Frédéric Rose, fondateur d'IMKI, spécialiste de l'intelligence artificielle générative dans le design et la mode, explore les nouvelles opportunités offertes par cette technologie.
Interview
Frédéric Rose, fondateur d’Imki
Comment utilisez-vous l’IA générative pour la création artistique ?
Imki est principalement actif dans la mode, le spectacle et se tourne vers la joaillerie et l'architecture. Dans la mode, nous travaillons avec des marques comme Kooples ou Jules pour créer des capsules mode spécifiques. Dans le spectacle, nous avons utilisé l’IA pour produire des mappings monumentaux, comme au Théâtre Antique d’Orange. Ces IA permettent de réduire considérablement les coûts et les délais de production. Pour la joaillerie, nous adaptons nos IA au vocabulaire technique propre à chaque maison, et dans l'architecture, nous explorons la prise en compte des contraintes de matériaux et de durabilité.
Quelle est la spécificité des IA développées par Imki ?
Nous partons de modèles comme Stable Diffusion, mais nous les améliorons pour qu'ils répondent précisément aux besoins de nos clients. Par exemple, pour une marque comme Kouples, nous entraînons l'IA à intégrer les codes de la marque, comme les détails d’un sac iconique. Ces améliorations sont réalisées avec l’aide des stylistes eux-mêmes, qui enrichissent l’IA avec des données très qualifiées et des taxonomies adaptées. Ainsi, nos IA deviennent des spécialistes ultra-précises, contrairement aux modèles généralistes du marché.
L'IA peut-elle remplacer les designers ?
Non, mais elle peut grandement les assister. L’IA accélère la phase de création et réduit la fatigue mentale liée à la conception répétée. Elle permet aux designers d'explorer de nouvelles idées sans perdre de temps. Cependant, l'IA ne sait pas lire ni analyser une image comme le fait un designer. Les stylistes restent donc essentiels pour diriger et affiner le travail de l’IA. Ils doivent apprendre à piloter ces outils pour maximiser leur potentiel.
Transcription :
Frédéric Rose :
[0:01] Grâce à l'IA et à sa capacité à dessiner de manière ultra juste et très,
Frédéric Rose :
[0:05] très proche de sa mise en fabrication, vous allez quasiment être à la demande. Donc, votre produit, il va pouvoir être mieux vendu parce qu'il sera beaucoup plus proche de la demande client.
Monde Numérique :
[0:17] Bonjour Frédéric Rose.
Frédéric Rose :
[0:19] Bonjour.
Monde Numérique :
[0:20] Vous êtes fondateur de la société IMKI, basée dans l'Est de la France. Et votre entreprise utilise donc les IA génératives d'images pour créer toutes sortes de choses dans le domaine du design, du graphisme et notamment dans le secteur de la mode, de quelle manière ?
Frédéric Rose :
[0:40] Oui, c'est ça, absolument. Imki est spécialisé dans la création d'IA génératives pour les secteurs de la création. Un des premiers sujets qu'on a traités, il était plutôt culturel et donc l'IA nous a aidés à améliorer le processus de création d'un spectacle qui s'appelle l'Odyssée sonore au Théâtre Antique d'Orange. Et donc il a accéléré, en fait il a réduit le temps de production et le coût de production. Donc l'IA Générative a eu un effet levier sur la production et le process de fabrication du spectacle.
Frédéric Rose :
[1:14] Et d'ailleurs ce spectacle a été primé au CES de Las Vegas l'année dernière. Et depuis, on a été sollicité par des marques de mode, notamment Couples ou Jules, pour lesquelles on a créé des IA spécialisés sur des sujets en particulier. Donc, chez Couples, c'était sac à main, robe, perfecto et chez Jules, c'était plutôt sweatshirt, etc. Et en fait, les IA leur ont permis de créer des capsules mode spécifiquement générées par l'intelligence artificielle.
Monde Numérique :
[1:49] Des capsules mode, c'est-à-dire ?
Frédéric Rose :
[1:51] C'est du jargon mode, mais quand une... Alors, vous avez les collections, printemps, été, automne, hiver, et ça, c'est régulier, et chaque collection est remplie, on va dire, d'un certain nombre de modèles ou d'objets vestimentaires. Et de temps en temps, une marque peut faire une collaboration ou sortir une mini-collection de quelques pièces c'est ce qu'on appelle une capsule donc là chez Coupel c'est une capsule de deux silhouettes hommes-femmes, avec pantalon, blouson, robe et sac à main. C'est ça ce qu'on appelle une capture.
Monde Numérique :
[2:30] D'accord, oui, c'est du jargon de la mode, comme vous dites. Concrètement, de quelle manière vous faites quoi ? Vous développez vos propres modèles, vous utilisez des outils qui existent sur le marché, du Meet Journey, Dali et compagnie ? Comment vous procédez ?
Frédéric Rose :
[2:47] Les algorithmes de création d'images ou de génération d'images, c'est en majorité ce qu'on appelle les algorithmes de diffusion. Et donc, c'est le plus connu, c'est Stable Diffusion qui est un algorithme qui est en open source, qui est ouvert à tous. Et souvent, c'est sur ce socle-là qu'ont été créés les autres fournisseurs d'IA génératrices d'images comme mid-journée. C'est juste que Stable Diffusion, il a été alimenté, réentraîné, etc.
Frédéric Rose :
[3:17] Nous, on n'utilise pas du tout ces modèles qui sont fermés, mid-journée, Open AI, etc. On utilise le Stable Diffusion de base et ensuite, on l'améliore. Alors, pourquoi on l'améliore ? Je vais vous donner un exemple assez parlant. Quand vous demandez à Stable Diffusion, Midjournée ou Open Eye de vous dessiner une sculpture grecque antique, vous vous retrouvez souvent avec des personnages aux muscles assez importants, hypertrophiés. Et en fait, c'est dû à la simple raison que ces intelligences artificielles ont été entraînées avec des corpus de données qui proviennent du web, du net. Donc, ce qu'elles ont vu de l'art antique, on va dire, c'est Marvel. Donc, quand on leur demande un Thor, en fait, ce qu'elles ont vu, pour elles, le Thor, il vient de Marvel, donc il est très costaud. Et pas du tout au standard, on va dire, vitruvien ou au standard Michel-Ange où, pour le coup, on est sur des proportions plutôt classiques.
Frédéric Rose :
[4:20] Donc nous ce qu'on fait c'est que comme on constate que leurs dessins ne sont pas justes on va modifier les entraînements et on va améliorer la compréhension de ces IA sur des types de dessins en particulier, Par exemple, chez Kouples, on a entraîné l'IA à savoir mieux faire du perfecto, de la robe, du sac à main, etc. On peut même aller jusqu'à imprégner l'IA des codes de marque que Kouples a dans son ADN. Par exemple, ils ont un sac iconique qui s'appelle le e-Mili. Il a quelques attributs très spécifiques, notamment son fermoir, des empiècements en métal sur les coins en cuir. Et ça, l'IA, Stable Division, Mid-Journey, ils ne le savent pas. Donc, on entraîne l'IA en lui disant, voilà ce que c'est qu'un vrai sac Couples, voilà dans quelles règles tu dois dessiner pour qu'il soit au plus juste de ce que c'est que le sac Couples, le sac émis Couples. Et donc, c'est ça qu'on fait, on améliore les IA. Et en fait, on le fait d'une manière assez simple, c'est que ce sont des stylistes,
Frédéric Rose :
[5:26] elles-mêmes, qui vont entraîner les IA. Donc, en gros, les IA, elles absorbent, elles intègrent les compétences que les stylistes vont leur procurer en améliorant leur dataset, en les qualifiant, en améliorant la taxonomie puisqu'il y a un vocabulaire spécifique dans le stylisme, dans le modélisme, etc.
Monde Numérique :
[5:44] Donc, vous les prenez vraiment à la racine, à l'état de bébé et vous en faites des IA adultes capables de faire des choses.
Frédéric Rose :
[5:52] Oui, souvent je dis, en fait, les IA à mi-journée, c'est un adolescent américain un peu limité. Nous on va en faire des stylistes à la française donc en gros je vais lui faire faire, 5, 10, 15, 20 ans d'études dans une école de mode à la française plus 15 ans d'expérience professionnelle et vous allez le retrouver avec une IA qui pour le coup va être extrêmement pointue dans un sujet Mais.
Monde Numérique :
[6:17] On sait que l'entraînement des IA il faut de la data, il faut beaucoup de données donc par exemple, vous prenez avec le sac, les personnes chargées de l'entraînement se contentent d'écrire ou il faut fournir de l'image, non ?
Frédéric Rose :
[6:30] Alors, il faut en fournir, mais nous, on est plutôt économe en entraînement parce que, Donc, si vous voulez, le sac à main, l'IA de base, elle sait ce que c'est. Elle a déjà été entraînée parce qu'on a vu des milliards. Donc, nous, on a juste besoin d'affiner sa perception du sac à main. Donc, on n'a pas besoin de beaucoup de data pour juste lui illustrer que le couple, son ADN, c'est bien ça. Donc, on fait des entraînements qui ne sont pas très lourds. Les datas, elles sont plutôt peu nombreuses. Par contre, la qualification, elle est vraiment ciselée pour que l'entraînement soit le plus efficace possible. Mais nos entraînements à nous, on a nos propres serveurs. Ces quelques GPUs, ça suffit largement. On n'a pas besoin du tout d'avoir des fermes de calcul comme chez Mistral ou OpenAI, où pour le coup, leur sujet, c'est plutôt le modèle de fondation. Donc effectivement, ils vont avoir besoin de beaucoup, beaucoup de données.
Monde Numérique :
[7:22] Oui, je comprends. Oui, vous êtes sur quelque chose de beaucoup plus spécialisé, donc par définition, beaucoup plus léger en réalité.
Frédéric Rose :
[7:28] Absolument, exactement.
Monde Numérique :
[7:31] On sait qu'avec les IA génératives, il y a un gros problème, c'est les hallucinations. Quand elles ne savent pas, elles font croire qu'elles savent et elles disent n'importe quoi. Comment ça se passe dans le graphisme et dans votre secteur en particulier ?
Frédéric Rose :
[7:42] En fait, pour le coup, c'est exactement ça qu'on corrige, c'est ces fameuses hallucinations. Parce que soit elles ont une vision erronée, comme la sculpture gréco-romaine dont je vous ai parlé, soit effectivement elles improvisent, elles se disent « là, je ne sais pas trop, alors je vais dessiner un truc, ça fera bien d'affaires », on va dire. Mais nous, plus on l'améliore, et plus en fait les hallucinations baissent. Et on a des réponses qui sont extrêmement justes. Alors pour le coup, par contre, ces IA-là, elles perdent la mémoire d'autres choses. C'est-à-dire qu'autant un mid-journée et un open-air vont continuer à répondre sur tout sujet, autant nous, comme on attire l'attention du réseau de neurones sur les sujets en particulier, il va avoir tendance à être de plus en plus juste sur ce sujet-là, mais en contrepartie, il va oublier d'autres choses. Donc pour le coup, comme nous, ça ne nous intéresse pas qu'il sache faire des voitures, qu'il oublie comment dessiner une voiture, ce n'est pas très grave, puisque nous, on veut qu'il ne fasse que des vêtements. Et donc, en fait, les hallucinations réduisent, mais en même temps,
Frédéric Rose :
[8:49] c'est parce qu'on la concatène vraiment dans un sujet particulier.
Monde Numérique :
[8:54] Et alors ensuite, pour la fabrication, très concrètement, comment ça se passe ? Parce que vous, vous n'êtes plus dans l'expérimentation, c'est du réel.
Frédéric Rose :
[9:01] Alors, ce n'est plus du tout de l'expérimentation, parce que nous, on se rapproche aussi d'usines ou d'ateliers de fabrication, parce que les IA, quand elles apprennent à dessiner, on peut aussi leur distiller d'autres informations que le dessin, c'est-à-dire qu'elles peuvent aussi comprendre, comment est construit le vêtement. Donc, on peut lui donner des informations de type patronage. On peut lui donner des informations de type tissage. Donc, si on sait qu'il y a une machine à tisser qui, à un moment donné, va prendre le tissu, le tisser, etc., elle peut intégrer ces contraintes-là. Et en fait, ce que ça fait, c'est que ça accélère le process de production. C'est-à-dire qu'en fait, entre le moment où vous décidez de faire une veste en jean, et le moment où elle arrive en boutique, il peut se passer normalement trois, quatre, cinq, six mois grâce à l'IA et sa capacité à dessiner de manière ultra juste et très, très proche de sa mise en fabrication. Vous allez quasiment être à la demande. Donc, votre produit, il va pouvoir être mieux vendu parce qu'il sera beaucoup plus proche de la demande client. Et tous les sujets qu'on a utilisés en illustration ont tous basculé en fabrication. Donc, la capsule Kuppels, un phénomène qui s'est eu, c'est que quand ils ont fait le premier prototype, l'atelier de prototypage a fait le premier prototype, ils ont vu les dessins de Lya, ils ont vu qu'elle s'était inspirée d'un patron. Donc, en fait, ils ont tout de suite vu comment elle avait fabriqué son vêtement
Frédéric Rose :
[10:23] et donc, évidemment, ça a été beaucoup plus vite en termes de réalisation.
Monde Numérique :
[10:27] Est-ce que Lya peut être créative selon vous ou c'est juste qu'elle se contente de remouliner des choses qui existent déjà ?
Frédéric Rose :
[10:36] On va rentrer dans un débat. Oui, c'est compliqué. Elle ne peut pas être créative au sens strict. Pourquoi ? Parce que l'IA est inerte. Elle n'a pas d'émotion, elle n'a pas de réflexion, elle n'est pas capable d'envisager, une ligne directrice, elle ne comprend pas l'air du temps, etc. Et si vous ne lui donnez pas un input, elle ne fait rien. Donc, au sens strict, elle ne crée pas. Là où moi je vois de temps en temps de la création c'est que ces hallucinations dans l'histoire de l'art on peut appeler ça ce qu'on appelle nous un accident c'est à dire qu'il y a beaucoup dans l'histoire de l'art des ruptures artistiques qui sont liées à l'accident, l'abstraction Kandinsky il a basculé dans l'abstraction parce que quand il rentre dans son atelier il voit une toile qui est à l'envers sur le coup il la reconnait pas et il se dit mais qu'est-ce que c'est etc et au final, c'était une toile figurative qu'il avait retournée. Ça, dans l'histoire de l'art, ça arrive souvent et de temps en temps, l'IA, elle en met une à côté et on se dit, tiens, c'est marrant, il se passe un truc. Mais ça reste quand même une action humaine, c'est-à-dire qu'il faut après être en capacité d'analyser ce qu'elle a réalisé et de se dire, tiens, ça a du sens ou pas. L'IA ne le fait pas, elle génère, point barre.
Frédéric Rose :
[11:53] Pour moi, elle n'est pas créative au sens strict.
Monde Numérique :
[11:56] Ça veut dire qu'aujourd'hui, les stylistes doivent savoir utiliser les IA, sinon ils sont condamnés à être remplacés par des gens qui, eux, savent les utiliser ?
Frédéric Rose :
[12:04] Alors, oui, et je pense qu'ils n'ont pas trop à s'inquiéter parce qu'il y a aussi un autre phénomène, c'est que quand vous dessinez, quand vous êtes dans une école d'art, styliste, modéliste, etc., vous apprenez à dessiner. Et en fait, quand vous dessinez, vous entraînez deux organes, la main, parce qu'effectivement, il faut avoir une certaine dextérité, mais surtout, vous entraînez l'œil. Et l'œil, c'est lui qui va être capable d'analyser la proportion, les espaces chromatiques, la technicité d'une couture, etc. Et ça, ça s'apprend en école, en école d'art. Donc, que l'IA accélère ou remplace votre manière de dessiner, oui, ça c'est fortement probable, c'est évident. Par contre, est-ce qu'elle va suppléer ou supplanter les designers ? Non, parce qu'en fait, le designer, il lit l'image, ce qui ne fait pas l'IA. Et en fait, le designer, il va piloter l'IA et plus il sera bon dans le stylisme et le modernisme, et plus il obtiendra des résultats les plus justes possibles.
Monde Numérique :
[13:01] Alors, vous avez parlé de création de vêtements. Ce que vous avez fait aussi pour le théâtre, ça consiste en quoi exactement ?
Frédéric Rose :
[13:12] En fait, vous voyez le Théâtre Antique d'Orange, c'est un théâtre qui est extrêmement bien conservé à ciel ouvert. Donc, il y a encore les gradins, il y a encore le fond de scène. D'ailleurs, il y a des spectacles, des concerts, il y a une Corrigie d'Orange qui s'y joue.
Frédéric Rose :
[13:27] Et en fait, on y a fait un grand mapping monumental. Donc, il y a 5000 m² de surface projetée par 25 vidéoprojecteurs. Et ça, en termes de création de contenu, c'est extrêmement chronophage et c'est très, très cher. Parce que vu la taille des images et les fréquences de projection, vous allez mettre vraiment, le théâtre antique, le spectre de la discussionneur dure 45 minutes sur 5000 m² projetés. Normalement, on aurait dû mettre 18 mois avec une équipe de 50 à 80 personnes pour le produire. L'avantage qu'elle a eu là, c'est qu'en fait, elle a produit beaucoup d'images qu'on a pilotées, dont le directeur artistique a dit, moi, je veux ça, je veux ça. Mais effectivement elle a produit énormément d'images qui ont pu être animées et alimenter la production d'objets qu'est-ce qui s'est passé ? Le film, le spectacle a été produit en 6-7 mois avec une vingtaine de personnes en gros on a divisé par 3 les coûts de production et au-delà de l'économie en termes de business c'est que la zone de chalandise elle est compliquée à Orange donc vous n'avez pas forcément les moyens de repayer un spectacle mais quand vous baissez le coût de production
Frédéric Rose :
[14:37] vous êtes en capacité tous les deux ans de renouveler le spectacle parce qu'il vous coûte moins cher.
Monde Numérique :
[14:42] Alors, la mode, le spectacle, est-ce qu'il y a d'autres pistes de développement sur lesquelles vous travaillez ?
Frédéric Rose :
[14:48] Aujourd'hui, il y en a deux qui nous intéressent fortement. Pour ne pas être trop s'éloigner de la mode, c'est le bijou, la joaillerie, parce que là, on est sur des serveurs d'excellence français, formés dans des écoles françaises. Et donc là, pour le coup, on parlait de taxonomie tout à l'heure.
Frédéric Rose :
[15:10] Les IA qu'on trouve, Stable Diffusion, ont été entraînés sur du vocabulaire anglais. Quand vous discutez en français, en fait, elle traduit l'anglais, elle génère en anglais et ensuite elle traduit. Elle n'a pas été entraînée sur du français. Et en fait, la bijouterie, ce n'est que de la taxonomie française. Donc, pour pouvoir générer des images avec une IA, il va falloir entraîner l'IA à comprendre comment est défini un bijou avec le vocabulaire à la française. Donc ça, c'est extrêmement intéressant. Et en plus de ça, le dessin est ultra technique. C'est vraiment très très complexe, il y a vraiment des subtilités et chaque maison a quasiment cette taxonomie, c'est-à-dire que vous avez un vocabulaire, on va dire, de base, mais si vous allez chez Cartier ou chez Boucheron, il est probable qu'ils utilisent d'autres termes pour illustrer la même chose ou des choses quasiment identiques. Donc ça c'est vraiment des sujets où l'IA va devenir très spécialisée, mais encore plus quand elle va basculer dans les entreprises, pour le coup elle sera faite sur mesure pour l'usage des entreprises et le deuxième sujet c'est l'architecture, parce qu'effectivement derrière le dessin d'architecte qui est d'abord un dessin de design il y a énormément de contraintes notamment en termes de matériaux, de recyclabilité etc.
Frédéric Rose :
[16:28] Et ça c'est le deuxième sujet qu'on est en train d'initier doucement sachant qu'Inki est en levée de fonds et que sa levée de fond est censée financer le développement de ces verticales donc.
Monde Numérique :
[16:40] Demain ce sera banal finalement d'acheter des vêtements en magasin qui ont été conçus au moins en partie par l'intelligence artificielle.
Frédéric Rose :
[16:47] Je pense même que c'est déjà le cas c'est déjà le cas je pense qu'il y en a beaucoup alors nous il y a des marques qui prennent le risque de se présenter en disant on travaille avec Imki c'est fait par Ria, mais il y en a beaucoup qui l'utilisent déjà et qui ne le disent pas forcément voilà c'est comme ça parce que c'est un peu tabou, et vous savez le processus créatif c'est très énergivore et en fait il y a une facture mentale surtout dans la mode où il y a des renouvellements des collections etc, dessiner quand vous êtes designer au bout de quelques jours vous n'avez plus de jus parce qu'en fait vous saturez et en fait il y a cet avantage de ne pas avoir de fatigues donc vous pouvez explorer des champs créatifs et faire un pas de côté sans avoir perdu 2-3 jours à gratter votre feuille donc je pense qu'elle va soulager beaucoup de designers,
Frédéric Rose :
[17:40] Et elle le fait déjà, après on n'est pas censé le savoir, voilà, c'est ça.
Monde Numérique :
[17:44] Vous dites que vous êtes en levée de fonds, parce que quels sont vos besoins aujourd'hui ? C'est quoi ? Il vous faut des machines ? Il vous faut des programmeurs ? Il vous faut des data scientists ?
Frédéric Rose :
[17:55] Alors, en termes de ressources humaines et de matériel, on n'a pas vraiment de seuil ou de plafond, parce que ça, pour le coup, il y a quatre ans, quand j'ai créé Imki, effectivement, trouver un data scientiste ou quelqu'un spécialisé en IA générative, c'était compliqué. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas.
Frédéric Rose :
[18:13] Le matériel, comme je vous disais, on fait des petits entraînements, donc on n'a pas besoin de puissance de feu. En fait, il y a deux sujets qui nous intéressent, c'est la data, c'est-à-dire que l'IA, le modèle de fondation, aujourd'hui, c'est du diffusion, demain, ce sera autre chose. C'est la course à l'échalote, les Américains, les Chinois, les Français avec Mistral. Moi, je les laisse courir. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas ça. Ce qui m'intéresse, c'est la donnée, parce que la donnée, c'est la richesse. La donnée, c'est le jus qui va permettre à l'IA d'être excellente. Donc, nous, c'est ça qui nous intéresse. La levée de fonds, elle a deux objectifs. Un, qu'on crée du partenariat et qu'on collecte cette donnée pour l'améliorer de la manière dont on le fait. Ça, ça demande de l'argent et du temps. Et deux, il faut qu'on collectionne toutes ces IA spécialisées parce qu'aujourd'hui, vous avez une explosion de la techno. Effectivement, on parle d'IA générative partout, partout. mais quand vous vous parlez aux industriels, la transformation dans l'entreprise, elle n'est pas là. C'est-à-dire que ça va mettre des années à être intégré en termes de process, etc. Et en fait, les fonds, c'est un peu ça. Souvent, les fonds qui sont demandés au VC, c'est de dire, on sait que la techno, elle est là, le marché n'est pas mature, il faut se préparer à être fort au moment où le marché va s'ouvrir et est en capacité de vous intégrer.
Monde Numérique :
[19:38] Merci Frédéric Rose, fondateur de la société Imki.