par une police zélée et dotée de moyens technologiques. On est à mi-chemin de la série Les Experts et d'un Brasile de Terry Gilliam. Et de moyens législatifs dont les images de leur mise en œuvre, de leur application, rappellent celles des rafles telles que l'Europe en a connues au cours de la Seconde Guerre mondiale. L'esprit de 1984, le film de Michael Radford, adapté du roman éponyme de George Orwell, n'est pas loin non plus.
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[1:21:48] À la suite de cette introduction quelque peu sombre, il demeure un étonnement positif celui-là, dont il ne faut pas se prier. Il concerne les diagnostics préimplantatoires qui sont proposés aux familles qui désirent concevoir un enfant. Ainsi, ce qui est appelé « eugénisme généralisé » ne semble pas réservé à une élite financière. Apparemment, dans cet avenir, point de ploutocratie. Tant et si bien que, dans le film, pourvu qu'on ait des parents qui fassent les bons choix au bon moment, un individu peut espérer être doté d'un bagage génétique satisfaisant. C'est ainsi que doté d'un bagage génétique tamisé, un individu se voit ouvrir les portes d'une élite construite sur des bases autres que celles que l'on connaît dans notre présent. Cependant, la science moderne nous le dit et nous le répète avec l'épigénétique, l'ADN ne fait pas tout, le génotype n'est pas le phénotype, le code brut, l'ADN, n'est pas complètement ce qui est exprimé dans le corps.
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[1:22:52] Cette politique génétique permet de mieux comprendre la violence de la société du film qui, comme la nôtre contemporaine, se nourrit aussi d'inégalités. Si les disparités de statut ne semblent pas entretenues par la seule richesse, c'est l'identité génétique de chaque individu qui participe désormais à la classification sociale. social. Dans Bienvenue à Gataca, on a pénétré dans une société de méritocratie génétique, à moins qu'il ne faille qualifier cette société de génocratie, une société d'une aristocratie déterminée par la génétique. Le titre du film le dit à sa manière, le mot Gataca étant composé des lettres des quatre bases chimiques sur lesquelles se construit l'ADN, la molécule, le code de la vie. Ce sont la guanine, l'adénine, la thymine et la cytosine.
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[1:23:47] Dans les faits, le film raconte la lutte, le combat, d'une volonté, celle de Vincent, jouée par Ethan Hawke, contre les a priori d'un système très bien rodé. Car Vincent a un rêve, aller dans l'espace. Mais génétiquement imparfait parce que conçu naturellement, les portes de l'institution spatiale lui sont irrémédiablement fermées.
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[1:24:12] Vincent finit par croiser le chemin, la vie brisée d'Eugène, un parfait handicapé. On peut noter que l'étymologie de ce prénom vient du grec eugénès, bien-né, bonne ou noble race. Et on les suit ensemble en train de développer les subterfuges qui vont permettre à Vincent de vivre son rêve, aller dans les étoiles, participer à l'aventure spatiale. C'est aussi l'occasion d'aller à la découverte de cette nouvelle humanité, qui s'autorise la conception d'un pluridactyle fonctionnel, un mutant à douze doigts, individu seul en capacité d'interpréter de manière géniale une partition écrite exprès pour cette disposition. Ici, il faut entendre le mot « mutant » écrit entre guillemets, car dans le monde de Gataka, qu'à l'amélioration toute dérangeante qu'elle puisse nous paraître est devenue la norme. C'est le non sélectionné qui est le monstre, celui qui doit se cacher, celui qui va de petit boulot en petit boulot jusqu'à ce que son identité génétique imparfaite ne le rattrape et ne lui ferme les portes d'une vie sociale sous le diktat d'une normalité génétique. Et c'est le quotidien de Vincent jusqu'à ce qu'il croise le chemin de gêne qui lui donne l'énergie et les moyens de construire son rêve.
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[1:25:37] Il faut désormais s'arrêter quelques instants sur le cas d'Eugène, l'ange déchu joué par Jude Law. Eugène, l'athlète accompli, la tête bien faite, la beauté froide, fait partie de celles et ceux qui ont été élevés au statut de quasi-divinité du fait de la pureté de la qualité de leur patrimoine génétique. Cependant, il se trouve rayé des manifestes des vaisseaux qui décollent à rythme régulier, éjecté de l'échiquier social quand il est rattrapé par les contingences de sa nature humaine, sa fragilité biologique. En effet, à la suite d'un suicide raté, il se retrouve paraplégique, la moelle épinière brisée.
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[1:26:20] Il n'est pas interdit de s'étonner que dans le futur de Bienvenue à Gataca, la médecine n'ait pas appris à réparer ce genre d'accident. Dans notre présent, dans notre réalité, les progrès ne manquent pas, même si le chemin reste long pour en faire un soin courant. En tout cas, dans le film, la maîtrise par l'humanité de son patrimoine génétique semble représenter une nouvelle étape de son évolution. Innovation appelée des vœux des transhumanistes, sans pour autant la libérer de ses fragilités. Et en conséquence de l'ivresse de cette maîtrise, il semblerait que l'humanité de Bienvenue à Gataca ne supporte plus la vue de cette fragilité, de la différence, de l'imperfection qu'est, par exemple, le handicap dans le cas de.
Guest:
[1:27:12] Cloué dans son fauteuil, celui-ci vit un quotidien qui est devenu une insulte à sa nature programmée, voulue par la société. Son état fait de lui une injure à lui-même. Mais donner corps au projet fou de Vincent, au sens propre aussi bien que figuré, lui offre une rémission, un but dans une vie devenue errance éthylique. Cependant, le départ vers les étoiles de l'insoumis signe aussi l'arrêt d'envie de vivre de l'homme rejeté par la société qui lui a donné la vie.
Guest:
[1:27:47] Soumis au diktat eugénique de cette société sans partage, il se donne la mort, enfin pourrait-on dire, bourreau et victime d'une mise en scène qui n'est pas sans rappeler les pires heures de l'histoire du 20e siècle, quand les corps des impurs, ceux des imparfaits, des déviants, des agitateurs, étaient effacés de l'histoire dans les fours crématoires de ceux qui s'étaient autoproclamés les purs, les parfaits, les seuls dignes de vivre.
Guest:
[1:28:14] Si bien que le soulagement de voir Vincent atteindre le but de sa vie n'atténuant rien l'horreur d'une société devenue totalitaire par souci d'homogénéité. L'embrasement des réacteurs qui arrachent Vincent à notre terre semble vouloir aussi sceller le sort de la différence des non-purs, des handicapés. C'est ainsi que Bienvenue à Gataca interroge le spectateur dans sa chair dans le sens même dans la signification de son humanité d'ailleurs avec vincent que va-t-elle chercher dans les étoiles le film se concentre sur l'entraînement de celles et ceux qui doivent partir vers les étoiles mais l'apport de celles et ceux qui sont revenus semble absent du film dans le lancement à un rythme très soutenu de de fusées vers l'espace, n'est-ce pas plutôt une évacuation qui est en train d'être organisée ? Sous couvert d'une conquête spatiale aux mains de cette élite génétique, n'est-ce pas une nouvelle humanité débarrassée de sa lie qui se cherche une nouvelle Terre où s'implanter ?
Guest:
[1:29:20] À ce propos, les transhumanistes seraient-ils à bord de ces vaisseaux ou resteraient-ils sur Terre pour vivre l'humanité dans toute sa diversité ? Il serait intéressant de poser cette question à Elon Musk, ne croyez-vous pas ? Et rendez-vous avant la fin de l'Anthropocène pour un nouveau podcast d'écho du futur une production de futurhebdo.fr et du comptoir prospectiviste.
Monde Numérique :
[1:30:02] C'est fini pour cette semaine Monde Numérique, l'hebdo, on se retrouve samedi prochain, bien entendu pour un nouvel épisode de l'hebdo, mais avant cela je vous donne rendez-vous lundi 30 septembre pour une nouvelle mouture du grand débrief de Monde Numérique, c'est avec mes camarades François Sorel et Bruno Guglielminetti pendant une heure, on passe en revue l'actu du mois écoulé on vous donne nos impressions des commentaires aussi, même des potins sur nos vies de journalistes geeks.
Monde Numérique :
[1:30:33] Voilà, n'oubliez pas de laisser un commentaire des petites étoiles aussi à propos de ce podcast sur votre plateforme d'écoute en tout cas sur Apple Podcast, sur Spotify sur les plateformes où c'est possible c'est pas possible partout malheureusement N'oubliez pas que les petites étoiles c'est fait pour noter le podcast, globalement donc si vous n'êtes pas content d'un épisode dites-le moi en commentaire en fait les étoiles ne servent pas à commenter un épisode en particulier, Réagissez sur le site mondenumérique.info, sur les réseaux sociaux et puis aussi sur le chat de Monde Numérique. C'est finalement l'endroit le plus simple où on peut converser facilement. Vous trouverez le lien en description de cet épisode. Voilà, je vous souhaite une bonne semaine pleine de tech. Salut !