Avec Bruno Guglieliminetti, nous évoquons le sommet "All In" sur l'IA à Montréal et le changement d'image radical de Mark Zuckerberg (extrait de L'Hebdo du 14/09/24).
Montréal accueille cette semaine la deuxième édition de « All In », u événement dédié à l’intelligence artificielle qui rassemble des experts du monde entier. Organisé par Scale AI, ce rendez-vous sérieux se concentre sur les avancées technologiques et les enjeux de réglementation, notamment en Europe avec l'IA Act, qui divise sur le risque de freiner l'innovation. Des représentants français sont présents.
De son côté, Mark Zuckerberg, fondateur de Meta, soigne son look et se livre même à repositionnement d’image spectaculaire. Jadis critiqué après le scandale Cambridge Analytica, il s'affiche désormais dans une apparence plus décontractée et accessible. Une transformation qui est un vrai cas d'école.
Bruno :
[0:04] Il est là, devant son micro, casque à la tête. Bonjour Jérôme Colombain.
Jérôme :
[0:08] Salut Bruno Guglielminetti, ravi de m'accueillir, ravi de t'accueillir dans Monde Numérique...
Bruno :
[0:13] Non mais c'est moi qui t'accueillis.
Jérôme :
[0:16] C'est toi qui m'a cueilli au saut du lit presque. Bon, dis-moi Bruno, il paraît qu'on parle d'intelligence artificielle chez toi à Montréal cette semaine.
Bruno :
[0:23] Je savais que tu étais vraiment bien informé. Oui, c'est la deuxième édition de All In, Malgré un titre qui peut porter à confusion parce que c'est anglophone, ça se tient bien à Montréal. C'est les gens de Scale AI qui sont derrière ça. Ils sont un peu, j'allais dire, les financiers de l'écosystème de l'IA. C'est à eux que les gouvernements remettent l'argent pour s'assurer de gérer les dossiers. Et puis, donc, deuxième année où on crée un événement, c'est très B2B. Il n'y a pas de place pour le public, les curieux. Exactement. Et donc, même l'installation, c'est drôle parce que il y a beaucoup de gens qui étaient à Vivatech et puis on se dit, ça n'a rien à voir avec Vivatech. Mais ça n'a vraiment rien à voir avec Vivatech. Vivatech, c'est beaucoup plus bling-bling. Tandis que ça, ça fait très sérieux. Ben non, il faut le dire quand même. Et donc, je ne parle pas d'un ancien président chez vous. Je parle d'envie peut-être. Et donc, là, ce qui est intéressant, c'est donc de voir des gens de l'écosystème venir à Montréal. Et c'est devenu tellement, en deux ans quand même, c'est devenu vraiment incontournable. Il y a des délégations d'un peu partout sur la planète que j'ai croisées, de l'Asie, évidemment, de nos collègues américains, des gens de l'Europe, notamment parce que la France est à l'honneur cette année. Il faut voir le kiosque de L'Oréal, Réal, Thalès et d'autres joueurs qui sont là. D'ailleurs, des joueurs qui sont déjà présents un peu au Québec.
Bruno :
[1:49] Et donc, tous ces gens-là sont là.
Jérôme :
[1:50] Ce que tu appelles des joueurs, c'est ce que nous, en français, on appelle des acteurs. Oui, exactement.
Bruno :
[1:56] Ou si tu veux, poétiquement, des artisans. Des artisans de l'IA. C'est beau ça.
Jérôme :
[2:03] Mais alors, de quoi ça parle?
Bruno :
[2:05] De quoi parle-t-on dans ce salon? On prend des nouvelles de ceux qui font de la recherche. Bon, évidemment, comme on est à Montréal, c'est Yoshua Bengio qui a donné le coup d'envoi avec une de ses présentations. Il n'a pas fait de clin d'œil d'ailleurs à notre entretien, à trois, mais bon.
Jérôme :
[2:21] Ah tiens, c'est bizarre.
Bruno :
[2:22] Mais j'en ai entendu parler.
Jérôme :
[2:23] Pourtant, on sait que ça l'a beaucoup marqué.
Bruno :
[2:24] Oui, oui, je le sais que ça l'a beaucoup marqué. Il n'arrête pas d'en parler hors micro.
Bruno :
[2:29] Mais donc, c'est ça. Alors, c'est l'occasion de prendre des nouvelles, de voir qui est rendu où dans son travail. Et puis, comme c'est très québécois aussi, à quelque part, c'est aussi un endroit, tu sais, quand on parle de l'IA, et puis particulièrement aux États-Unis, là, tout le monde est enthousiaste. « Allez, on investit, on dépense, on va de l'avant. » Chez vous, c'est « Oh, on arrête, il faut d'abord encadrer, réglementer. » Chez nous, c'est comme on est entre les deux. Et ça se vit vraiment dans les discussions. C'est vraiment fascinant. Et donc, c'est ça. Puis moi, ça a été l'occasion, évidemment,
Bruno :
[3:02] en tant qu'être ici, de rencontrer des gens. Je pense à Valérie Pisano, qui est la patronne, la PDG de Mila, qui est la création de Yoshua Bengio. C'est vraiment la femme qui, moi, j'allais dire, qui orchestre le succès et la carrière internationale de Yoshua Bengio. C'était fascinant. J'ai fait une entrevue avec elle. Ça va être dans mon carnet. Autre entrevue que j'ai faite avec Hugo Larochelle. Lui, c'est le grand chercheur de DeepMind chez Google. Alors, de parler de ce qui l'intéresse présentement, c'est vraiment particulier. Joël Pinault, que tu as eu la chance de rencontrer à Paris, qui est… Oui, que j'avais rencontré, qui est de Meta.
Bruno :
[3:39] Exactement, qui, elle, est en charge de Meta AI. Et puis, il y a aussi un Français, un autre, qui était dans les couloirs de cet événement-là, mais pas le moindre. C'est votre coordonnateur de l'IA au gouvernement français, Guillaume Avrin. Je l'ai rencontré et lui, c'est ça, on parlait évidemment assez.
Bruno :
[3:59] Pauvre monsieur, il est devenu ma tête de turc parce que je lui parlais de cette fascination que les Français ont à tout réglementer dans le domaine de l'IA, mais il me parlait.
Jérôme :
[4:08] Ce n'est pas que les Français, c'est les Européens. Les Français ne sont peut-être pas forcément les plus… Oui, oui. C'est parce que c'est Thierry Breton qui est aux commandes et c'est un Français.
Bruno :
[4:19] Exactement. Au nom de l'Europe. Non, mais c'est ça.
Jérôme :
[4:21] Tous les Français ne sont pas comme ça. Il y a aussi des voix qui s'élèvent.
Bruno :
[4:24] Je pense à toi et ça règle le problème. Mais d'un autre côté, c'est ça quand même. J'ai été objectif. Je vais demander de me parler de ce pas de gauche ou de ce pas de droite, Ça dépend où on se situe. Du président français par rapport à l'encadrement de l'intelligence artificielle. Je sais que vous avez une divergence avec le reste de l'Europe.
Bruno :
[4:43] Alors, on a parlé aussi de ça. Bref, mon carnet, tout de suite après, quand on s'est parlé, il va y en avoir plein, plein, plein sur cet événement-là, des rencontres que j'ai faites.
Jérôme :
[4:53] Écoute, super, c'est une bonne raison pour aller écouter mon carnet, juste après avoir écouté mon numérique évidemment. Mais c'est vrai que ce sujet de la réglementation, il commence vraiment à être de plus en plus sur le tapis parce que ça râle, ça rue dans les brancards à tous les niveaux.
Bruno :
[5:07] Là, il y a des gens qui réagissent au bout.
Jérôme :
[5:09] Oui, bien sûr, il y a même au niveau européen, par exemple, il y a Mario Draghi, l'ancien président de la BCE, de la Banque Centrale Européenne, qui a fait une sortie il y a quelques jours pour dire que, alors déjà d'une part pour s'inquiéter de la situation économique de l'Europe, parce qu'on n'est pas au mieux de notre forme, ça c'est certain, de la France en particulier, il fallait y parler surtout de l'Europe, et puis de ce penchant pour la réglementation à tout prix. C'est vrai qu'on a voulu trop bien faire sans doute, on a trop bien fait et on va se retrouver avec des réglementations pas possibles, l'Eye-Eye Act qui risque de brider un peu l'innovation. Alors après, je pense qu'il faut raison garder, C'est-à-dire que c'est toujours pareil, tu as le cadre européen, et puis après, chaque pays implémente un peu à sa manière. On ne voit pas forcément à contresens quand tu vois ce qui se passe aujourd'hui en Californie, où même les Américains se mettent à vouloir réglementer. Alors tu vas me dire, oui, mais la loi SB 1740, la 1640, je ne sais plus comment elle s'appelle, ils l'ont tellement amendée qu'elle ne ressemble plus à ce qu'elle était au départ. Mais bon, c'est vrai que c'est super difficile de bien positionner le curseur pour tout de suite poser un cadre, ne pas se faire dépasser comme on a pu se faire dépasser avant avec d'autres choses comme les réseaux sociaux ou autres. Et en même temps, ne pas brider l'innovation, ne pas freiner l'innovation des startups, etc. Mais bon, on en a déjà longuement parlé, toi et moi, et je pense qu'on aura
Jérôme :
[6:35] l'occasion d'en reparler, évidemment.
Bruno :
[6:36] En tout cas, merci pour ton rapport.
Jérôme :
[6:38] À propos de Meta, dis donc.
Bruno :
[6:40] Ah ben non, là, tu ne vas pas me parler de Mark Zuckerberg. On fait ce qu'on peut. Ben, tu as vu, moi, je suis tombé là-dessus par hasard. Cette semaine, Mark Zuckerberg qui s'est fait une grosse fête avec 6 000 de ses fans pour enregistrer un podcast, je pense que c'est à San Francisco ou à l'Océan Jeunesse. Mais c'est ça, mais sauf que il est vraiment dans le, on va utiliser un mot de Shakespeare, dans le rebranding.
Jérôme :
[7:11] C'est dingue. Mais je trouve ça génial. bon déjà t'as vu c'est un podcast ce qui prouve quand même l'importance du média podcast c'est que les Etats-Unis sont en avance.
Bruno :
[7:22] Donc, ça, c'est une bonne nouvelle.
Jérôme :
[7:24] Donc, ça, c'est une bonne nouvelle. C'est une bonne nouvelle pour nous, podcasteurs. Et c'est intéressant parce que les gens de la tech aiment bien aller dans les podcasts. Mark Zuckerberg, Elon Musk, qui est régulièrement chez Lex Taylor, etc. Et là, effectivement, c'était un podcast en public. C'est assez particulier.
Bruno :
[7:43] De là, les 6 000 amis.
Jérôme :
[7:45] Voilà, les 6 000 amis qui ont tous payé 50 $ pour aller écouter Mark Zuckerberg.
Bruno :
[7:49] Imagine.
Jérôme :
[7:49] Mais tu as raison, c'est un rebrand. c'est-à-dire qu'il a refait complètement son image. Mark Zuckerberg, pour résumer rapidement, il y a quand même eu un drame en 2018, c'est l'affaire Cambridge Analytica, où il était devenu le bad guy de la Silicon Valley. C'était le très méchant méta qui s'appelait Facebook, qui exploitait nos données, et Zuckerberg complètement tétanisé lors de ses auditions devant le Congrès américain, etc. Et c'était vraiment le sale type. Tout le monde détestait Mark Zuckerberg. Et tu le regardes maintenant, et je crois que c'est les Américains qui disent qu'il est passé du statut du gars qui te pique tes données à celui qui va te piquer ta femme. C'est-à-dire qu'il s'est relooké. Donc maintenant, il est mignon comme tout avec ses cheveux frisés un peu cool. Il met des colliers en or comme les rappeurs. Il ne s'habille plus exactement comme avant. Et effectivement, c'est un changement complet d'image de Mark.
Bruno :
[8:49] Mais la preuve que c'est vraiment une stratégie de changement d'image de marque, c'est que si tu vas sur la page qui présente, sur le site de Meta, la page qui présente la haute direction de Meta, c'est une nouvelle photo de lui avec ses cheveux frisés. T'as l'impression qu'il vient de sortir de sa session de surf. C'est fou. Mais c'est ça, on est vraiment, c'est un bel exemple parce que souvent on parle de changement puis de travail sur une image, d'une personnalité, mais lui là, dans quelques mois, il a opéré une transition.
Jérôme :
[9:23] Ah mais je pense que ça va s'étudier dans les écoles de communication j'en profite pour signaler, tiens c'est mon camarade Carlos Diaz du podcast, Silicon Carnet je vais lui faire un peu de pub parce qu'en plus je sais qu'il y a plein de ses auditeurs qui sont maintenant des auditeurs de Monde Numérique donc je les salue et ils sont plus vus ils sont venus s'inscrire en masse à la newsletter, à ma newsletter, et donc dans une de ces dernières newsletters justement Carlos passe en revue, avec plein de photos l'évolution de Mark Zuckerberg et c'est super rigolo abonnez-vous à sa newsletter rien que pour ça pour lire cet épisode-là ouais ouais non c'est
Jérôme :
[10:01] un truc c'est très très très habile.
Bruno :
[10:03] Allez Jérôme je te souhaite une bonne suite de podcast et puis on se retrouve la semaine prochaine.
Jérôme :
[10:09] Allez pareillement je te rends à tes professionnels de l'IA et je te dis à la semaine prochaine salut Bruno salut bye salut.