Donald Trump dévoile Stargate, un plan ambitieux de 500 milliards de dollars pour propulser les États-Unis au sommet de la révolution de l’intelligence artificielle. Et l'Europe dans tout ça ?
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Image de la série Stargate (La Porte des Etoiles)
Annoncé en grande pompe, le projet Stargate vise à financer des innovations stratégiques dans des domaines tels que la santé, avec la promesse de développer des vaccins révolutionnaires comme celui contre le cancer, et à renforcer les infrastructures technologiques du pays, notamment grâce à la construction massive de data centers.
Stargate va bien au-delà de la technologie : c’est aussi une réponse géopolitique directe à la Chine, rival des US et autre grande puissance dans la course à l’IA. Trump affiche clairement son intention de surpasser Pékin dans cette nouvelle ère numérique.
Et l’Europe dans tout ça ? Avec seulement 20 milliards d’euros investis chaque année dans l’IA, l’Union européenne peine à structurer une réponse cohérente, malgré des atouts considérables comme son énergie décarbonée et ses vastes bases de données.
L’annonce américaine sera-t-elle un électrochoc pour réveiller l’Europe ?
Transcription :
[0:01] 500 milliards de dollars, c'est le chiffre impressionnant dévoilé par Donald Trump. 500 milliards de dollars pour l'intelligence artificielle aux Etats-Unis. L'annonce a été faite au lendemain même de la prestation de serment du nouveau président. En grande pompe, en présence des poids lourds du secteur, Sam Altman, le patron d'OpenAI, maison mère de Chad GPT, Larry Ellison, cofondateur d'Oracle, ou encore Masayoshi Son, PDG de Softbank. La somme paraît colossale, elle permet à l'Amérique de gonfler les muscles, plus que jamais, et à Donald Trump d'en remettre une couche sur le nouvel âge d'or des Etats-Unis. Alors le projet s'appelle Stargate. Les plus geeks auront reconnu le titre du film et de la série de science-fiction du même nom. Stargate, cette sorte de porte spatio-temporelle qui permet de passer d'un monde à l'autre en un instant. À propos de l'IA, l'image est plutôt jolie. Concrètement, cette pluie de milliards va donc servir à quoi ? Eh bien, à entraîner, à développer et à commercialiser des solutions d'intelligence artificielle. pour faire quoi ? Pour inventer la santé du futur, notamment expliquer en substance Larry Ellison, histoire de faire rêver tout le monde, développer des vaccins contre le cancer, etc.
[1:08] Bien sûr, ça servira aussi à faire toutes sortes de choses utiles, inutiles et sans doute nuisibles que l'on peut déjà faire avec les IA génératives actuelles. Et puis Stargate devrait permettre au passage de créer 100 000 emplois aux Etats-Unis selon les déclarations de Donald Trump. L'argent va d'abord être utilisé pour bâtir des data centers, ces fameux centres de données, ces usines à algorithmes, indispensables à la
[1:31] révolution de l'IA, qui fleurissent désormais partout dans le monde. Mais en réalité, le projet Starget a déjà commencé. Des data centers sont déjà en construction, sous la houlette de Microsoft et du fabricant de microprocesseurs Nvidia. Au Texas, le Texas, nouvel Eldorado de la Tech aux Etats-Unis. Une région qui regorge d'énergie notamment, aussi bien sous forme d'hydrocarbures que d'énergie non carbonée, solaire, éolienne et aussi nucléaire. Donald Trump s'est engagé à fluidifier encore plus tout cela à travers des décisions d'urgence sur l'énergie. Et puis, comme il promet aussi de déréguler à tout va pour le développement des algorithmes d'intelligence artificielle, on sait qu'il s'est empressé de signer le jour même de son investiture un décret annulant, celui de Joe Biden de 2023, qui imposait des gardes-fous à l'IA.
[2:17] Eh bien, ce sera donc no limit. Voilà pourquoi les entreprises du secteur sont ravies et se frottent les mains. Alors, pas toutes, parce qu'il y en a un qui ronchonne quand même. C'est Elon Musk, toujours prêt à dégainer un scud contre son ennemi intime Sam Altman d'OpenAI. Elon Musk s'est empressé de poster un message sur X pour dire qu'en réalité, les promoteurs de Stargate n'avaient pas l'argent. En tout cas, pas pour l'instant. Et c'est vrai, pour l'instant, apparemment, seulement 100 milliards de dollars devraient être disponibles. Mais l'objectif est d'atteindre les fameux 500 milliards d'ici à 4 ans. Et ce n'est pas à Elon Musk qu'on va apprendre que l'argent, quand on en a besoin, ça se trouve. Rappelons en tout cas qu'il s'agit d'investissements privés. Ce sont toutes ces entreprises qui vont mettre la main aux porte-monnaie, aidées par les ambitieux financiers et investisseurs qui accepteront de s'engager.
[3:04] Au-delà de l'aspect technologique, cette annonce est avant tout un choc politique. Parce que c'est d'abord la Chine qui est visée. Trump l'a dit, normalement, cet argent aurait dû aller à la Chine. Il est donc ravi, évidemment, que ça puisse se faire plutôt aux Etats-Unis.
[3:19] Mais de ce côté-ci de l'Atlantique, eh bien, surtout, on ne peut pas s'empêcher de penser à l'Europe. En Europe, il est prévu d'investir 20 milliards d'euros par an dans l'intelligence artificielle. C'est pas mal, mais ça ressemble à une goutte d'eau par rapport aux 500 milliards américains. Et pourtant, l'Europe dispose d'atouts énormes, selon les experts, pour l'IA. En priorité, son énergie abondante et décarbonée grâce au nucléaire, en tout cas en France. EDF est capable de produire beaucoup plus d'énergie que nous n'en consommons. Ensuite, l'autre atout de l'Europe, c'est la data, la donnée, les données de 450 millions de citoyens européens, c'est plus que les 350 millions d'Américains, des données liées à la santé, à l'éducation, encore au tourisme par exemple, un véritable trésor pour entraîner et rendre plus performants les modèles d'intelligence artificielle. Seul problème, rien de tout cela n'est vraiment structuré en Europe, chacun agit dans son coin et à minima, comme si on avait peur du gigantisme.
[4:17] Alors pourtant, dans une course à l'IA désormais mondiale et stratégique, on ne peut qu'espérer que cette annonce américaine agira comme un électrochoc pour un réveil rapide de l'Europe, afin de mettre enfin en marche la machine et de développer des IA souveraines, compétitives, pour faire face aux rouleaux compresseurs américains qui arrivent.