✍️ Edito - Les Européens, victimes collatérales de la guerre numérique
03 octobre 202504:46

✍️ Edito - Les Européens, victimes collatérales de la guerre numérique

L’Europe devient peu à peu une zone où les nouveautés technologiques arrivent en retard, voire pas du tout. Entre Apple Intelligence, Meta AI ou encore certaines fonctions de Google, les innovations américaines sont de plus en plus bloquées aux frontières européennes.

🚫 Des services bloqués aux frontières

Meta AI sur Facebook ou WhatsApp, Apple Intelligence sur iPhone et AirPods, certaines fonctions de Google Search… Les innovations se multiplient aux États-Unis, mais leur déploiement en Europe est retardé, voire abandonné. En cause : les réglementations européennes, du Digital Markets Act (DMA) au Digital Services Act (DSA), qui imposent de lourdes contraintes aux géants de la tech.


⚖️ L’Europe protège… mais freine

Bruxelles entend protéger les citoyens, limiter les abus et garantir une concurrence équitable. Mais pour Apple, Meta et Google, ces règles sont trop strictes, coûteuses, voire techniquement impossibles à appliquer. Résultat : plutôt que de se plier aux nouvelles obligations, les Big Tech préfèrent repousser leurs lancements européens.


🌍 Le risque de décrochage technologique

Si la régulation est nécessaire, elle pourrait transformer l’Europe en « forteresse numérique », isolée dans la course mondiale à l’innovation. Les consommateurs sont les premières victimes, mais à terme, ce sont aussi les startups, investisseurs et développeurs européens qui pourraient déserter un marché jugé trop lent et trop complexe.

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[0:01] Nous sommes de plus en plus souvent privés des nouveautés technologiques américaines. Et ça devient un véritable problème. Prenez l'IA de Meta intégrée à Facebook, Instagram ou WhatsApp. Il a fallu des mois pour qu'elle arrive en Europe, après sa sortie aux Etats-Unis. Prenez Apple Intelligence, le nouvel assistant de l'iPhone, et les Airpods capables de traduire une conversation en temps réel. Aux Etats-Unis, ça marche, mais pas en Europe. Et oui, de plus en plus de services innovants en provenance des Etats-Unis sont bloqués aux frontières de l'Union Européenne. Alors c'est assez frustrant et ça devient un vrai problème. En fait, le problème, c'est celui de la réglementation européenne qui énerve au plus haut point les géants américains de la tech. Par exemple, Meta a suspendu son assistant IA sur le vieux continent parce qu'il n'a pas le droit de mélanger les données des utilisateurs entre ces différentes applications. Apple a repoussé plusieurs fonctions phares d'Apple Intelligence à cause du Digital Market Act, le règlement DMA, qui imposent des contraintes techniques et juridiques considérées comme insurmontables ou trop onéreuses à surmonter par la marque à la pomme. Google est aussi entré récemment dans la danse à propos, lui, des restrictions sur les publicités dans Google Search qui interdisent de faire

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[1:15] la promotion des lieux touristiques ou des compagnies aériennes dans ses propres services. Au passage, un manque à gagner pour le secteur européen du tourisme, selon Google, qui pourrait aller jusqu'à 114 milliards d'euros.

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[1:29] Alors en fait, on assiste à un vrai bras de fer juridique et politique entre d'un côté la Silicon Valley et de l'autre les dirigeants de Bruxelles. L'Union Européenne a petit à petit, toutes ces dernières années, durci son arsenal législatif en matière numérique. Le DMA, le DSA et bientôt l'IA Act. C'est pour la bonne cause, car il s'agit de protéger les citoyens, de limiter les abus des géants américains et de garantir une concurrence équitable. Mais le problème, c'est que les géants américains en question ne veulent pas se plier à ces nouvelles règles et préfèrent renoncer à lancer leur service sur le vieux continent. Ils dénoncent une réglementation trop stricte. Par exemple, l'Europe demande à Apple d'ouvrir son service de traduction instantanée intégré à l'iPhone via Apple Intelligence pour que ça puisse fonctionner aussi avec des écouteurs d'une autre marque. Mais Apple répond que ça mettrait en danger la protection des données de ses utilisateurs, qui est, comme on le sait, l'un des grands principes de la marque qu'elle n'hésite pas à dégainer à tout.

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[2:26] Pour d'autres obligations européennes, s'adapter coûterait trop cher selon Apple ou serait même techniquement impossible. La firme de Tim Cook estime que le DMA freine l'innovation en Europe et d'une manière générale, la Silicon Valley dénonce une réglementation trop floue qui crée une incertitude juridique ingérable. Alors il faut dire qu'ils se sentent pousser des ailes en ce moment, car ils sont largement encouragés par Donald Trump lui-même. Les big tech de la Silicon Valley ne se donnent même plus la peine de faire bonne figure vis-à-vis de Bruxelles et n'hésitent plus à monter au créneau pour faire connaître leur mécontentement. Par exemple, récemment, Apple a carrément appelé dans un communiqué à une révision, voire à une suppression du DMA. En face, l'Europe campe sur ses positions. Pas question de baisser la garde, en tout cas pour l'instant. Les uns et les autres se regardent donc en chien de faïence. D'un côté, les entreprises américaines qui veulent innover vite, quitte à prendre des libertés avec les règles, comme elles l'ont toujours fait.

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[3:24] Et de l'autre, l'Europe qui, elle, préfère ralentir pour encadrer. Des positions qui semblent irréconciliables et dont les consommateurs sont désormais les victimes collatérales.

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[3:35] L'Europe devient la zone du monde où les innovations arrivent de plus en plus tard. Alors au-delà de la frustration qui pourrait ressembler à une réaction d'enfants gâtés, Le problème, c'est que cela présente un vrai risque de décrochage européen. On sait bien qu'on n'inventera pas un nouveau Google, un nouveau Facebook ou un nouvel iPhone européen. Donc il va falloir apprendre à se passer des originaux, ou peut-être à se contenter d'imitations forcément imparfaites, et qui en plus arriveront toujours après la bataille. Au-delà de ça, ce sont les startups, les investisseurs, les développeurs européens, qui pourraient eux aussi, petit à petit, délaisser un marché jugé trop lent et en plus trop complexe. Alors si on peut saluer bien sûr la régulation qui place les citoyens au-dessus

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[4:18] du business, on ne peut néanmoins s'empêcher d'y voir une stratégie quasi suicidaire. Car elle risque d'isoler le vieux continent dans la course mondiale à la tech. Faire de l'Europe une véritable forteresse numérique, ça ne réglera certainement pas tous les problèmes, mais ça risque de nous priver du moteur même de l'innovation.

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