L’apparition de la startup chinoise DeepSeek, avec ses modèles de langage présentés comme peu couteux, a rebattu les cartes du marché de l’IA. L'analyse d'une journaliste chinoise.

Interview : Shanhui Zhang, journaliste à China Global Television Network (CGTN)
Comment est vécu le phénomène DeepSeek en Chine ?
Shanhui Zhang : En Chine, DeepSeek suscite un immense engouement et une fierté nationale. Il est perçu comme une avancée majeure, mettant en avant l'innovation chinoise dans l'intelligence artificielle. Son succès repose sur son faible coût, son accessibilité en open source et sa popularité mondiale. En seulement quelques semaines, il a dépassé ChatGPT en téléchargements, rassemblant plus de 20 millions d'utilisateurs actifs quotidiens. Cette effervescence a un impact direct sur le marché du travail, attirant un grand nombre de talents vers Hangzhou, où se situe le siège de l'entreprise.
Quelle est cette compagnie exactement et qui est son créateur ?
DeepSeek a été fondée par Lian Wenfeng, un entrepreneur chinois très jeune, convaincu dès ses études du potentiel de l'intelligence artificielle. Diplômé de l'université de Zhejiang, il s'est d'abord lancé dans l'investissement algorithmique avant de fonder DeepSeek en 2023. L'entreprise se distingue par son organisation horizontale et son recrutement axé sur les jeunes talents, privilégiant les ingénieurs fraîchement diplômés. Cette approche favorise une innovation rapide et une flexibilité qui lui permet de concurrencer les géants du secteur.
Comment s’inscrit DeepSeek dans le contexte géopolitique entre la Chine et les Etats-Unis ?
DeepSeek est au cœur des tensions entre la Chine et les États-Unis. Contrairement à OpenAI, qui s’est fermé au fil du temps, DeepSeek mise sur l'open source, ce qui attire une large communauté mondiale. Son efficacité repose sur une infrastructure de GPU accumulée depuis 2012, réduisant considérablement les coûts d’entraînement. Cependant, les restrictions américaines sur l’exportation de composants stratégiques compliquent son développement. Malgré cela, la Chine renforce ses capacités de production locale. Par ailleurs, des acteurs occidentaux comme Meta reconnaissent l'importance de DeepSeek, le considérant comme un moteur de la concurrence mondiale en intelligence artificielle.
Cette interview est rédigée à partir d’un entretien audio.
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Shanhui Zhang :
[0:01] En Chine, l'intelligence artificielle DeepSeek a bénéficié d'une très forte couverture médiatique et a aussi suscité un sentiment de fierté nationale.
Monde Numérique :
[0:13] Bonjour Shanhui Zhang.
Shanhui Zhang :
[0:15] Bonjour Jérôme.
Monde Numérique :
[0:17] Merci d'être avec nous en ligne depuis la Chine. Vous êtes journaliste à China Global Television Network. Vous avez passé quelques années en France et vous parlez parfaitement bien le français. Vous suivez beaucoup de sujets et, entre autres, la tech, les sujets technologiques. Alors, c'est super intéressant de vous avoir parce qu'on ne parle que de la Chine, on ne parle que notamment de DeepSeek en ce moment, en Europe, aux Etats-Unis aussi. C'est vrai que la sortie de l'IA DeepSeek a fait vraiment beaucoup de bruit dans le monde entier. Moi, j'aimerais savoir comment est-ce que c'est perçu en Chine ? Est-ce qu'il y a eu une grosse couverture médiatique de cet événement également ?
Shanhui Zhang :
[0:57] Ça ne va pas vous surprendre, parce qu'en Chine, c'est exactement la même chose. Parce qu'en Chine, on en parle énormément en ce moment. En Chine, l'intelligence artificielle DeepSeek, en effet, a bénéficié d'une
Shanhui Zhang :
[1:07] très forte couverture médiatique et aussi a suscité un sentiment de fierté nationale. Si je cite, par exemple, M. Feng Ji, il est fondateur et PTG de Game Science, également producteur du jeu vidéo Black Meat Wukong. Il a publié un message sur Weibo, les réseaux sociaux en Chine. Selon lui, ce n'est pas seulement une percée technologique de premier plan, mais ça pourrait même constituer une réalisation de niveau destin national. C'est-à-dire que ça pourrait peut-être changer le destin de toute la Chine. Aussi en Chine, beaucoup d'internautes se disent pourquoi Dipsic a rencontré un tel succès, tant sur le plan technologique que sur le plan médiatique. Je pense que la réponse, c'est plutôt en trois parties. La première, c'est parce qu'il y a un très faible coût.
Shanhui Zhang :
[1:55] Ensuite, c'est Open Force. Et ensuite, c'est la mondialisation. Donc, ce sont les trois facteurs ou ce sont les trois spécificités qui ont contribué à cette popularité de DeepSeek. Les choses s'évoluent très, très vite depuis un mois. Par exemple, déjà le 27 janvier, l'assistant, l'intelligence artificielle DeepSeek s'est simultanément hissé à la première place du classement des applications gratuites sur Apple Store en Chine et aux États-Unis en même temps, surpassant ChatGPT dans le store américain. Donc en effet en Chine c'est aussi une preuve ou d'une certaine manière ça booste un peu cette confiance nationale, pour ce moment historique, pour les grands modèles chinois et ensuite le 4 février le nombre d'utilisateurs actifs quotidiens de l'application DeepSeek avait déjà dépassé les 20 millions et d'ailleurs parmi ces 20 millions on peut dire qu'il y a une partie des Chinois et il y a aussi beaucoup d'étrangers et donc la télévision nationale de Chine a diffusé un reportage présentant DeepSeek comme un nouveau jalon dans la compétition mondiale de l'intelligence artificielle, mettant l'accent sur sa rapidité de croissance et son potentiel à concurrencer les grands modèles américains. On y trouve aussi, par exemple, sur les réseaux sociaux, tout à l'heure, j'ai mentionné les trending topics, donc les titres qui font la une des réseaux sociaux.
Monde Numérique :
[3:13] Oui, les tendances.
Shanhui Zhang :
[3:14] Les tendances, voilà, pour comment utiliser les DeepSeek, les partages des tutoriels, de ces pratiques de success stories des utilisateurs qui créent des
Shanhui Zhang :
[3:25] applications à partir du DeepSeek.
Monde Numérique :
[3:27] Donc, vous voulez dire que ça a vraiment été une sorte de coup d'accélérateur pour la technologie en Chine ?
Shanhui Zhang :
[3:33] Exactement. Et d'ailleurs, par exemple, je prends un exemple. Là, on vient d'avoir passé le nouvel an chinois. Durant ces nouvels an chinois, en effet, à Ranzhou, d'après ce que j'ai entendu et ce que j'ai vu sur les médias sociaux, il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de demandeurs d'emploi qui sont allés à Ranzhou pour voir s'il y a des opportunités sur place en lien avec l'intelligence artificielle. Donc, non seulement autour du DeepSeek, mais aussi autour de toutes les entreprises en lien avec l'intelligence artificielle basées dans la même ville du siège de DeepSeek.
Monde Numérique :
[4:02] D'accord. Donc, dans cette région en particulier, c'est de là que vient DeepSeek. Du coup, il y a une attraction particulière. Est-ce que c'était déjà un pôle technologique important ou pas spécialement par avant ?
Shanhui Zhang :
[4:14] C'était, par exemple, Alibaba. Le fameux Alibaba, il est basé aussi à Hangzhou. Et puis, il y a aussi quelques entreprises chinoises, par exemple, les entreprises chinoises au début de la création des boîtes mail, easynet.com, ils sont tous basés à Hangzhou.
Monde Numérique :
[4:34] D'accord.
Shanhui Zhang :
[4:34] C'est tout ce qui est en train de devenir...
Monde Numérique :
[4:37] C'est un peu la Silicon Valley chinoise ?
Shanhui Zhang :
[4:39] Bon, après, il ne faut pas généraliser que c'est un peu la Silicon Valley chinoise, parce que peut-être qu'il y a déjà beaucoup de villes comme Shenzhen aussi, dans le sud de la Chine, qui souhaiteraient aussi de devenir le Silicon Valley de la Chine. Mais peut-être que la Chine, il pourrait exister plusieurs Silicon Valley en Chine. Donc aujourd'hui, cette fois-ci, effectivement, nous avons vu que Ranzhou a, effectivement, cette fois-ci, attiré beaucoup, beaucoup d'attention. Et surtout, il faut dire qu'elle recrute encore aujourd'hui. À Beijing et à Hangzhou. Elle recrute surtout, aujourd'hui, par exemple, elle propose des salaires de 14 mois par an contre 12 dans le nombre des autres sociétés. C'est bien payé et effectivement, ça répond à beaucoup de curiosités des jeunes chinois fraîchement sortis de l'école.
Monde Numérique :
[5:28] Vous pouvez nous parler un petit peu de cette entreprise DeepSeek et de son créateur ? C'est qui exactement ? Est-ce qu'ils étaient connus avant ? Et c'est quel profil ?
Shanhui Zhang :
[5:37] Ce créateur du DeepSeek qui s'appelle Lian Wenfeng, il est très jeune. Et Lian Wenfeng, en effet, il a étudié à l'université de Zhejiang.
Shanhui Zhang :
[5:47] Donc à Hangzhou, et dès ses années d'études, il était déjà convaincu que l'intelligence artificielle représenterait le futur. Et là, il a consacré sa thèse de fin d'études à l'optimisation de l'algorithme pour des caméras à faible coût.
Shanhui Zhang :
[6:02] Et ensuite, en 2008, quand il était encore éduitant, il commençait à déjà collecter des données sur les marchés financiers. Il utilise des techniques d'apprentissage automatique pour l'investissement algorithmique. Et ensuite, en 2015, il a d'abord fondé une entreprise qui s'appelle Huanfang Kuant. Alors, à quoi ça sert cette entreprise ? C'est une entreprise de gestion quantitative dans laquelle il applique déjà l'intelligence artificielle et le machine learning dans les stratégies d'investissement. Donc au début, c'est surtout une entreprise en lien avec l'investissement dans la bourse, dans le marché financier. Et c'est finalement 2023 que M. Leung-Wen-Fong a annoncé sa volonté de s'attaquer au domaine de l'intelligence artificielle générale. Et c'était en 2023 qu'il a créé DeepSeek. Donc en effet, c'est une entreprise très très jeune. Et d'ailleurs, c'est aussi ce qui a surpris, je pense, que toute la sphère américaine, c'est de voir une équipe si jeune.
Shanhui Zhang :
[7:01] Contrairement à d'autres entreprises de l'intelligence artificielle chinoise, DeepSeek préfère miser sur les jeunes talents. Ce sont les jeunes talents qui n'ont pas grande expérience professionnelle. La plupart des ingénieurs et des chercheurs, en effet, ils n'ont qu'entre un an et cinq ans d'expérience. Et d'ailleurs, certains sont fraîchement sortis de l'école, ce sont des doctorants.
Shanhui Zhang :
[7:22] Et aussi, par exemple, un chasseur de têtes raconte que DeepSeek ne veut quasiment pas de profil ayant plus de 8 ans d'expérience. Donc, en fait, l'idée, c'est de construire une structure d'entreprise à plat, C'est-à-dire, malgré une croissance rapide, DeepSeek maintient une organisation très horizontale et que les choses changent très vite. Cette approche, en effet, diffère d'autres entreprises de l'intelligence artificielle qui optent souvent pour les managements plus traditionnels et verticaux. Mais cette fois-ci, c'est vraiment valoriser ses compétences, valoriser l'initiative individuelle et aussi de créer une ambiance d'encouragement, d'optimisation dans l'innovation. D'ailleurs, ce qui me touche beaucoup personnellement, c'est aussi leur motivation. Qu'est-ce qui les motive dans l'organisation ? C'est davantage la curiosité, l'envie d'essayer, c'est davantage de ce côté explorateur qui m'a marquée, de se lancer dans cette aventure.
Shanhui Zhang :
[8:23] Donc c'est ça peut-être aussi qui est un point fort une qualité chez les jeunes aujourd'hui on a bien vu, ça a attiré non seulement les chinois mais aussi en Inde et aux Etats-Unis donc c'est, quelque chose qui est motivé par les jeunes donc c'est ça que j'ai trouvé très précieux ce côté sur DeepSeek Dites-moi Shandoui.
Monde Numérique :
[8:44] Il y a un aspect qu'on ne peut pas passer sous silence, DeepSeek ça a été un peu une claque pour les américains tout d'un coup, et ça a été presque une petite bouffée d'oxygène à l'inverse pour les Européens qui se sont dit, tiens, peut-être qu'on peut faire de l'intelligence artificielle, pas trop cher, avec moins de moyens, etc. Mais en même temps, il y a déjà un début de polémique. Très vite, il y a une espèce de polémique qui est arrivée. On a dit qu'en fait, Dipsy, que l'entraînement aurait coûté beaucoup plus que ce qui était annoncé, 6 millions de dollars. Mais en fait, il paraît que ça aurait coûté jusqu'à un milliard et demi. Bon ça c'est difficile de savoir et puis OpenAI dit que DeepSeek l'a copié mais en même temps OpenAI a sorti tout de suite après un nouveau modèle qui visiblement a recopié DeepSeek donc voilà il y a une espèce de guéguerre c'est presque géopolitique est-ce que tout ça, est-ce qu'il en est question également en Chine ?
Shanhui Zhang :
[9:40] En Chine effectivement on a parlé de ce sujet les médias ont évoqué de ce sujet après ce qui est intéressant c'est que par exemple là en ce moment vous regardez le résultat aujourd'hui OpenAI c'est toujours avec ce open app, malgré de son nom open, en fait, c'est fermé au niveau de source. Parce que là, du côté de DeepSeek, c'est open source. Donc, ça veut dire qu'en fait...
Monde Numérique :
[10:03] OpenAI, il était aussi au début. Au début, ils étaient ouverts. Après, ils se sont fermés.
Shanhui Zhang :
[10:07] Donc, vous voyez, en fait, c'est deux stratégies différentes entre OpenAI et DeepSeek. Et d'ailleurs, cette fois-ci, ce qui est intéressant, j'ai quand même regardé de près sur quels sont en effet les moteurs, quelles sont les technologies qui ont contribué à cette amélioration pour baisser le coût de développement. D'abord, CIDIPSYC V3 est parvenu à boucler son entraînement avec moins de 2,8 millions d'heures de GPU et environ 6 millions. Donc, en fait, c'est un petit peu moins de 6 millions. C'est à peu près 5,7 millions de dollars de budget. c'est grâce à l'importance accordée à l'efficacité du calcul. Donc en fait, c'est une manière de raccourcir la durée totale d'entraînement et aussi diminuer le coût en ressources. Et puis de l'autre côté, l'infrastructure matérielle qui était déjà là depuis 2012, en effet.
Shanhui Zhang :
[11:08] Quand vous avez une très belle infrastructure qui est déjà préparée, qui est déjà prête en effet à pouvoir être utilisée. Par exemple, en 2012, Juanfong Quint accumulait déjà progressivement les GPU. Donc, ça veut dire qu'en fait, ils ont beaucoup d'avance par rapport à d'autres entreprises, que ce soit pour les entreprises américaines ou les entreprises européennes, parce que c'était depuis 2012. Depuis il y a plus de 10 ans, ils se sont déjà rendus compte de l'importance des GPU. Et donc, d'abord, une seule carte, puis une centaine en 2015, et puis un millier en 2019, et enfin, 10 000 cartes. Donc en effet ils ont un très beau stock de GPU déjà à partir de 2012 et donc au lieu de recourir.
Shanhui Zhang :
[11:54] Exclusivement à l'infrastructure de cloud publique ou à l'hépergement dans les centres externes et bien l'entreprise a progressivement construit ses propres centres de données et a investi sur le long terme dans la série de plateformes de deep learning, en Chine ça s'appelle donc étant donné que tout le matériel était en interne et il n'était pas nécessaire de payer les frais de location élevés à un fournisseur de cloud public. Donc, en fait, cela a permis de réduire le coût. Il y a aussi le côté de l'accumulation des compétences et d'expérience, puisque, encore une fois, ils ont utilisé l'expérience qu'ils ont déjà accumulée avant avec Juan Fang Kuant, qui dispose de nombreuses années d'expérience dans le domaine de l'investissement quantitatif et aussi de la machine learning, ce qui leur a permis de maîtriser efficacement la mise en place et aussi l'exploitation des plateformes de calcul. Voilà, donc je pense que ce sont quelques facteurs qui ont contribué, qui expliquent pourquoi finalement, Ça ne coûte pas tant cher que ça, que ce qu'on a imaginé, parce que je dirais que c'est peut-être la seule entreprise en ce moment en Chine qui a une vision très très longue et qui a su s'y prendre très tôt.
Monde Numérique :
[13:03] Et alors justement, à propos de ces cartes graphiques qui sont le nerf de la guerre, parce que c'est ce qui permet d'entraîner les modèles, c'est toute la puissance informatique, on sait qu'il y a l'embargo américain qui limite l'exportation de cartes. Et malgré tout, DeepSeek n'a pas pu accéder aux cartes de toute dernière génération. Est-ce qu'aujourd'hui, est-ce que vous savez s'ils craignent, par exemple, de nouvelles restrictions de la part des Américains ?
Shanhui Zhang :
[13:29] Effectivement, là, à l'heure où on parle de ce sujet, des nouvelles politiques sont tombées de la part des États-Unis. Il y a encore davantage de restrictions, évidemment. Et là, encore une fois, face aux politiciens américains qui continuent d'exploiter les questions de cybersécurité, pour diffamer ou calomnier la Chine et aussi, en effet, sur l'interdiction sur certaines puces, eh bien, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, je me rappelle, c'était l'année dernière, Mme Hua Chunying, elle a souligné « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort ». Je pense que c'était un peu ça, un peu la logique de développement en Chine. C'est que la Chine, elle essaye toujours de se développer, toujours de construire ses propres technologies dans les temps les plus difficiles. Et là, le résultat, c'est qu'elle a réussi à avoir ce premier modèle, à avoir ce premier essai réussi et peut-être que bientôt, il y aura un deuxième, un troisième, une troisième entreprise ou quatrième entreprise qui va ensuite.
Shanhui Zhang :
[14:33] De cette manière bouleversée ou donnait un nouveau souffle au monde technologique. La Chine, qui a toujours défendu la coopération internationale en matière de technologie, surveille en effet de près la possibilité de nouvelles mesures de réduction de la part des États-Unis, par exemple s'il y aura des restrictions supplémentaires sur l'importation des cartes Nvidia. D'abord, il est vrai que certaines politiques américaines qui invoquent la sécurité nationale pour limiter l'accès à DeepSeek pourraient aujourd'hui encore, dans un proche avenir, durcir l'exportation de certaines technologies stratégiques. Mais en effet, la situation est plus complexe qu'il y paraît. Et aujourd'hui, malgré les menaces politiques, les grands noms américains comme Nvidia, le AMD, continuent d'optimiser leurs plateformes pour prendre en charge DeepSeek. Donc là, de ce point de vue-là, vous voyez bien qu'il y a une fusion d'une certaine manière de technologie.
Shanhui Zhang :
[15:34] C'est aussi une preuve d'un intérêt économique mutuel. Par exemple, Meta, cette entreprise, va même aller jusqu'à saluer l'essor de DeepSeek. C'est ce qu'a fait son joli acteur, Mark Zuckerberg, qu'il considérait comme un accélérateur de la course mondiale à l'intelligence artificielle. Et quant au succès de DeepSeek, il incarne aussi la montée en puissance des modèles open source capables de rivaliser avec des solutions fermées, tout en réduisant drastiquement les coûts. C'est peut-être aussi l'un des avantages que voit le monde en ce moment chez DeepSeek. Et enfin, il faut également souligner que la Chine dispose de plusieurs leviers pour atténuer l'impact d'éventuelles restrictions. Par exemple, la Chine pourrait diversifier ses approvisionnements, La Chine pourrait renforcer ses filielles locales et aussi, en effet, pour construire de nouvelles entreprises.
Shanhui Zhang :
[16:28] Dans ce domaine, et ensuite, elle pourrait également, par exemple, inventer ou proposer une nouvelle solution politique à ce sujet, ou encore aussi de renforcer sa capacité dans la recherche sur les puces de l'intelligence artificielle. Donc aujourd'hui, on peut dire que malgré la crainte de voir l'accès aux technologies américaines se resserrer, la réalité économique incite les grands acteurs du secteur, aujourd'hui, à garder le contact avec l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, il faut voir que les grands dirigeants de haut niveau, ils ont déjà commencé à prêter davantage attention au développement de l'intelligence artificielle en Chine.
Monde Numérique :
[17:11] C'est devenu un sujet politique et géopolitique, l'intelligence artificielle ?
Shanhui Zhang :
[17:16] Très récemment, l'ambassadeur de Chine auprès des Nations Unies, M. Fuzong, il a déclaré, je cite, il a dit « Nous n'avons pas besoin de plus d'interdictions. « La Chine et les États-Unis, en tant que deux pays les plus avancés dans le domaine de l'intelligence artificielle, ne peuvent pas se permettre de ne pas coopérer. Donc seule la coopération conjointe permettra de combler le fossé numérique et celui de l'intelligence, en particulier pour aider le sud global à bénéficier de manière équitable du développement de l'intelligence artificielle. » Voilà, c'est ce qu'il a souligné. En fait, le sous-entendu, c'est très simple, c'est qu'aujourd'hui,
Shanhui Zhang :
[17:52] il faut que les deux pays se coopèrent dans ce chemin de l'intelligence artificielle. Et ce qui est intéressant, c'est que du côté de la Chine, cette fois-ci, elle est plus ouverte dans ce monde de l'intelligence artificielle parce que les modèles open source peuvent attirer d'abord les meilleurs talents du monde entier pour les optimiser, accélérant ainsi les mises à jour.
Shanhui Zhang :
[18:12] Et aussi, en même temps, si vous avez déjà remarqué que c'est entièrement gratuit.
Shanhui Zhang :
[18:17] Et de plus, la transparence de ces modèles contribue à dissiper les préoccupations relatives à la sécurité d'utilisation, favorise en effet une application équitable de la technologie de l'intelligence artificielle à l'échelle mondiale. Donc ceci, en effet, permet de partager ces technologies avec le monde entier. Donc de ce point de vue-là, il faut dire que contrairement à l'Occitan, où la concurrence dans le domaine de l'intelligence artificielle est souvent perçue sous un angle géopolitique, la Chine met surtout l'accent sur le développement de technologies et la coopération internationale. D'abord, il faut qu'on cite une initiative qui a déjà publié par la Chine il y a deux ans. Il s'appelle la Global AI Governance Initiative, donc l'initiative sur la gouvernance de l'intelligence artificielle à l'échelle mondiale, dans laquelle le président chinois Xi Jinping il a présenté à l'occasion du troisième forum Ceinture et route, il a dit que l'importance de bâtir un cadre mondial est primordial. Et aujourd'hui, en effet, il est important de promouvoir la transparence, éviter la formation de blocs exclusifs, et aussi veiller à ce que l'intelligence artificielle serve le bien commun. Donc il a plutôt mis ce point et cet accent sur le bien commun, et aussi la priorité donnée à l'intelligence artificielle aujourd'hui en Chine par exemple dans les derniers rapports officiels du gouvernement chinois l'année dernière c'était.
Shanhui Zhang :
[19:46] Lors d'un grand rassemblement du parti communiste chinois je me rappelle qu'à l'époque donc c'était il y a quelques mois l'intelligence artificielle plus cette notion a déjà été écrite ça veut dire qu'à partir du moment en Chine où vous écrivez une notion dans le, dans le rapport, c'est quelque chose que tous les échelons du gouvernement vont devoir en effet accomplir au fur et à mesure. Et donc ça veut dire que c'était déjà l'année dernière que la Chine est déjà bien consciente de l'importance de l'intelligence artificielle. Donc l'idée c'est surtout de renforcer la productivité dans l'industrie manufacturière grâce à l'intelligence artificielle, grâce à l'automatisation, à la prévision intelligente et aussi optimiser l'usage de l'énergie, l'utilisation de l'énergie en Chine, améliorer la qualité du service dans les secteurs tertiaires avec le robot, avec les systèmes de réponse automatisés. C'est aussi une notion qui a été beaucoup répétée récemment dans beaucoup de documents publiés par le gouvernement.
Shanhui Zhang :
[20:48] Donc l'idée, en Chine, c'est davantage l'intelligence et utiliser au service de l'humanité, au service du développement technologique, au service de l'amélioration des conditions de vie des Chinois. Donc de ce point de vue-là, je pense qu'il n'y a pas d'inquiétude dessus, puisque les initiatives chinoises en matière de l'intelligence artificielle, demeurent largement orientées vers la coopération, le partage et la recherche des solutions collectives.
Monde Numérique :
[21:11] Oui, on comprend que de toute façon, c'est un peu les mêmes cas de figure de tous les côtés, dans tous les pays. Après, il y a les discours politiques, il y a les réalités économiques, etc. Chandruizang, une question encore, ce qui fait un peu tiquer, c'est que sur certains sujets, DeepSeek ne veut pas répondre, quand c'est des sujets un peu trop touchy, un peu trop sensible, etc. Dipsyque ne répond pas. Mais il y a aussi...
Shanhui Zhang :
[21:38] C'était parce qu'ils n'ont pas... Parce que de temps en temps, quand moi je tape une question, et je lui pose une question, de temps en temps, il met beaucoup de temps à répondre.
Monde Numérique :
[21:48] Mais il répond toujours ?
Shanhui Zhang :
[21:51] Il ne me répond pas toujours, parce qu'il faut que j'attende, d'après ce que j'ai compris, comme il y a beaucoup trop de personnes qui lui demandent, de différentes questions, ils n'arrivent pas à répondre tout de suite une par une.
Monde Numérique :
[22:01] Oui, une question de saturation.
Shanhui Zhang :
[22:02] Il fallait que je vous attendre pendant 5 minutes pour obtenir ma réponse.
Monde Numérique :
[22:05] Non, non, c'est vrai. Pour certaines choses, il ne répond pas ou alors il botte en touche ou alors il sort des réponses qui sont conformes à la politique chinoise. Mais c'est un peu la même chose du côté de Tchadjipiti. On reproche à Tchadjipiti d'être trop connoté américain, par exemple, et de ne pas forcément c'est aussi ça la réalité de l'intelligence artificielle c'est qu'elle est biaisée parce qu'elle dépend énormément des données sur lesquelles elle a été entraînée et aussi des filtres éventuels des blocages qu'on va instaurer après ce.
Shanhui Zhang :
[22:41] Qui m'a vraiment intéressée et ce qui m'a vraiment bouleversée chez DeepSeek cette fois-ci c'est de voir à quel point il est intelligent émotionnellement, c'est par exemple si vous de temps en temps, je ne sais pas si c'est le même cas par exemple si vous lui posez une question en français ou en anglais En tout cas, quand je lui pose une question en chinois, par exemple, est-ce que je suis belle ? Il va trouver des milliers de manières pour vous faire plaisir. L'idée, c'est de faire plaisir à la personne en face.
Monde Numérique :
[23:07] Oui, oui, alors ça, bien sûr.
Shanhui Zhang :
[23:09] En fait, le DeepSeek, il est plus galant qu'un vrai garçon, par exemple.
Shanhui Zhang :
[23:15] En effet, il donne davantage cette valeur émotionnelle dans tous les cas de souffleur.
Monde Numérique :
[23:19] Oui, mais pour certains, c'est un vrai problème, parce que c'est un côté narcissique des intelligences artificielles qui fait que de plus en plus, on risque d'avoir plus de plaisir à discuter avec une IA qu'avec un être humain, parce qu'avec une IA, on sera toujours, il y a une expression en français qui dit, on sera toujours brossé dans le sens du poil, tandis qu'avec des êtres humains, on a des déconvenus parfois, on a du mal à se comprendre, on a des déceptions, etc. Et ça, c'est un peu tragique. Mais bon, ça, c'est un autre sujet. Merci beaucoup, Shanhui Zhang, journaliste à China Global Television Network.