On revient sur les annonces de Tesla en matière de voitures autonomes et de robotique, avec le journaliste spécialisé Emmanuel Torregano
Tesla annonce pour 2026 deux véhicules 100% autonomes censés révolutionner la mobilité du futur. La compagnie promet aussi des robots humanoïdes pour tous dans quelques années. Faut-il y croire ?
Interview : Emmanuel Torregano, journaliste spécialisé
Que penser des récentes annonces de Tesla ?
Tesla vient de créer un véritable « effet Wahoo » avec ses nouveaux concepts de Cybercab et Robovan, des véhicules entièrement autonomes, sans volant ni pédales. Cet effet rappelle l’époque où Apple bouleversait le marché sous l'impulsion de Steve Jobs. Tesla reprend le flambeau en combinant audace et design, notamment avec ce véhicule collectif au look inspiré de l’art déco. Cependant, les marchés et la presse technologique accueillent souvent ce type d'annonces avec scepticisme car cela soulève plus de questions que cela n’apporte de certitudes.
Le fait est que l’on peut s’interroger sur la réalité de ce que promet Elon Musk…
En effet, il reste des questions quant à la faisabilité de certaines fonctionnalités, comme la recharge par induction qui pourrait nécessiter une refonte des infrastructures. L’entretien des Cybercabs pose également des défis techniques et financiers. Surtout, la question de la législation est cruciale : certains pays, notamment en Europe, ne sont pas près d’accueillir ces véhicules entièrement autonomes, qui resteront certainement réservés à des États américains comme la Californie.
Peut-on croire, par ailleurs, à l’émergence de robots humanoïdes comme Optimus ?
Optimus représente un pas vers un assistant robotique polyvalent capable d’interactions humaines, comme servir à boire ou converser naturellement. Tesla a fait des progrès depuis la présentation de simples prototypes il y a cinq ans. Cependant, des défis demeurent : l’autonomie, la robustesse et la capacité à accomplir des tâches complexes, qui sont encore en phase de développement. Le concept est encore loin de remplir la tâche d'un assistant domestique autonome complet mais on se rapproche du rêve d’un “esclave légal” pour tous.
Monde Numérique :
[0:00] Monde numérique. Bonjour Emmanuel Torregano.
Guest:
[0:04] Bonjour Jérôme Colombain.
Monde Numérique :
[0:06] Journaliste, fondateur du site du média indépendant Electron Libre et puis également très versé dans la voiture électrique. Tu es l'auteur d'un rapport sur la voiture électrique, la voiture autonome, sorti il y a quelques années. Tu suis ça de très très près. Alors Tesla vient donc d'annoncer enfin son fameux robotaxi, enfin son futur véhicule 100% autonome, sans volant ni pédale. Le cybercab et puis également un véhicule de transport en commun pour une vingtaine de personnes, le robovan. Comment est-ce que tu analyses ces annonces ?
Guest:
[0:37] Alors, je pense que ça va être analysé de façon, à mon avis, assez paradoxale. La première, c'est que oui, les annonces sont assez impressionnantes.
Guest:
[0:47] Tesla montre clairement qu'aujourd'hui, ils sont une société qui fabrique des robots, au sens où un robot est un produit autonome, c'est-à-dire une IA qu'on va brancher sur une voiture, sur un humanoïde.
Guest:
[1:02] Sur un van, puisqu'ils ont aussi présenté un van. Donc là, ils ont montré en effet quelque chose que moi, personnellement, en tout cas, j'identifierais à ce qu'on a vu à la grande époque d'Apple et de Steve Jobs, c'est-à-dire l'effet Wahoo. On est face à un nouvel effet Wahoo. On est devant Tesla qui reprend le flambeau qui était un peu à terre, laissé par Apple ces derniers temps. On ne peut pas dire que l'Apple Vision Pro a vraiment déclenché un effet Wahoo, il a déclenché un effet curiosité. Mais qu'est-ce que c'est que cette machine ? Comment ça marche ? Comment ça va bouleverser ? Peut-être notre façon d'anticiper ou de fonctionner dans l'informatique familiale ou bureautique, mais ce n'était pas un effet Wahoo. Et ça, on l'a un peu perdu. Je pense que le flambeau est un peu laissé par terre, à s'éteindre, à se consumer. Et je crois qu'Elon et Tesla l'ont repris, l'ont redressé, l'ont réactivé profondément. Et là, on a un effet waouh. Le robot van, c'est un effet waouh. Ce n'était pas attendu et c'est absolument somptueux. C'est très inspiré, en effet, du design art déco qu'on avait sur les locomotives comme la Mercury ou sur les caravanes Airstream, pour ceux qui connaissent. Ce sont des caravanes absolument magnifiques, toutes en aluminium sublime des années 50-60. Donc, de ce côté-là, on a un effet waouh très important.
Guest:
[2:18] Et on a de l'autre côté, certainement, paradoxalement, les marchés vont analyser, on va en tout cas apporter quelques analyses qui peuvent être, pas déceptifs, mais qui peuvent être, qui peuvent conserver une sorte de réserve sur toutes ces annonces-là. C'est OK, c'est très bien, mais on est devant, encore une fois, un projet futur pour Tesla. 2026, vous allez avoir des cybercaps, c'est-à-dire des voitures autonomes. OK, super, 2026, on verra. Le robot van, il n'y a pas de date. Donc ça, on ne sait pas très bien quand est-ce qu'on l'aura, malgré ce côté absolument somptueux de cet objet réellement venu du futur en passant par le passé, ce qu'on appelle textuellement une révolution.
Guest:
[3:03] Et derrière ça, les marchés vont vous dire « Ah oui, mais attendez, on n'avait pas parlé d'un Model 2, une voiture pour tout le monde à 25 000 dollars. Où est-ce qu'elle est, cette voiture ? » Et ça, je pense que ça va être certainement rabâché par les analystes. La deuxième chose, c'est que le cybercab, donc le robot taxi, qui s'appelle maintenant Cybercab, il pose énormément de questions. Il ne se branche pas. Donc, c'est entièrement de la recharge par induction. OK, mais où ? Comment ? C'est quoi exactement la machine qui fait ça ? Est-ce que ça veut dire que Tesla va devoir rééquiper l'ensemble de ses superchargeurs avec des recharges par induction ? C'est un énorme boulot, c'est beaucoup d'argent. Donc on se pose encore une fois la question de quelle sera la rentabilité ou quelle est la capacité de Tesla à tout d'un coup faire évoluer entièrement son modèle vers des véhicules à recharge par induction. Donc il y a énormément de paradoxes dans cette présentation.
Monde Numérique :
[4:09] Bon alors c'est une révolution, c'est une rupture ou bien c'est encore du bullshit à l'Elon Musk finalement ? Comment est-ce qu'il faut voir les choses ?
Guest:
[4:19] Les analystes et la presse IT se sont toujours trompés sur les innovations de rupture. Toujours. Elles ont toujours raconté n'importe quoi. Pourquoi ? Parce que ça vient bousculer, parce que ça pose plus de questions que ça n'amène de réponses. Les marchés détestent ça. Et la plupart du temps, la presse IT est bien elle aussi confortablement assise dans son fauteuil et elle regarde les innovations et elle les juge et elle se dit ça c'est bien ou ça c'est pas bien, oubliant que finalement le marché ça n'est pas ça. Le marché c'est quelqu'un qui adopte ou non sur d'autres critères des produits. Donc on va avoir en effet un scepticisme certainement. Et pour certains aspects, ce scepticisme est totalement justifié. Par exemple, la fameuse recharge par induction, comment va vraiment fonctionner le fait de louer son propre robotaxi à d'autres gens, Comment est-ce qu'on fait pour le nettoyer ? Donc, ils ont présenté une machine qui est censée le nettoyer. OK, très bien. Donc, il y aura des machines partout, à tous les coins de rue, dans toutes les villes. Ça pose un vrai problème ?
Guest:
[5:16] Au-delà de ça, il y a même un problème qui est une sorte de parasol de toute cette histoire-là, ou de parapluie, c'est quel pays va accepter ce genre de véhicule ? Aujourd'hui, on sait que l'Europe n'en veut pas, qu'il faudra peut-être des années, qu'il faudra des discussions très longues au niveau européen pour réussir à faire rentrer des voitures comme le CyberCab, c'est-à-dire sans pédale et sans volant. Aujourd'hui, c'est interdit, il faut pouvoir faire avancer ce modèle-là. L'Asie va certainement l'accepter assez rapidement, mais il y aura certainement des contraintes parce qu'ils vont faire du protectionnisme. Les États-Unis l'acceptent dans quelques États, le Texas, la Californie notamment. D'autres vont certainement s'élargir, mais ça pose un problème de marché. Bref, il y a énormément d'interrogations qui sont posées par cet événement Tesla. Mais il y a aussi, je pense, et au-delà de tout ça, un véritable effet Wahoo. Et l'effet Wahoo, c'est ce qui fait et c'est ce qui a drivé la croissance d'Apple pendant 15 ans et on a fait la plus grande entreprise du monde en dispute régulièrement avec soit Microsoft, soit Nvidia ces derniers temps. Mais ça, on a fait l'une des plus grandes entreprises du monde et je pense que
Guest:
[6:21] Tesla est sur cette voie-là.
Monde Numérique :
[6:23] Alors ça, c'est pour l'aspect communication, on va dire. Mais au-delà de ça, Emmanuel, est-ce que, selon toi, la vision d'Elon Musk pour la mobilité, d'une manière générale, est réaliste ou on est dans le fantasme complet ?
Guest:
[6:37] Je pense qu'elle pose énormément de questions auxquelles Musk va devoir répondre, qu'on est devant en effet un proof of project, c'est-à-dire quelque chose qui va se définir dans le temps au fur et à mesure que Tesla y apportera les détails qui nous permettront de comprendre comment ils le font. Toutes ces étapes-là, elles ne sont pas encore remplies. Il y a énormément de blancs entre ce qu'on nous a montré hier soir et le produit demain dans les rues, dans les garages des gens en Californie. Là il y a vraiment énormément d'étapes qu'il va falloir remplir je ne dis pas qu'ils ne les ont pas, Je pense que Tesla aujourd'hui est une boîte sérieuse, depuis 5-6 ans à peu près, c'est une boîte sérieuse, c'est une boîte qui anticipe, même Musk a changé, je pense qu'il a connu sa deuxième révolution comme Steve Jobs au retour de l'exil forcé dans les années 90, où il avait tout d'un coup compris ce que c'était que de gérer une boîte et non plus simplement de se faire plaisir, et je pense que Musk est là-dedans. Je pense que Musk a connu sa seconde révolution. Il l'a connu avec notamment le rachat de Twitter qui est devenu X. Il l'a connu avec l'importance qu'il a tout d'un coup, comment dire.
Guest:
[7:52] Dont il s'est rendu lui-même conscient de son rôle dans la société. C'est-à-dire qu'il n'était plus simplement quelqu'un qui voyait dans les projets une réalisation de ses rêves d'enfant. Les fusées, les voitures électriques, tout ça, c'était une sorte de projection de ce qu'il a connu lui dans son enfance en tant que geek ou nerd, ça dépend comment on veut, en Afrique du Sud, qui était imbibé de pop culture des années 80, il n'est plus simplement ça. Il a compris qu'il devait faire autre chose, qu'il devait changer le monde, comme Steve Jobs. Comme Steve Jobs, quand il revient et qu'il pense différemment, think different, c'était ça dont il s'agissait. Donc il a compris tout d'un coup que l'œuvre d'Apple, c'était une œuvre qui était autant sociétale que technologique que commercial et que le succès de sa boîte allait dans le succès de sa vision et je pense que Musk est à peu près dans la même état aujourd'hui et qu'on est dans un, rise and fall c'est-à-dire Musk a 15 ans devant lui de rise et il faut en profiter parce que ça sera certainement assez incroyable comme ça l'a été avec Jobs ou avec d'autres avant Edison, Ford enfin bon bref, on a plein d'exemples de ce genre-là et c'est toujours des rise and fall donc c'est toujours 15 ans 10-15 ans à peu près et puis pouf ça tombe et c'est normal, Après, on devient, on s'embourgeoise, comme Apple aujourd'hui. Bref, donc il y a un chemin à procéder. Ce schéma, on n'a pas encore toutes les étapes, mais je pense qu'elles nous seront révélées au fur et à mesure. Je n'écarte pas le fait qu'on puisse avoir, évidemment, du retard.
Monde Numérique :
[9:21] C'est un peu la spécialité de Musk.
Guest:
[9:23] Tesla est assez peu connu pour respecter les délais pour plein de raisons qui ne sont d'ailleurs pas forcément uniquement de leur fait. Je pense qu'il y a un énorme problème aujourd'hui de législation autour de ces produits-là. Il va falloir un jour quand même qu'ils se penchent là-dessus.
Guest:
[9:42] Et puis, on n'évite pas de parler d'Optimus. Optimus, c'est le robot. Le robot, il va vite. Ce qu'on a vu hier comme démonstration c'est-à-dire qu'ils ont placé des robots dans la foule et les gens pouvaient interagir naturellement avec eux comme si c'était un humain.
Guest:
[9:56] Et là on a vu la puissance, en tout cas moi ce que j'estimais être la puissance, de ce que c'est qu'un LLM, donc un grand modèle de langage, mis dans une machine qui va marcher et agir, interagir avec les hommes, c'est-à-dire un humanoïde et là c'est vraiment puissant c'est-à-dire que ce que nous Nous, en utilisant ChatGPT, Gemini ou d'autres grands modèles de langage, ce qu'on expérimente avec les claviers ou avec l'audio, on l'expérimente tout d'un coup dans un robot. Et ça lui donne évidemment, puisque c'est le but des LLM, c'est de travestir, c'est d'imiter, c'est de réussir à être de l'autre côté de ce fameux test de Turing. On imite l'humain jusqu'à finalement brouiller les frontières entre l'humain et le robot. Quand vous le mettez dans un vrai humanoïde, c'est assez sidérant. C'est-à-dire que tout d'un coup, vous avez une discussion avec un robot et vous avez une discussion comme si vous aviez une discussion avec un pote. Comme si on avait une discussion là aujourd'hui. Même si derrière, il n'y a pas d'intelligence, qu'on sait que ce sont des algorithmes, que c'est des algorithmes prévisionnels de qu'est-ce que je dois répondre au mieux parce qu'on m'a dit ça. C'est-à-dire que je fais de la statistique de mots les uns après les autres. C'est comme ça que ça fonctionne, mais c'est assez bluffant, j'avoue. Et là, encore, ça pose un problème législatif. Quel pays va accepter qu'on ait un robot dans les maisons et c'est pas un robot aspirateur c'est un peu plus complexe que ça.
Monde Numérique :
[11:20] Ça, c'est l'aspect conversationnel, effectivement, tu as raison, c'est comme quand on parle avec Chagipiti, mais il y a l'aspect plus robotique, plus ce qu'on appelle animatronique, et là, on ne sait pas trop faire la part des choses entre ce qui est réel et ce qui est bullshit. Ensuite, est-ce qu'Optimus, il est capable aujourd'hui, est-ce qu'un robot humanoïde aujourd'hui est capable avec une physionomie qui est quand même raisonnable ? Il a des membres qui ne sont pas très gros, etc. Est-ce que vraiment, la promesse d'un être capable de se mouvoir, de porter des affaires, de tenir debout, de monter des escaliers ? Et est-ce que Optimus fait franchir un pas supplémentaire à la robotique dans ce domaine ou en fait, il y a encore un voile un peu opaque là-dessus ?
Guest:
[12:07] De ce qu'on voit aujourd'hui, Optimus a été présenté il y a cinq ans. Et là, on se rappelle, la présentation, c'était un mannequin.
Monde Numérique :
[12:15] Ah oui, voilà, justement. Et ce qu'on a vu l'autre nuit, c'était presque, on ne sait pas trop s'il n'y avait pas des gens derrière qui pilotaient, comme on le voit parfois sur les salons. Moi, j'ai vu des robots qui faisaient la cuisine à Las Vegas. Mais en fait, on a appris après qu'il y avait des gens derrière en régie qui manipulaient les bras robotisés.
Guest:
[12:33] Alors moi, de ce que j'ai lu, parce que je n'y étais pas malheureusement, de ce que j'ai lu, il semble que ce n'était pas en effet des robots, comme tu dis, pilotés. C'est-à-dire qu'il n'y avait pas d'aide en plus de l'IA. Ce qu'on a vu, c'est qu'ils faisaient des choses assez simples. Qui, d'un point de vue, comme tu dis, physique du robot, c'est-à-dire capacité, autonomie, puissance, toutes ces choses-là, agilité, on va dire, le robotronique, comme tu dis, ça, on n'est pas plus en avance ou pas moins que ce que proposent d'autres boîtes. Visiblement là-dessus, on est sur quelque chose qui est déjà, bon, voilà, chez Boston Dynamics, par exemple, ils ont montré des choses beaucoup plus impressionnantes que ça en termes d'agilité de robots.
Guest:
[13:18] Mais ce n'était pas les mêmes. Ils ont des gros sacs à dos parce qu'il faut une grosse batterie. Ils sont très rapides, mais ils sont très experts. C'est-à-dire que ça fait un truc, passer des obstacles. On ne leur demande pas forcément de servir à boire, comme on l'a vu hier soir dans un bar ou avoir une conversation avec quelqu'un chez Boston Dynamics. Mais donc, on est certainement, encore une fois, dans un modèle qui est hybride entre le LLM et le robot, on va dire, capable de faire certaines choses. Mais moi, là où je veux surtout insister, c'est que puisque je suis assez d'accord d'un point de vue physique du robot, on n'a pas assisté à une démonstration époustouflante. Mais on a une progression qui est, alors là, je pense notable, puisqu'ils l'ont présenté il y a cinq ans et c'était un squelette de métal qui ne bougeait pratiquement pas. Et aujourd'hui, on a déjà quelque chose qui, en tout cas, préfigure de façon assez claire vers où ils veulent aller. C'est-à-dire un assistant, une sorte de butler à l'anglaise, c'est-à-dire qui vient te servir, qui vient t'aider dans tes tâches ménagères, qui vient de faire la conversation. Bref, un assistant global, marchand, capable de ranger la vaisselle, bref, de subvenir à toutes ces fameuses tâches ancillaires dont on pourrait peut-être se passer, en effet.
Guest:
[14:45] Bref, on crée un esclave robot. Voilà, on crée un esclave robot domestique qui peut-être un jour se révoltera. Non, je plaisante. Mais on est devant un robot esclave domestique qui sera capable d'aller se recharger tout seul, en tout cas on espère, parce que je pense qu'en effet la grande question qui se posera c'est l'autonomie de cette machine.
Guest:
[15:05] Et puis qui aura développé d'un point de vue IA des capacités qui sont au-delà de ce qu'on voit aujourd'hui qui est très intéressant, ce côté conversationnel qui est assez nouveau, ce côté service qui est assez nouveau aussi puisqu'on lui demande à boire, il vous sert à boire, c'est plutôt bien, il arrive à le faire. De ce que j'ai vu des vidéos, il n'en met pas trop à côté du verre, ça a l'air d'être à peu près clean de ce point de vue-là. Mais on est encore sur quelque chose de balbutiant. Si ça doit être réellement un assistant, une aide médicale, par exemple, une aide pour les enfants, une aide, bref, si c'était le Terminator gentil.
Guest:
[15:45] L'Optimus, le Terminator 2, si c'était vraiment ça, on en est encore très loin. Mais, on vient, il y a cinq ans, d'un squelette quasiment inutile à aujourd'hui quelque chose qui ressemble à pas un state of the art of the robot, mais pas très très loin, en tout cas d'un produit vraiment intéressant. Je pense que dans 3-4 ans, puisqu'ils n'ont pas particulièrement donné de date sur Optimus, ils disent que c'est bientôt, mais ils ne disent pas forcément tout de suite, on aura quelque chose qui aura fait des progrès suffisamment importants pour être commercialisé. Et ils veulent le vendre un peu moins de 30 000 dollars. 30 000 dollars pour une machine comme ça, eux ils estiment qu'ils pourront même ensuite faire des économies d'échelle et baisser encore plus son prix. On est peut-être devant ce qui a été comme la révolution de l'automobile pour tous qui était quand même un produit qui était cher mais qui était très important il fallait avoir une voiture parce que ça permettait de partir en vacances profiter des congés payés enfin, Tout ça a été une mécanique formidable, alors que c'était cher pour un foyer des années, on va dire, 40, 50. Je pense qu'Optimus, c'est un peu la même chose. Tout le monde en voudra. Donc, ça ne sera pas à donner. 20, 30 000 dollars ou 20 ou 30 000 euros, ce n'est pas à donner.
Monde Numérique :
[16:57] Après, il faudra inventer la deux chevaux du robot ou la Volkswagen du robot.
Guest:
[17:02] De toute manière, tout ça ne sera que des marchés. Et des marchés, ça veut dire de la concurrence. Donc, ça veut dire de la diversité. donc ça veut dire en effet qu'on aura droit à, Amazon a déjà parlé de faire des robots peut-être qu'Apple se réveillera moi sur X aujourd'hui je fais toute une analyse je vous encourage à aller voir dans lequel je pense qu'Apple a encore le potentiel de reprendre, cette course au Wahoo Effect, et à proposer quelque chose qui soit plus important que l'iPhone 16 Pro Max même si c'est une super machine je pense qu'ils peuvent faire mieux Je pense qu'ils peuvent faire même mieux que l'Apple Vision. L'Apple Vision, c'est très intéressant, certainement. Mais là encore, c'est un peu une fusée qu'on envoie dans les étoiles. Puis, elle ne revient pas. Donc, bon, c'est un peu embêtant. Là, aujourd'hui, on voit qu'ils ont lancé une enquête pour savoir est-ce que les gens utilisent l'Apple Vision Pro. Ils sont quand même un peu paumés dans cette histoire-là. C'est dommage parce que le produit est très beau. Mais il manque quelque chose. Moi, je pense que... Alors, juste, je fais une parenthèse. C'est quand même une de bébés, Apple et Tesla. Et je pense qu'Apple a eu une idée absolument incroyable sur ces dix dernières années, ça a été leur fameuse politique du non, Donc la politique du non qu'ils avaient illustrée dans une vidéo qui était très intéressante, qui je pense était fondatrice chez eux de la manière dont ils travaillent, et qui était de dire, en fait, la difficulté, c'est de dire non. Difficulté qu'il n'y a pas, par exemple, Samsung.
Guest:
[18:31] Donc Samsung, c'est-à-dire Huawei, c'est qui qui a sorti ce truc complètement débile à trois feuillets dépliants ? Voilà, par exemple, bientôt, le quatre feuillets dépliants, le cinq feuillets dépliants, et on attend le livre entier dépliant, l'accordéon.
Monde Numérique :
[18:46] C'est pas débile.
Guest:
[18:49] C'est gentiment débile.
Monde Numérique :
[18:51] C'est quoi la politique du nom ? C'est renoncer à sortir certains produits.
Guest:
[18:54] C'était de dire, on peut faire énormément de choses avec la nouvelle technologie, on peut présenter énormément de nouvelles fonctionnalités qui vont être bluffantes certainement, mais en fait, non. En fait, la plupart, c'est de la mousse. Et ce qu'il faut, c'est réussir à définir quelle est la véritable accointance entre les demandes des clients et la technologie que je vais proposer. Et ça, cette politique de la crête étroite vers le marché grand public, de la fonctionnalité qui va fonctionner, ce qu'ils ont tenté avec l'iPhone Pro Max et le bouton photo, peut-être qu'on va voir que ça va vraiment fonctionner. Moi, je pense que la dernière qu'ils ont lancée qui était vraiment très importante et je l'utilise aujourd'hui, c'est l'AirPod.
Guest:
[19:34] L'AirPod, c'est en effet une véritable révolution parce que ce n'est pas extraordinaire. Comment on enlève le fil des écouteurs ? « Oui, mais en fait, il faut une petite boîte. La petite boîte, il faut qu'elle soit bien foutue. Les Airpods, il faut qu'ils restent dans les oreilles. » Enfin bref, il y a tout un tas de choses, parce que les Airpods dans des oreilles s'enfilent. Dans les années 90, je rappelle qu'il y en avait d'autres qui avaient sorti déjà des petits micros qui se branchaient dans les oreilles, et c'était horrible, et tout le monde avait trouvé ça affreux, et n'en voulait pas. Pourtant, aujourd'hui, on porte tous ça, et en plus, on double dans les oreilles. Donc, comment on fait ? Comment on marche sur cette ligne de crête vers le grand public ? Et cette politique du non, elle a été incroyablement efficace. Elle a permis à Apple de devenir une boîte très, très forte sur tous les marchés, à réussir à combattre des véritables hydres, c'est-à-dire Google et Android, qui étaient une hydre, puisqu'ils proposaient le truc gratuit à tout le monde. Donc, c'était extrêmement difficile de combattre le gratuit. Et ils y sont arrivés grâce à cette politique-là. Aujourd'hui, je pense qu'elle est trop pesante. Je pense que la politique du nom d'Apple, elle pèse trop sur la capacité d'innovation et d'une certaine manière, elle s'est gentiment embourgeoisée.
Guest:
[20:43] C'est devenu une recette. C'est devenu une recette connue. Alors, on regarde. Alors, on va y avoir l'iPhone. Alors, qu'est-ce qu'on va faire de nouveau ? On va en mettre un bouton pour gérer l'appareil photo. Et vu que nous, on sait faire vachement bien des boutons haptiques et des boutons à sensibilité avec glisser et tout ça, puisque c'est un peu notre invention avec l'iPhone, on va en faire un comme ça. Et puis comme ça, ça nous permettra d'avoir un super contrôle sur la photo. C'est vrai, c'est un super contrôle sur la photo, on est tous d'accord, mais c'est une évolution logique, ça n'a rien d'un effet Wahoo. Et cet effet-là, cette rupture, cette révolution de rupture, ils l'avaient, c'était le projet Titan, ils l'ont abandonné, malheureusement.
Monde Numérique :
[21:23] C'est-à-dire la voiture ?
Guest:
[21:24] Oui, pardon, c'était la voiture autonome également. Alors, est-ce qu'ils l'ont abandonné parce qu'ils se sont dit, on ne peut pas faire mieux que Tesla ? OK, c'est possible, mais c'est ça la question. C'est « get your grip on yourself ». Reprenez-vous, Apple, et lancez-vous à nouveau des défis qui sont à la mesure de ce que Jobs avait fait quand il lance, évidemment, le fameux département pirate, entre Lisa, Macintosh et Apple, c'est-à-dire quand il décide de reprendre les choses en termes de start-up. À l'époque, ça ne se disait pas, mais c'était déjà ça. On prend des gens suffisamment fous pour croire dans leurs rêves. On les met dans un bâtiment et puis on les fouette tous les jours, même toute la nuit, parce que Steve Jobs était très fort pour ça. Et on leur fait créer quelque chose qui va faire l'événement. Et je pense que ça, ils peuvent à nouveau le faire. Et pour ça, il va falloir changer beaucoup de choses dans la boîte. Et ça serait vraiment très intéressant parce que c'est jamais une très bonne chose qu'il y ait une seule boîte qui le fasse. Tesla, c'est très bien, mais il en faut d'autres. Et on manque de concurrents face à Tesla, comme on a manqué un peu de concurrents face à Apple. Et ça, il faudrait vraiment quelque chose qui soit de ce niveau-là.
Monde Numérique :
[22:37] Merci Emmanuel de Tesla à Apple. Emmanuel Torrigano du site Electron Libre. Salut Emmanuel.
Guest:
[22:46] Merci Jérôme.