Le réseau social Bluesky a passé la barre des 18 millions d'utilisateurs inscrits, pour la plupart des transfuges de X. Si ce chiffre témoigne d'un engouement croissant, le Ciel Bleu peut-il réellement bouleverser le paysage des réseaux sociaux ?
Bluesky n'est pas un réseau social comme les autres. Lancé en 2022, par Jack Dorsay, co-fondateur de Twitter, c'est un réseau social basé sur des principes de décentralisation. Contrairement aux plateformes traditionnelles, où une seule entité contrôle l'ensemble des données, il repose sur un protocole ouvert, l'AT Protocol, qui permet aux utilisateurs de conserver un meilleur contrôle sur leurs données et offre aux développeurs la possibilité de créer leurs propres applications tout en restant connectés à l'écosystème de Bluesky.
Une femme aux commandes
C'est une femme qui pilote Bluesky. Inconnue du grand public mais ingénieure réputée dans le milieu de la tech, Jay Graber est directrice générale (CEO) depuis 2021. Sous sa direction, Bluesky s'est positionné comme une alternative aux plateformes centralisées comme X et Meta.
Bluesky se distingue par plusieurs aspects :
Décentralisation : Là où X est une plateforme centralisée, Bluesky offre une architecture ouverte, permettant aux utilisateurs et aux développeurs de contrôler davantage leur expérience.
Modération communautaire : Bluesky mise sur une modération participative, visant à réduire la toxicité et à promouvoir des interactions positives.
Absence de publicités : Contrairement à X, envahi par des contenus sponsorisés, Bluesky reste (pour l'instant) dépourvu de publicités, un choix apprécié par ses adeptes.
Une croissance notable
Avec ses 18 millions d'inscrits, Bluesky connaît une croissance significative. Cette dynamique s'explique en partie par le mécontentement des utilisateurs face à une augmentation des contenus jugés toxiques sur X. Le phénomène s'est accéléré depuis l'élection de Donald Trump en novembre 2024. De nombreux utilisateurs, lassés de la prolifération de la désinformation et des discours haineux sur X, se tournent vers Bluesky en quête d'un environnement plus sain. Sous le ciel bleu, l'herbe semble plus verte.
Cette tendance n'est pas nouvelle. Déjà, peu de temps après l'acquisition de Twitter par Musk, une vague d'utilisateurs avait migré vers des plateformes alternatives, cherchant des espaces exempts de contenus toxiques et de désinformation. Bluesky, avec son approche décentralisée et sa modération communautaire, est apparu comme une option attrayante pour ceux en quête d'un environnement numérique plus sain.
Des faiblesses
En termes d'échelle, Bluesky reste un acteur modeste :
Bluesky affiche, en novembre 2024, 18 millions d'utilisateurs.
X revendique près de 500 millions d'utilisateurs actifs.
Threads, lancé par Meta en 2023, a enregistré un démarrage spectaculaire avec 100 millions d'inscriptions en cinq jours, bien que son audience se soit stabilisée autour de 70 millions d'actifs mensuels.
Ainsi, malgré l'engouement pour Bluesky, il demeure encore loin des chiffres de ses concurrents majeurs.
En outre, Bluesky souffre encore de faiblesses techniques, telles que des lenteurs d'affichage, l'absence de listes privées et de certaines fonctions de notification ainsi que l'impossibilité d'éditer des posts après leur parution (disponible sur X pour les abonnés payants).
Le défi : transformer l'essai
Bluesky bénéficie d'un réel boom d'audience, mais son plus grand défi reste la rétention des utilisateurs. Threads a prouvé que l'euphorie des débuts pouvait vite s'essouffler. Par ailleurs, combien de temps pourra-t-il résister à l'assaut des trolls et des haters, même avec un algorithme favorisant moins l'émergence de contenus toxiques. Enfin, sans un modèle économique clair et une infrastructure capable de gérer une montée en puissance, Bluesky pourrait peiner à concurrencer les géants.
Pour autant, l'arrivée de ce réseau prouve que les alternatives aux plateformes centralisées suscitent de l'intérêt. Et si Bluesky ne menace pas encore X, il incarne une remise en question salutaire du modèle dominant. Le véritable enjeu ? Gagner la confiance des utilisateurs sur le long terme, générer du contenu intéressant en quantité suffisante et, accessoirement, prouver que les réseaux sociaux peuvent évoluer dans une direction plus raisonnée.
Le ciel est encore bleu pour Bluesky, mais les nuages d'une concurrence féroce ne sont pas loin.