Alors que ChatGPT fêtera prochainement son deuxième anniversaire, l'entrepreneur Stéphane Distinguin, fondateur de Fabernovel, dresse un constat amer de la tech européenne.
Interview
Stéphane Distinguin, Président et Fondateur de EY Fabernovel
ChatGPT fêtera ses deux ans fin novembre. Comment voyez-vous le film de ces dernières années ?
ChatGPT a provoqué une adoption massive et rapide, à un niveau inédit, de l’intelligence artificielle. C’est une double dynamique : une continuité de la transformation numérique, mais aussi une rupture technologique majeure. On a franchi un seuil, avec des millions d’utilisateurs qui se sont approprié ces outils pour des usages variés. Cela dit, cette révolution n’est pas sans défis : concentration des pouvoirs autour de la big tech californienne, biais, impact environnemental. ChatGPT illustre la puissance et la complexité de ces nouvelles technologies.
« On attire des investissements étrangers, mais on peine à fédérer nos forces pour bâtir un équivalent de l’Airbus de la tech. »
Où en est l’Europe, selon vous, dans cette course à l’IA et dans la tech en général ?
L’Europe est en retard, mais elle réagit plus vite qu’avant. Des initiatives comme Mistral, en France, montrent qu’on peut réduire cet écart. Cependant, face aux investissements colossaux des géants américains – des dizaines de milliards en quelques mois – il reste difficile de rivaliser. Le problème, c’est surtout l’absence de projets européens collaboratifs d’envergure. On attire des investissements étrangers, mais on peine à fédérer nos forces pour bâtir un équivalent de l’Airbus de la tech. Ce manque de coordination nous handicape lourdement.
Quelle évolution voyez-vous pour l’intelligence artificielle générative ?
L’IA générative va s’intégrer de plus en plus dans nos outils quotidiens, souvent de façon invisible. On verra des modèles d’intelligence artificielle intégrés dans des services existants, comme les suites bureautiques, ou même des objets connectés. Cette « commoditisation » soulève une question clé : qui contrôlera ces outils et comment la valeur sera partagée ? Au-delà des interfaces actuelles, il faudra aussi repenser l’expérience utilisateur, inventer des moyens d’interagir avec ces intelligences qui soient plus naturels et accessibles. C’est un domaine encore à explorer.
Transcription
Stéphane Distinguin:
[0:01] On n'a pas réussi à créer cette volonté européenne de faire des projets qui soient à notre échelle. Et on a plutôt amené investissement d'Intel, investissement de Microsoft ou de Meta à faire investir en Europe, des géantes d'ailleurs, plutôt que de réussir à se fédérer pour faire notre fameux Airbus de la tech.
Monde Numérique:
[0:24] Bonjour Stéphane Distinguin.
Stéphane Distinguin:
[0:25] Bonjour Jérôme.
Monde Numérique:
[0:26] Vous êtes président et fondateur de EY Fabernovel. Vous êtes un multi-entrepreneur du numérique depuis de longues années en France FaberNovel c'est une entreprise aussi qui a sa place importante dans l'écosystème tech mais rappelez-nous un petit peu ce que c'est finalement FaberNovel.
Stéphane Distinguin:
[0:41] J'aime bien revenir à notre nom, puisque on l'attend de cuisine et en cherchant à avoir des racines racines latines donc européennes c'est celui qui fabrique le nouveau FaberNovel, et nous notre idée a toujours été d'accompagner la transformation auprès des très grandes organisations qui sont nos clients mais aussi en créant des startups, donc c'est notre aspect Faber l'innovation c'est en particulier la transformation numérique et peut-être qu'un des angles distinctifs depuis les désormais 21-22 ans qu'on exerce, c'est d'avoir toujours voulu faire, et pour faire il faut passer par le design, la conception c'est une des activités une des valeurs qu'on a toujours porté très fort et puis le faire c'est qu'on a été parmi les premiers à faire des équipes justement, on a des designers des analystes mais aussi des développeurs, des ingénieurs qui nous permettent de pas uniquement faire des slides mais bien de livrer des applicatifs à nos clients donc.
Monde Numérique:
[1:52] Vous faites des solutions des applications, etc.
Stéphane Distinguin:
[1:56] On a la chance de faire des choses relativement variées, qui vont de plans de formation et d'acculturation au sujet qui va sans doute beaucoup nous occuper
Stéphane Distinguin:
[2:06] aujourd'hui ensemble, qui est celui de l'intelligence artificielle. Donc, on acculture, on forme, on explique, on décrypte, on met en œuvre. Mais aussi, parfois, on nous demande, et ça a été beaucoup, beaucoup le cas, sur la précédente très très grande vague technologique qui a été celle des smartphones, et on a particulièrement beaucoup imaginé accompagner des groupes comme G7 ou Canal+, quand ils ont eu à répondre à Uber ou à Netflix et à développer des applicatifs, donc une application pour G7 et MyCanal dans le cadre de Canal+, qui sont des applications qui, je crois, sont très utilisées et je suis évidemment un peu parti pris, mais je pense apprécier.
Monde Numérique:
[2:54] Alors parlons de l'intelligence artificielle Chad GPT fêtera à la fin du mois de novembre ses deux ans d'existence, Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais on a l'impression que ça fait dix ans, avec tout ce qui s'est passé durant ces deux ans, pour OpenAI bien sûr, mais tout ce que ça a entraîné. Vous avez suivi ça de très près, évidemment. Quel regard vous portez là-dessus ?
Stéphane Distinguin:
[3:19] Moi, ce qui me fascine depuis le début, c'est que c'est à la fois un peu plus de ce qu'on connaît, les anglo-saxons diraient « more of the same », c'est plus de la même chose, et en même temps, il y a une rupture. Quand on arrive à ces niveaux de magnitude, il y a des effets de palier. Là, on a passé un seuil, et les deux sont fascinants à voir et à observer. Ce qu'on voit, c'est d'abord plus de transformation numérique. C'est une application qui a connu des utilisateurs très rapidement. On dit que c'est celle qui s'est avec Chagipity distribuée le plus rapidement auprès de ses utilisateurs, c'est des réflexes qu'on connait donc c'est un peu plus aussi malheureusement parfois de concentration c'est quand même les acteurs de la big tech on l'a bien vu qui est principalement californien qui sont comme ça immédiatement, qui sont à l'origine de ces technologies et donc qui ont pris leur part du lion.
Stéphane Distinguin:
[4:12] C'est aussi des sujets qu'on a vu très vite avec les sujets de biais les sujets de confiance, les sujets de responsabilité, les sujets de Green IT, l'énergie, la consommation, la pollution qu'induisent ces technologies, où à la fin, et c'est peut-être un des premiers points de rupture, où tout d'un coup on se dit qu'il y a quelque chose qui s'est passé qui fait que ce n'est pas uniquement plus de la même chose, c'est typiquement le retour du nucléaire dans nos conversations. Est-ce qu'on aurait pu imaginer que les ingénieurs cool, les start-upeurs de la Silicon Valley réintroduiraient en fait le nucléaire comme une technologie à la fois souhaitable et d'avenir.
Monde Numérique:
[4:52] Parce qu'ils étaient plutôt anti-news qu'au départ.
Stéphane Distinguin:
[4:54] Oui, c'est très surprenant ce qui est en train de se passer. Et ça pose évidemment plein de questions et c'est des questions qui... On a pris parfois un peu l'habitude de voir les trains passer et ce que vous disiez c'est que celui-ci il est très long, il va très vite mais on a des choses à dire, à faire valoir à chaque fois on se dit la même chose, mon obsession d'Européens c'est de regarder si on a un petit peu moins de retard.
Stéphane Distinguin:
[5:24] Et c'est pareil que cette fois-ci on a quand même eu la chance d'assez vite voir, puisqu'on parle de deux ans et très très vite Mistral, par exemple, est apparu en Europe et particulièrement en France. On s'est dit, peut-être que cette fois-ci, on va réussir à partir avec un retard moindre. C'est vrai, on propose des alternatives, mais quand on voit la masse, les dizaines de milliards, quand on rappelle simplement les investissements qui sont en cours, simplement au dernier trimestre, les dépenses de Microsoft, c'est 20 milliards de dollars. C'est plus du double du trimestre même trimestre de l'année dernière c'est quelque chose d'incroyable voire d'inaccessible pour la plupart des acteurs donc ça posera toujours et là encore c'est plus de la même chose ce fameux rapport de David Agoliath donc est-ce qu'un Mistral est-ce qu'un acteur européen est-ce qu'on va réussir à avoir un petit acteur qui va avoir le coup de génie vous savez un peu comme quand l'équipe de France joue contre les All Blacks c'est que tout d'un coup, il y a ce coup-là qui fait qu'on réussit à avoir une échappée, et peut-être on réagira, mais il va falloir compter sur ces choses-là une fois de plus.
Stéphane Distinguin:
[6:38] Mais peut-être, reconsidérer, ils sont parlé immédiatement de politique internationale, quelle place l'Europe peut avoir, comme on a été capable d'avoir des efforts peut-être un peu plus collaboratifs sur certains sujets, et que ça, ça reste encore un domaine dans lequel, après rapport Draghi, après beaucoup de vœux pieux des uns et des autres, on n'a pas réussi à créer cette volonté européenne de faire des projets qui soient à notre échelle et on a plutôt amené l'investissement d'Intel, l'investissement de Microsoft ou de Meta à faire investir en Europe des géants
Stéphane Distinguin:
[7:18] de la tech d'ailleurs plutôt que de réussir à se fédérer pour faire notre fameux Airbus de la tech.
Monde Numérique:
[7:24] Stéphane Distinguin, revenons un peu à le chat GPT, à l'intelligence artificielle. Récemment, vous avez signé une note avec votre associé Diego Ferry sur, un petit peu qui s'interroge sur le futur de ChatGPT qui fête aujourd'hui ses deux ans et vous dites les prochains bouleversements ne viendront pas des grands modèles d'IA génératifs ça veut dire quoi ?
Stéphane Distinguin:
[7:48] Ce que je dis c'est qu'il y a énormément de débats qui sont en train devant nous et qu'il va falloir traiter là maintenant que le premier c'est celui de la chaîne de valeur et de l'intégration en fait de ces intelligences, artificielles est-ce qu'elles vont être elles vont devenir un peu invisibles un peu, vous savez, une forme de commoditisation c'est-à-dire que, est-ce que tout d'un coup un peu comme l'électricité on va se retrouver... Comme internet par la pervasivité est-ce que ces services vont être appelés par des API et tout d'un coup vous aurez accès à des LLM un peu partout mais ils seront appelés, comme on voit par exemple, pour prendre l'exemple de la suite, Office 365 de Microsoft est-ce que vous allez retrouver du LLM et des copilotes qui seront intégrées, une façon d'avoir accès à CLLM dans des outils que vous utilisez. Ou alors...
Monde Numérique:
[8:38] Sans savoir forcément qu'on est en train de travailler avec ChatGPT.
Stéphane Distinguin:
[8:41] Est-ce que vous aurez du ChatGPT dans votre frigo ? Est-ce que vous aurez... C'est ce sujet-là. Ou est-ce que vous allez entrer dans des services qui sont des services dont... Est-ce que ça se fera justement par ChatGPT ? Est-ce que c'est OpenAI qui va vous faire entrer dans un environnement de service qui va faire que typiquement, ce qui est un des grands symboles de ces sujets-là en ce moment, c'est le search. Est-ce qu'on ira chercher de l'information dans Google ou dans ChatGPT ? Les usages ont commencé dans ChatGPT. Les jeunes, on les a comme ça, ont commencé à avoir le réflexe d'aller tout de suite chercher dans ChatGPT. Ce qui va poser des questions, et vous êtes un homme de médias, qui sont des questions très importantes, et c'est là où je reviens sur ma thèse de plus de la même chose, c'est qu'on va revenir, mais à un niveau de magnitude, encore différent et plus puissant, puisqu'on va se retrouver avec une question derrière qui va être celui de la répartition de la valeur. Parce que l'écosystème du search jusqu'à maintenant permettait de rémunérer les personnes qui donnaient accès à leur contenu.
Monde Numérique:
[9:55] C'est le même problème que Google qui aspire toutes les batailles homériques de Google avec les grands médias pour savoir si Google est fournisseur de trafic pour ces médias ou à valeur de contenu.
Stéphane Distinguin:
[10:08] Vous avez vu l'Australie, le Canada, la France. Tout à fait. Et sur lequel est-ce qu'on s'entend, est-ce qu'on ne s'entend pas ? Le débat est fermé, réouvert. Ce qui est certain en revanche par rapport au LLM, c'est que là vous n'aurez plus le lien. Vous ne serez plus exposé. quand je cliquais par exemple sur la page de mon numérique, j'étais exposé à quelque chose sur lequel vous pouviez décider d'avoir votre publicité ou votre propre contenu dans le cas d'un LLM je vais arriver à quelque chose qui va être une synthèse des informations et donc dans lequel il n'y aura plus l'exposition à un écosystème ou une solution qui est celle que l'éditeur aura choisie pour valoriser son contenu c'est.
Monde Numérique:
[10:51] À dire qu'il ne peut plus vendre de la pub afficher la pub sur ses pages puisque personne n'ira sur ces pages, en fait.
Stéphane Distinguin:
[10:55] Merci de dire les choses plus clairement. C'est ça, et ça va se faire sur plein d'éléments. Vous voyez, dans les sujets qu'on a aussi aujourd'hui dans les entreprises, un autre sujet fascinant, c'est le sujet des comptes-rendus de réunion. Ces technologies permettent très facilement, et dès maintenant, de faire de plutôt très bons comptes-rendus.
Monde Numérique:
[11:17] C'est peut-être même en train de devenir la killer app de l'intelligence artificielle en entreprise, ça. Non ? Vous ne croyez pas ?
Stéphane Distinguin:
[11:23] C'est vrai, à date, les deux grandes killer apps sont justement l'entrée, je vous disais tout à l'heure sur l'intégration de la chaîne de valeur, on est toujours sur ce sujet, et c'est un sujet, pour moi, qui est le premier sujet, c'est comment est-ce qu'on l'intègre dans nos vies et qui va être l'opérateur de ces solutions-là, mais très exactement dans les emails. Ou dans la conduite de ce qu'on ne fait pas tout à fait, mais ça ressemble un peu aujourd'hui, à faire des visioconférences, la synthèse, la prise de notes, le suivi des actions, toutes ces réunions qu'on est nombreux à pratiquer abondamment, après, il va quand même se poser la validation de ces comptes rendus. Quelle responsabilité, le fait aussi que, typiquement, et on le sait tous, on est humain, on peut dire quelque chose en réunion, ir penser vouloir amener une modification tous ces sujets là sont des sujets pour vous prendre un exemple un peu comme ça un peu pratique mais on va se retrouver dans ces logiques de contenu qui vont être très importantes et qui vont devenir engageantes et qu'il faudra veiller à contrôler on.
Monde Numérique:
[12:29] Va devenir de plus en plus des correcteurs d'IA selon vous si ce sont les IA qui génèrent des comptes rendus des articles des je sais pas quoi des fiches de poste pour du recrutement des fiches produits etc, mais il faut une validation humaine finalement l'IA se tape le sale boulot entre guillemets, enfin en tout cas le boulot de soutier, celui d'écriture et puis l'humain repasse derrière reste indispensable mais finalement le boulot de l'humain c'est de corriger l'IA alors qu'on pensait au départ que ce serait un peu l'inverse.
Stéphane Distinguin:
[12:56] C'est quand même plutôt le scénario que je préférerais parce qu'il y a d'autres scénarios qui sont typiquement on commence à voir en ce moment et ça, personnellement je trouve ça un peu inquiétant on commence à avoir des premiers entretiens dans le cadre d'embauches qui sont avec des intelligences artificielles, et quand on voit les technologies je ne sais pas si vous avez testé certaines de centres d'appel, c'est incroyable de voir en fait comment est-ce qu'on peut parler maintenant avec une intelligence artificielle de façon très fluide sans immédiatement se rendre compte qu'on a affaire à un robot à un système automatisé c'est d'ailleurs ce qui se passe un peu et ce qui a été très critiqué dans les anthropos logistiques où, objectivement, aujourd'hui, des humains sont assujettis par des machines qui leur donnent des ordres.
Monde Numérique:
[13:41] Si demain, les recruteurs sont des robots, qu'est-ce qui empêchera les candidats d'envoyer les robots à leur place passer les entretiens d'embauche ?
Stéphane Distinguin:
[13:48] Alors, c'est quelque chose qu'on a vu dans les sites de rencontre. Il y a un site de rencontre qui s'était créé comme ça. On pouvait envoyer, qui a plutôt pas mal marché aux États-Unis, dans lequel on pouvait décider d'envoyer son avatar, intelligence artificielle, à sa place. Et ça pouvait créer des asymétries assez marrantes. parce que chacun pouvait envoyer sa nation artificielle, ou l'un pouvait l'envoyer, pas l'autre. Oui, c'est sans doute ce qui va se passer, mais là, vous restez quelque part. Alors, c'est encore un troisième scénario, vous voyez, on les aborde à peu près tous, de celui où, en fait, on se crée un avatar, on se crée un autre soi. Alors, c'est le Heur de Spike Jonze, ce film...
Monde Numérique:
[14:30] Oui, il tombe amoureux de son assistant.
Stéphane Distinguin:
[14:33] Il y avait un film de Ferreri, comme ça, avec Christophe Lambert, vous savez que ça s'appelait « I love you » où là c'était ce système qui tombait amoureux de son porte-clés qui lui répondait. Ou les personnes qui veulent rendre éternel des personnes qu'ils aiment et retrouver leurs compagnons, leurs parents, leurs grands-parents en alimentant et en donnant comme ça la voix, les souvenirs, d'une personne pour en perpétuer le souvenir.
Monde Numérique:
[15:01] Si on revient à des choses très concrètes, Stéphane Distinguin, vous vous insistez beaucoup je le sais sur l'aspect design et sur l'aspect interface utilisateur dans quelle direction il faudrait aller aujourd'hui selon vous les chatbots c'est pas terrible.
Stéphane Distinguin:
[15:16] C'est pas enfin je trouve qu'il y a eu un coup de génie de la part de justement si on fête l'anniversaire de chat dpt et ce succès phénoménal c'est qu'il y a un coup de génie c'est à dire qu'il y a un cas de génie, a quasiment renoncé à faire une interface. Mettre ce système avec une barre...
Monde Numérique:
[15:35] C'est comme Google.
Stéphane Distinguin:
[15:37] C'est génial d'avoir dit qu'on pouvait mettre une technologie peut-être les plus complexes qu'on ait jamais conçue, parce que quand on imagine tout ce qu'il y a derrière, en termes des processeurs, les data centers, toute cette infrastructure folle, l'intelligence dans les algorithmes, les modèles c'est complètement dingue et derrière on a une interface qui est d'une simplicité, dingue tout le monde peut comprendre comment ça fonctionne et peut interagir comme ça avec une machine c'est la même, vous savez, ce fameux L Word qui est une des premières lignes de commande qu'on ait vu sur de l'informatique et donc de ce point de vue là c'est vrai que pour moi on a absolument rien fait, rien imaginé de ce qu'on pourrait être demain, l'interface, voire l'objet puisqu'on sait qu'OpenAI travaille aussi à des devices. Est-ce qu'il existera demain, comme il a existé pour Internet, l'Internet mobile, le smartphone et l'iPhone en particulier, qui est l'objet qui a fait un avant et un après ? Est-ce qu'il y aura cet objet de l'IA ? Comment est-ce qu'on va intégrer ces services ? Est-ce qu'il y aura d'autres façons d'interagir ? On entend beaucoup parler, parce qu'il y a l'anniversaire de ChatGPT, qui est aussi l'occasion de faire l'anniversaire d'Alexa.
Monde Numérique:
[16:59] Exactement, les 10 ans d'Alexa, oui.
Stéphane Distinguin:
[17:00] Et donc, cet anniversaire est un peu cruel, parce que d'un coup, c'est vrai qu'on se dit, c'est dingue, tchats GPT, quel carton ? Et Alexa, ils sont obligés de repenser leur architecture, comment est-ce qu'on s'en sert ? Mais il y avait aussi une voie extrêmement puissante, qui est celle de la voie E, de la voie X, en fait comme interface pour interagir avec les machines.
Monde Numérique:
[17:26] Oui c'est à dire qu'ils ont ouvert la voie VOIE en introduisant la voie VOIX comme interface mais il n'y a qu'une partie du chemin qui a été faite quoi, en tout cas maintenant il faut aller plus loin.
Stéphane Distinguin:
[17:37] Oui, et il y en aura d'autres. Vous savez, il y a eu le Rabbit.
Monde Numérique:
[17:42] Cet objet un peu étrange, la orange.
Stéphane Distinguin:
[17:45] Pas grand-chose qui est joli d'ailleurs. Pour le coup, un bel objet de design. Il y a aussi ces ingénieurs d'Apple qui ont...
Monde Numérique:
[17:53] Le AI Pin.
Stéphane Distinguin:
[17:54] Le Pin, exactement, qui a un four apparemment. Il y a des objets qui ont du mal à émerger aujourd'hui, mais c'est des bonnes tentatives. donc.
Monde Numérique:
[18:03] Le futur c'est soit Alexa avec du chat GPT à l'intérieur soit du chat GPT avec.
Stéphane Distinguin:
[18:09] Du alors il y a le sujet de l'intégration et de la chaîne de valeur qui est un premier sur lequel il va falloir créer un écosystème mais en général, la chaîne de valeur et en particulier le partage de la valeur les marchés bifaces qui ont porté qui sont le modèle économique qui a porté, l'internet et l'internet qu'en publique les réseaux sociaux ou ce fameux « si tu ne payes pas pour service et que c'est toi le produit », ce qui a été le carburant par la donnée. Et c'est ce carburant qui a permis, maintenant, grâce à toutes ces données accumulées, de faire de l'intelligence artificielle et de nourrir ces gros modèles d'intelligence. Et maintenant, va se poser le sujet des interfaces. Et les interfaces les plus évidentes, c'est l'intelligence écrite et l'intelligence voix, parce que c'est peut-être celles qui sont les plus faciles pour nous avec des machines, mais avec ces intelligences, on aura certainement d'autres moyens d'interagir. Et c'est ça que je trouve être vraiment peut-être un domaine dans lequel on pourra inventer ou proposer des choses. Par exemple, dans les réseaux sociaux, il y a eu Snapchat. L'interface de Snapchat était quelque chose de vraiment différent à un instant T. Les usages de Twitter, le micro-blogging, après le blogging et après les réseaux sociaux étaient aussi des usages qui étaient des usages très particuliers donc c'est cette phase là qu'il va falloir attendre en termes de design de service et d'expérience.
Monde Numérique:
[19:37] Encore une question. Vous êtes en contact avec les entreprises, notamment les entreprises françaises, européennes. Comment est-ce qu'elles perçoivent tout ça ? Est-ce qu'elles sont mûres pour adopter ? Elles en sont encore au stade de la curiosité ? Elles sont affamées ? Elles ne comprennent rien ? On en est où ?
Stéphane Distinguin:
[19:51] Mûres, c'est compliqué de l'être tout à fait parce que la rapidité de ces transformations, et le niveau d'investissement nécessaire font obstacle à cette maturité. Quand ChatGPT est arrivé, j'étais assez convaincu qu'on revivait un moment de l'informatique qui était un moment de l'informatique comme je l'avais connu toute fin des années 90 qui était le moment où, B2B c'est à dire qu'on revenait sur un moment d'équipement où c'était les entreprises qui allaient payer des licences copilotes qui avaient à avoir les moyens d'acheter des licences de LLM qui coûteront forcément très cher. Ce que je trouve assez surprenant au moment où on se parle, c'est qu'en fait, il y a une espèce de shadow IT, de shadow LLM qui fait que les collaborateurs utilisent leurs propres outils aujourd'hui. C'est-à-dire qu'ils font leur poste avec Canva pour faire des super trucs en réseaux sociaux, ils font, ils utilisent DeepL pour faire les traductions, ils ont leur propre utilisation de chat GPT en dehors des systèmes, et donc, quelque part, il y a une difficulté pour les entreprises à avoir une vision au niveau de l'organisation et une structure, en fait, liée à ces usages qui soit performante là où, en fait les collaborateurs sont déjà eux peut-être encore plus affamés et déjà équipés en fait sur les usages c'est.
Monde Numérique:
[21:12] Ce qu'on appelait à une époque le BYOD le Bring Your Own Device c'est-à-dire j'utilise mes propres outils.
Stéphane Distinguin:
[21:17] Exactement merci Stéphane Distinguin président.
Monde Numérique:
[21:20] Et fondateur de EY Fabernovel.
Stéphane Distinguin:
[21:23] Merci Jérôme.