Jean-Charles Massabuau présente au CES de Las Vegas une innovation marquante : les « huîtres connectées ». Ce système, nommé Molluscan, permet de surveiller en temps réel la qualité de l'eau en analysant le comportement de bivalves comme les huîtres grâce à des capteurs. Les utilisateurs peuvent visualiser l'état des huîtres via une application mobile, facilitant la compréhension de la santé des écosystèmes marins. Le projet vise également à sensibiliser à la préservation de l'environnement et collabore avec divers acteurs, tels que les ostréiculteurs et les municipalités. Les données sur l'activité des bivalves sont transmises en temps réel à l'aide d'un système de communication sous-marin. Jean-Charles Massabuau souhaite rendre la recherche accessible et pertinente pour la société civile. L'accueil réservé à cette technologie au CES a été très positif, suscitant un intérêt pour son application dans divers environnements.
Transcription :
[0:04] Jean-Charles Massabuau, vous présentez une innovation assez insolite qui fait
[0:09] beaucoup de bruit ici au CES de Las Vegas. Ça s'appelle Molluscan, c'est un système d'huîtres connectées. Expliquez-nous ça.
[0:17] Alors les huîtres connectées, c'est un moyen de suivre la qualité de l'eau, 24 heures sur 24, en analysant en permanence le comportement d'huîtres, de moules, de pétoncles, tous les types d'animaux bivalves, donc avec deux valves, que vous pouvez trouver à travers le monde. Alors, avant que vous me disiez comment vous faites ça, quel est le but ? Le but, en fait, c'est d'arriver, de donner à la société un outil pour voir ce qui se passe sous la surface de l'eau. Parce que quand on regarde la surface de l'eau, on voit un joli miroir, on peut se poser des questions sur ce qui se passe en dessous. Et là, en fait, on propose d'ouvrir une fenêtre sur le monde qui est sous cette surface de l'eau. Et donc, de pouvoir suivre en permanence, en ligne, et avec un produit final sur votre smartphone, des émoticônes qui vous disent si tout va bien ou si rien ne va plus. Mais c'est pour la protection de l'environnement ou c'est par votre conséquence pour la protection des huîtres dans un but alimentaire ? Alors, on travaille avec des ostréculteurs, mais pas seulement. On peut travailler avec des communes dans des ports. On peut travailler avec des industriels qui sont soucieux de l'atteinte à l'environnement et donc qui sont propres et qui veulent montrer aux gens, à la population, qu'ils sont propres. Si vous montrez à la population une liste de produits chimiques, personne ne comprend rien.
[1:39] Au pire, vous leur faites peur, parce qu'il y a une liste de produits chimiques. Si vous leur dites que les animaux vont bien, tout le monde comprend.
[1:47] Donc c'est un moyen de s'assurer que les huîtres ne sont pas polluées, intoxiquées, etc. Alors je dirais oui, mais pas seulement. bon le meilleur moyen, enfin les huîtres commerciales pour manger bon mais ça on va continuer à faire des analyses mais là on utilise l'animal comme sentinelle, comme capteur de la qualité de l'eau Alors de quelle manière ? Parce que vos huîtres donc vous leur avez fixé des petites électrodes sur le dessus Voilà donc on fixe ces petites électrodes qui sont l'équivalent d'électro-aimants on vient les coller sur les valves, à l'extérieur des valves donc, ici... Ce qu'on a sous les yeux, je suis pas très fort en ostréiculture mais c'est pas une huit, c'est une moule ça C'est une moule, mais là je peux vous sortir une huit Ça le fait aussi C'est exactement le même principe, Là on a des moules en plastique parce que c'est tout simplement beaucoup plus facile de se trimballer, de se promener avec des moules en plastique dans les salons à travers le monde plutôt que des vraies huites Ah bon ? Eh oui, surtout faut passer les douanes Ah bah oui bien sûr, surtout aux Etats-Unis Voilà, et donc grâce à ces des petites électrodes qui sont l'équivalent de l'électro-aimant, on va connaître à tout moment la position des valves.
[2:59] Et une moule ou une huître qui est bien, qui va bien, qui est relax, qui est happy as a clam, comme disent les anglo-saxons, c'est une moule qui ne va pas bouger beaucoup ses valves. Si la moule se met à bouger ses valves très rapidement, ou beaucoup plus rapidement, ça veut dire qu'il y a quelque chose dans l'eau qui l'intrigue. Elle est stressée. Elle fait l'équivalent de ce que va faire un chien qui va
[3:19] se mettre à renifler partout, ou un animal sauvage. Là, elle renifle littéralement la qualité de l'eau. Voilà et ça c'est un signe comme on échantillonne à très haute fréquence on échantillonne à 10 informations par seconde on sait tout ce qu'elle peut faire si elle cliait des yeux par exemple on le verrait.
[3:39] On raterait rien absolument on raterait rien et ça ça nous permet de savoir par exemple à quelle heure elle va se reposer parce que comme vous elle dort à certaines périodes de la journée elle se repose et puis elle est active à d'autres Comment est-ce que ça communique depuis le fond de la mer ? Enfin, ça vient de sous l'eau, quand même. Voilà. Donc là, on est sous l'eau. Alors, à côté des moules, on a un boîtier qui est sous l'eau, juste à côté d'elle. Et ce boîtier est relié avec des fils aux animaux. Alors, les animaux, une fois qu'ils sont bien, ils ne bougent plus, ils se fixent. Ils ne bougeront plus pendant des semaines ou des mois. Et puis, il part de ce boîtier dans lequel il y a une carte électronique, un câble ombilical qui rejoint un deuxième boîtier, là, qui est hors de l'eau, à la surface.
[4:25] Et dans ce boîtier, il y a une carte électronique avec une carte SIM. Et on va communiquer exactement comme vous communiquez par une antenne, plus grosse que la vôtre sur votre smartphone, mais par une antenne au vaste monde, en fait à nos machines, où là, on va interpréter toutes les données. D'accord. Donc j'imagine que vous ne taggez pas toutes les huîtres ou toutes les moules. Vous prenez des échantillons, en fait. Alors, on travaille sur des groupes de 16 animaux qui sont des échantillons représentatifs de la population normale. C'est-à-dire qu'on n'arrive pas avec nos moules au dos huit dans nos poches. On prend des animaux locaux du coin. Et on travaille comme ça, du pôle Nord. On a travaillé au Spitsberg, à 1000 km du pôle Nord, jusqu'en Tropique. On a été en Nouvelle-Calédonie, on est actuellement en Polynésie française.
[5:13] On est passé par le golfe Arabo-Persique, où la température l'année dernière était de 37,3 degrés à la côte. Je vous laisse rêver.
[5:22] Et donc on a beaucoup d'expérience là-dessus parce que moi, en fait, je suis un ancien chercheur du CNRS. J'ai développé ça pour ma recherche fondamentale au CNRS. On a travaillé pendant une vingtaine d'années pour faire de la recherche fondamentale avec. Et aujourd'hui, donc, on a monté à la retraite. J'avais peur de m'ennuyer. J'ai monté une start-up avec mon collaborateur depuis un an et demi, pratiquement bientôt deux ans. Et on veut transférer ça vers la société civile pour donner un thermomètre aux gens pour voir comment va l'eau, comment ça va sous la surface de l'eau. Ça pourrait être adapté à d'autres types d'organismes ? Est-ce que ça aurait un sens ? Alors, on a choisi... Moi, c'était pour des raisons fondamentales que j'ai choisi de travailler sur des mollusques bivalves, parce que les chercheurs n'y connaissaient rien, donc c'était intéressant d'essayer de comprendre. C'est quand même les animaux excessivement importants dans l'écosystème.
[6:19] Mais on ne peut pas faire l'équivalent sur des poissons ou des crabes, parce que les poissons, ça doit se balader, ça se balade. Les crabes aussi si vous voulez poser des fils dessus c'est la galère il n'y a pas une valve à l'extérieur sur laquelle on peut s'accrocher donc vous leur faites mal, vous les blessez elles ne sont plus dans un état naturel il faut aller les nourrir nous on abandonne le système pendant des mois des années sur le terrain, et les moules, les huîtres se nourrissent toutes seules en filtrant l'eau et ça c'est un avantage extraordinaire par rapport à tout le reste c'est pour ça qu'on développe et qu'on pousse le bouchon avec ces animaux Il y en a partout dans le monde.
[6:57] Quel accueil vous avez reçu ici au CES ? Il y a des gens qui sont intéressés ? Alors excessivement positifs, puisque la première chose, c'est qu'on a eu un award. Et puis bon, ce qui est une reconnaissance.
[7:11] De la société et puis des partenaires. Et bon, tout le monde est très intéressé. D'abord intrigué, naturellement. Il y a beaucoup de curieux qui disent qu'est-ce que c'est que ces histoires ? Parce que je crois qu'il y a deux ans, il y avait une histoire de quelqu'un qui avait fait une plaisanterie avec des pommes de terre connectées. Ah oui, la fameuse patate connectée, en effet. Donc nous, c'est du vrai. C'est pas une blague. Et puis, il y a des gens qui sont intéressés par installer là où ils sont. Ou ils qui connaissent, on leur demande, est-ce que vous connaissez des gens qui pourraient être intéressés ? Donc on essaye de les convaincre eux-mêmes pour qu'ils diffusent la bonne parole. Et puis on cherche aussi des gens qui voudraient investir un petit peu, quoi. Merci beaucoup Jean-Charles Massabuau de Molluscan Eye.