Bruno :
[
0:04] Le débrief transatlantique.
Jérôme :
[
0:06] Entre Montréal et Paris. Salut Bruno Guglielminetti.
Bruno :
[
0:11] Salut Jérôme Colombain.
Jérôme :
[
0:13] Ravi de te recevoir dans Monde Numérique et merci de m'accueillir dans ton carnet, comme d'habitude, comme chaque semaine.
Bruno :
[
0:18] C'est tellement bien dit.
Jérôme :
[
0:20] Bruno, cette semaine, on fête un anniversaire et alors les vieux observateurs de la tech que nous sommes, forcément, ça nous fait un petit pincement au cœur. Enfin, déjà 50 ans pour Microsoft, cette entreprise qui a vraiment marqué l'histoire de la tech. Moi, j'ai fait un édito sur ma chaîne ce vendredi. Toi, tu as fait un papier sur ton site, un papier intéressant intitulé d'ailleurs 50 ans d'héritage, d'erreur et de réinvention. C'est vraiment comme ça que tu vois l'aventure Microsoft.
Bruno :
[
0:51] Oui, parce qu'ils arrivent avec, évidemment, quand on regarde les dernières 50 années, c'est énormément de choses qu'ils ont apportées à la société, aux particuliers comme nos entreprises. C'est aussi des erreurs, et ça, c'est important de le dire, mais des erreurs à partir desquelles je pense qu'ils ont appris. D'ailleurs, je reviens sur, je trouvais ça tellement intéressant, je suis tombé là-dessus, sur Bill Gates qui parle de l'histoire de Windows Phone et d'Android et comment pour lui, c'est le moment le plus difficile de sa carrière, quand il regarde les 50 ans, d'avoir raté. Oui, d'avoir raté. Et donc, la réinvention, parce qu'il y a eu des passages, je ne dirais pas à vide, mais il y a quelques années encore, on se demandait où était passé Microsoft. Et puis, un jour, je pense que c'est 2014, il y a un bonhomme qui arrive, Satya Nadella, et qui remet de l'ordre dans Microsoft. Et puis, c'est devenu l'entreprise que c'est devenu. Deuxième entreprise au monde. Et je ne sais pas si tu as été faire un tour sur le blog de Bill Gates, mais il a publié j'avoue que je l'ai téléchargé parce que c'est comme on est dans l'ordre de pièces archéologiques, le code source original de Windows il l'a publié, tu peux le télécharger en PDF d'ailleurs dans l'article à la fin il y a un lien pour aller le télécharger tu peux le faire imprimer.
Jérôme :
[
2:18] Mettre ça sur le mur c'est.
Bruno :
[
2:20] Une oeuvre d'art.
Jérôme :
[
2:21] Ça devait être moins long que les dernières versions. Ça devait être moins chargé.
Bruno :
[
2:27] Ça tenait sur une ou deux grosses disquettes, 5 points. Mais toi, ça signifie quoi à 50 ans de Microsoft?
Jérôme :
[
2:34] Écoute, moi, j'ai l'impression d'avoir grandi quasiment avec cette entreprise, en fait, parce que j'ai découvert Microsoft au début où je m'intéressais à l'informatique. Microsoft, c'était MS-DOS, c'était le basique. enfin c'était un des basiques et puis ensuite Windows et puis a vu toutes ses aventures donc Je ne peux pas dire que j'étais en admiration totale, mais ça faisait partie de mon environnement. Je me souviens d'ailleurs d'être allé sur le campus de Microsoft à Redmont.
Bruno :
[
3:05] Ça, c'est un pèlerinage.
Jérôme :
[
3:06] C'est un pèlerinage. Mais j'étais comme un fou. J'étais comme un gamin à Disneyland.
Bruno :
[
3:12] As-tu visité la boutique ?
Jérôme :
[
3:14] Oui, absolument. Oui, bien sûr, la boutique. Un truc de fou. J'ai vu le premier ordinateur sur lequel j'ai commencé, qui était un TRS 80, et qui était là comme une pièce de musée déjà. Alors que cette visite dont je te parle ça date d'il y a déjà un paquet d'années, mais voilà il s'est passé toute cette évolution et c'est vrai qu'on ne peut pas s'empêcher d'être admiratif, il y a une espèce de côté sombre à Microsoft, il y a eu toute une période assez noire au début des années 2000 où c'était le mal absolu ils représentaient tout.
Bruno :
[
3:46] Ce qu'on pouvait détester.
Jérôme :
[
3:48] Exactement ils étaient trop puissants en fait moi j'avais un petit peu de mal du coup à être véritablement critiques par rapport à ça, pour les raisons que j'évoquais juste avant. Et puis aujourd'hui, je pense que c'est plus une aventure industrielle que technologique, en fait. Et on s'aperçoit, comme tu le dis, qu'ils ont à chaque fois su tirer parti de leurs erreurs, s'adapter. C'est un énorme paquebot et qui, malgré tout, arrive à manœuvrer. Voilà, on peut dire plein de choses. Je ne sais pas quoi. Windows est devenu une usine à gaz. Ils nous ont emprisonnés dans leur écosystème. On en paye les aujourd'hui avec toutes ces questions de souveraineté. Ça devient un vrai, vrai sujet. Ce qui est un peu inquiétant, on est prisonniers de l'écosystème Microsoft.
Bruno :
[
4:34] Mais tu sais, quand on parle de savoir se réinventer, c'est de regarder les trois dernières années, comment ils ont investi dans l'intelligence artificielle, avec leur placement dans OpenAI au début. Ce n'est pas évident de mettre plein de milliards là-dedans. Puis finalement, bien, regarde, ça a porté fruit.
Jérôme :
[
4:52] Oui. Ben voilà, c'est une date importante. J'espère qu'on sera là pour les 100 ans.
Bruno :
[
4:57] Je te confirme que je n'y serai pas. J'ai vérifié.
Jérôme :
[
5:01] Moi, je ne vérifie pas ce genre de choses.
Bruno :
[
5:04] Mais si vous voulez le mettre dans votre agenda, donc le 4 avril 1975, c'était ce moment où deux petits jeunes, qui ont vraiment l'apparition ou le portrait de l'époque qui décide de révolutionner, de rendre l'informatique personnelle accessible à tous. Un peu comme Steve Jobs a essayé de le faire de son côté et on peut dire que les trois ont réussi.
Jérôme :
[
5:30] Exactement. Bon, Bruno, plus récemment, et pour revenir à l'actualité chaude du moment, il y a ce tremblement de terre économique décrété par ton ami Donald Trump. Je dis ton ami parce que tu es plus proche de lui que moi, géographiquement seulement. Merci. Donc, cette histoire de droit de douane qui est un problème économique, politique, etc., mais qui concerne la tech parce que ça pourrait bien avoir un impact sur toute l'économie de la technologie.
Bruno :
[
6:07] Oui, c'est ça qui est intéressant. Il y a comme deux aspects parce que la technologie qu'on utilise, mais physique, donc les ordinateurs, les microprocesseurs qui sont à l'intérieur, les téléphones et compagnie, ça, c'est une chose. Mais il y a aussi les services en ligne. Et ça, c'est un autre pan où là, on est en train de voir à quoi ça va ressembler. Mais si je reviens à la technologie physique en tant que telle, moi, j'avais une bonne pensée hier soir en voyant les tarifs qui étaient lancés par l'administration Trump. Quand je voyais, bien évidemment, on savait que la Chine allait y goûter.
Jérôme :
[
6:41] Ça, ils prennent cher.
Bruno :
[
6:42] Oui, bien, ils prennent cher. Et là, c'est drôle parce qu'il y avait des joueurs qui disaient, et il y avait un mouvement, je pense à Apple, mais il y en a d'autres qui ont fait le déplacement latéral. Ils ont dit, on va sortir notre fabrication de Chine pour la faire dans les pays voisins, toujours en restant dans l'Asie du Sud-Ost. Et puis, ils ont été notamment au Vietnam. Et là, quand tu regardes les tarifs qui sont mis sur les droits d'exportation des produits qui sont fabriqués à partir de Vietnam.
Jérôme :
[
7:10] 46 %.
Bruno :
[
7:11] Tu te dis, Apple, qu'est-ce qu'ils vont faire avec ça? Est-ce qu'ils vont se mettre à hausser tout le prix de tout leur équipement alors qu'une bonne partie de leur fabrication vient de là maintenant?
Jérôme :
[
7:21] Oui, c'est énorme. 46 % pour le Vietnam. En ce qui concerne la Chine dont tu parlais, parce qu'ils ont encore quand même des choses qui sont fabriquées en Chine, ils étaient à 20 %, ça va passer à 34 %. Donc ça, concrètement, ça va se traduire par une augmentation des prix des produits Apple, incontestablement. On parle d'Apple parce que c'est le plus emblématique, mais ça risque de concerner tous les fabricants, toutes les marques. Ça, c'est pour la partie matérielle, tu l'as dit, donc des produits de marques américaines qui vont ensuite importer en Europe. Et sur les logiciels, moi, j'ai vu passer beaucoup de messages de personnes inquiètes ici en France qui disent « nous, on est tellement dépendants des logiciels américains. Outre les questions de souveraineté technique, etc. Est-ce qu'on va aussi devoir en payer, en faire les frais ? Est-ce que ça va, augmenter le prix des licences Microsoft, précisément ?
Bruno :
[
8:15] Ou Adobe, tout à l'heure.
Jérôme :
[
8:17] Oui, ou Adobe ou autre, bien sûr. Alors ça, en fait, ce n'est pas impossible, même si ce n'est pas mécanique, puisqu'il n'y a pas les mêmes taxes sur les produits dématérialisés que sur les produits physiques. Mais ce qui peut se passer, c'est que Microsoft ou Adobe ou autre, peut-être que vont devoir s'approvisionner auprès d'autres pays. Et donc, ça va, eux, leur coûter plus cher. À ce moment-là, ils risquent d'augmenter leur prix. Et si, en plus, face aux mesures de Donald Trump, l'Union européenne ou chaque pays européen décide de contrer, enfin, de les énerver en imposant des droits de douane en retour, des augmentations de droits de douane, là aussi, ça fera augmenter les prix des licences. Mais pour l'instant, il ne faut pas effrayer tout le monde. Pour l'instant, il n'y a rien de joué dans ce domaine. Mais c'est un scénario possible.
Bruno :
[
9:06] Oui, mais ton mot est tellement juste si on veut les énerver. Parce que je voyais, c'était dans un quotidien parisien, mais je ne me souviens plus lequel, qui disait, ben ouais, nous, on va les attaquer sur le numérique, sachant que c'est hyper présent maintenant en Europe. Mais bon, de l'autre côté, les bons vieux Américains, eux, ils disent, ben, on va taxer les bouteilles de vin. C'est comme le symbole français.
Jérôme :
[
9:26] Oui, ça, c'est toujours. À chaque fois, ils nous ressortent les bouteilles de vin. Écoutez, les mecs, vous ne boirez plus de faim français. Tant pis pour vous.
Bruno :
[
9:32] C'est ça. Prenez votre Californien, puis ça suffira.
Jérôme :
[
9:35] Oui, tant pis pour vous. Il est pas mal.
Bruno :
[
9:36] J'ai vraiment hâte de voir ça va être quoi. Là, on va laisser passer les jours, mais de voir qu'est-ce que ça va être la réaction. Mais j'avoue que moi, je suis très surpris parce qu'évidemment, du point de vue du Canada.
Jérôme :
[
9:47] Vous êtes concerné aussi.
Bruno :
[
9:50] On était les premiers attaqués avec le Mexique et c'était toujours 25 %, 25 %, 25 %. Finalement, lorsqu'on dépose les bulletins, on s'est rendu compte que là, tout ce qui est couvert par l'entente de commerce, déjà existant entre les États-Unis, le Mexique et le Canada, ça reste la même chose, donc ils ne sont pas touchés par ces tarifs-là. Et puis, l'aluminium et l'acier, c'est 25 %, mais si on le savait, mais le reste, c'est seulement 10 %. Alors qu'on s'attendait à avoir 25, peut-être 35, peut-être 50 %. Mais là, finalement, ils se sont calmés par rapport au Canada,
Bruno :
[
10:30] alors qu'ils ont décidé d'aller parsemer la planète de cette nouvelle guerre de tarif douanier.
Jérôme :
[
10:37] On n'est pas sortis de l'auberge, moi, pas Bruno. À part ça… De quoi penses-tu dans ton carnet cette semaine?
Bruno :
[
10:45] Écoute, c'est drôle que tu me poses la question parce que je me posais moi-même cette question-là jusqu'à ce matin quand j'ai fait le tour de mon sommaire. Non, non, je fais des blagues. Mais notamment, je parle d'une norme qui va peut-être t'intéresser, c'est la badge AI. Alors, imagine-toi qu'il y a quelqu'un qui, de chez lui, a pensé à développer une norme qui permet de savoir le degré d'utilisation de l'IA dans la création d'un texte, d'une vidéo, une photo ou d'une musique. Et donc, ça va de 1 à 4 selon le niveau d'utilisation de l'IA. Donc, si c'est légèrement ou si c'est totalement créé par l'IA. Et je trouve ça intéressant. Alors, je parle aux créateurs de cette norme. Évidemment, lui, il souhaite que ça soit adapté par les créateurs. Sinon, je parle beaucoup d'intelligence artificielle, mais d'encadrement, notamment avec des gens qui représentent des spécialistes des ressources humaines.
Jérôme :
[
11:43] Gros sujet, c'est dans les entreprises.
Bruno :
[
11:44] C'est l'ordre professionnel des conseillers. Exactement. Alors, je parle. Ils viennent de déposer un mémoire sur le sujet au gouvernement qui est en train de se faire une tête là-dedans. Alors, on va voir. Puis sinon, j'ai une entrevue avec Martin Dutou. Et lui, c'est un spécialiste de l'achat et de la vente d'entreprises. Et on parle parce que là, c'est une situation où il y a bien des gens qui se disent, dans quoi devrions-nous investir dans cette ère plus ou moins stable? Ben, justement, alors, il me parle du monde du numérique et comment il a des entreprises et des investisseurs à acheter et vendre dans ce contexte-là. Et c'est fort intéressant. Alors, si tu as des auditeurs qui veulent investir au Québec… Eh bien.
Jérôme :
[
12:26] Je te les envoie dès que j'en entends parler. Merci beaucoup.
Bruno :
[
12:31] Et toi, sinon, de quoi tu parles cette semaine?
Jérôme :
[1
2:34] Alors, cette semaine, écoute, je parle du Canada.
Bruno :
[
12:39] Tu fais bien. Déjà, là, présentement, tu parles au Canada. Mais là, tu vas parler du Canada.
Jérôme :
[
12:44] Voilà, entre autres du Canada, à l'occasion de Vivatech, qui, tu sais, le salon Vivatech qui va avoir lieu en France le 11 juin.
Bruno :
[
12:51] Le petit CES, c'est ça que tu dis.
Jérôme :
[
12:53] Moi, je n'ai pas dit ça, mais on peut dire ça, oui, effectivement. Et le Canada est à l'honneur, puisque c'est le pays invité. Et donc, avec une interview de Pierre Louet, qui est le directeur du groupe Les Échos le Parisien et qui organise le salon Vivatech. Donc voilà, on fait un éclairage sur cette édition 2025 à venir. Et puis, je donne la parole à mon invité de marque, Luc Julia, comme tous les mois. Et Luc est très énervé, il faut que je te dise. Alors, Luc est souvent énervé, mais là, il est énervé à cause de ce dont nous parlions la semaine dernière, c'est-à-dire le phénomène des images Ghibli générées par intelligence artificielle. Il dit que c'est une aberration, un, écologique, et deux, c'est une manière d'alimenter les bases de données d'OpenAI avec toutes nos photos personnelles de manière complètement irréfléchie. Et donc, c'est très dangereux. Voilà, donc on parle de ça.
Bruno :
[
13:50] J'espère qu'à la fin, il s'est calmé un peu.
Jérôme :
[
13:52] Oui, mais écoute, quand il s'énerve, c'est toujours pour la bonne cause, de toute façon.
Bruno :
[
13:55] Oui, oui. C'est déjà quelque chose à l'entendre. Alors, j'ai bien hâte d'aller écouter ça. Écoute, Jérôme, je te laisse poursuivre ton podcast. et puis moi, je poursuis de mon côté.
Jérôme :
[
14:05] Je te souhaite bonne route et bonne fin de podcast, mon cher Bruno, et puis à la semaine prochaine.
Bruno :
[
14:10] Pareillement, salutations à tes auditeurs.
Jérôme :
[
14:12] Ciao, ciao.