🎤 Interview - Impression 3D, IA solaire, batterie recyclée : le futur selon EDF (Julien Villeret, EDF)

🎤 Interview - Impression 3D, IA solaire, batterie recyclée : le futur selon EDF (Julien Villeret, EDF)

À l’occasion de VivaTech 2025, Julien Villeret, directeur de l’innovation d’EDF, nous propose une visite guidée du stand EDF baptisé “Impact Bridge”, un espace entièrement dédié aux solutions à impact positif.

En partenariat avec EDF

Interview : Julien Villeret, directeur de l’innovation d’EDF

L’impression 3D métal de la stratup MX3D semble très technique : en quoi ce type d’innovation sert-il une stratégie comme la vôtre ?

MX3D permet de produire des pièces métalliques complexes de manière beaucoup plus rapide et souple que les procédés industriels classiques. On peut par exemple produire des pièces pour le nucléaire, domaine ultra-réglementé, avec une grande précision. Cette capacité de prototypage industriel rapide, contrôlé en temps réel, est un levier énorme pour moderniser certaines infrastructures critiques, sans compromettre la sécurité.

Avec Inicio, vous pariez sur l’IA pour accélérer le solaire. Qu’est-ce que cette approche change concrètement sur le terrain ?

L’IA d’Inicio réduit considérablement le temps de repérage des sites viables pour les installations solaires. Elle croise une cinquantaine de critères — accessibilité au réseau, réglementation locale, acceptabilité sociale, etc. — pour éviter les erreurs qui peuvent ruiner un projet après plusieurs années d’investissement. C’est un outil stratégique pour EDF Renouvelables : gagner du temps, c’est gagner en efficacité et en rentabilité.

Vous présentez aussi une batterie domestique recyclée, intégrée dans une cuisine. Est-ce vraiment plus qu’un prototype design ?

Absolument. C’est une démonstration d’économie circulaire appliquée au quotidien. Les batteries de seconde vie issues de véhicules électriques conservent 70 à 80 % de leur capacité. En les intégrant dans l’habitat, on offre une solution de stockage local, intelligente et sécurisée. Cela permet de lisser la consommation, d’optimiser l’usage de l’électricité bas carbone, voire de réinjecter dans le réseau. C’est une réponse très concrète aux enjeux de flexibilité énergétique.

🎧 Ecouter sur votre app de podcast


Monde Numérique : [0:01] BonjourJulien Villeret. Bonjour Jérôme. On se retrouve comme chaque mois dans Monde Numérique en partenariat avec EDF et on se retrouve ce mois-ci au cœur Monde Numérique : [0:09] de VivaTech. En chair et en os. En chair et en os absolument, nous sommes sur le village EDF, c'est-à-dire c'est votre stand ici à VivaTech qui est immense. Qu'est-ce que vous montrez ici ? On a l'impression que vous êtes quasiment multi-thématique. Alors on est multi-thématiques mais on a une thématique chapeau qui est l'impact. D'ailleurs cet espace s'appelle l'Impact Bridge, le pont de l'impact. Pourquoi ? Parce qu'en fait on a décidé de sponsoriser un espace où on ne présente que des solutions à impact. Des solutions à impact positives sur l'écologie, positives sur la transition énergétique, positives sur des évolutions sociétales éventuellement, des outils pour la santé. Bref, tout ce qui a un impact positif est présenté ici. Donc c'est plus de 50 startups qu'on peut visiter sur des solutions qui peuvent être digitales, des solutions aussi hardware, des solutions parfois très industrielles, parfois très grand public, bref c'est très divers. Alors il y a même des choses très visuelles, j'aimerais que vous montriez quelque chose dont on a parlé le mois dernier. Oui. Ça se passe un petit peu plus loin, on va y aller. On peut s'y déplacer, effectivement le mois dernier, j'ai eu l'occasion de parler dans le monde numérique, d'une start-up dans laquelle on a investi récemment, qui s'appelle MX3D, et pour rappeler le principe, MX3D fait de l'impression numérique, l'impression 3D, mais à base de métal. et pas à base de. Monde Numérique : [1:24] Et j'avais à l'époque dit, il faut que vous vous rendez compte de la taille que ça peut représenter les pièces. Et donc là, derrière nous, devant nous en l'occurrence, on a une pièce métallique qui a été imprimée en 3D. Monde Numérique : [1:36] Et c'est du vrai métal. C'est du métal ? Ça fait le bruit. Waouh ! Et ça, c'est une petite pièce, puisque cette société a déjà imprimé un pont, par exemple, métallique, qui faisait 13 mètres. D'accord. Donc, qui est capable d'imprimer tout type d'objet en métal. Et nous, on s'en sert dans l'industrie. Évidemment, ça va beaucoup plus vite d'imprimer que de forger. Monde Numérique : [1:53] Et voilà, ce ne sont pas des pièces qui sont mises bout à bout, qui sont soudées, etc. Absolument pas. C'est vraiment, ça a été écoulé. C'est marrant, il y a un côté un peu... C'est un brin robotisé, en fait, qui passe et qui soude du métal, comme ça, des fils de métal, et qui va, en plus, contrôler en temps réel, avec une caméra thermique et des capteurs, la qualité de la soudure. Ce qui nous permet, par exemple, d'utiliser ces pièces dans le monde du nucléaire, qui est évidemment très, très réglementé. Bien sûr. Alors, autre chose, on va repartir de l'autre côté. Alors, autre startup, Julien, c'est Inicio. Là, on parle d'intelligence artificielle, c'est ça ? Exactement. Alors, Inicio, en fait, c'est une société qui a développé une solution logicielle qui permet d'identifier des terrains, des terrains, par exemple, sur lesquels on pourrait poser des panneaux solaires. Et donc, ça demande évidemment pas mal de données, donc tout type de données qui sont agrégées dans cette base de données, des algorithmes qui vont utiliser ces données pour pouvoir recommander à des développeurs solaires par exemple si je prends l'exemple d'EDF Renouvelable les meilleurs terrains pour pouvoir installer du solaire sans avoir à, avec son papier, son crayon et son cerveau avoir à contacter tout un tas de propriétaires par exemple Mais quand on parle de données, c'est quel genre de données ? Alors il y a énormément de données qui sont dans la base de données mais c'est peut-être toi qui en parlera le mieux si tu veux nous expliquer Alors allons-y, allez ! Donc c'est Thomas Moulia de Initio Absolument, je suis le CEO et l'un des fondateurs d'Inicio donc comme je le disais. Monde Numérique : [3:13] Formulé, Julien, le sujet derrière est de collecter des données qui vont être en open data, donc en API. Ici, donc, des données très publiques du type géospatial, auxquelles tous les développeurs ont accès, et après, d'autres types de données qui sont publiques, mais beaucoup plus complexes à agréger, du type données textes, avec des corpus de textes qui sont disponibles partout sur le web. Donc, nous, notre capacité à à la fois les scrapper à grande échelle, les lire automatiquement. Là, dans ce cas, ça fonctionne très bien, et c'est des données qui sont différenciantes par rapport au reste du marché. Et c'est ça ce qui nous permet de trouver des sites que personne d'autre ne trouve donc on gagne un temps fou j'imagine et puis on se dispense aussi d'un travail manuel qui devait être assez, difficile c'est absolument ça, le travail manuel prend beaucoup de temps et en fait la moindre erreur coûte très cher, c'est à dire qu'en fait un projet solaire c'est 4 à 5 ans de développement s'il y a un critère dès le début que vous n'avez pas réussi à identifier, le projet peut échouer 2, 3, 4 ans après que vous l'ayez lancé. Et donc ça, c'est rédhibitoire pour plein d'acteurs. Pardon, je ne sais pas si vous me l'avez précisé, parce que les critères, c'est quoi ? Qu'est-ce qu'il faut pour, par exemple, installer une zone de panneau solaire ? Absolument. Alors, nous, il y a quasiment une cinquantaine de critères qu'on regarde dans chacun des pays. Pour être très précis sur la France, si je fais très simple, on regarde la capacité d'un projet à obtenir un permis, à se connecter au réseau. Déjà, il faut qu'il y ait de la place. Il faut qu'il y ait de la place, absolument. Il faut qu'on ait sur une commodité, sur l'électricité, donc il faut que le prix de production. Monde Numérique : [4:41] Les riverains soient d'accord avec le projet donc c'est tout ça ce qu'on va regarder depuis le premier jour très bien Inicio, merci beaucoup et on va repartir pour la visite une visite express du stand d'EDF à VivaTech, on continue avec quoi Julien ? On peut peut-être aller voir le prototype le prototype de la flamme la fameuse flamme olympique, qui va revenir apparemment à Paris exactement, donc en fait il y a eu dans le ciel pendant Paris 2024, pendant les Jeux Olympiques et paralympique, une flamme, une flamme qui était électrique. Vous vous en souvenez ? Eh bien, nous avons amené sur le stand le prototype initial de cette flamme. Donc, ce qui ressemble ici à une flamme, je vais faire un truc que je n'ai pas le droit de faire, mais je vais le faire quand même, vous voyez, je passe ma main. En fait, c'est de l'eau. C'est de l'eau brumisée avec de la lumière. Vous êtes des petits tricheurs. Un peu des petits tricheurs. Et ça, c'est évidemment là pour illustrer le fait qu'aujourd'hui, en électrifiant les processus, en électrifiant tout, y compris une flamme olympique, eh bien, on peut la décarboner. et on peut la rendre vertueuse d'un point de vue écologique. Parce que quand vous dites c'est de l'eau. Monde Numérique : [5:43] Fumée. Exactement. Et dessous, on projette une lumière orange. Une lumière orange qui danse et qui fait danser finalement ça. Alors évidemment, ça c'est le prototype, donc c'est en miniature. Mais la vraie, elle fait 7 mètres de diamètre et elle va revoler dans le ciel parisien à partir du 21 juin tous les soirs dans le jardin des Tuileries. Eh bien voilà, scoop, vous nous l'annoncez. Ça veut dire qu'il faut la recharger régulièrement, non ? Faut mettre de l'eau, comme ma machine à café ? Alors non, parce qu'on a déposé un certain nombre de brevets sur cette flamme et un des brevets, c'est l'alimentation. Et en fait, on ne le voit pas, on ne se rend pas quand elle est en l'air, mais il y a un énorme câble qui amène de l'eau sous pression à 60 mètres de haut ainsi que de l'électricité à l'anneau vasque. Donc en fait, le ballon est relié par un câble et autour de ce câble est enroulé des réseaux très spécifiques qui vont venir apporter l'alimentation. Donc elle peut rester en l'air plusieurs jours ? Elle pourrait rester de façon totalement permanente en l'air, il se trouve que parce que c'est très très beau quand ça monte, il y a régulièrement le fait de la ramener au sol et puis le soir, de la faire monter à la tombée de la nuit. Très bien. Monde Numérique : [6:44] Et on va terminer par une innovation qui est plus domestique, qui pourrait nous concerner en tant que particulier. Monde Numérique : [6:51] Exactement. Évidemment, ça touche à l'électricité. Oui. C'est cet appareil qui n'est pas, si j'ai bien compris, une table de cuisson. Absolument. Mais une batterie. Exactement. On a appelé ça, pour plaisanter, ce n'est pas un produit aujourd'hui commercial, mais Kitchen to Grid. Monde Numérique : [7:06] Et donc ça, c'est un meuble de cuisine d'une marque suédoise que l'on connaît bien. donc on pourrait imaginer avoir chez soi. A l'intérieur de ce meuble de cuisine, il peut y avoir là des casseroles et là des assiettes. Monde Numérique : [7:15] Mais juste là, en fait, c'est une batterie. Et en fait, c'est une batterie de récupération. C'est-à-dire que les batteries utilisées dans nos voitures électriques, les batteries lithium-ion, au bout d'un moment, elles ont une capacité qui s'amoindrit et souvent on veut changer la batterie parce qu'elle n'a plus la capacité suffisante pour faire fonctionner la voiture de façon satisfaisante. L'idée, c'est 70-80%. Mais ça veut dire qu'il reste encore 70-80% de capacité dans cette batterie. Donc on ne la jette pas. Donc on ne la jette pas. Et donc on la réutilise. Et l'idée ici, c'est de la réutiliser chez soi, en domestique, en stationnaire. Donc on l'intègre dans un meuble. Elle est pilotée par un logiciel qui permet évidemment de gérer automatiquement, totalement la sécurité de la batterie. C'est ça que j'allais vous demander. Parce que ce n'est pas un peu dangereux d'avoir des grosses batteries comme ça, si demain ça se multiplie dans les habitations. Alors, ce n'est pas dangereux à partir du moment où on utilise ce qu'on appelle un BMS, c'est-à-dire un outil de Battery Management System, c'est-à-dire un outil logiciel de gestion de la batterie. parce qu'une batterie peut partir en feu si elle surchauffe. Et donc la gestion de la température de la batterie, c'est absolument essentiel. Et donc ça, c'est évidemment des choses qui sont totalement intégrées dans ce type de batterie. Et c'est des technologies qu'on maîtrise très très bien. Et l'avantage, il est multiple. Par exemple, si on a une vocation très écologique, on peut aller charger sa batterie quand l'électricité est bas carbone, c'est-à-dire produite par exemple que par du nucléaire ou que par des renouvelables, et puis utiliser l'électricité de sa batterie, par exemple à 19h où on a un pic de consommation, et il peut y avoir d'autres types de moyens de production qui sont démarrés. Monde Numérique : [8:40] Que si on a des panneaux solaires sur son toit, ils vont venir en autoconsommation alimenter la maison et puis l'électricité non utilisée, parce qu'on n'est pas chez soi par exemple, elle va venir dans la batterie et le soir quand on entre, c'est la batterie qui va prendre le relais de l'alimentation. Ça a énormément d'usage et c'est totalement écologique puisqu'encore une fois c'est une batterie recyclée donc c'est une deuxième vie de batterie. Et éventuellement, réinjecter l'électricité sur le réseau. Exactement. Mais dans ce cas-là, je vous vends mon électricité, vous allez me payer. Exactement, il y a tout un tas de modèles économiques possibles pour quand on réajecte de l'électricité dans le réseau, soit il y a un paiement direct qui est fait pour acheter cette électricité, soit il peut y avoir aussi une réduction sur l'utilisation de l'électricité le reste du temps. Il y a tout un tas de modèles qui aujourd'hui sont en cours de développement. Ça reste à mettre en place. C'est encore le début, mais il y a déjà des expérimentations qui fonctionnent en France. Très bien, super intéressant. Merci beaucoup Julien Villeret, directeur de l'innovation d'EDF.
technologies,innovation,numérique,informatique,actualités,actu tech,tech news,high-tech,tech,