[Edito] Thierry Breton : l'homme qui en a trop fait ?
17 septembre 202404:49

[Edito] Thierry Breton : l'homme qui en a trop fait ?

Thierry Breton a claqué la porte de la Commission Européenne. Ce chevalier blanc des droits européens contre les géants du numérique en faisait-il trop ?

Et paf ! Thierry Breton claque la porte de la Commission Européenne, en froid avec la présidente Ursula von der Leyen. Fervent défenseur de la souveraineté technologique européenne, Thierry Breton a oeuvré ardemment à la défense de ce qu'il estimait être les intérêts des Européens. Son nom restera attaché à des textes majeurs, tels que le Digital Services Act (DSA), le Digital Markets Act (DMA) ou encore l'IA Act sur l'intelligence artificielle. Cependant, sa ligne dure en matière de régulation n'a pas été sans controverse, perçue comme excessive au risque de freiner l'innovation. Et maintenant, que va-t-il se passer ?


Transcription :

[0:02] C'est un vrai coup de tonnerre. Thierry Breton a donc claqué la porte de la Commission européenne ce lundi 16 septembre. Pour des raisons politiques, apparemment, un différent ouvert avec la présidente Ursula von der Leyen, un différent politique dont on ne parlera pas ici. Mais en revanche, ce qui est intéressant, c'est de voir ce que représentait Thierry Breton en matière de régulation du numérique. Et là, on peut dire que son départ, c'est vraiment une page qui se tourne. Commissaire européen au marché intérieur depuis 2019, Thierry Breton était devenu, vraiment, une figure de l'exécutif bruxellois, un grand pourfendeur des abus de pouvoir des géants du numérique. Une sorte de chevalier blanc de la souveraineté technologique européenne. Il a joué un rôle majeur en matière de régulation, et son nom restera attaché à des textes clés, comme le DSA.

Jérôme Colombain:

[0:50] Le fameux Digital Services Act, visant à lutter contre les contenus illégaux en ligne, Le DMA, le Digital Market Act, destiné lui à limiter le pouvoir des géants du numérique et à favoriser la concurrence. Et puis plus récemment, il y a aussi l'AI Act, le règlement sur l'intelligence artificielle, adopté cette année et actuellement en cours de déploiement et de mise en œuvre dans les États membres. Ce n'est pas tout, Thierry Breton a aussi œuvré pour renforcer la cybersécurité en Europe à travers la certification, la sécurité des réseaux et des systèmes d'information. et il a tout fait pour développer des outils de lutte contre

Jérôme Colombain:

[1:26] la désinformation en ligne. Bref, il a beaucoup donné en matière de numérique. Il est allé au charbon plusieurs fois, il a rencontré Elon Musk à plusieurs reprises, notamment après son rachat de Twitter pour lui rappeler ses obligations en Europe en matière de modération des contenus. Après le 7 octobre, il avait écrit aux responsables des grandes plateformes pour leur demander également d'être vigilants et d'agir contre les publications haineuses et antisémites. en août dernier, tout récemment. Thierry Breton avait même écrit à nouveau à Elon Musk qu'il s'apprêtait à interviewer Donald Trump sur X pour le mettre en garde contre tout dérapage. Le patron de X, rappelez-vous, n'avait pas du tout apprécié et lui avait répondu dans un post moqueur, voire carrément insultant, en lui disant grosso modo d'aller se faire voir.

Jérôme Colombain:

[2:12] Pourtant, Thierry Breton n'a jamais lâché l'affaire. Son leitmotiv a toujours été le même. Ce qui est interdit dans la vie réelle doit aussi être interdit sur les réseaux. Mais le revers de la médaille, c'est qu'il a vraiment fini par avoir l'image du gars qui en fait trop. Ça lui a valu des animosités au sein de la Commission européenne, à l'intérieur de son pays d'origine, la France, notamment de la part de pas mal d'entrepreneurs, et y compris sur la scène internationale. Jusqu'à donner même de l'Europe l'image d'un continent prêt à réguler tous azimuts.

Jérôme Colombain:

[2:46] Avant même parfois que les innovations deviennent des réalités. et du coup au risque, freiner l'innovation technologique et de jouer contre son camp. D'ailleurs, Emmanuel Macron lui-même avait manifesté à plusieurs reprises une certaine inquiétude face à l'appétit régulatoire de Thierry Breton en lui décochant, ici ou là, des petites phrases plutôt bien senties.

Jérôme Colombain:

[3:08] Tout ça, en tout cas, n'a pas été sans conséquences, puisque on a pu voir récemment, par exemple, Apple et Meta renoncer à déployer, ou en tout cas retarder le déploiement de leurs outils d'intelligence artificielle en Europe. En raison apparemment de la réglementation. Est-ce à Thierry Breton que l'on doit donc ce fossé qui semble en train de se creuser aujourd'hui entre les espaces numériques américains d'un côté et européens de l'autre ? Un fossé à propos duquel il est difficile de dire s'il nous protège véritablement ou s'il nous isole en nous privant d'outils technologiques essentiels. En tout cas, l'ancien ministre de l'économie et des finances, ancien patron du groupe Atos, lui n'a jamais lâché l'affaire, toujours droit dans ses bottes, persuadé de mener une bataille historique pour protéger les Européens contre les excès des géants de la tech et défendre l'indépendance technologique du continent. Alors maintenant, que va-t-il se passer ? Sa démission soudaine pourrait fragiliser la poursuite de certaines initiatives.

Jérôme Colombain:

[4:09] Son bilan, qui malgré les critiques semble perçu comme globalement positif en

Jérôme Colombain:

[4:14] termes de régulation du secteur du numérique en Europe, va-t-il être remis en cause ? On verra si son successeur ou même un autre commissaire décide d'enfourcher le même cheval que Thierry Breton et de galoper au même rythme, ou bien si au contraire, la politique européenne en matière de numérique est maintenant appelée à changer de cap. En tout cas, il y en a de l'autre côté de l'Atlantique qui doivent regarder cela avec un certain intérêt.

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