Des entrepreneurs ont vu leurs comptes Instagram mystérieusement suspendus, puis réactivés après le paiement d'une "rançon" auprès d'étranges intermédiaires.
Le podcast Silicon Carne a récemment levé un drôle de lièvre. Des entrepreneurs et influenceurs, français et étrangers, se sont retrouvés confrontés à des demandes de rançons exorbitantes, pouvant atteindre 12 000 euros, pour réactiver leurs comptes Instagram qui venaient d'être subitement suspendus. A chaque fois, ces suspensions représentaient un manque à gagner important. Derrière cette combine, se cacherait un ensemble d'intermédiaires ayant des contacts chez Meta capables de rétablir les comptes. Un marché noir florissant exploitant les failles de la plateforme, que je vous résume dans cet épisode.
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[0:01] Aujourd'hui, je voudrais vous parler d'une sale histoire qui touche le groupe
[0:04] Meta propriétaire de Facebook et Instagram. Une histoire qui commence à faire pas mal de bruit. Elle concerne des entreprises qui ont vu récemment leur compte Instagram mystérieusement suspendu et pour les réactiver, elles ont dû payer des intermédiaires liés plus ou moins directement au groupe Meta. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Eh bien, c'est une histoire qui commence sur le réseau social LinkedIn avec des messages d'entrepreneurs un peu désespérés racontant leurs mésaventures. Ensuite, le premier qui en parle, c'est mon camarade Carlos Diaz dans son podcast Silicon Carnet.
[0:39] J'ai été contacté sur WhatsApp par quelqu'un qui nous a proposé de débloquer notre compte pour beaucoup d'argent. Imaginez perdre du jour au lendemain votre compte Instagram, des années de contenu, une communauté fidèle, votre business online,
[0:53] tout s'évapore sans explication. J'ai découvert que ça arrivait tous les jours à des dizaines d'influenceurs, d'entreprises et de créateurs de contenu français Voilà, pour en savoir plus, il faut écouter cet épisode complet de Silicon Carnet A chaque fois, en tout cas la même chose, les comptes Instagram de ces entreprises, qui comptent des dizaines de milliers d'abonnés et qui sont utilisés pour vendre des produits en ligne via les publicités donc très important pour le business de ces sociétés, à chaque fois les comptes ont été suspendus sans explication du jour au lendemain Et plusieurs victimes en France ont dû payer tantôt 1500 euros, tantôt 12 000 euros en liquide auprès même de mystérieux coursiers venus chercher l'argent à domicile. La journaliste française Charlie Perrault, des Echos, a enquêté sur cette histoire. On peut lire son article actuellement en ligne. Elle raconte notamment tout le mode opératoire de ces escrocs. À chaque fois, les comptes sont signalés. Et c'est à cause de signalements massifs, visiblement mal intentionnés, que mécaniquement, Meta en vient à suspendre les comptes Instagram concernés
[1:58] pour être conformes à la réglementation européenne. C'est à ce moment-là que se déclenche la deuxième phase de l'arnaque.
[2:06] Les escrocs se manifestent auprès des victimes pour réclamer des rançons en échange du déblocage des comptes. Mais comment peuvent-ils débloquer ces fameux comptes ? Eh bien, soit ils ont des complicités chez Meta, soit ce sont eux-mêmes des employés ripoux. En tout cas, pour cela, techniquement, on sait qu'ils utilisent un logiciel interne baptisé Oups, une sorte de super système qui peut bloquer ou débloquer en un instant n'importe quel compte Instagram ou Facebook.
[2:33] Quiconque ayant accès en interne à cet outil Oups est un peu le roi du monde, il a droit de vie ou de mort sur n'importe quel compte. Interrogé par les échos, le groupe Meta explique que le rétablissement d'un compte suspendu officiellement est gratuit. Mais le problème, c'est que si on passe par la voie officielle, si on commence à faire des réclamations, ça peut être très compliqué et très long, car on sait bien que joindre quelqu'un dans une entreprise comme Meta pour expliquer son problème, c'est quasiment mission impossible.
[3:01] En général, on se noie sous un échange d'emails interminable et ça n'aboutit pas. C'est donc là-dessus qu'un véritable petit business parallèle a pu voir le jour un business de commission occulte et de pot de vin, car visiblement, des salariés touchent des pots de vin. Il y a quelque chose de pourri au royaume de méta. Alors, le groupe est en réalité sans doute plus victime qu'autre chose. Et il est bien conscient du problème, car il y a quelques années, déjà alerté par la presse américaine, Il avait fait le ménage en licenciant au moins une vingtaine d'employés.
[3:31] Mais visiblement, le business louche continue de plus belle. Une question se pose, les débloqueurs miracles sont-ils de mèche avec les bloqueurs ? Autrement dit, les comptes sont-ils suspendus délibérément pour ensuite faire chanter les entrepreneurs ? Quoi qu'il en soit, en attendant que la justice s'en mêle, si ça vous arrive, la logique voudrait qu'on vous conseille de ne pas payer, mais évidemment, c'est plus facile à dire qu'à faire.