Le Sommet mondial pour l'action sur l'intelligence artificielle débute à Paris. La France veut se positionner comme un acteur clé du secteur malgré plusieurs paradoxes.

Durant plusieurs jours, des figures majeures comme Sam Altman (OpenAI), Sundar Pichai (Google) ou encore Brad Smith (Microsoft) échangeront sur les opportunités et défis de l'IA. Côté français, Yann LeCun et Arthur Mensch (Mistral AI) seront présents, aux côtés de leaders politiques européens et internationaux.
Derrière la volonté de structurer une gouvernance internationale de l'IA et de faire briller la France, se cachent cependant trois grands paradoxes. D'abord, si la France excelle en recherche IA elle peine toujours à transformer ses avancées en succès commerciaux, faute de capitaux et d'entreprises de grande envergure. Ensuite, l'Europe, malgré son poids économique, voit son marché freiné par des réglementations strictes, suscitant des inquiétudes parmi les géants du secteur. Enfin, la confiance dans l'IA est en berne, avec 79% des Français se déclarant inquiets, alimentés par un discours souvent alarmiste.
Alors que la France mise sur l'open source et une IA "éthique et frugale", le sommet vise à poser les bases d'une action concrète. Reste à savoir si cette dynamique suffira à renforcer la compétitivité et la confiance dans l'IA.
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[0:01] La France accueille donc à partir de ce vendredi le Sommet mondial pour l'action
[0:05] sur l'intelligence artificielle. Un événement majeur qui doit réunir la crème de la crème de l'écosystème.
[0:12] Chercheurs, décideurs, entrepreneurs, responsables politiques, afin de faire le point sur les perspectives en matière d'IA. Le sommet est organisé par les pouvoirs publics sur plusieurs jours, jusqu'à mardi 12 février à Paris, dans différents lieux, notamment au Grand Palais et à Station F. Il est présenté comme le premier sommet du genre, même si en réalité ce n'est pas tout à fait vrai, puisqu'il faut rappeler que c'est la Grande-Bretagne qui avait organisé en premier, en 2023, un sommet sur l'IA en Europe. En tout cas, on attend du beau monde, Sam Altman, le patron d'OpenAI, Dario Amodei d'Antropik, Sundar Pichai de Google, Brad Smith de Microsoft.
[0:50] Elon Musk même est invité, mais il n'a pas confirmé, alors on enregistre cette chronique en tout cas. Et puis côté français, les incontournables, le chercheur Yann Lequin ou l'entrepreneur Arthur Mench de Mistralahi. Côté politique, enfin, on attend le vice-premier ministre chinois, la présidente de la Commission européenne aussi, le chancelier allemand ainsi que le vice-président américain J.D. Vance. Donald Trump est également invité, mais lui non plus, à cette heure, n'a pas confirmé. En tout cas, au-delà de ce défilé de célébrités, le pari de ce sommet est de taille, car ils s'articulent autour de plusieurs défis et de plusieurs paradoxes. D'abord, il s'agit pour la France de montrer les muscles en affichant ce qu'elle fait, ce qu'elle sait faire en matière d'IA. Et là, c'est le premier paradoxe, car si la France est très bonne, on le sait, en recherche et ingénierie, avec des talents que le monde entier nous envie et s'arrachent, des écoles d'ingénieurs de grande qualité.
[1:46] Malheureusement, elle est assez nulle, il faut bien le dire, en business autour de l'IA. En tout cas, pas assez solide pour rivaliser à ce jour avec les géants du secteur à l'échelle internationale, notamment faute de capitaux. Il y a bien quelques licornes françaises comme Mistral ou Data IQ, c'est-à-dire des entreprises valorisées à plus d'un milliard de dollars, mais aucune Decacorne à plus de 10 milliards, ni encore moins de Pentacorne ou de Hectocorne à plus de 100 milliards. Aucun milliardaire de l'IA en France. Aucune appli française d'IA en tête dans les App Store. Pour s'en sortir, l'hexagone mise notamment sur l'open source, qui est un peu l'arme des challengers.
[2:26] Ce qui, ironie du sort, rapproche la France de la Chine, qui a la même démarche. L'un comme l'autre, France et Chine appellent également à la coopération internationale en matière d'intelligence artificielle.
[2:38] Deuxième paradoxe, l'Europe. L'Union européenne est l'un des plus grands marchés du monde qui devrait faire se pamer les géants du secteur. Mais ceux-ci, au contraire, aujourd'hui, semblent avoir peur d'un marché morcelé et surtout de plus en plus soumis à des réglementations hyper contraignantes. Des réglementations qui instaurent des barrières de plus en plus difficiles à surmonter, aussi bien pour les gros que pour les petits. Enfin, troisième paradoxe, et non des moindres, c'est la confiance. Car à force d'alerter sur les risques de l'IA, eh bien, on finit par saper la confiance au moment même où on en aurait le plus besoin.
[3:16] Comment alerter sur les risques et en même temps susciter la confiance et l'adhésion ? Car l'IA, ça fait peur en France aujourd'hui encore.
[3:25] 79% des Français se disent inquiets face à l'intelligence artificielle. C'est ce que révélait à l'automne dernier un sondage IFOP pour le groupe Talent. Il faut dire que le discours ambiant, souvent anxiogène, n'arrange rien. L'IA va supprimer des emplois, tuer la démocratie, déshumaniser nos vies, enrichir les ultra-riches, etc. J'en passe, et des meilleurs. Preuve du moral dans les chaussettes bien français, il y a même un contre-sommet
[3:50] de l'IA organisé parallèlement, histoire de casser encore un peu plus l'ambiance. Alors il est vrai que tout n'est pas rose en ce qui concerne l'intelligence artificielle. Et on évoque souvent dans ce podcast les nombreux dangers de l'IA, tels que les utilisations détournées, les biais algorithmiques, ou encore l'impact environnemental. Actuellement, les centres de données, par exemple, consommeraient 3% de l'électricité mondiale, avec les conséquences que l'on sait en termes d'émissions de gaz à effet de serre, sans oublier la surconsommation en eau. Donc c'est vrai qu'il y a de quoi satisfaire les adeptes du verre à moitié vide. Alors avec ce sommet, la France va donc défendre une vision de l'IA, une vision éthique, inclusive et frugale, Une sorte de « good AI for good », si on peut dire.
[4:37] C'est sans doute pour cela d'ailleurs que l'événement qui aurait pu s'appeler tout simplement « sommet de l'IA » a été baptisé « sommet pour l'action sur l'IA ». Autrement dit, pas question de rester les bras croisés. Mais alors, tant qu'à faire, histoire d'être quand même un peu plus positif, pourquoi n'a-t-il pas été baptisé « sommet pour la confiance dans l'IA » ? Parce qu'au fond, la confiance, c'est quand même peut-être ce qui nous manque le plus actuellement.